• Pour une loi générale sur les violences sexuelles

    La victime de viol attend-elle de la justice une reconnaissance de son traumatisme ou que la justice lui fasse revivre et amplifie ce traumatisme ? La réponse à cette question est évidente et, pourtant, la pratique judiciaire va à l’encontre de l’évidence. Il est temps d’améliorer le traitement judiciaire de ce crime trop ordinaire dans une loi générale sur les violences sexuelles.

    C’est le mythe de Sisyphe : les victimes de viol engagent des démarches dans l’espoir d’une reconnaissance des faits et de leurs souffrances mais la justice les ramène sans arrêt à leur traumatisme en le faisant revivre à travers la répétition du récit des faits, les confrontations, les expertises, les questions intrusives et suspicieuses…

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/05/02/pour-une-loi-generale-sur-les-violences-sexuel

    #feminisme #droit #violence

  • Les hurlements du vent : enquête sur l’#extractivisme éolien au #Mexique

    À l’image des ruées vers l’or qui ont provoqué des désastres politique, sanitaire et environnementaux, la ruée contemporaine vers le vent conduit aux mêmes impasses. Au sud-est du Mexique, l’#Isthme_de_Tehuantepec fait l’objet d’un #investissement_industriel et capitaliste hors-norme. L’extractivisme vert s’y traduit par un #néocolonialisme économique qui nourrit la #violence et les #cartels.

    Certains paysages racontent des histoires hostiles : les sédiments hétéroclites d’un passé et un présent de pillages, de crimes, et de conflits divers. L’Isthme de Tehuantepec héberge certains de ces paysages. Cette bande de terre étroite située entre l’Atlantique et le Pacifique forme un passage entre l’Amérique Centrale et l’Amérique du Nord. Depuis des siècles, ce frêle couloir suscite des convoitises afin d’en faire une une zone stratégique où impulser le commerce transocéanique. Situé dans le sud du Mexique, l’Isthme est devenu célèbre grâce à son potentiel d’expérimentation et d’expansion des #mégaprojets d’#énergie_renouvelable à l’échelle mondiale, notamment pour le développement des #fermes_éoliennes.

    Au moins depuis le milieu des années 1990, des projets pilotes y avaient été installés pour tester la faisabilité des parcs énergétiques, permettant peu après la prolifération des centrales éoliennes. Aujourd’hui, plus de 30 parcs ont transformé le paysage local. Dans les textes scientifiques d’ingénierie environnementale, l’Isthme n’est plus que 44.000 mégawatts de capacité énergétique potentielle : sa densité culturelle et sa diversité naturelle sont traduites et réduites à un chiffre de puissance productive. Les analyses de risques des investisseurs parlent à leur tour d’une “zone économique spéciale” et de “retours de capitaux”. Ce qu’ils oublient trop souvent est que dans ce paysage de conditions météorologiques optimales, de promesses pour l’avenir du climat et la stabilité économique, il y a des êtres, humains ou pas, qui y habitent depuis longtemps. Dans ces paysages, il y a aussi des vies en résistance.

    L’Isthme n’est plus que 44.000 mégawatts d’énergie potentielle : sa densité culturelle et sa diversité naturelle sont réduites à un chiffre de puissance productive.

    Plusieurs reportages journalistiques et études approfondies existent sur les énergies renouvelables, le colonialisme vert, les communautés autochtones de Oaxaca ou même les impacts environnementaux récents dans la région de l’Isthme1. Rappelons que derrière chaque éolienne, il y a une mine à ciel ouvert qui bouleverse un lieu et ses conditions de vie2. Dans l’Isthme, une poignée d’entreprises minières et cimentières3 ainsi que quelques chaînes de commercialisation et de production agro-industrielle4, toutes appartenant à l’oligarchie économique du Mexique et du reste du Globe, branchent leurs profits au vent de l’Isthme, accaparant un tiers de l’énergie produite.

    Plus de la moitié de la capacité énergétique des parcs est contrôlée par cinq compagnies, dont quatre européennes5 – la plupart mettant en avant leur image verte, alors même qu’elles ouvrent des puits de fracking et construisent des oléoducs ailleurs. L’extractivisme éolien doit enfin être abordé dans le contexte plus large du Couloir Trans-océanique, un complexe de développement industriel censé “moderniser” la région à travers la construction de ports d’importation et d’exportation, de chemins de fer, de puits d’exploitation d’hydrocarbures, de raffineries, de mines et d’usines6. Les investissements colossaux visent à transformer l’Isthme de Tehuantepec en une étroite bande du Progrès, une de ces lignes de connexion globale qui font transiter le capital d’un côté à l’autre, un espace ne reliant plus deux mers mais les divers pôles de développement par des flux économiques dictés par la même logique prédatrice du Globe.

    Les investissements colossaux visent à transformer l’Isthme en une étroite bande du Progrès, une de ces lignes de connexion globale qui font transiter le capital d’un côté à l’autre.

    Les camarades de StopEDF Mexique ont co-organisé récemment une tournée en Europe pour ouvrir des espaces de parole dédiés à des participant.es direct.es des luttes les plus emblématiques de l’Isthme contre l’expansion des éoliennes et du Couloir Trans-océanique. Nous avons voulu faire un geste inverse mais complémentaire : aller là-bas, rencontrer les lieux, les personnes et entendre leurs histoires. En janvier 2023, nous avons réalisé une brève enquête pour rassembler des témoignages fragmentés de la situation actuelle et pour repérer les singularités et les récurrences à San Mateo del Mar, San Francisco Pueblo Viejo et Juchitán de Zaragoza. Cet article est donc une collecte de rumeurs, un écho parmi d’autres qui rassemble les sons que nous avons trouvés au cours de notre marche. Nous avons vu une mosaïque complexe de violences juxtaposées qui pourtant sont affrontées jour après jour avec le digne espoir d’arriver à tisser, ensemble, quelque chose de commun. Ce sont certaines de ces histoires que nous souhaitons partager ici.
    Faire subsister des mondes fragiles

    La route qui mène à San Mateo del Mar est étrangement peuplée et animée, transitée de tous les côtés par des mototaxis, des calèches tirées par des chevaux, des motos avec trois personnes à bord, des vaches rachitiques, des femmes seaux à la main et paniers sur la tête. La rectitude infinie du chemin interpelle et invite à consulter une carte : comment est-ce qu’on peut avancer si longtemps dans la même direction, au milieu de l’océan ? San Mateo del Mar se trouve sur une mince langue de terre d’une trentaine de kilomètres de long qui sépare l’océan Pacifique de l’Amérique du Nord de la lagune supérieure du Golfe de Tehuantepec. De l’autre côté de la lagune, vers l’Est, une autre péninsule s’étend dans la direction inverse, formant une courbe inusitée, interrompue à peine par un estuaire d’un peu plus de 2 km de large.

    C’est dans le périmètre de ce Golfe que des projets de fermes éoliennes ont commencé à voir le jour de manière dispersée il y a désormais plus de vingt ans. Dans certains cas comme celui de La Ventosa, les pales et les poteaux blancs immaculés de 80 mètres de haut s’étalant sur des terrains vides, clôturés et surveillés par caméras, sont une réalité bien installée. En revanche, dans des lieux comme San Mateo del Mar ou San Francisco, des villages situés dans la péninsule opposée, les fermes éoliennes sont visibles seulement dans la ligne lointaine de l’horizon. Cette trêve apparente était précairement maintenue, traversée par les bémols et les antagonismes entre la survie de la cohésion communautaire, les forces de désagrégation sociale et diverses expressions de résistance – des vecteurs multidirectionnels qui demeurent ancrés dans les traits du paysage.

    Regardant vers le soleil levant, les habitant.e.s de San Mateo appellent la mer à gauche « la mer morte », et celle de droite « la mer vivante ». Sur la première, les gens sèment des bâtons blancs en bois, parfois éloignés de la côte de plusieurs dizaines de mètres, pour ancrer leurs cayucos, des canoës colorés d’une capacité de deux ou trois personnes, taillés dans un tronc, propulsés par la force de la rame et celle du vent. Avec des pièces de nylon cousues à la main à partir de bâches ou de sacs en plastique, les pêcheurs improvisent les voiles, hissées chaque aube pour la recherche de poissons. De l’autre côté, celui de la mer vivante, les rafales soufflent avec plus de vigueur et quand les conditions sont favorables, on peut voir les filets de pêche être tirés et placés depuis la rive avec l’aide d’un papalote, un cerf-volant. À San Mateo del Mar, on utilise le vent pour pêcher, les mangroves pour chercher des crevettes, le sable et les pierres pour chasser des crabes. On mange du poisson et des fruits de mer matin, midi et soir. Plusieurs fois par an, des pétales de fleurs sont laissés à la merci de la marée, pour rendre hommage à cet océan qui permet encore leur subsistance. La communauté vit du vent et de la mer, de ces deux mers. Ces eaux sacrées, nous dit-on, sont l’assise de leur travail et leurs rituels.

    Cinq villages occupent la péninsule. San Mateo est le quatrième, l’avant-dernier au bout de la péninsule. Comme beaucoup d’autres communautés du Mexique qui maintiennent leur héritage autochtone, il est petit : environ 75 kilomètres carrés de ville pour moins de quinze mille habitant.e.s, dont la plupart d’origine ikoots. Au centre, une placette accueille les assemblées du village, le siège des discussions publiques et de la prise de décisions. C’est là qu’advient le changement des autoridades – les personnes mandatées pour l’organisation du village -, un événement toujours accompagné de la cérémonie du passage du bâton de commandement, un exercice rituel où les gens prient à portes closes pendant une nuit entière pour reconnaître la rotation des responsabilités communautaires. Le lendemain, elles se rassemblent devant la mairie ou aux alentours, écoutant de près et de loin les mots en ombeayiüts, la langue locale. Là-bas, les habitant.e.s choisissent leur gouvernement à main levée avec un système tournant de cargos, de services à la communauté, qui depuis l’arrivée de l’État-nation et de la démocratie libérale, se juxtapose aux partis politiques de l’administration municipale. Cependant, selon la logique représentative de l’État, la participation politique est réduite à une visite occasionnelle aux urnes. Au sein de cette communauté, en revanche, la légitimité du président en charge ne dépend pas de son registre électoral, mais plutôt de l’accord collectif et du rituel de passage.

    L’assemblée et les mécanismes de prise de décisions associés sont des pratiques collectives fondamentales pour faire exister la communauté. Néanmoins, le commun ne se tisse pas seulement avec l’exercice de la parole et la gestion du pouvoir : il déborde les étroites limites du dialogue, du consensus et de la (dés)identification politique7. Le commun est acté au jour le jour, dans le travail quotidien, les cérémonies et les fêtes de villages. Témoins d’un de ces moments, nous nous retrouvons à six heures du matin à la « Maison du peuple ». Les rayons timides du soleil commencent à peine à dissiper l’abîme de la nuit. Pourtant, les hommes et les femmes du village sont déjà rassemblés depuis quelques heures pour contribuer à l’organisation de la « Fête de la Candelaria », l’une des festivités les plus importantes du pays, un mélange inouï d’héritage préhispanique, de liturgie chrétienne et de traditions autochtones. Une soixantaine de femmes vêtues de robes tissées avec la technique artisanale du telar de cintura est assise sur des chaises en plastique dans la cour du bâtiment. Leurs regards sont fiers, leurs cheveux soignés, laissant à découvert les rides que le soleil et le temps ont creusé sur leur bronzage. Le concert polychromatique de l’aube façonne les feuilles et la silhouette des troncs et des visages, ajoutant de la solennité au pliage de leurs habits. Plusieurs hommes, tous vêtus de pantalons malgré la chaleur, sont également assis, tandis que cinq autres sont debout et servent aux personnes qui sortent d’une petite salle un breuvage marron, transporté à deux mains dans des jícaras8. Une écume dense dépasse la circonférence des tasses : c’est l’atole de espuma, une boisson préhispanique à base de maïs qui a été préparée pendant la nuit par celles et ceux qui avaient assumé ce rôle pour collaborer à l’événement. À l’intérieur de la pièce, la pénombre règne. Des hommes et des femmes discutent devant une table, reçoivent les offres monétaires et notent minutieusement les montants sur un livre ouvert. À côté, contre un mur, se dresse un autel avec quelques bougies allumées, des fleurs, une croix chrétienne et le grand masque d’un serpent. C’est la rencontre de plusieurs mondes – l’expérience du fil tiré par les mains qui, ensemble, nouent leurs vies avec leurs paysages, leurs passés, leurs mondes et leurs destins.

