Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Mucosal Covid Vaccines Advancing, Plus a New Type of Vax in Development (Next Generation Update 16) - Absolutely Maybe
    ▻https://absolutelymaybe.plos.org/2024/04/30/mucosal-covid-vaccines-advancing-plus-a-new-type-of-vax-in-dev

    This month, most of the news is in mucosal vaccine development again. These vaccines aim to block Covid infection. An aerosol vaccine from Canada is advancing into a mid-stage clinical trial. Plus, an intranasal protein subunit vaccine from Australia is going into a first-in-human clinical trial – the 28th mucosal vaccine to do so. There are some clinical results in this vaccine category, too. Plus, the recently announced international consortium for human challenge trials for mucosal vaccines has already had its first big meeting.

    In the “variant-proof” camp, there’s news of a major next generation development of a next generation vaccine! And I’ve added 13 preclinical studies to my collection – almost all for mucosal vaccines.

    As usual, I have the news broken down into 3 categories of next-generation Covid vaccines (definitions below).

  • Le petit-dĂ©jeuner est-il une affaire gĂ©opolitique ? - RTBF Actus
    ▻https://www.rtbf.be/article/le-petit-dejeuner-est-il-une-affaire-geopolitique-11381501

    Et si l’histoire du petit-dĂ©jeuner devait son existence Ă  la rĂ©volution industrielle et Ă  la colonisation ? DĂ©couvrons comment sont arrivĂ©s jusqu’à nous le thĂ©, le cafĂ© et le chocolat qui nous semblent aujourd’hui si banals grĂące Ă  Christian Grataloup, professeur Ă©mĂ©rite Ă  l’UniversitĂ© Paris Diderot et auteur de Le monde dans nos tasses – L’étonnante histoire du petit-dĂ©jeuner (Dunod poche). Christian Grataloup Ă©tait l’invitĂ© d’Un Jour dans l’Histoire sur La PremiĂšre.

  • L’aventurier du casque Bluetooth maudit
    ▻https://www.minimachines.net/actu/casque-apple-lightning-bluetooth-127339

    Abasourdi et en infĂ©rioritĂ© numĂ©rique, Josh improvise une solution de retraite en faisant diversion. Son avion ne va pas tarder Ă  dĂ©coller. Il ne veut pourtant pas de casque sans fil et surtout pas un casque sans fil avec un fil ou quoi que soit de tordu de ce genre. Il dĂ©cide donc de tenter une expĂ©rience quasi scientifique. Il rĂ©ussit Ă  les convaincre de lui vendre une solution alternative. Un casque filaire Ă  l’ancienne avec un Jack 3.5 mm et un adaptateur lightning vers Jack. Il branche le tout ensemble sous les yeux de ses nouveaux amis expĂ©rimentateurs dans ce laboratoire-boutique de cadeau improvisĂ©. Il appuie sur « play » et, bien sĂ»r, cela ne fonctionne pas.

    On suggĂšre timidement alors Ă  Josh d’allumer le
 Bluetooth. Cela va Ă  l’encontre de tous les principes thĂ©oriques et pratiques de ce mode de communication. La beautĂ© du fil est justement dans sa passivitĂ©, dans sa sobriĂ©tĂ©. Son absence de technologies complexes. Ce montage tarabiscotĂ© avec un adaptateur lightning ne peut pas nĂ©cessiter de liaison sans fil supplĂ©mentaire. C’est juste les prises gauche et droite d’un bon vieux cĂąble jack qui sont en jeu. Un branchement basique qui va directement se caler sur les connecteurs audio du format Apple gĂ©rĂ© par la puce intĂ©grĂ©e dans l’adaptateur. Et pourtant « Si » lui assure t-on. Il faut du Bluetooth.

    Alors, la mort dans l’ñme et par souci scientifique, Josh active la liaison sans fil suggĂ©rĂ©e. Quitte Ă  ce que cette priĂšre technologique contre nature invoque un monstre des profondeurs. Et Ă©videmment le smartphone fait son petit bruit de dĂ©tection et propose d’utiliser ce nouveau casque sans fil dĂ©tectĂ© Ă  proximitĂ©. Casque qui est accrochĂ© au bout de son cĂąble jack Ă  son tĂ©lĂ©phone. Il n’en revient pas.

  • Agro-business

    Parmi les mesures annoncĂ©es en rĂ©ponse aux mobilisations d’agriculteurs en janvier 2024, l’une a consistĂ© en l’ajout de professions agricoles Ă  la liste des mĂ©tiers « en tension ». L’exĂ©cution de la promesse ne s’est pas fait attendre : un arrĂȘtĂ© du 1er mars a « mis Ă  jour » cette liste en y introduisant, pour l’ensemble du territoire mĂ©tropolitain, quatre familles professionnelles de salariĂ©s : #agriculteurs, #Ă©leveurs, #maraĂźchers et #horticulteurs, #viticulteurs et #arboriculteurs. D’autres secteurs d’activitĂ© peuvent dĂ©plorer de n’avoir pas les moyens de pression que reprĂ©sentent des centaines de tracteurs capables de bloquer des autoroutes, des jours durant...

    La #FNSEA a aussitĂŽt affichĂ© sa satisfaction. La reconnaissance de l’agriculture comme « #secteur_en_tension » est une revendication que le syndicat majoritaire d’exploitants agricoles portait en fait depuis plusieurs mois, et qu’il avait, entre autres, prĂ©sentĂ©e Ă  la PremiĂšre ministre Élisabeth Borne en octobre 2023, assurant que l’obtention de ce statut « favorisera l’embauche directe et limitera le recours aux prestataires [1] ».

    On se frotte les yeux pour comprendre
 #Embauche_directe ? Recours aux #prestataires ? En quoi l’inscription de mĂ©tiers de l’agriculture dans la liste des mĂ©tiers en tension serait Ă  mĂȘme de rĂ©soudre les difficultĂ©s de recrutement de #saisonniers dont le secteur dit souffrir ? Les listes de mĂ©tiers en tension servent Ă  l’instruction des demandes d’autorisation de travail dĂ©posĂ©es par les employeurs, soit pour ce qu’on nomme « introduction » de #main-d’Ɠuvre, soit pour l’embauche d’étrangers dĂ©jĂ  prĂ©sents sur le territoire. Est-ce Ă  dire que les agriculteurs voudraient se charger eux-mĂȘmes de faire venir des saisonniers ? Ou pouvoir employer comme saisonniers des Ă©trangers rĂ©sidant en France ?

    On se souvient qu’au moment oĂč le Covid avait imposĂ© la fermeture des frontiĂšres, avait Ă©tĂ© lancĂ©e une campagne [2] afin de recruter des personnels pour les rĂ©coltes, et que la FNSEA avait parlĂ© de cette main-d’Ɠuvre autochtone comme dĂ©cevante : ne sachant pas travailler, trop revendicatrice
 avant d’obtenir que des saisonniers du sud de la MĂ©diterranĂ©e, malgrĂ© les risques sanitaires, soient acheminĂ©s dans les champs en France
 Alors ?

    Le secteur agricole bĂ©nĂ©ficie depuis des dĂ©cennies d’un dispositif spĂ©cifique pour faire venir la main-d’Ɠuvre Ă©trangĂšre qu’il souhaite, les ex-« #contrats_OMI » dĂ©sormais gĂ©rĂ©s par l’#Office_français_de_l’immigration_et_de_l’intĂ©gration (#Ofii). L’office se charge de recruter ces employé·es, des dĂ©marches administratives nĂ©cessaires Ă  leur venue, de leur faire signer un engagement Ă  quitter la France aprĂšs la saison – de 6 mois maximum, le cas Ă©chĂ©ant pour revenir les annĂ©es suivantes.

    Est-ce que le souhait des exploitants agricoles est de se passer de ces contrats Ofii ?

    Le #dispositif prĂ©sente manifestement des contraintes jugĂ©es excessives par les exploitants agricoles puisqu’ils ont de plus en plus recours Ă  d’autres formules : l’#intĂ©rim, l’emploi de #sans-papiers, le #dĂ©tachement... Ce dernier a ainsi connu une croissance considĂ©rable dans le secteur, y compris via des systĂšmes contournant les rĂšgles europĂ©ennes sur le #travail_dĂ©tachĂ©. Les procĂšs des entreprises espagnoles #Terra_Fecundis ou #Laboral_Terra ont mis au jour les montages opĂ©rĂ©s. Ces grosses entreprises de travail temporaire ont Ă©tĂ© condamnĂ©es Ă  de lourdes peines – et avec elles des chefs d’exploitation en France – pour avoir fait travailler des milliers d’ouvriers et ouvriĂšres agricoles, essentiellement sud-amĂ©ricain·es, sous contrat espagnol, donc en payant en #Espagne, et aux tarifs espagnols, les cotisations sociales correspondant Ă  ces emplois, de surcroĂźt dans des conditions d’exploitation insupportables. L’importance des condamnations et le retentissement de ces procĂšs ont quelque peu refroidi l’enthousiasme pour l’usage du dĂ©tachement. À nouveau trop de contraintes.

    Mais en fait, de quelles difficultĂ©s de #recrutement exactes souffrent donc les exploitants agricoles ?

    L’argument de la #pĂ©nurie de main-d’Ɠuvre est dĂ©noncĂ© par divers travaux de sociologie [3]. Nicolas Jounin, Ă  propos du secteur du bĂątiment, dans lequel la mĂȘme plainte est rĂ©currente, parle de cette pĂ©nurie comme d’une #fiction : « Ou, plutĂŽt, ni vraie ni fausse, la pĂ©nurie est recrĂ©Ă©e pĂ©riodiquement (et toujours compensĂ©e) par un systĂšme de dĂ©valorisation de la main-d’Ɠuvre dont elle est l’argument [4]. » Les travailleurs saisonniers dans l’agriculture, de mĂȘme que les manƓuvres dans le BTP, sont considĂ©rĂ©s comme des bouche-trous, des pis-aller.

    Pendant que se dĂ©roulait, en dĂ©but d’annĂ©e, ce scĂ©nario d’une revendication enfin satisfaite, l’inscription de mĂ©tiers de l’agriculture dans la liste des mĂ©tiers en tension, un nouveau montage Ă©tait, beaucoup plus discrĂštement, mis en place.

    La FNSEA, toujours elle, a prĂ©sentĂ© au Salon de l’agriculture, le 28 fĂ©vrier, dans une rĂ©union fermĂ©e au public, le nouveau service de recrutement de travailleurs saisonniers qu’elle vient de crĂ©er. La prestation, rendue possible par des accords passĂ©s avec la Tunisie et le Maroc, donc avec l’aval du gouvernement, ne coĂ»tera Ă  l’exploitant agricole que 600 € par saisonnier. Dans une note de cadrage sur ce service, la fĂ©dĂ©ration recommande d’éviter d’employer le terme « migrant », et de lui prĂ©fĂ©rer « saisonnier hors Union europĂ©enne ».