    Le commun ne se tisse pas seulement avec l’exercice de la parole et la gestion du pouvoir : il est acté au jour le jour, dans le travail quotidien, les cérémonies et les fêtes.

    Tout le monde participe d’une manière ou d’une autre à garder en vie ces moments qui perpétuent la vie communautaire. Il s’agit de pratiques collectives que certain.e.s appellent depuis un moment la comunalidad – des pratiques qui rendent possible à la fois la subsistance des personnes, des lieux et des liens entre les un.e.s et les autres9. La comunalidad émerge en ce sens de la rencontre d’histoires parfois récentes, parfois ancestrales. Elle a des racines qui creusent les profondeurs de la terre, bien ancrées dans des anciennes coutumes et des souvenirs lointains, mais elle pousse aussi à partir de ses réactualisations constantes. Des rencontres passées qui donnent lieu à des rencontres futures et façonnent d’autres pratiques, d’autres présents. Ivan Illich avait bien remarqué que contrairement à l’homogénéisation de certain projets d’urbanisation et d’aménagement, l’habiter n’est pas un parking de corps transposables n’importe où dans un espace standardisé, mais plutôt une série de pratiques plurales, vernaculaires, attachées à leurs milieux d’existence10. Les langues, les usages, les mémoires, les reliefs topographiques et les êtres multiples qui peuplent ces paysages composent ensemble des trames communes, toujours singulières, jamais interchangeables. Le commun nomme ainsi moins un principe politique qu’un mode d’habiter qui ouvre et entretient des mondes pluriels.

    On a appris à San Mateo que ces mondes sont aussi riches que fragiles. Ces derniers temps se lèvent des menaces persistantes de mort, des menaces directes et explicites pour certaines des habitant.e.s ; et silencieuses et sous-jacentes pour les agencements communs. Chaque année, il y a moins de personnes consacrées à la prière ou capables d’assumer la charge de diriger l’organisation de la fête. Les jeunes, avec des possibilités toujours plus restreintes de continuer à vivre comme auparavant, partent au nord, vers les villes ou aux Etats-Unis. Celles et ceux qui restent ou retournent se retrouvent souvent mêlé.e.s à la dépendance des drogues fortes, comme le cristal, qui envahit la région. Les terres sont à leur tour toujours plus inaccessibles, avec des contrats privés qui érodent la gestion agraire communautaire. Pareil avec la pêche : les conflits prolifèrent du fait de la démarcation des zones de droits de pêche exclusifs et excluants. Même les assemblées sont fragmentées par l’intrusion des partis politiques. Ernesto de Martino parlait de la dissolution de ces attachements comme de ‘la perte ou la fin du monde’ : la destruction des liens qui nous tiennent ensemble11. Dans l’Isthme de Tehuantepec, nous avons pu observer comment la perte de ces mondes est étroitement liée à l’expansion de cet autre monde, dont les fermes éoliennes font partie.
    Les vecteurs dégénératifs de l’habiter colonial : partis politiques, cartels et entreprises d’aménagement

    « Vous allez prendre vos hamacs et les attacher aux poteaux des moulins. Leurs pales vont tourner, et vous deviendrez riches sans lever le petit doigt ! » – disaient les ingénieurs et les représentants des projets pour convaincre les paysan.ne.s de vendre leurs terres au projet. Les habitant.e.s se souviennent des ambassadeurs des compagnies transnationales et des délégués des bureaux gouvernementaux venus parler du développement des fermes éoliennes. Ils se sont présentés à l’école, à la mairie et dans les quartiers, avec des promesses d’un futur d’abondance, proposant de grosses sommes d’argent pour louer 50 ans avec une clause de renouvellement automatique les terres communales de San Mateo, de San Francisco ou celles autour de Juchitan. Le projet : installer des centaines d’éoliennes dans les alentours des localités ainsi que sur la Barra de Santa Teresa, une maigre frange de terre qui traverse la lagune, considérée comme un territoire sacré par les communautés adjacentes. Les promoteurs se promenaient de village en village, accompagnés de leurs gardes armés, pour inviter les paysan.ne.s à des réunions où l’alcool coulait à flots – sous l’influence de l’alcool, la fumée des illusions ou simplement de la nécessité économique, certain.e.s ont signé des contrats de vente ou de location avec les développeurs. À San Mateo on a offert environ 25 000 pesos par mois pour l’école. Une grosse somme, ou du moins ce qu’il paraît avant quelques calculs : “il y a environ 300 enfants, ça ferait quoi… 80 pesos par enfant ? Alors imaginez que chaque enfant vient d’une famille assez large, disons 6 minimum : les 25.000 pesos se réduisent à un peu plus de 10 pesos par personne… 10 pesos par mois… 10 pesos par mois pour perdre nos terres à jamais !” – disaient les habitant.e.s, fiers d’avoir réussi à repousser le projet.

    « Vous allez prendre vos hamacs et les attacher aux poteaux des moulins. Leurs pales vont tourner, et vous deviendrez riches sans lever le petit doigt ! »

    Au niveau des autorités et des institutions publiques, le capital engagé, les bénéfices escomptés ont fait de toute position de pouvoir un poste potentiellement corruptible : des votes ont été achetés pour prendre le contrôle sur l’administration, changer les réglementations d’usage du sol, ou pour contourner la supervision agraire ou environnementale. Des consultations délibérément mal informées, sans traduction dans les langues autochtones, reposant sur des outils numériques presque inexistants dans les communautés et sans quorum représentatif furent utilisées pour justifier les installations, en dépit même des inquiétudes soulevées dans la rue et les tribunaux.

    Cette intrusion est advenue à travers la collusion de l’industrie énergétique avec un écosystème d’acteurs que nous pourrions regrouper en trois grands groupes : les partis politiques et leurs postes dans l’administration, les cartels du crime organisé et leurs branches locales, et les compagnies de construction appartenant aux oligarchies régionales et nationales. Ces acteurs ont opéré chacun à leur manière comme des vecteurs dégénératifs, dirigeant l’injection de capital vers la désagrégation des communautés, fragmentant les pratiques qui faisaient tenir leurs mondes. Grâce à l’organisation collective, dans certains cas comme ceux de San Mateo del Mar ou de San Francisco, les parcs éoliens n’ont pas encore vu le jour, mais la présence de ces vecteurs était devenue perceptible dans le quotidien des habitant.e.s.

    D’abord, dans les pratiques d’organisation politique. Les assemblées ressentent désormais des divisions importantes : les conflits entre les groupes cherchant le pouvoir sont toujours plus fréquents et violents, et parfois des candidats externes aux communautés prennent des postes dans l’administration à travers des processus frauduleux, soutenus par tel ou tel parti politique, toujours favorables aux projets d’aménagement. En 2020, par exemple, San Mateo a vécu un de ces épisodes. Les habitant.e.s se souviennent en chuchotant du “Massacre” : au cours d’une assemblée communautaire, 15 personnes furent assassinées à coups de machette, bâtons, pierres et armes à feu par un groupe d’hommes cagoulés. L’événement remontait à 2017, quand une personne n’ayant pas accompli ses cargos força sa candidature au gouvernement de la municipalité en achetant des votes et sans être reconnue par l’assemblée. Une fois au pouvoir, des contrats permettant la privatisation et l’aménagement des terres ont été signés, déclenchant l’intensification des confrontations entre des groupes antagonistes au sein de la communauté. Dans d’autres lieux, comme San Francisco, les partis au pouvoir ont retiré des programmes d’assistance sociale aux familles d’un village, pour les diriger vers leurs partisans dans un autre village, creusant ainsi le conflit entre les deux communautés. On nous le dit à plusieurs reprises : dans une logique de représentation où le politique n’est qu’un marché de votes et un vacarme d’opinions, “les partis sont là pour ça : pour partir12, pour diviser”.
    Une guerre contre des manières de vivre et de s’organiser

    La création et la prolifération de groupes d’intimidation se propageant dans la région pour favoriser tel ou tel parti politique s’accompagne d’un renforcement des mafias locales qui parfois sont directement liées aux parcs éoliens – par exemple, dans la composition des corps de sécurité qui surveillent en continu les infrastructures ou en ce qui concerne les “groupes de choc13” qui sont mobilisés pour réprimer et intimider celles et ceux qui se manifestent contre le projet. Certaines entreprises deviennent donc des alliées des sicarios14de la zone : il y a quelques années, par exemple, des compagnies ont engagé un groupe de tueurs à gage. Aujourd’hui, ce même groupe a consolidé sa présence et opère désormais comme la branche locale de l’un des cartels du crime organisé les plus redoutés du pays : le Cartel Jalisco Nueva Generación. La collusion avec le pouvoir politique et le capital issu des projets de développement a donc permis d’augmenter le pouvoir et le marge de manœuvre des mafias locales, amenant plus de drogues, plus d’armes, achetant plus de politiciens et de policiers.

    Enfin, avec l’argent qui arrive par millions, la main sur les autorités corruptibles et sur les armes, les cartels et les développeurs ont impulsé ensemble la spéculation immobilière et industrielle dans la région. Ceci, à travers une modification du régime agraire, l’obtention de permis de construction et des titres des terrains concernés. Les nouveaux plans d’aménagement prévoient la construction d’un couloir industriel dont les éoliennes ne sont que l’avant-poste. C’est ainsi que les groupuscules du crime organisé, agissant avec les investisseurs venus d’ailleurs sont devenus eux-mêmes des sociétés entrepreneuriales, finançant la création de nouvelles sociétés de pêcheurs et d’éleveurs, créant des comités de « travailleurs organisés » en faveur des parcs ou contrôlant l’expansion de franchises très rentables partout dans la ville. À San Francisco, une nouvelle société de pêche essaie d’accaparer l’usage des eaux, alors qu’une entreprise entend imposer la construction des autoroutes non réglementaires, contre la volonté de l’assemblée locale. À San Mateo, les groupes derrière la violence et les abus d’autorité étaient liés à des entreprises d’aménagement mangeuses des terres. À Juchitan, on retrouve les noms des familles des cartels aux postes de pouvoir dans l’administration, ainsi qu’à la tête de franchises très lucratives. Les politiciens, les narcotrafiquants et les entrepreneurs se mêlent jusqu’à devenir indiscernables.

    “C’est une guerre contre nos manières de vivre et de nous organiser” – résuma l’enseignant zapotèque15 d’un lycée en expliquant la situation actuelle. Il y a deux décennies, le mouvement zapatiste avait déjà décrit l’expansion du Monde-Un de la marchandise comme une guerre contre la diversité irréductible des modes de vie qui peuplent la planète : leur anéantissement par uniformisation à la citoyenneté globale du consommateur universel ; leur déchirement par la fragmentation en des identités fixées et scindées16. Cette guerre porte aujourd’hui les drapeaux de la transition énergétique. Depuis leurs bureaux en Europe ou aux États-Unis, les banquiers distribuent tranquillement des crédits pour l’innovation technoscientifique et la gestion d’une planète propre et bien organisée. Les plus avant-gardistes commencent à déplacer leurs investissements vers des compagnies zéro charbon, projetant fièrement dans les salles de leurs gratte-ciels les vidéos de ces projets de technologie de pointe qui permettent de rêver d’un autre monde, un monde exactement comme celui d’aujourd’hui, c’est à dire, un monde sans attachements, où l’on est libre de vendre nos milieux d’existence et il n’y a pas d’autre appartenance que celle achetée avec l’argent ou gagnée par la violence, mais cette fois-ci aussi branché à la machine zéro charbon des parcs éoliens et des fermes solaires.

    Le mouvement zapatiste a déjà décrit l’expansion du Monde-Un de la marchandise comme une guerre contre la diversité irréductible des modes de vie qui peuplent la planète. Cette guerre porte aujourd’hui les drapeaux de la transition énergétique.

    En étudiant les plantations des Caraïbes, Malcom Ferdinand parlait de l’habiter colonial comme un mode d’habiter basé sur l’anéantissement de mondes-autres, leurs milieux de vie et d’organisation. L’Isthme de Tehuantepec montre la réactualisation et l’extension de ce mode d’habiter : une voie à sens unique, une transition, effectivement, mais une transition vers un seul mode d’habiter basée sur la prolétarisation et la spoliation. Et pourtant, comme face à toutes les guerres, il y a des expériences d’organisation et de résistance capables de semer des alternatives parmi les décombres. Comme ce fut rappelé à plusieurs reprises, après 500 ans de colonisation les communautés sont encore là, en train d’exister, de subsister et de résister.
    Résister : les nouveaux assemblages du commun

    Certains processus de lutte dans l’Isthme de Tehuantepec sont désormais connus à l’international. Les assemblées populaires et des peuples autochtones font partie des multiples plateformes d’organisation intercommunautaire permettant la coordination de contre-pouvoirs populaires, de brigades d’information, de ressources juridiques contre les entreprises et le gouvernement pour défendre la vie et le territoire. Dans certains cas, ce furent des processus fructueux, ralentissant ou même forçant l’abandon de certains méga-projets. Dans d’autres, ce fut un déchaînement de violence. Et pourtant, malgré les conditions extrêmes, les expériences de résistance et de réactualisation du commun se répandent : projets d’écoles, collectifs culturels et éducatifs de femmes, de radios, réhabilitations des écosystèmes…. Dans un des villages, un groupe de femmes conçoit des campagnes informatives sur les risques des méga projets extractivistes, soutient des actions de reforestation des mangroves, et réalise des peintures murales sur les questions de genre, de droits reproductifs et de changement climatique. Elles orchestrent aussi la construction d’un foyer d’organisation communautaire avec des ateliers de sciage et de menuiserie qui ont pour but de former les jeunes, récupérer les métiers artisanaux et ouvrir une alternative de vie qui permette de garantir leur subsistance sans émigrer, sans nourrir les rangs du travail exploité, et sans gonfler les cadres armés des cartels.

    Malgré les conditions extrêmes, les expériences de résistance et de réactualisation du commun se répandent : projets d’écoles, collectifs culturels et éducatifs de femmes, de radios, réhabilitations des écosystèmes….

    De l’autre côté de cette même région, une radio communautaire participe à sa façon à l’articulation du commun avec un format de diffusion où les habitant.e.s sont en même temps ses auditeur.rice.s et ses participant.e.s. Depuis le toit de l’école, une antenne rudimentaire attachée à des fils tendus en métal émet à quelques dizaines de kilomètres à la ronde de la musique, des discussions en direct sur les impacts de tel ou tel projet, des radio-romances et des campagnes d’information sur les sujets d’actualité concernant la vie locale. Il ne s’agit pas de la consommation d’un contenu venu d’ailleurs ou de l’usage d’un service impersonnel, mais de la participation collective à un outil convivial visant à promouvoir leurs langues et leurs traditions.

    Plus loin, l’assemblée communautaire a fondé une société de transport local, achetant des voitures pour faire l’aller-retour vers les villes les plus proches. Les habitant.e.s ont également créé une coopérative de tortillas pour à la fois partager le travail de production et réduire la dépendance des biens de consommation externes. Plus récemment a débuté l’installation d’une station de purification d’eau. Et, malgré le fait que depuis quelques années l’électricité a été coupée par un village voisin à cause des conflits pour la terre liés directement à l’expansion industrielle, on essaye de trouver des alternatives avec l’installation de petits panneaux solaires – des initiatives dont la taille contraste avec l’ampleur industrielle des fermes éoliennes.

    Enfin, dans une des villes de l’Isthme, au sein d’un quartier populaire marqué par la précarité et la violence, une maison communautaire est en train d’être construite. Des murs gris, en ciment brut, des câbles exposés, des chambres sans portes et des sols non carrelés coexistent avec des jeunes plantes, des colonnes stables, des cadres de portes en bois arqués et des volets de fenêtres solennels. Sous le plafond, des planches de bois précieux reposent alignées de manière impeccable sur des poutres monumentales. Et dans les murs, les corniches et les modillons laissent voir une espèce de soin et d’extravagance inespérée. C’est une maison érigée avec les décombres du tremblement de terre de 2017. Après la catastrophe, le collectif a parcouru les rues pour collecter les fragments d’histoires de la ville effondrée, afin d’aménager un espace dédié précisément à la reprise des liens collectifs.

    Ce sont ainsi des couches de souvenirs, les vestiges de bâtiments autrefois somptueux qui ont été repris par morceaux, déplacés et re-signifiés pour construire une autre maison pour héberger un autre avenir. À l’intérieur de ce chantier en cours, se dressait un autel rudimentaire avec une croix et deux larges portraits, l’un avec le visage d’Emiliano Zapata, l’autre avec celui du Che Guevara. C’était un autel dédié à la Santa Cruz de la Barricada. On nous a dit que cette festivité, invoquant les ancêtres et les esprits des montagnes et des rivières, déclenche la récupération, la transmission et la réinvention des traditions – une manière de retrouver le sol qui fait grandir le commun. Là-bas, la tradition n’existe pas sans résistance, et la communauté n’existe pas sans travail communautaire. L’essence ne précède jamais ses modes de subsistance.

    Une maison communautaire est en train d’être érigée avec les décombres du tremblement de terre. Ce sont des couches de souvenirs, les vestiges de bâtiments autrefois somptueux qui ont été repris par morceaux, déplacés et re-signifiés pour construire une autre maison pour héberger un autre avenir.

    Comme Zapata et le Che avec la Santa Cruz de la Barricada, le commun et les traditions se réactualisent toujours. Elles ne restent jamais simplement en arrière, elles ne visent pas uniquement l’avant, elles se transforment face à des menaces constantes et grâce à des rencontres avec les autres. C’est ainsi qu’on trouve le véritable pari d’autres mondes possibles. Face à l’aménagement, le réagencement : le commun qui se réinvente par un habiter singulier, non interchangeable. Dans l’Isthme de Tehuantepec, des assemblées, des blocages de rue, des campagnes de diffusion, des ateliers pour enfants, des radios communautaires, des rites et des fêtes populaires sont organisés pour affirmer que malgré l’avancée de l’ignominie – là-bas, ni le vent, ni la vie n’ont un prix.

    https://www.terrestres.org/2024/04/17/les-hurlements-du-vent-enquete-sur-lextractivisme-eolien-au-mexique
    #vent #énergie #énergie_éolienne #extractivisme_vert #capitalisme

  • Difficile à lire.
    Témoignage
    Isild Le Besco, rescapée de la violence : « Prisonnière de mes manques matériels et affectifs, j’étais le terrain parfait pour toutes les maltraitances »

    Après le témoignage de Judith Godrèche, l’actrice et réalisatrice dévoile à son tour ses blessures intimes et les mécanismes de la prédation dans un récit autobiographique, « Dire vrai », à paraître aujourd’hui.

    #viol #pédocriminalité #maltraitance_mineurs

    https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2024/05/01/isild-le-besco-rescapee-de-la-violence-prisonniere-de-mes-manques-materiels-

  • Des réparations vont être versées aux survivantes de violences sexuelles commises pendant la guerre en Ukraine

    Les premiers paiements effectués dans le cadre d’un conflit en cours constituent « un pas important vers le rétablissement de la justice », a déclaré la première dame, Olena Zelenska.

    Les premières réparations seront versées dans les prochaines semaines aux survivantes de viols commis par des soldats russes pendant l’invasion de l’Ukraine, une initiative que la première dame d’Ukraine, Olena Zelenska, a qualifiée d’« étape importante vers le rétablissement de la justice ».

    Jusqu’à 500 Ukrainiennes ayant survécu à des violences sexuelles liées au conflit ont été identifiées et ont reçu des réparations provisoires cette année, notamment un soutien financier, médical et psychologique.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/05/01/des-reparations-vont-etre-versees-aux-survivan

    #ukraine #viol

  • Les ressorts d’un massacre
    https://laviedesidees.fr/Gilles-Havard-Les-Natchez

    Le massacre rituel commis par les Natchez à l’encontre de plusieurs centaines de colons français en Louisiane, le 28 novembre 1729, est le point de départ d’une #violence coloniale exercée sur une tribu jusqu’à sa quasi-disparition.

    #Histoire #anthropologie #sacré #Amérindiens #Amérique_du_Nord
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240430_natchez.pdf

  • Amina Yamgnane : « Oui, j’ai été une gynécologue-obstétricienne maltraitante » | Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/france/amina-yamgnane-oui-jai-ete-une-gynecologue-obstetricienne-maltraitante-

    Médecin depuis 24 ans, Amina Yamgnane sort un livre coup de poing sur les violences gynécologues et obstétricales. La fille de l’ancien ministre Kofi Yamgnane, qui a ouvert la clinique des femmes à Paris en 2016, y fait son mea culpa. Elle en appelle à une politique publique de la bientraitance.

    Formée à la médecine en Belgique, vous avez ensuite exercé à l’hôpital Necker, avec une spécialité sur les grossesses à très haut risque. Vous parlez d’années « sans empathie » et dites que vous avez été, vous-même, « maltraitante dans le soin ». La faute à qui ?

    Amina Yamgnane : « La faute à l’enseignement que nous, médecins, avons reçu depuis la nuit des temps ! Nous sommes, depuis toujours, centrés sur l’organe et la maladie, sans nous préoccuper de l’individu qui les traverse. Je suis partie de Bretagne en 1988, j’ai été diplômée de gynécologie obstétrique à l’université de Louvain, en Belgique, en 2000. On parle aussi d’une époque où les droits du patient étaient moins larges, du point de vue du droit. La notion de consentement n’est apparue qu’en 2002 en France : ça ne venait à l’idée de personne d’informer les patient(e) s sur les traitements, par exemple. Ni de demander à une femme si ça la dérangeait d’être nue pour l’examen gynécologique. Encore moins si elle acceptait la pose d’un spéculum. J’ai 54 ans, je suis moi aussi l’héritière de cette médecine à la croisée du non-consentement, de l’abus de pouvoir, du paternalisme et de la misogynie. Oui, j’ai été maltraitante dans le soin, même si c’était malgré moi ».