    LĂ , on comprend mieux : la mesure « mĂ©tiers en tension » est certes de nature Ă  faciliter le recours Ă  cette main-d’Ɠuvre introuvable ! Pour les employeurs, finis les contrĂŽles et tracasseries de l’Ofii – pourtant bien peu protecteurs, dans les faits, des travailleurs agricoles immigrĂ©s. Finis aussi les ennuis que peut causer un usage abusif du dĂ©tachement. Enfin libres d’employer des travailleurs, d’ici ou d’ailleurs, toujours plus prĂ©carisĂ©s !

    ▻http://www.gisti.org/article7242

    #métiers_en_tension #agriculture #migrations #France

  • Nouvelle Ă©vidence :
    – si un parti politique, ou un pays, condamne le massacre Ă  Gaza, il faut immĂ©diatement dĂ©noncer « une instrumentalisation politicienne de la question palestinienne » ;
    – en revanche si un parti politique, ou un pays, s’aligne sur la politique raciste et gĂ©nocidaire du gouvernement israĂ©lien, ça n’est jamais par calcul politicien. C’est une question de valeurs.

  • A Lacq, l’injection d’eaux usĂ©es industrielles identifiĂ©e comme principale responsable des sĂ©ismes | CNRS
    ▻https://www.cnrs.fr/fr/presse/lacq-linjection-deaux-usees-industrielles-identifiee-comme-principale-responsab

    Chaque annĂ©e de nombreux sĂ©ismes sont dĂ©tectĂ©s dans la rĂ©gion de Lacq, dans les PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques, sans que la cause exacte soit clairement identifiĂ©e. Une Ă©tude internationale menĂ©e par Jean Letort, enseignant-chercheur Ă  l’universitĂ© Toulouse III – Paul Sabatier au sein de l’Institut de recherche en astrophysique et planĂ©tologie (IRAP/OMP – CNES/CNRS/UT3), vient confirmer une hypothĂšse rĂ©cente. Les injections d’eaux usĂ©es industrielles sont Ă  l’origine de la sismicitĂ© de la rĂ©gion. Les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© publiĂ©s le 23 mai dans Geophysical Journal International.

  • Hanegbi : IsraĂ«l ne mettra pas fin Ă  la guerre pour conclure un accord sur les otages - mĂ©dia - The Times of IsraĂ«l
    ▻https://fr.timesofisrael.com/hanebi-israel-ne-mettra-pas-fin-a-la-guerre-pour-conclure-un-accor

    Le conseiller à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, aurait déclaré jeudi que le gouvernement ne mettrait pas fin à la guerre contre le Hamas en échange de la libération des otages encore aux mains du groupe terroriste.

    C’est probablement la premiĂšre fois qu’un haut responsable israĂ©lien se livre Ă  un tel aveu, particuliĂšrement lors d’une rĂ©union houleuse au cours de laquelle Hanegbi aurait eu des mots durs et mĂȘme insultĂ© les proches de certains otages. Il est revenu sur l’impasse des nĂ©gociations sur les otages, le Hamas exigeant un cessez-le-feu permanent lĂ  oĂč IsraĂ«l n’est prĂȘt qu’à un arrĂȘt des combats provisoire.

    Selon la transcription de cette rencontre Ă  laquelle la DouziĂšme chaine a eu accĂšs, Hanegbi a indiquĂ© que le gouvernement serait sans doute en mesure de conclure ce qui constitue la premiĂšre phase de l’accord examinĂ© en ce moment, Ă  savoir la libĂ©ration des femmes, des personnes ĂągĂ©es et des blessĂ©s, qui reprĂ©sentent vraisemblablement 33 otages sur les 121 encore Ă  Gaza.

    Dans les deuxiĂšme et troisiĂšme phases de l’accord, le Hamas libĂšrerait les derniers otages – c’est-Ă -dire les hommes et les soldats – puis les corps des otages tuĂ©s en captivitĂ©, dont l’armĂ©e israĂ©lienne estime le nombre Ă  37. Selon les mĂ©diateurs, ces deux derniĂšres phases devraient s’accompagner de l’accord d’IsraĂ«l pour envisager la fin dĂ©finitive des combats – ce qu’IsraĂ«l ne fera pas, sauf Ă  avoir obtenu la dĂ©faite du Hamas.

    Les propos tenus par Hanegbi laissent penser que le gouvernement israélien estime que le Hamas refusera de libérer la totalité des otages sans cessez-le-feu définitif.

    L’organisation terroriste a durci ses prĂ©tentions, jeudi, en annonçant avoir informĂ© les mĂ©diateurs qu’il ne reprendrait les nĂ©gociations sur les otages que si IsraĂ«l cessait toute opĂ©ration dans la bande de Gaza. Elle a d’ailleurs dĂ©clarĂ© par voie de communiquĂ© ĂȘtre prĂȘte Ă  conclure « un accord complet » avec IsraĂ«l, assorti de la libĂ©ration de tous les otages en Ă©change de prisonniers palestiniens de sĂ©curitĂ©, sous rĂ©serve qu’IsraĂ«l « arrĂȘte sa guerre et son agression envers le peuple de Gaza ».

    Lors de cette rencontre avec les proches d’otages, Hanegbi a affirmĂ© qu’IsraĂ«l assurerait la mise en Ɠuvre de la premiĂšre phase de cet accord dans les prochains mois. « Cela ne prendra pas des mois et des annĂ©es », aurait-il dit, selon la transcription Ă  laquelle a eu accĂšs la DouziĂšme chaĂźne.

    Toutefois, aurait-il ajoutĂ©, « je ne crois pas que ce gouvernement rĂ©ussira Ă  conclure l’accord dans son ensemble. Ce gouvernement ne prendra pas la dĂ©cision de stopper la guerre en Ă©change de la libĂ©ration des otages ».

    « Il nous faut continuer Ă  nous battre pour qu’il n’y ait pas un autre 7 octobre en octobre 2027 », aurait dit Hanegbi.

    « Si les otages ne sont pas libĂ©rĂ©s dans les semaines ou les mois Ă  peine, nous n’avons pas d’autre plan », a-t-il admis. « Nous continuerons Ă  nous battre Ă  Gaza et dans le nord, puis nous rĂ©examinerons la situation. »

    L’un des participants aurait rĂ©agi en disant : « Eh bien, alors nous sommes perdus. » Ce Ă  quoi Hanegbi aurait rĂ©pondu : « En effet. »

    Une autre participante aurait évoqué de récentes informations faisant état de fonds publics alloués à la rénovation de la piscine de la résidence privée de Netanyahu, disant que de telles dépenses étaient inappropriées en temps de guerre.

    Hanegbi aurait vivement rĂ©agi Ă  cette remarque. « Il peut se faire construire 10 piscines avec son argent si ça lui chante. C’est odieux de dire une chose pareille », aurait-il rĂ©torquĂ©, ajoutant que ce n’était pas le bon endroit pour parler de cela et accusant la femme en question d’ĂȘtre pleine de haine.

    Elle aurait alors rĂ©pondu : « J’ai parfaitement le droit de ressentir de la douleur et de la haine parce que je suis restĂ©e dans la piĂšce sĂ©curisĂ©e [de ma maison] pendant 15 heures [pendant l’attaque du Hamas]. J’ai rĂ©ussi Ă  Ă©chapper aux terroristes en marchant sur des cadavres. Pas vous. »

    Ce Ă  quoi Hanegbi aurait rĂ©pondu : « D’accord, faites. Maudissez-moi. »

    Selon la DouziĂšme chaĂźne, la femme aurait alors quittĂ© les lieux, en larmes. Une autre participante l’aurait suivie, ce que Hanegbi a commentĂ© en disant : « Toi aussi, tu vas faire une scĂšne et claquer la porte ? »

    La DouziĂšme chaĂźne a prĂ©cisĂ© avoir recoupĂ© le contenu de la transcription avec des membres de cinq familles, ajoutant que Hanegbi n’avait pas niĂ© les propos qui lui sont attribuĂ©s.

    Hanegbi a dĂ©clarĂ© Ă  la DouziĂšme chaĂźne avoir « rencontrĂ© les familles de tous les otages qui le souhaitaient depuis le dĂ©but de la guerre. Sans enregistrer les conversations ni en diffuser le contenu. C’est ainsi que l’on maintient le dialogue entre l’échelon politique et les familles qui souffrent. »

  • « Ă€ peu prĂšs 50-52°C en ressenti » : les images de la canicule historique qui Ă©touffe l’Inde | TF1 INFO
    ▻https://www.tf1info.fr/international/video-tf1-l-inde-continue-d-etouffer-sous-une-vague-de-chaleur-canicule-2301

    Ces chaleurs extrĂȘmes mĂšnent parfois Ă  des Ă©tats d’hyperthermie sĂ©vĂšre. Face Ă  ces cas, un hĂŽpital de New Delhi a inaugurĂ© le tout premier service dĂ©diĂ© aux victimes de canicule. Les lits sont remplacĂ©s par des baignoires « remplies de glace. Et en moins de 45 minutes, la tempĂ©rature du corps redescend. Ça va sauver des vies. Dans le futur, ces unitĂ©s seront dans tous les hĂŽpitaux », explique le Dr Seema Wasini, cheffe du dĂ©partement des urgences de l’établissement de santĂ©.

  • Comme mes arguments politiques ne semblent pas porter face Ă  des BFMIStes sous hallucinations xĂ©nophobes. Je demande quel est le poids de ton vote, que vaut ton morceau de papier dans l’urne, crois-tu que cela change quoique ce soit.
    La réponse est non à 90% mais il faut bien voter.
    Oui, mais alors, quitte Ă  n’avoir aucun pouvoir face aux maitres du monde, puisque tu sais que nous allons vers le pire, pourquoi ne pas choisir le rĂȘve et la gĂ©nĂ©rositĂ©.
    Ce qui porte l’humain Ă  la joie, au partage ?

    Mais lĂ , je n’ai plus de rĂ©ponse.

  • En une dĂ©cennie, Internet a perdu plus d’un tiers de son contenu | Le Grand Continent
    ▻https://legrandcontinent.eu/fr/2024/05/31/en-une-decennie-internet-a-perdu-plus-dun-tiers-de-son-contenu

    Selon une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par le Pew Research Center, 38 % des pages internet qui existaient en 2013 sont dĂ©sormais inaccessibles — ce qui reprĂ©senterait plus de 250 millions de sites. Les sites gouvernementaux, privĂ©s, les rĂ©seaux sociaux sont tous concernĂ©s par la « dĂ©gradation numĂ©rique ».

  • Analyse : « Les mĂ©dias israĂ©liens dissimulent les donnĂ©es et les images insoutenables de la guerre de Gaza »
    Par Amira Hass | Haaretz le 28 mai 2024| traduction rĂ©daction A l’Encontre
    ▻http://alencontre.org/moyenorient/palestine/analyse-les-medias-israeliens-dissimulent-les-donnees-et-les-images-inso

    Morgue de Rafah : lundi 27 mai 2024, des Palestiniens pleurent leurs proches tuĂ©s lors de la frappe du 26 mai sur le campement de tentes Ă  l’ouest de Rafah.