    Quel meilleur exemple de maltraitance pouvez-vous nous donner. Et comment en êtes-vous sortie ?
    « Le plus emblématique est le choix de la contraception. Voilà ce que j’ai longtemps dit à mes patientes : Madame, vous n’avez pas encore eu d’enfant ? Alors pas de stérilet, car cela vous expose aux risques d’infection. Quant à une ligature tubaire : si vous n’avez pas au moins quarante ans et plus de deux enfants, jamais de la vie ! Encore aujourd’hui, je mets au défi une femme de 32 ans sans enfant d’obtenir une ligature des trompes. La loi nous contraint pourtant à entendre la dame, même si c’est pour faire valoir la clause de conscience ensuite. Le déclic, je le dois à la pédopsychiatre Françoise Molénat, qui m’a conseillé, en 2003, une formation sur le ressenti des patientes en maternité. J’ai d’abord été hermétique à tous ces témoignages de ratages sur des situations obstétricales banales. Je n’avais pas fait toutes ces années d’études pour me faire dicter la leçon ! Et puis, un jour, j’ai été prise d’un vertige. Il se trouve que j’étais enceinte et que j’ai senti mon enfant bouger dans mon ventre. Tout d’un coup, je me suis identifiée à ces femmes qui me racontaient leur quotidien. Ça, l’université ne me l’avait jamais enseigné. Pire, mes professeurs me l’avaient toujours interdit ! »

    « On sait qu’une femme sur six en cabinet de gynécologie a été victime de violences sexuelles. Ne pas en tenir compte, rompre la confiance des soins, c’est prendre le risque qu’elles ne se soignent plus demain. »
    Le #MeToo et les exigences de la société rattrapent aussi votre profession. Des médecins en vue, comme le Pr Daraï ou la pédiatre Caroline Rey-Salmon, ont été récemment visés. L’un a été mis en examen pour violences volontaires, la seconde a fait l’objet d’une plainte pour agression sexuelle. Pour vous, la profession vit encore dans le déni ?
    « Malheureusement, oui, et il y a urgence à réagir. Le cas du Pr Daraï est emblématique. Qu’un professeur des universités, praticien hospitalier (PUPH), hautement réputé et connecté à l’international, n’ait lui-même pas reçu la formation pour faire évoluer sa pratique, cela pose grandement question. Il n’avait que 45 ans quand la loi sur le consentement est sortie ! Cela montre qu’on a collectivement failli. Heureusement, la jeunesse pousse pour que ça change, que ça soit côté patientes ou chez les jeunes gynécologues. Je les admire beaucoup et je compte aussi sur elles pour y arriver. »

    Votre Clinique des femmes, à Paris, expérimente, depuis 2016, un modèle plus vertueux. Mais il est aussi coûteux et forcément sélectif. Est-ce une solution pour demain ?
    « On y expérimente l’écoute active, auprès de 12 000 patientes par an. On ouvre sept jours sur sept mais on a diminué les cadences, le personnel n’est plus en burn-out, et le bénéfice, pour les femmes, va au-delà de ce que nous pouvions imaginer. On sait qu’une femme sur six, en cabinet de gynécologie, a été victime de violences sexuelles. Ne pas en tenir compte, rompre la confiance des soins, c’est prendre le risque qu’elles ne se soignent plus demain. C’est aussi laisser leurs futurs enfants dans le mal-être transmis par les 17 % de dépression post-partum en France. Alors oui, nous avons fortement investi et, à 140 €, nos consultations sont coûteuses. Mais s’il était intégré dans une politique nationale, ce surcoût éviterait, in fine, des dépenses qui s’avèrent aujourd’hui bien plus importantes. »

    « Il faut en finir avec le mythe de l’heureux événement. On gagnerait à informer loyalement et systématiquement les citoyennes sur les réalités de l’accouchement. »
    Le paternalisme se niche, d’après vous, sur les réseaux sociaux et jusque dans la préparation à l’accouchement…
    « Oui, car ils continuent à véhiculer le mythe de l’heureux événement. Or, on gagnerait à informer loyalement et systématiquement les citoyennes sur les réalités de l’accouchement. Quand on est enceinte pour la première fois, on a 20 % de risque d’avoir une césarienne et 20 % d’un accompagnement par instrumentation. On a encore six chances sur dix d’accoucher par voie basse, pas plus. Ne pas dire les réalités en face peut générer par la suite de la souffrance et même de la défiance à l’égard de la profession. Et ça aussi, c’est déjà du paternalisme. »

    Vous en appelez à une politique publique et à un « Grenelle » de la bientraitance en gynécologie obstétrique. Pourquoi ?
    « J’estime qu’il est temps de se mettre autour de la table pour changer de méthode. Le XXe siècle a été celui de la haute technicité, qui a permis de diminuer la mortalité à l’accouchement et de médicaliser les interruptions volontaires de grossesse. Le XXIe siècle doit devenir celui de l’humanisation des soins et de la prise en compte de la santé mentale. La bientraitance devrait par exemple faire partie intégrante des critères retenus par la Haute autorité de santé (HAS) pour évaluer les accouchements. En concentrant de plus en plus l’activité dans des grandes maternités, le système de soins pédale actuellement dans le mauvais sens. Si on attend cinquante ans pour s’en rendre compte, il sera trop tard. »

    « Prendre soin des femmes. En finir avec les violences gynécologiques », du Dr Amina Yamgnane. Aux éditions Flammarion. 21 €

    • Pff, oui @monolecte 140€ ça fait tiquer.
      Pour les pauvres, tu peux toujours te faire agresser gratuitement (agression payé par la sécu aux agresseurs) par un gynéco qui te demande, la main dans le vagin (contre une pilule du lendemain) si hier c’était bon comme ça avec ton copain ? ou l’autre qui t’annonce qu’elle va te violer elle aussi quand tu lui as pourtant spécifié tremblante que tu avais été victime de viols.

      Je vois plutot un argument de vente pour sa clinique qu’un réel méaculpa, elle est devenue humaine à quel moment ? et à quel moment elle demande pardon à ses patientes ? à partir de 140 la consultation c’est motivant de retenir ses instincts de destruction de l’autre.

      « On sait qu’une femme sur six en cabinet de gynécologie a été victime de violences sexuelles. Ne pas en tenir compte, rompre la confiance des soins, c’est prendre le risque qu’elles ne se soignent plus demain. »

    • Nous sommes, depuis toujours, centrés sur l’organe et la maladie, sans nous préoccuper de l’individu qui les traverse, alors même que celle-ci dispose éventuellement d’un revenu non négligeable !

      N’empêche, son cas plaide en faveur d’une expertise qui fait défaut dans bien des cas. À quand l’interdiction des professions de santé à toute personne qui n’a pas expérimenté un état pathologique ou un moment de dépendance aux soignants ?

      #médecine #accès_aux_soins #femmes #gynécologie #violences_sexuelles

    • Tous ces gens qui ont été dans le noir pendant tant d’années, alors qu’on n’écoutait pas les « radicaux », les militants, qui avaient raison, dans tous les domaines, médecine, nucléaire, nutrition, etc. Et qui maintenant se refont une blancheur faisant leur « mea culpa » de toutes les horreurs qu’ils ont commises.

      Et les lanceurs d’alerte qui l’ont payé de leur vie personnelle, professionnelle, parfois de leur vie, eux n’ont droit à aucune ligne dans les médias, aucune reconnaissance de personne.

  • #Rien_à_déclarer – le podcast anti-répression de Radio Parleur
    https://radioparleur.net/2024/04/26/rien-a-declarer-podcast-anti-repression-radio-parleur

    Perquisitions au domicile, interpellations, gardes à vue abusives, procès… En 2023, la #répression des mouvements sociaux, féministes, antiracistes et écologistes a passé un cap, et criminalise quasi-systématiquement les citoyen·nes, activistes et militant·es engagé·es à gauche. Rien à déclarer est un podcast qui explore les mille et une voies de la criminalisation des luttes et des […] L’article Rien à déclarer – le podcast anti-répression de Radio Parleur est apparu en premier sur Radio Parleur.

    #L'actu_des_luttes #Une_du_site #Politique #violences_policières

  • Comment vivre quand on a été un enfant battu par son père, violé à plusieurs reprises à l’âge de 8 ans par un grand-oncle prêtre, puis par deux de ses cousins ? L’histoire d’Arnaud Gallais est stupéfiante. Ce film retrace son parcours et nous raconte comment il est devenu une figure incontournable de la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants.
    https://www.france.tv/films/longs-metrages/5874063-inceste-une-homme-en-colere.html
    #violences_sexuelles_enfants #pédocriminalité

  • A la frontière franco-italienne, des refoulements « illégaux » de migrants, dénonce la Défenseure des droits

    Dans une décision-cadre inédite, au terme de deux ans d’instruction, la Défenseure des droits dénonce des violations « systématiques » des droits des personnes par les autorités françaises, en particulier des demandeurs d’asile et des mineurs isolés. Des #privations_de_liberté « arbitraires » et « indignes » sont aussi épinglées.

    C’est une décision inédite de la Défenseure des droits, Claire Hédon, qui est rendue publique jeudi 25 avril. Pour la première fois, cette autorité administrative indépendante s’est penchée avec exhaustivité sur les pratiques de la France à sa frontière avec l’Italie. Depuis 2015, des contrôles y ont été rétablis, qui contreviennent au principe de libre circulation des personnes dans l’espace Schengen, mais qui sont sans cesse justifiés auprès de la Commission européenne par la menace terroriste et les flux migratoires irréguliers en Europe.

    Pendant près de deux ans, la Défenseure a enquêté sur la façon dont ces contrôles aux frontières intérieures de l’Union européenne (UE) sont réalisés, en se rendant notamment aux postes de police de Menton (Alpes-Maritimes) et de Montgenèvre (Hautes-Alpes), en épluchant les registres des services, en visitant les locaux dans lesquels les personnes sont retenues, en interrogeant les préfectures et les forces de l’ordre. Ses conclusions sont cinglantes : « Les droits des personnes migrantes font l’objet de violations massives », soulignent les équipes de Mme Hédon auprès du Monde.

    En 2023, plus de trente mille refus d’entrée ont été réalisés à la frontière franco-italienne, quasi exclusivement au motif que les personnes n’avaient pas de document de voyage ou de titre de séjour. Sur 184 pages, les observations de la Défenseure des droits détaillent des contrôles, des interpellations, des privations de liberté et des renvois en Italie de migrants. Pour elle, ces refoulements sont « illégaux ».

    La Défenseure a par exemple constaté que des refus d’entrée sont opposés à des personnes contrôlées en dehors des points de passage frontaliers formellement identifiés. Elles se trouvent donc déjà sur le territoire français et devraient en conséquence se voir appliquer d’autres procédures de contrôle.

    Contrôles « discriminatoires »

    Sur le principal point de passage, la gare de Menton-Garavan, qui concentre « 70 % à 80 % des interpellations », Mme Hédon a aussi observé des contrôles « discriminatoires, fondés sur des caractéristiques physiques associées à une origine réelle ou supposée », mais aussi des palpations systématiques sans qu’un danger potentiel objectif ait été identifié, y compris sur des mineurs et à la vue du public.

    Une fois les personnes contrôlées amenées au poste de la police aux frontières, qu’il s’agisse de celui de Menton ou de Montgenèvre, la Défenseure des droits considère qu’elles sont éloignées sans tenir compte de leur situation individuelle et donc de façon indiscriminée et systématique, au mépris en particulier de leur souhait de demander l’asile. Mme Hédon s’étonne que les autorités « assument » de procéder ainsi. « Cette pratique illégale est pleinement avalisée par la hiérarchie des forces de police ainsi que par l’autorité préfectorale », souligne-t-elle, dénonçant « une violation durable et systématique du droit d’asile à la frontière franco-italienne ».

    Les violations des droits de l’enfant sont également largement documentées. La Défenseure des droits considère que la police doit immédiatement orienter vers l’aide sociale à l’enfance des départements les jeunes se disant mineurs isolés. En lieu et place de quoi, la police aux frontières procède à des « opérations d’identification judiciaires » : elle relève leurs empreintes et consulte plusieurs fichiers biométriques. De même, lorsque les mineurs présentent des documents d’état civil tels que des actes de naissance, ceux-ci ne sont pas pris en compte. A tel point que la police fait figurer des dates de naissance différentes sur les refus d’entrée qu’elle édicte.