    Il a Ă©tĂ© rapportĂ© lundi aprĂšs-midi 27 mai [dans les mĂ©dias israĂ©liens] que les Forces de dĂ©fense israĂ©liennes (FDI) ne s’attendaient pas ou n’estimaient pas que que des civils soient touchĂ©s lors de la frappe sur Rafah. Une dĂ©claration aussi fallacieuse ne peut ĂȘtre faite qu’aux consommateurs des mĂȘmes mĂ©dias qui, depuis sept mois, cachent les chiffres insupportablement Ă©levĂ©s et les photos terrifiantes de bambins tuĂ©s ou blessĂ©s lors de chaque frappe israĂ©lienne sur la bande de Gaza. Une telle dĂ©claration [des FDI] ne peut que persuader les IsraĂ©liens que, cette fois encore, les cibles des frappes et le type de munitions choisies ont Ă©tĂ© scrupuleusement sĂ©lectionnĂ©s par le Shin Bet (service du renseignement intĂ©rieur), les services de renseignement militaire et les FDI.

    Il est trĂšs possible que les IsraĂ©liens qui ne soutiennent pas le Premier ministre Benyamin Netanyahou veuillent Ă©galement croire que, cette fois-ci, il Ă©tait totalement sincĂšre lorsqu’il a dĂ©clarĂ© qu’il s’agissait d’une « erreur tragique ». Il est Ă©galement trĂšs possible qu’ils ne soupçonnent pas qu’il utilisa cette formule parce que la Cour internationale de justice de La Haye a rĂ©cemment ordonnĂ© d’arrĂȘter les opĂ©rations militaires Ă  Rafah et que cette dĂ©cision plane au-dessus de sa tĂȘte et de celle des dĂ©cideurs israĂ©liens.

    Selon l’UnitĂ© du porte-parole des FDI, cette frappe visait deux cibles : Yassin Abu Rabia et Khaled Al-Najjar. Abu Rabia serait le commandant de l’état-major du Hamas en Cisjordanie et Al-Najjar serait un officier supĂ©rieur de l’état-major du Hamas. Les deux hommes auraient perpĂ©trĂ© des attentats au dĂ©but des annĂ©es 2000 et transfĂ©rĂ© des fonds pour le terrorisme. Les attaques d’Abu Rabia auraient tuĂ© des soldats et celles d’Al-Najjar auraient assassinĂ© des civils israĂ©liens et blessĂ© des soldats. D’ailleurs, c’est l’UnitĂ© du porte-parole des FDI qui a fait la distinction entre « tuer des soldats » et « assassiner des civils ».

    Le communiquĂ© n’a pas indiquĂ© que les deux hommes avaient Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s en Ă©change de la libĂ©ration du soldat kidnappĂ© Gilad Shalit en 2011 et qu’ils Ă©taient tous deux des rĂ©sidents de Cisjordanie – Abu Rabia du village de Mazra’a al-Qibliya, Ă  l’ouest de Ramallah, et Al-Najjar du village de Silwad, Ă  l’est de Ramallah – qui avaient Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s Ă  Gaza. L’annonce n’a pas non plus prĂ©cisĂ© qu’un autre homme libĂ©rĂ© dans le cadre du mĂȘme accord et dĂ©portĂ© Ă  Gaza, Khuwaylid Ramadan, du village de Tel, au sud de Naplouse, avait Ă©tĂ© tuĂ©, comme l’ont rapportĂ© les mĂ©dias palestiniens. Etait-il Ă©galement dĂ©signĂ© comme une cible, ou se trouvait-il simplement dans le mĂȘme campement de tentes Ă  l’ouest de Rafah ? Nous n’en savons rien. (...)

    #Rafah

  • Pourquoi je ne parle pas des otages israĂ©liens
    ▻https://www.onesmalldetail.blog/pourquoi-je-ne-parle-pas-des-otages-israeliens

    Ma mĂšre a raison de dire que je devrais ĂȘtre capable d’appeler, haut et fort, Ă  la sauvegarde des vies des deux cĂŽtĂ©s de la guerre, et pas seulement des Palestiniens. Mais quelque chose m’en empĂȘche.

    Initialement, je ne parvenais pas Ă  identifier ce qui m’en empĂȘchait. J’ai pensĂ© que c’était parce qu’IsraĂ«l et ses partisans ont instrumentalisĂ© de maniĂšre agressive les Ă©vĂ©nements du 7 octobre et la situation des otages pour lĂ©gitimer l’extrĂȘme violence dĂ©chaĂźnĂ©e sur Gaza. Peut-ĂȘtre que je ne voulais simplement pas jeter de l’huile sur le feu ?

    Peut-ĂȘtre avais-je peur de contribuer au discours selon lequel les crimes de guerre du Hamas justifient les crimes de guerre d’IsraĂ«l ? Mais ce n’était pas la vĂ©ritable raison. Mes Ă©crits condamnant IsraĂ«l et le sionisme sont parfois repris par des individus malveillants ou haineux qui s’en servent pour justifier leur appel Ă  la violence envers les IsraĂ©liens, voire les Juifs. Cela ne m’empĂȘche pas de continuer Ă  Ă©crire. Je persiste Ă  dĂ©noncer IsraĂ«l et le sionisme, car je suis convaincu que c’est la bonne chose Ă  faire, mĂȘme si mes propos sont parfois dĂ©formĂ©s ou utilisĂ©s Ă  des fins malveillantes.

    En rĂ©alitĂ©, ce qui me retient d’évoquer les morts du 7 octobre et les otages israĂ©liens est une Ă©vidence qui s’impose au monde entier, et que j’ai sans doute eu du mal Ă  saisir en raison de mon attachement Ă  IsraĂ«l : ce que nous voyons Ă  Gaza n’est pas une guerre, c’est quelque chose de bien plus sinistre.

    • AprĂšs un siĂšcle d’invisibilisation de la culture et de l’histoire palestiniennes, l’insistance Ă  parler des otages dĂ©tourne une fois de plus nos yeux et notre attention de la souffrance des Palestiniens aux mains du militarisme israĂ©lien. Cela perpĂ©tue Ă©galement une fausse Ă©quivalence entre l’ampleur de la violence subie par les IsraĂ©liens et les Palestiniens, alimentant l’idĂ©e qu’il s’agit d’un « conflit » entre deux parties Ă©gales. Il ne s’agit pas d’un « conflit » : c’est un appareil militaire de plusieurs milliards de dollars, soutenu par l’armement et la puissance politique de la superpuissance mondiale, qui se dresse contre un peuple qui a Ă©tĂ© privĂ© de toute forme de souverainetĂ© et d’autodĂ©termination pendant des gĂ©nĂ©rations.

  • Loi Cazeneuve : don’t touch my coconuts | LibĂ© (mais pas trop) | 29.05.24

    ▻https://www.liberation.fr/societe/police-justice/usage-des-armes-lors-de-refus-dobtemperer-chez-les-policiers-cest-le-prin

    Le dĂ©putĂ© socialiste Roger Vicot, corapporteur, en a tirĂ© une proposition de loi qui sera prĂ©sentĂ©e dans la foulĂ©e, afin de modifier partiellement l’article 435-1 du code de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure (CSI) qui a assoupli, depuis 2017, le cadre lĂ©gal d’usage de leur arme par les policiers.

    LibĂ© : Au terme de cette mission d’information, vous proposez seulement une rĂ©Ă©criture partielle de l’article 435-1 du CSI. Pourquoi ?

    Le socialo : Cet article rappelle en prĂ©ambule le cadre gĂ©nĂ©ral global d’ouverture du feu avec des conditions communes Ă  la lĂ©gitime dĂ©fense : stricte proportionnalitĂ© et absolue nĂ©cessitĂ©. Il dĂ©finit ensuite, en cinq alinĂ©as, les diffĂ©rents cas possibles d’ouverture du feu. Quatre cas ne posent pas problĂšme. Mais l’alinĂ©a sur les refus d’obtempĂ©rer dĂ©crit un cas de figure assez large, et permet de tirer si le contrevenant est « susceptible de » commettre des atteintes aux personnes dans sa fuite. Cela veut dire qu’on laisse au policier l’apprĂ©ciation de ce que le contrevenant est « susceptible de » faire plus tard. Je propose d’écrire que l’agent peut tirer si le contrevenant met en danger la vie d’autrui de maniĂšre « manifeste » et « imminente ». Ces deux termes sont beaucoup plus contraignants que « susceptible de ». Thomas Rudigoz [rapporteur de la mission, Renaissance, ndlr], avec qui j’ai trĂšs bien travaillĂ©, dit que modifier la loi enverrait un mauvais message Ă  la police
 mais ce que je propose n’est pas un bouleversement considĂ©rable.

    [ouf, nous voilà rassuré-es]

    [...]

    Pourquoi avoir tenu cette mission d’information Ă  huis clos ?

    Je suis un jeune dĂ©putĂ©, Ă©lu depuis deux ans, et trĂšs sincĂšrement je n’en sais rien. Etait-ce un choix du prĂ©sident de la commission des lois, Sacha HouliĂ© (Renaissance) ? Est-ce que c’est la sensibilitĂ© du sujet ?
 Notez que ce n’était pas un huis clos pour les dĂ©putĂ©s, puisqu’un dĂ©putĂ© Rassemblement national est venu soutenir [le syndicat de police, ndlr] Alliance pendant son audition. J’aurais Ă©tĂ© plutĂŽt ouvert Ă  ce que nos travaux soient publics, retransmis. On n’a rien Ă  cacher ni dans nos questions ni sur la maniĂšre dont les auditions se sont dĂ©roulĂ©es.

    • Chez Mediapart : ▻https://www.mediapart.fr/journal/france/290524/refus-d-obtemperer-et-tirs-policiers-un-rapport-parlementaire-menage-la-ch

      AprĂšs avoir auditionnĂ© 90 personnes – policiers et gendarmes, magistrats, chercheurs, avocats, associatifs –, les dĂ©putĂ©s Thomas Rudigoz (Renaissance) et Roger Vicot (PS), corapporteurs de la mission d’information parlementaire sur « la hausse du nombre de refus d’obtempĂ©rer et les conditions d’usage de leurs armes par les forces de l’ordre » rendent ce mercredi 29 mai des conclusions prudentes, voire frileuses.

      Ils n’ont en particulier surtout pas auditionnĂ© de [proches des] victimes - les victimes Ă©tant mortes, en gĂ©nĂ©ral.

      A noter que ce qui a augmentĂ© et que le titre du rapport tait, bien entendu, c’est le nombre de tirs, et de morts ; et ces augmentations ne sont pas corellĂ©es Ă  celle du nombre de cas de refus d’obtempĂ©rer, mais Ă  la date de passage de la loi Cazeneuve.

      ChargĂ©s « d’évaluer l’impact Ă©ventuel » du nouvel article L435-1, les rapporteurs rejettent les conclusions de la seule Ă©tude disponible, prĂ©publiĂ©e en septembre 2022 dans la revue Esprit. Les universitaires Sebastian RochĂ©, Paul Le Derff et Simon Varane y Ă©crivent, sans ambiguĂŻtĂ©, que « la loi de 2017 a eu pour effet de plus frĂ©quentes atteintes Ă  la vie des citoyens par la police » avec « cinq fois plus de personnes tuĂ©es » depuis son entrĂ©e en vigueur par rapport aux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Mais les parlementaires appellent Ă  « relativiser » cette Ă©tude, dont ils dĂ©noncent les « biais ».