    « Appréciation » de l’âge des mineurs

    Dans les Alpes-Maritimes, une expérimentation est menée avec le conseil départemental depuis 2019. Des effectifs sont présents au sein des locaux de police de Menton pour procéder à une « appréciation » de l’âge des jeunes, à travers un entretien de quelques minutes. Un entretien dont les enjeux ne sont pas précisés aux personnes et qui fait l’objet d’un compte rendu qui n’est pas relu par le jeune, pas plus que celui-ci n’est informé de la possibilité de saisir un juge des enfants s’il conteste l’évaluation de son âge. Pour la Défenseure, ce protocole expérimental est illégal. De même, Mme Hédon a constaté que, si la police italienne refusait de reprendre le jeune, la police française avait pour pratique de le laisser libre en lui notifiant une obligation de quitter le territoire. Un procédé jugé, là encore, illégal.

    De façon plus générale, la Défenseure des droits a constaté que la police privait de liberté les personnes interpellées, pendant parfois toute une nuit en raison de la fermeture des services de police italiens. Les locaux préfabriqués utilisés pour, officiellement, des « mises à l’abri » de migrants, sont en réalité des lieux d’enfermement « arbitraire », puisque les personnes n’y bénéficient pas des droits afférents. Le juge n’y exerce aucun contrôle, les personnes n’ont pas accès à un avocat et les conditions matérielles d’enfermement sont qualifiées d’« indignes », en raison notamment de l’exiguïté des lieux, du manque d’hygiène, de lits et de matelas, d’aération ou encore de séparation entre les mineurs et les adultes.

    Surtout, la Défenseure des droits rappelle que, depuis une décision du Conseil d’Etat du 2 février (qui répercute un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 21 septembre 2023), le droit applicable aux étrangers à une frontière intérieure a été clarifié. La justice a ainsi rappelé que les éloignements devaient suivre une procédure de remise à l’Italie bien précise (prévue par un accord bilatéral de 1997, dit « de Chambéry »). Ces précisions de droit ont des implications importantes sur les pratiques de la police.

    Aménager des locaux spécifiques

    Les personnes contrôlées à la frontière peuvent ainsi faire l’objet, si elles se trouvent en situation irrégulière, d’une retenue administrative pour vérification de leur droit au séjour. Mais la Défenseure rappelle que ni les demandeurs d’asile ni les mineurs non accompagnés ne peuvent être placés en retenue administrative (car alors ils ne sont pas en situation irrégulière mais doivent être orientés, les premiers vers un guichet de demande d’asile et une véritable mise à l’abri, les seconds vers l’aide sociale à l’enfance pour une procédure d’évaluation). Les demandes d’asile formulées par les personnes étrangères « doivent être transmises sans délai à l’autorité préfectorale, et sans autres vérifications », insiste la Défenseure.

    Mme Hédon profite de sa décision pour se pencher sur les conséquences éventuelles de la loi relative à l’immigration adoptée en décembre 2023 et promulguée début 2024, et qui prévoit le placement en rétention administrative des demandeurs d’asile lorsqu’ils présentent un « risque de fuite ». Pour la Défenseure, cette rétention ne saurait s’appliquer de façon systématique aux migrants à la frontière et devrait faire l’objet d’un contrôle de constitutionnalité au fond.

    Quant aux personnes en situation irrégulière placées en retenue administrative, la Défenseure des droits rappelle que cette retenue ne peut excéder vingt-quatre heures, que des locaux spécifiques doivent être aménagés à cette fin, qui respectent la dignité des personnes, que le procureur doit être systématiquement averti, et qu’il doit en outre autoriser toute consultation du fichier automatisé des empreintes digitales, que les personnes doivent être informées, dans une langue qu’elles comprennent, de la possibilité d’avoir un avocat, qu’un procès-verbal de fin de retenue doit leur être notifié ainsi qu’une décision écrite de remise à l’Italie, pays qui doit formellement donner son accord à cette remise. « Aujourd’hui, rappellent les équipes de la Défenseure des droits, nous n’avons pas de garantie sur un changement de système. »

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/04/25/a-la-frontiere-franco-italienne-des-refoulements-illegaux-de-migrants-denonc

    #frontière_sud-alpine #asile #migrations #réfugiés #frontières #Italie #France #Vintimille #renvois #expulsions #défenseur_des_droits #contrôles_frontaliers #Hautes-Alpes #Alpes_Maritimes #Montgenèvre #violations_massives #refus_d'entrée #interpellations #refoulements #push-backs #droit_d'asile #illégalité #mineurs #enfants #âge #retenue_administrative

    –-> et ce terme "illégaux" mis entre guillemets... pourtant les #refoulements sont illégaux. C’est l’article 33 de la convention sur les réfugiés qui le dit, c’est le #principe_de_non-refoulement...
    #illégalité #terminologie #mots #vocabulaire

    –-

    ajouté à la métaliste autour de la Création de zones frontalières (au lieu de lignes de frontière) en vue de refoulements :
    https://seenthis.net/messages/795053

    • Respect des droits des personnes migrantes à la frontière intérieure franco-italienne : le Défenseur des droits publie une décision-cadre

      Le Défenseur des droits publie ce jour une décision-cadre sur le respect des droits des personnes contrôlées et interpellées à la frontière intérieure franco-italienne, par les forces de sécurité françaises, dans les départements des Alpes-Maritimes et des Hautes-Alpes.

      Le franchissement des frontières de l’Union européenne (UE) est régi par le règlement européen dit code frontières Schengen, qui distingue d’un côté, les « frontières extérieures » de l’UE, et de l’autre, les « frontières intérieures » entre deux États membres de l’UE. Le franchissement de chaque catégorie de frontières obéit à des conditions qui lui est propre. Concernant les frontières intérieures, le principe est la libre circulation des personnes. Le droit de l’UE assure ainsi l’absence de tout contrôle des personnes aux frontières intérieures, quelle que soit leur nationalité, lorsqu’elles franchissent ces frontières. Cependant, depuis 2015, la France a rétabli les contrôles à ces frontières, en faisant application d’une exception prévue par le code frontières Schengen mais strictement encadrée.

      La #décision-cadre n°2024-061 (https://juridique.defenseurdesdroits.fr/index.php?lvl=notice_display&id=50351) s’inscrit dans le cadre du traitement de réclamations individuelles adressées à l’institution par les personnes concernées et par l’intermédiaire d’associations. Elle est le résultat d’une instruction contradictoire menée auprès des autorités mises en cause et de la mise en œuvre des pouvoirs d’enquête et d’intervention de l’institution. À ce titre, la Défenseure des droits a effectué un déplacement avec ses équipes à Montgenèvre et Briançon les 10 et 11 février 2022. Les services de l’institution ont également mené une vérification sur place du 10 au 13 avril 2023 à Menton, au sein des locaux de la police aux frontières (PAF) et à des points de passage autorisés.

      Cette décision intervient dans un contexte inédit, dans lequel la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE, 4e ch., 21 septembre 2023) et le Conseil d’État (CE, section du contentieux, 2ème et 7ème ch.) ont récemment réaffirmé l’obligation pour les États membres de l’Union européenne, d’appliquer les garanties juridiques minimales prévues par la directive européenne dite retour aux personnes qui sont interpellées à la frontière intérieure, afin que leurs droits fondamentaux soient respectés.

      De manière préoccupante, cette décision-cadre conclut à l’existence de procédures et pratiques qui ne sont pas conformes à la directive retour, au droit européen et au droit national. Elle conclut également à des atteintes substantielles et multiples aux droits des personnes interpellées, à partir du moment où elles sont contrôlées, jusqu’à leur éloignement du territoire.

      Des procédures de refus d’entrée contraires au droit de l’UE

      Le Défenseur des droits constate que les personnes interpellées font l’objet d’une procédure de refus d’entrée qui ne respecte pas les garanties juridiques minimales de la directive retour telles que le recours à une procédure équitable et transparente, impliquant notamment un examen de la situation individuelle de la personne, la motivation des décisions en fait et en droit ou encore l’accès à l’interprétariat. Ces atteintes concernent un nombre de personnes d’autant plus important que la procédure est mise en œuvre sur une zone frontalière très étendue et imprécise, ce qui est en contradiction avec le droit européen.
      Une privation de liberté hors de tout cadre juridique

      Un grand nombre de personnes interpellées se retrouvent enfermées pendant plusieurs heures, voire une nuit entière, dans des locaux présentés comme des espaces de « mise à l’abri », sans fondement légal et dans des conditions indignes. Plus inquiétant encore, parmi ces personnes se trouvent des personnes vulnérables, notamment des familles, des mineurs et des demandeurs d’asile.
      Des obstacles au droit d’asile

      Concernant les demandeurs d’asile, le Défenseur des droits constate notamment que si la personne est considérée comme « non entrée » sur le territoire, elle fait l’objet d’un refus d’entrée et aucune demande d’asile n’est prise en compte. Cette pratique largement assumée est ouvertement contraire au droit d’asile, et constitue une entrave grave, généralisée et durable à l’accès à la procédure d’asile à la frontière franco-italienne.
      De lourdes atteintes aux droits des mineurs

      Concernant les mineurs, le Défenseur des droits relève de lourdes atteintes à leurs droits, qu’ils soient ou non accompagnés, en violation de l’intérêt supérieur de l’enfant et des droits des mineurs, et des garanties de la directive retour. Les procédures mises en place entravent notamment l’accès des mineurs non accompagnés à la protection de l’enfance.

      Au regard de l’ensemble de ses constats et conclusions alarmants, la Défenseure des droits formule une série de recommandations qu’elle adresse au ministre de l’Intérieur et des Outre-mer et aux préfectures concernées. Elle appelle à faire cesser, dans les plus brefs délais, les procédures et pratiques constatées et à mettre fin aux atteintes multiples portées aux droits des personnes qui sont contrôlées et interpellées à la frontière franco-italienne.

      https://www.defenseurdesdroits.fr/respect-des-droits-des-personnes-migrantes-la-frontiere-interieur

    • La France accusée de « violations systématiques » des droits des migrants à sa frontière avec l’Italie

      Une enquête très documentée publiée jeudi par la Défenseure des droits souligne des « violations systématiques » par les autorités françaises des droits des personnes migrantes souhaitant entrer sur le territoire depuis l’Italie, ainsi que des privations de liberté « arbitraires et indignes ».

      En 2023, 30 000 refus d’entrées ont été notifiés à des personnes que la police a ensuite refoulées sur le territoire italien. Dans bon nombre de cas, ces refoulements étaient illégaux. C’est ce qu’a pu constater la Défenseure des droits Claire Hédon au terme d’une enquête de deux ans, en se rendant avec ses équipes à la frontière franco-italienne. Cette « décision-cadre », un document qui fait partie des moyens d’action de la Défenseure des droits, a été publiée jeudi 25 avril et adressée au ministère de l’Intérieur.

      L’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafe) constate ces violations des droits sur le terrain depuis huit ans. « On était encore en observation à la frontière la semaine dernière, précise son président Alexandre Moreau. Ce qu’on observe, c’est qu’il n’y a toujours pas d’interprètes dans les procédures de vérification de séjour. Il n’y a pas d’information sur la procédure appliquée aux personnes, il n’y a pas d’avocat et donc pas d’assistance juridique. Il n’y a pas non plus d’information sur la procédure d’asile. Or un certain nombre de personnes fuient des situations qui leur justifieraient un besoin de protection internationale au-dessus de l’asile, il n’y a pas de toute cette explication et c’est encore pire pour les mineurs isolés. »
      Atteintes aux droits des enfants pour les mineurs non accompagnés

      Le cas des mineurs non accompagnés est particulièrement mis en lumière dans l’enquête de la Défenseure des droits. Selon la loi, une personne migrante se déclarant mineure doit notamment être prise en charge par les services départementaux de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Or, les pratiques de la police française aux frontières (PAF) ne reflètent pas les procédures prévues, estime Alexandre Moreau.

      « Lorsqu’on procède à une vérification du séjour pour les mineurs, on doit leur permettre un temps de répit. Mais on observe qu’il n’y a pas ce temps de répit immédiatement. Quand il y a interpellation, il y a examen. L’examen ne dure même pas 30 minutes. On ne leur explique pas pourquoi ils doivent répondre à ces questions et quels en sont les enjeux. Systématiquement, on s’aperçoit que la minorité, elle, est contestée et donc le doute ne profite pas à la minorité. Et on ne leur explique pas, par exemple, qu’ils ont droit à un avocat, qu’ils ont droit aussi de saisir le juge des enfants pour contester la décision de majorité. Or, les mineurs isolés ne sont jamais, jamais, jamais en situation irrégulière sur le territoire. »
      Privations de liberté arbitraires

      Une fois interpellées, « un grand nombre de personnes se retrouvent enfermées pendant plusieurs heures, voire toute une nuit », souligne l’enquête. Cela sous prétexte d’être « mises à l’abri », avant d’être reconduites de l’autre côté de la montagne par la police italienne. « On n’est ni dans une zone d’attente, ni dans un centre de rétention, indique Alexandre Moreau. C’est une procédure complètement illégale et arbitraire d’un enfermement dans des préfabriqués, donc en plus dans des conditions complètement indignes. Et on ne sait pas exactement dans quel cadre juridique la police pratique cet enfermement. Elle parle de mise à l’abri, mais c’est tout un code particulier qui n’est pas non plus lui-même respecté. »

      Parmi la longue liste d’entraves constatées par la Défenseure des droits dans ce rapport de 180 pages, le lieu même des contrôles policiers pose question. Les points de contrôles doivent être déclarés à la Commission européenne, condition sine qua non au rétablissement des contrôles aux frontières intérieures de l’espace Schengen. Or, à plusieurs reprises, des personnes exilées ont été interceptées à d’autres endroits que ceux officiellement prévus dans les textes.
      Le rétablissement des frontières intérieures justifié par un attentat à Moscou

      Le droit européen permet effectivement aux États membres de l’espace Schengen, dont la libre-circulation des personnes est un principe clef, de rétablir les contrôles à titre exceptionnel et pour une durée de six mois.

      Depuis 2015, en raison d’une menace terroriste après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, la police française aux frontières a activement repris du service. Depuis, le rétablissement des contrôles est sans cesse renouvelé, motivé par des événements aussi variés que la pandémie de Covid-19 en 2020, ou l’organisation de la Coupe du monde de Rugby en 2023.

      L’autorisation actuelle prend fin le 30 avril 2024. Au 1er mai, de nouveaux arguments ont été notifiés à la Commission européenne : la tenue des Jeux Olympiques et paralympiques à Paris et l’attentat de Moscou du 22 mars dernier.

      https://www.infomigrants.net/fr/post/56698/la-france-accusee-de-violations-systematiques-des-droits-des-migrants-

  • 100 ans de #Total_Energies - #Extractivisme et #violences coloniales

    Le 25 mars dernier, à l’occasion du centième anniversaire de Total Énergie, Avis de Tempête a été invité à réaliser un enregistrement en direct d’un épisode. 🎙️

    La Fête à Total était organisée par Extinction Rébellion, dans le cadre de leur campagne Carnage Total. Au programme : des stands, des cantines, des tables rondes, des ateliers thématiques pour revenir sur 100 ans de pratiques criminelles de TotalEnergies, penser la lutte contre la #multinationale et rêver à un avenir débarrassé des #énergies_fossiles.

    https://audioblog.arteradio.com/blog/177155/podcast/226376/s3-episode-hors-serie-3-100-ans-de-total-energies-extractivisme

    #audio #podcast #TotalEnergies #Total #pétrole #industrie_pétrolière #colonialisme #néo-colonialisme #violence #multinationales #écologie_décoloniale

  • Rechtsweg ausgeschlossen - Mit der Auflösung des Palästina-Kongresses erreicht die Repression eine neue Stufe
    https://www.unsere-zeit.de/rechtsweg-ausgeschlossen-2-4791071


    Am Samstag demonstrierten 9.000 Menschen gegen das Verbot. Eine juristische Gegenwehr wurde verhindert. (Foto : Fabian Sommer)

    L’action policière contre le congrès pour la Palestine à Berlin marque une nouvelle étape de la transformation de l’ancien état bourgeois démocratique dans un système en état de guerre contre ses citoyens. L"article décrit comment les mécanismes juridiques contre la censure ont été désarmorcés avec le but de stopper une rencontre qu’on ne pouvait pas interdire préalablement.

    Es gab Zeiten, in denen die Herrschenden in diesem Land zumindest bei öffentlichen Auftritten viel Wert auf einen „demokratischen Rechtsstaat“ legten. Zugegeben, das war manchmal kompliziert. Wer eine Demonstration auseinanderprügeln oder politisch Aktive verfolgen wollte, musste sich irgendetwas ausdenken: Organisationsverbote, vermeintliche Straftaten oder angeblich bevorstehende Gewaltausbrüche. Doch das Streben nach „Kriegstüchtigkeit“ lässt immer weniger Raum für solchen Kleinkram. Das zeigte auch das Verbot des Palästina-Kongresses am vergangenen Wochenende in Berlin.

    Den Veranstaltern des Kongresses unter dem Motto „Wir klagen an!“ war kein Gesetzesbruch vorzuwerfen. Nach dem Verbot teilte die Berliner Polizei einer aufgescheuchten Medienmeute unumwunden mit, dass keine Straftaten begangen worden seien. Knapp 1.000 Menschen blieben friedlich, als sie von mehr als 900 Polizisten daran gehindert wurden, die Veranstaltungsräume zu betreten. Nur 250 durften schließlich rein. Doch sie ließen sich nicht provozieren, noch nicht einmal durch den Einbruch der Polizei in den Technikraum und die Kappung der Stromversorgung. Vermutlich hätten die Hüter der „Staatsräson“ gerne andere Bilder gehabt. Nicht umsonst hatten die Beamten mehrere Pressevertreter, die für die Veranstaltung nicht akkreditiert waren, durch die Hintertür in den Saal geleitet. Doch alles, was es dort zu sehen gab, waren harsch auftretende Polizeitrupps, die friedliche Aktivisten an der Ausübung ihrer demokratischen Rechte hinderten oder gleich abführten.

    Auch nachdem der Saal geräumt war, sah niemand sich bemüßigt, eine haltbare Begründung anzugeben. Bundesinnenministerin Nancy Faeser (SPD) lobte den Polizeieinsatz. Berlins Regierender Bürgermeister Kai Wegener (CDU) zeigte sich zufrieden. Alles, was sie dem Kongress vorwarfen, war dessen klare Haltung zum israelischen Völkermord in Gaza. Darüber und über die deutsche Mitschuld sollte in Berlin nicht gesprochen werden. Man dulde „keine islamistische Propaganda und keinen Hass gegen Jüdinnen und Juden“, erklärte Faeser auf X. Dass keine Islamisten oder Antisemiten, sondern die Vertreter des Vereins „Jüdische Stimme für einen gerechten Frieden in Nahost“ den Kongress angemeldet hatten, war ihr bei dieser Verdrehung der Tatsachen keine Erwähnung wert.

    Abweichende Meinungen „nicht zu dulden“ reicht inzwischen aus, um die Versammlungsfreiheit zu ersticken. Das stellte auch die Berliner Innensenatorin Iris Spranger (SPD) unmissverständlich klar. Sie drückte im Innenausschuss des Berliner Abgeordnetenhauses am Montag ihre „volle Unterstützung“ aus. Schließlich stand für sie fest, dass „ein kritischer Diskurs zur israelischen Politik nicht das wesentliche Ziel der Teilnehmer war, sondern eine weitere Vernetzung antisemitischer und israelfeindlicher Positionen“. Eine rechtliche Handhabe, den Kongress zu verbieten, habe es im Vorfeld jedoch nicht gegeben.

    Um der deutschen „Staatsräson“ Geltung zu verschaffen, griffen die Repressionsbehörden deshalb in die Trickkiste. Aus der Saalveranstaltung wurde eine öffentliche Versammlung gemacht, die von der Polizei verursachte Warteschlange vor der Tür zur Demonstration umgedeutet und aufgelöst. Gegen drei Referenten waren politische Betätigungsverbote erlassen worden. Mehrere von ihnen wurden an der Einreise nach Deutschland gehindert, so auch der ehemalige griechische Finanzminister Yanis Varoufakis. Als dann das Video eines Referenten, über dessen Betätigungsverbot die Veranstalter nicht informiert worden waren, abgespielt werden sollte, wurde der Kongress beendet. Damit war im Handstreich vollzogen, was auf dem Rechtsweg nicht zu erreichen gewesen wäre. Gegen ein vorheriges Verbot „hätten sich die Veranstalter erfolgreich im Wege des Eilrechtsschutzes wehren können“, teilte das „Anwält*innenKollektiv Berlin“ mit, das die Veranstalter berät. „Das Verbot vor Ort hat den Rechtsschutz maximal verkürzt.“

    Der Rechtsbruch war von langer Hand geplant. Über Wochen war gegen den Kongress gehetzt worden. Aktivisten wurden mit Hausdurchsuchungen überzogen, das Konto der „Jüdischen Stimme“ gesperrt. Mit dem Verbot kurz nach dem Beginn wurde dann eine weitere Strategie zur Unterdrückung von politisch unliebsamen, aber (noch) nicht verbotenen Meinungen erprobt. Und das nächste Ziel steht bereits fest. Die Berliner Polizei hat bereits angekündigt, dass der Nahostkonflikt auch bei linken Kundgebungen und „Gewaltausbrüchen“ am 1. Mai eine große Rolle spielen werde.

    Vincent Cziesla

    Vincent Cziesla, Jahrgang 1988, ist seit dem Jahr 2023 Redakteur für das Ressort „Politik“. Der UZ ist er schon seit Jahren als Autor und Verfasser der „Kommunalpolitischen Kolumne“ verbunden. Während eines Praktikums lernte er die Arbeit in der Redaktion kennen und schätzen.

    Cziesla ist Mitglied des Neusser Stadtrates und war von 2014 bis 2022 als hauptamtlicher Fraktionsgeschäftsführer der Linksfraktion in Neuss beschäftigt. Nebenberuflich arbeitet er in der Pflege und Betreuung von Menschen mit Behinderung.

    #Allemagne #Palestine #Israël #démocratie #philosemitisme #censure #violence_policière #guerre

  • #Cisjordanie : Israël est responsable de la montée de la #violence des #colons | Human Rights Watch
    https://www.hrw.org/fr/news/2024/04/17/cisjordanie-israel-est-responsable-de-la-montee-de-la-violence-des-colons

    (Jérusalem) – L’armée israélienne a participé à des violentes attaques menées par des colons en Cisjordanie ou n’a pas protégé les Palestiniens contre ces attaques, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui ; ces attaques ont déplacé des habitants de 20 communautés, et ont entièrement déraciné au moins sept communautés depuis le 7 octobre 2023.