      Ah, voilĂ , c’était un rapport pour enterrer officiellement la seule Ă©tude scientifique sur le sujet.

      Science sans conscience n’est que ruine de l’ñme. Amen.

    • @arno de moins en moins de survivants, donc de moins en moins de biais. Nous sommes sauvĂ©s !

      En ce qui concerne les tirs mortels, les corapporteurs citent des donnĂ©es parcellaires, dĂ©butant en 2020, alors que la rĂ©forme date de 2017. QuestionnĂ© sur ce point, Roger Vicot indique que ce sont les seules qui ont Ă©tĂ© transmises Ă  la mission d’information. Deux personnes auraient donc Ă©tĂ© tuĂ©es dans le cadre d’un refus d’obtempĂ©rer en 2020 (l’une par un policier, l’autre par un gendarme), quatre en 2021 (deux par des policiers, deux par des gendarmes) et treize en 2022, toutes tuĂ©es par des policiers, comme les trois victimes de 2023.
      [...]
      Les corapporteurs refusent surtout de se prononcer sur l’éventuelle « causalitĂ© » entre la rĂ©forme Cazeneuve et l’augmentation du nombre de tirs, actant mĂȘme « l’impossibilitĂ© de trancher le dĂ©bat ». S’ils reconnaissent que certaines affaires impliquant des policiers « contribuent Ă  la dĂ©gradation de l’image des forces de l’ordre » et alimentent la « suspicion mĂ©diatique », ils soutiennent avec force contorsions que l’article 435-1 « n’a pas assoupli directement les conditions de l’usage de l’arme », mais a « pu le laisser penser ».

      En consĂ©quence, s’ils recommandent tous deux de renforcer la formation des policiers et de clarifier les instructions qui leur sont donnĂ©es, leurs propositions sur l’article 435-1 divergent.

      Superbe.

    • et pour terminer en beautĂ© :

      Pour mener leurs travaux, les deux dĂ©putĂ©s ont dĂ» composer avec des donnĂ©es rares, voire contradictoires. Ainsi, en s’appuyant sur des chiffres communiquĂ©s par le ministĂšre de l’intĂ©rieur, ils observent une « hausse tendancielle incontestable des refus d’obtempĂ©rer » constatĂ©s par les forces de l’ordre ces dix derniĂšres annĂ©es, malgrĂ© « une relative attrition » depuis 2021. Une note publiĂ©e en avril par le mĂȘme ministĂšre, qui ne leur a pas Ă©tĂ© transmise et qui donne d’autres totaux annuels, conclut Ă  une « lĂ©gĂšre baisse » (de 5 %) des refus d’obtempĂ©rer entre 2016 (24 400 refus d’obtempĂ©rer) et 2023 (23 100).

      une enquĂȘte de qualitay

    • Compilations d’articles de presse concernant les dĂ©cĂšs liĂ©s Ă  des interventions de police (Ă  partir du 02/04/2022) :
      ▻https://antidotmedia.noblogs.org/post/category/violences-detat/la-police-tue

      Un recensement des dĂ©cĂšs suite Ă  une intervention policiĂšre qui remonte Ă  1961 :
      â–șhttps://desarmons.net/listes-des-victimes/personnes-tuees-par-les-forces-de-lordre

      Dans “personnes mortes aux mains des forces de l’ordre” nous incluons toute personne Ă©tant dĂ©cĂ©dĂ©e au cours ou Ă  la suite d’une opĂ©ration de police, sans prĂ©juger du caractĂ©re intentionnel de l’acte mais nous appuyant sur les seules consĂ©quences de cet acte, Ă  savoir le dĂ©cĂšs brutal d’une personne qui ne serait pas morte s’il n’y avait pas eu d’intervention de police.

      Nous avons fait le choix de ne pas inclure les personnes tuĂ©es au cours d’un affrontement armĂ© avec les forces de l’ordre dans lequel on pourrait estimer qu’il y a un usage symĂ©trique de la force ou une situation difficilement contestable de “lĂ©gitime dĂ©fense”. Pour autant, nous ne considĂ©rons pas le port d’un couteau, de ciseaux ou la conduite d’un vĂ©hicule comme une attaque armĂ©e. Dans cette liste peuvent apparaĂźtre des faits au cours desquels la victime Ă©tait en possession d’une arme Ă  feu, mais pour lesquels les circonstances ne sont pas formellement Ă©tablies. Nous considĂ©rons que la victime bĂ©nĂ©ficie Ă©galement de la prĂ©somption d’innocence, d’autant plus qu’elle n’est plus prĂ©sente pour tĂ©moigner.

      Nous n’avons pas non plus inclu les personnes tuĂ©es par des policiers en dehors de leur service, ainsi que les policiers tuĂ©s par d’autres policiers.

  • L’envie d’un web plus simple

    Depuis quelques annĂ©es, une partie de la communautĂ© internet se tourne vers des solutions plus simples et moins gourmandes en ressources, en rĂ©action Ă  ce que beaucoup considĂšrent comme l’« #emmerdification » progressive du #web. Le protocole Gemini a Ă©mergĂ© comme une rĂ©ponse prometteuse Ă  ce besoin, mais aprĂšs l’enthousiasme initial, une certaine dĂ©sillusion semble s’installer.

    Trouver une voie du milieu entre #Gemini / #Solid et l’« emmerdification » du web actuel.