  • Fermo Mare Jonio: il Ministro Piantedosi ha mentito al Parlamento
    https://www.meltingpot.org/2024/04/fermo-mare-jonio-il-ministro-piantedosi-ha-mentito-al-parlamento

    Giovedì pomeriggio in Senato, il Ministro dell’interno Piantedosi ha risposto all’interrogazione urgente presentata dal senatore Antonio Nicita in merito all’attacco armato da parte della motovedetta libica 658 “Fezzan”, avvenuto lo scorso 4 aprile in acque internazionali, contro naufraghi in acqua e i soccorritori della nave Mare Jonio di Mediterranea Saving Humans. Il titolare del Viminale ha affermato che la nave italiana è intervenuta in un “momento successivo, avvicinandosi alla motovedetta Fezzan quando questa aveva già assolto gli obblighi di salvataggio #In_mare”. Secondo Mediterranea, quando detto da Piantedosi, «è clamorosamente falso». Queste affermazioni sono confermate dal nuovo #Video diffuso (...)

    #Notizie #Accordo_Italia_-_Libia #Decreto_Piantedosi #Italia #Libia #Mediterraneo_centrale #Operazioni_SAR #Redazione #Violazioni_e_abusi

  • Les territoires des émeutes
    https://laviedesidees.fr/Les-territoires-des-emeutes

    Le haut niveau de #ségrégation urbaine constitue le meilleur prédicteur des violences. La différence la plus marquante entre 2023 et 2005 est l’entrée en scène des villes petites et moyennes, où les adolescents de cités d’habitat social s’identifient aux jeunes des banlieues de grandes métropoles.

    #Société #jeunesse #banlieue #révolte #urbanisme #gilets_jaunes
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240412_emeutes.pdf

    • Conclusion

      Le retour sur les émeutes de #2005 a permis de mettre en évidence à la fois des continuités et des changements par rapport à celles de #2023. Si de façon générale, les communes les plus défavorisées ont de plus fortes probabilités de connaître des émeutes, c’est surtout la ségrégation des situations sociales les plus précaires et des immigrés dans des quartiers spécifiques (#QPV) qui apparaît comme un élément de contexte crucial. À profil social et urbain équivalent, avoir un QPV augmente de façon très significative la probabilité de connaître des émeutes. De plus, cette #ségrégation_sociale et ethnique s’accompagne d’une forte #ségrégation_scolaire dont nous avons pu mesurer également l’impact : plus elle est importante, plus les émeutes sont intenses et violentes.

      Les quartiers en question sont ceux directement concernés par la #politique_de_la_ville (QPV, #PNRU, #NPNRU) depuis plusieurs décennies. Si des changements sont indiscutables sur le plan de l’amélioration du cadre de vie des habitants et plus particulièrement des #conditions_de_logement, un grand nombre de ces quartiers continuent de concentrer une large part de la jeunesse populaire d’origine immigrée, celle la plus touchée par la #relégation, les #discriminations et les #violences_policières, et donc celle aussi la plus concernée par les émeutes. Si la #mixité_sociale et ethnique s’est sensiblement améliorée dans certains quartiers, d’autres demeurent des espaces de très forte #homogénéité_sociale et ethnique, que l’on retrouve dans les #écoles et les #collèges. Ceux où les interventions de l’#ANRU ont été moins intenses ont même vu le nombre de ménages pauvres augmenter. En Île-de-France, la quasi-totalité des communes qui avaient connu des émeutes en 2005, pourtant concernées par la politique de la ville, en ont connu également en 2023.

      Notre approche socio-territoriale met d’autant plus en évidence les limites d’une analyse au niveau national, que les émeutes de 2023 se sont diffusées dans un plus grand nombre de petites villes et villes moyennes auparavant moins touchées par ces événements. Cette plus grande diversité territoriale est frappante lorsque l’on compare les banlieues des très grandes métropoles, à commencer par les banlieues parisiennes, aux #petites_villes et #villes_moyennes. Le poids du #logement_social, de l’immigration, la suroccupation des logements, le niveau de #pauvreté, mais aussi la façon dont ces dimensions se rattachent aux #familles_monoparentales et nombreuses, renvoient à des réalités différentes. Pourtant, dans tous les cas, la ségrégation joue un rôle déterminant.

      Cette approche contextuelle ne suffit pas à expliquer l’ensemble des mécanismes sociaux à l’œuvre et ce travail devra être complété à la fois par des analyses plus fouillées et qualitatives, ciblées sur les réseaux sociaux, la police et les profils des protagonistes, mais aussi des études de cas renvoyant aux différentes configurations socio-territoriales. Des études qualitatives locales devraient permettre de mieux comprendre comment, dans les différents contextes, les dimensions sociales et ethno-raciales interagissent lors des émeutes. Cela permettrait par exemple de mieux saisir l’importance de la mémoire des émeutes dans les quartiers populaires des banlieues des grandes métropoles, sa transmission et le rôle des réseaux militants et associatifs. Dans le cas des petites villes et des villes moyennes, la comparaison avec le mouvement des Gilets jaunes apporte un éclairage particulièrement intéressant sur l’intersection et la différenciation des formes que peuvent prendre la colère sociale et le ressentiment.

      #émeutes #violence #villes #urban_matter #violences_urbaines #banlieues #ségrégation_urbaine #violences #statistiques #chiffres

  • Le viol, un crime de l’intimité longtemps impensé
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/04/05/le-viol-un-crime-de-l-intimite-longtemps-impense_6226192_3232.html

    A partir du milieu du XIXe siècle, quelques rares médecins commencent cependant à écouter la parole des victimes, surtout quand elles sont encore enfants. Le psychiatre Auguste-Ambroise Tardieu (1818-1879) est ainsi le premier à prêter attention à la souffrance des petites filles violées de l’hôpital de Lourcine [à Paris, actuel hôpital Broca]. Mouvements fébriles, troubles nerveux, suicide : le fondateur de l’enseignement médico-légal comprend qu’un #viol engendre des tourments psychiques. « Ce crime qui offense les sentiments les plus intimes au moins autant qu’il blesse le corps détermine souvent une perturbation morale », écrit-il en 1857.

    Dans l’esprit des médecins, des magistrats et de la société tout entière, une révolution des sensibilités est en train de naître, même si elle est encore très embryonnaire. « Si quelques experts médicaux de la fin du XIXe siècle commencent effectivement à apercevoir la souffrance psychique des #femmes violées, ce sont encore des voix isolées au sein de la communauté médicale, observe l’historien Frédéric Chauvaud. Leurs rapports n’ont pas vraiment d’incidence sur le quotidien de la justice – d’autant qu’à l’époque les victimes, de manière générale, n’intéressent pas les juges : le procès pénal est centré autour de l’accusé. »

    Beaucoup de magistrats, au début du siècle suivant, restent en effet convaincus que la violence physique est consubstantielle au viol – et certains restent même imprégnés par la doctrine de l’Ancien Régime sur la « certitude du consentement ». En 1913, dans son Traité théorique et pratique du droit pénal français, le grand pénaliste René Garraud (1849-1930) affirme ainsi avoir « quelque scrupule à placer sur la même ligne la violence morale et la violence matérielle, et à admettre que la femme, consentant, sous la pression même des menaces les plus graves, à se livrer à un homme, puisse prétendre avoir été violée par celui-ci ».

    Une question politique

    Il faudra encore plusieurs décennies pour que le regard sur le viol se transforme vraiment. En s’affirmant peu à peu comme des disciplines à part entière, la psychiatrie, la psychologie et la #psychanalyse permettent de mesurer les ravages psychiques de la violence. « La connaissance de la subjectivité traumatique émerge, au XXe siècle, dans le sillage des conflits militaires, analyse Denis Salas. Les premiers travaux sur la névrose traumatique sont publiés après la première guerre mondiale, ceux sur le stress post-traumatique après la seconde guerre mondiale. Ils permettent de comprendre des souffrances qui, jusque-là, étaient restées invisibles. »

    https://justpaste.it/6kpmk

    #histoire #sensibilités #justice

    • Si la protection que le code pénal accorde aux femmes est à ce point fragile, c’est en grande partie en raison d’une croyance très ancienne que Georges Vigarello baptise la « certitude du consentement ». Aux yeux des hommes de loi de l’Ancien Régime, il était impossible qu’un homme seul viole une femme. « [Pour eux], la vigueur féminine suffit à la défense, écrit Georges Vigarello. Les juristes d’Ancien Régime y voient une quasi-vérité. » Les philosophes des Lumières adhèrent, eux aussi, à cette doctrine : « La nature a pourvu le plus faible d’autant de force qu’il en faut pour résister quand il lui plaît », estime, en 1762, Jean-Jacques Rousseau dans Emile ou De l’éducation.

      L’article souligne le fossé anachronique et s’appuie sur les juridictions. Sans dire que l’éducation sexuelle, des enfants, des hommes et des femmes a levé un tabou immense il y a à peine 50 ans sur l’inconnu du sexe et du désir, alors, imagine le viol et ses non-dits. Il faudrait demander aux femmes âgées de plus de 80 ans ce qu’elles savaient de la sexualité à 15 ou 20 ans.

  • Classement sans suite…

    Il y a quelques jours, l’Institut des politiques publiques publiait une étude aux chiffres particulièrement édifiants : 72% des affaires de violences conjugales, 86% des affaires de violences sexuelles et 94% des affaires de viol sont classées sans suite en France aujourd’hui… Près de sept ans après le début de la déflagration #MeToo et ses vagues de dénonciations salutaires, comment interpréter ce traitement judiciaire qui considère majoritairement ces infractions comme « insuffisamment caractérisées » ?

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/11/02/impunite/#comment-60658

    #féminisme #violence #justice

  • Violences en politique : pensons la protection des lanceur·ses d’alerte

    Militante féministe, Anais Leleux a été l’une des premières coordinatrices nationales de NousToutes. Elle s’est particulièrement engagée contre les violences sexistes et sexuelles en politique, soutenant les victimes et dénonçant les complicités à l’oeuvre dans tous les partis. Elle revient ici sur la nécessité de penser la protection des victimes d’hommes politiques.

    Dans la France de mes années NousToutes, les femmes crevaient, immolées par le feu devant leur fille de 8 ans. Elles étaient frappées à mort, le crâne explosé à coups de pied, avant d’être jetées aux ordures. Toutes les six minutes, une femme était victime de viol ou de tentative de viol. Et pendant que nous pointions les violences masculines, les failles du système, c’est nous que l’on accusait d’aller trop loin. Les politiques faisaient des grands discours, mais agissaient peu. Comment l’auraient-ils pu ? Alors que leurs propres partis grouillaient de mecs violents ?

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/09/violences-en-politique-pensons-la-protection-d

    #feminisme #violence

  • L’auteur de cinéma : une construction masculine ?
    https://laviedesidees.fr/L-auteur-de-cinema-une-construction-masculine-6087

    Et si le statut d’auteur de film avait autorisé la #violence sexiste aujourd’hui dénoncée par les milieux du #cinéma ? De nombreuses #femmes ont cependant contribué à élaborer cette notion ; d’autres ont préféré défendre l’idée d’œuvre collective.

    #Arts #féminisme #sexisme
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240409_hommecinema.pdf

  • Les #forces_mobiles

    Historiquement créées pour gérer les troubles à l’ordre public résultant de manifestations ou de mouvements de foule, les 64 #compagnies_républicaines_de_sécurité (#CRS) et les 116 escadrons de #gendarmes_mobiles (#EGM) constituent une réserve nationale employable sur l’ensemble du territoire pour des missions de maintien de l’ordre ou de sécurisation. Ces unités sont fortement polyvalentes, et très mobiles, afin de répondre aux besoins exprimés sur l’ensemble du territoire métropolitain, ainsi qu’en Outre-mer. En 2022, les effectifs de CRS étaient de 11 164 agents et ceux de gendarmes mobiles de 12 502, stables au cours des dix dernières années. Dans une insertion au rapport public annuel de 2017, la Cour des comptes faisait le constat d’un emploi croissant de ces forces. Cette hausse des missions était associée à une baisse des effectifs des unités de forces mobiles au début des années 2010. Ils ont depuis connu un rebond, sans pour autant permettre de recompléter toutes les unités. Les constats effectués à l’époque sont pour la plupart réitérés dans ce rapport, et les pistes d’amélioration explorées en 2017 ont souvent été mises à mal par la succession de crises sur la période couverte 2017-2023. Ce rapport vise donc à confronter les constats et recommandations de 2017 à un contexte évolutif, notamment concernant l’emploi de ces unités.

    https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-forces-mobiles
    #gendarmerie_mobile #France #maintien_de_l'ordre #cour_des_comptes #rapport #forces_de_l'ordre

  • EFFECTS OF EXTERNALISATION IN TUNISIA. Racism, Ordeal of Migrants and No End in Sight

    Extreme violence and an openly racist policy against Black people have been ongoing in Tunisia for more than a year now. The already existing racism in Tunisia escalated in the beginning of 2023, catalysed by a racist and discriminatory speech against people on the move from sub-Saharan Africa, which the Tunisian President Kais Saied gave on February 21. In the days following the speech, groups of marginalised young men targeted Black people in different Tunisian cities. Black people were subjected to acts of violence, including pogroms of armed mobs. They faced several forms of institutional violence like racial profiling and arbitrary detention by security forces. Even valid residence papers did not protect Black people from violence: numerous people were arrested regardless of their residence status. Some were seriously injured, houses were set on fire and an unknown number of people disappeared. Many found themselves without shelter and food and were deprived of their right to health and transportation.

    The ongoing violence culminated in illegal mass deportations to the desert areas bordering Libya and Algeria executed by Tunisian authorities. In July 2023 alone, Al Jazeera reported in a video that about 1.200 Black people were stuck at the Libyan border without food, water, and shelter. Since then, numerous deaths have been recorded and deportation to the border areas are still ongoing. Simultaneously, departures from Tunisia to Europe increased massively in summer 2023. During the four summer months alone, more than 83,000 people crossed the sea – figures that we have not seen in this region since around the mid-2010s – and besides people from Sub-Saharan countries were Tunisians themselves. In April 2023, civil search and rescue organisations and migrant solidarity networks voiced in a joint statement that Tunisia is neither a safe country of origin nor a place of safety for those rescued at sea. Violence and insecurity remain; in the following part we aim to provide an overview of the current situation.

    In reaction to the increased number of crossings, border violence along the Tunisian route increased and means of control of migratory movements were reinforced. On the water, the number of interceptions by the Tunisian coast guard, with nearly 70,000 interceptions in 2023, doubled as compared to the year before. Reports of the violent behaviour of the Tunisian coast guard – boats being pushed away and rammed, people being beaten with sticks and intimidated with gunshots, coast guard stealing engines from rubber dinghies and leaving people adrift at sea – are piling up.

    What can be further observed is that the Tunisian coast guard is more actively involved in the EU-implemented “push-back by proxy regime” in the Central Mediterranean, which means that the EU is outsourcing interceptions at sea to non-European actors to reduce the number of crossings. A detailed analysis published by the CivilMRCC elaborates how four elements – strengthening the capacities of the Tunisian coastguard (equipment and training), setting up a coastal surveillance system, creating a functional MRCC, and declaring a Tunisian Search and Rescue Region – are used by the European Union and its member states to replicate in Tunisia the regime of refoulement by proxy set up in Libya just a few years earlier.

    After being intercepted and brought back to land, the Central Mediterranean Analysis by the Alarm Phone, published in February 2024 states that “the deportation of people intercepted at sea by the Tunisian coastguards has become a systematic practice in recent months.” The situation for Black migrants is far from being safe on land as well. After the peak of deportations of Black migrants to the Libyan-Tunisian and Algerian-Tunisian border zones in July and September 2023, which we have also documented on migration-control.info, expulsions continue, as the Tunisian civil rights organisation FTDES reports. At the Libyan border, people are handed over by Tunisian authorities to Libyan militias, where they end up in detention centers run by armed groups. Deportations to the Algerian border zone also continue in Tunisia’s west. It is hard to assess the number of deportations, as most of the time the Tunisian authorities rob sub-Saharans, take their money, and confiscate their cell phones. Migrants therefore have little chance of providing evidence of these illegal deportations.

    In addition, chain deportations from Tunisia via Algeria to Niger are documented. Algeria’s long-standing illegal practice of deporting people to Niger has been well documented by the Alarm Phone Sahara. In October 2023, the APS reported that the “practice of pushbacks continues to this day, and many of the people who found themselves stranded in Niger after being deported from Algeria report that they were already in Tunisia beforehand and had been deported from there to the Algerian border.” The activist group confirmed its observations in December, drawing on an interview with a “Guinean migrant who was initially in Tunisia, pushed back to Algeria and then pushed back to Niger.” According to an article published by the Guardian in mid-March 2024, this deportation practice has led to the separation of children from their parents by the police. “Their mums and dads go out to beg and then the police catch them and take them to Algeria,” a person is quoted in the article. In 2023, almost 1,500 unaccompanied children approached the Tunisian offices of the UNHCR to seek support.

    Then there are also those who have fled their countries of origin, for whom the living conditions in Tunisia are so terrible that they would rather return than remain in Tunisia. In 2023, the International Organisation for Migration (IOM) repatriated 2,557 migrants. These “voluntary returns” are occurring in a context of violence and impossibility of earning a living, without safe alternatives of staying or moving somewhere else. In fact, the returns cannot be considered “voluntary.”

    The migrants who are still waiting in Tunisia’s coastal areas for an opportunity to cross endure ongoing hardships and face police brutality. In a video posted on March 6, 2024 on X by Refugees in Tunisia, an alliance of migrants in Tunisia, one can see a person walking through olive groves, where many people waiting for a possible departure seek shelter. The video shows destroyed cabins made of plastic sheeting while a person reports that “the police came inside here today, burned our houses down, took some phones, money…They burned down all our houses. It’s not easy for us.”

    Despite these documented violations of human rights, the European Union and its member states continue trying to curb the arrivals by the sea. The big promises that von der Leyen and Meloni made on their visit in Tunis in June 2023 flopped. Tunisia is still not willing to take migrants back and is not in for externalised asylum procedures. Frontex is not welcome. The EU is picking up the pieces. In a document that migration-control.info obtained, the EU admits that apart from delivery of spare parts and equipment for the coast guard, not much else has been achieved. But instead of acknowledging the freedom of movement for all, the EU continues to control migration movements and wants to finance a control center between Libya and Tunisia to limit the mobility of migrants between these countries.

    While acknowledging the ongoing violence exercised by the border regime, 2023’s “little summer of migration” also shows how fragile the European closure is. People could make their way from North Africa to Europe within a very short period and the collective arrivals had the power to tear down institutions of the border regime. In September 2023 in Lampedusa, for example, the hotspot was opened due to the number of arrivals and people were transferred to the mainland quickly from where they could continue their journeys. The people affected, Tunisians, and migrants in Tunisia are constantly opposing the policies violating their human rights.

    In January 2024, Al Jazeera reported on protests by families whose relatives (most of whom were reported to be from the small village of El Hancha in the Sfax Governorate) went missing when trying to leave Tunisia. The families erected roadblocks and burned tires around the village to pressure the authorities to continue their search efforts, and brought their protest to the capital to criticize the “official silence about their missing relatives.” In February, Refugees in Tunisia published a video showing a group of migrants demonstrating in Zarzis, a coastal town in Tunisia’s south, demanding rights and pressuring authorities and international organizations such as the UNCHR to provide humanitarian support and protection. Their organization and protest actions are part of years of migrant and anti-racist struggles in Tunisia and North Africa as well as in the countries of origin and European diasporas.

    When the number of arrivals fell during the winter, mainly due to weather conditions, some analysts linked this to European borderwork. However, just in these days, end of March 2024, quite a few boats arrived in Lampedusa, coming from Tunisia. At the same time, there were reports on an increased number of interceptions and by-land-operations by Tunisian Coastguard and Security forces. So the race between the security forces and migrant movements has started again, in early spring 2024. Let’s support their moving and resistance, let’s continue our struggle against the violence exercised by the border regime and our struggle against the European externalisation. Freedom of Movement for all!

    Further reading:

    - Echoes, Issue 7, July 2023: A Critical Look at the Situation in Tunisia and the New EU-Tunisia Deal
    - migration-control.info, June 2023: “This is a shame for humanity” – Update on the ongoing protest of the Refugees in Tunisia
    - migration-control.info, April 2023: “If we stay here we are going to die”– Testimonies from refugees in Tunisia about their protest sit-in at the UNHCR in Tunis and its violent eviction

    https://civilmrcc.eu/political-developments/effects-of-externalisation-in-tunisia
    #Tunisie #racisme #externalisation_des_frontières #migrations #réfugiés #frontières #racisme_anti-Noirs #violence #renvois #expulsions #désert #abandon_dans_le_désert #Algérie #Libye #déportations

    via @_kg_

  • Le Chili approuve une loi intégrale contre les violences faites aux femmes

    Le Chili vient d’adopter une loi intégrale pour prévenir, sanctionner et éradiquer les violences faites aux femmes. Une bonne nouvelle pour les féministes chiliennes qui œuvraient depuis sept ans à ce projet.

    Depuis son élection en 2022 à la tête du Chili, Gabriel Boric avait assuré que cette loi contre les violences était une priorité législative pour le pays. Deux ans après, cette promesse se concrétise enfin. Elle est le fruit d’un travail acharné des féministes, ex-ministres, parlementaires et du ministère des Droits des femmes qui travaillent depuis sept ans avec un seul objectif : inscrire cette loi dans la Constitution chilienne. C’est donc chose faite depuis le 6 mars 2024, soit deux jours avant la journée internationale des droits des femmes, où la loi intégrale contre les violences faites aux femmes a fait son entrée dans la Constitution.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/04/le-chili-approuve-une-loi-integrale-contre-les

    #international #feminisme #violence #chili

  • La violence sexuelle ne peut pas être une lutte anticoloniale

    L’agression sexuelle brutale du Hamas le 7 octobre était-elle l’expression d’une lutte anticoloniale ? Ou la description est-elle différente si l’on part de la voix des femmes, plutôt que de réduire le conflit aux deux pôles homogènes de l’antisémitisme et de l’islamophobie, s’interroge Catrin Lundström, professeur adjoint d’ethnicité et de migration à l’université de Linköping.

    Après plus de cent jours de bombardements à Gaza, des dizaines de milliers de civil·es tué·es et des millions qui fuient pour sauver leur vie, des maisons et des mosquées rasées, des pénuries désespérées de fournitures, j’ai, comme beaucoup d’autres, été incitée à prendre position par des ami·es et, en particulier des collègues palestinien·nes, internationaux, qui ont soit mis fin à leur amitié, soit été renvoyé·es pour avoir elles et eux-mêmes pris position. Pourtant, je n’arrive pas à oublier l’image du corps à moitié nu de l’Israélienne, allongée sur la plate-forme du camion sous les jambes des combattants du Hamas qui l’acclament, armes à la main. Pour moi, elle soulève la question suivante : où en sommes-nous si nous ne reconnaissons pas les agressions sexuelles – ou plus précisément le fait de poignarder, de couper les seins et de tirer dans le cou lors d’un viol – comme des expressions de la résistance ?

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/04/02/la-violence-sexuelle-ne-peut-pas-etre-une-lutt

    #international #féminisme #violence