    ▻https://jpfox.fr/posts/envie-d-un-web-plus-simple

    #webdev #sobriété_numérique #webperf #développement #conception

    • @stephane fait remarquer en commentaire que dans la FAQ de Gemini il y a dĂ©jĂ  une rĂ©ponse Ă  ça : faire un web plus simple avec les outils dĂ©jĂ  existants est parfaitement possible et ça marche, mais ça ne permet pas de le savoir en avance. Le web c’est suivre des liens en permanence, ou aller sur des nouveaux sites qui n’existaient pas hier, et alors il est impossible de savoir d’avance si le site va ĂȘtre plein de tracking, ou va ĂȘtre hyper lourd Ă  charger, ou va faire tourner le CPU avec plein de JS etc. Alors qu’avec un protocole simple dĂ©diĂ©, on le sait d’avance et on peut cliquer n’importe oĂč en sachant que ça va rester simple, rapide, et sans surveillance. Ils disent : c’est comme faire du vĂ©lo dans un parc dĂ©diĂ© VS rouler doucement avec un tank dans un champ de mines.

    • Et on termine d’ailleurs par une remarque que j’avais dĂ©jĂ  faite : l’article se conclut par cette invitation :

      On en discute sur le fediverse ?

      Ça suggĂšre une trĂšs trĂšs grosse limite Ă  « un web plus simple », et/ou pourquoi les gens publient sur les rĂ©seaux sociaux plutĂŽt que simplement sur leurs sites Web.

  • Women are 14 times more likely to die in a climate disaster than men. It’s just one way climate change is gendered
    ▻https://theconversation.com/women-are-14-times-more-likely-to-die-in-a-climate-disaster-than-me

    When we think of climate and environmental issues such as climate-linked disasters or biodiversity loss, we don’t tend to think about gender. At first glance, it may seem irrelevant.

    But a growing body of evidence demonstrates women and gender-diverse people are disproportionately vulnerable to the changing climate and the consequences it brings.

    Women are 14 times more likely to die in a climate change-related disaster than men. Women represent 80% of people displaced by extreme weather.

  • #McKinsey : qu’ils viennent me chercher | LibĂ©/AFP | 29.05.24

    ▻https://www.liberation.fr/societe/police-justice/affaire-des-cabinets-de-conseil-le-ministere-de-la-sante-a-ete-perquisiti

    Le 17 mars 2022, les sĂ©nateurs Eliane Assassi (communiste) et Arnaud Bazin (Les RĂ©publicains) avaient prĂ©sentĂ© un rapport au vitriol contre le recours par l’Etat aux cabinets de conseil. Un phĂ©nomĂšne « tentaculaire » dont le coĂ»t pour les finances publiques a grimpĂ© en 2021 Ă  prĂšs de 900 millions d’euros, tous opĂ©rateurs publics confondus. Les cabinets sont « intervenus sur la plupart des grandes rĂ©formes » du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, mais aussi dans la gestion de la crise sanitaire ou l’organisation de colloques, soulignait le rapport.

    PubliĂ© en pleine course Ă  la prĂ©sidentielle, ce rapport avait empoisonnĂ© la campagne d’Emmanuel Macron, accusĂ© par les oppositions de favoritisme en faveur de McKinsey. « S’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pĂ©nal », avait-il dit le 27 mars.

    Le parquet national financier (PNF) a d’abord ouvert, le 31 mars 2022, une enquĂȘte prĂ©liminaire pour blanchiment aggravĂ© de fraude fiscale aggravĂ©e Ă  l’encontre de McKinsey. Puis six mois plus tard, les 20 et 21 octobre, le PNF a ouvert deux informations judiciaires, l’une « sur les conditions d’intervention de cabinets de conseil dans les campagnes Ă©lectorales de 2017 et 2022 » d’Emmanuel Macron, l’autre sur des soupçons de « favoritisme ».

    Et donc perquisitions ce mercredi 29 mai au ministÚre de la Santé - et ailleurs, dont lieux privés.

    « Qu’ils viennent me chercher » - sauf que lĂ , c’est plutĂŽt l’administration qui prend, pas l’irresponsabilitĂ© prĂ©sidentielle.

    Ah, et MacKiki, c’est pas de l’ingĂ©rence Ă©trangĂšre, hein.

  • Nouvelle CalĂ©donie : Comme au bon vieux temps | Mediapart | 30.05.24

    ▻https://www.mediapart.fr/journal/france/290524/nouvelle-caledonie-macron-ou-l-arrogance-coloniale

    du temps oĂč le gouvernement français, par la voix de Jacques Chirac, alors premier ministre de cohabitation de François Mitterrand, dĂ©shumanisait le peuple colonisĂ©. « La barbarie de ces hommes, si l’on peut les appeler ainsi », avait-il lĂąchĂ© au sujet des Kanak impliquĂ©s dans les Ă©vĂ©nements d’OuvĂ©a de 1988.

    On dirait du Bibi avant l’heure, ou bien ?

    Donc, répression préalable à toute non-discussion, bien entendu.

    Or, comme s’accordent Ă  le dire toutes les personnes qui se sont rĂ©ellement penchĂ©es sur le sujet, les coups de menton si chers Ă  cet exĂ©cutif n’ont pas lieu d’ĂȘtre en Nouvelle-CalĂ©donie. LĂ -bas, comme l’a rĂ©cemment reconnu Édouard Philippe, dernier premier ministre Ă  s’ĂȘtre occupĂ© de ce dossier Ă  Matignon, « c’est toujours l’accord politique qui prime sur tout ». « Le rapport de force ne permettra jamais un retour durable et complet Ă  l’ordre public », a-t-il aussi alertĂ©.
    [...]
    Emmanuel Macron a beau rĂ©pĂ©ter qu’« aucune violence n’est acceptable », il a visiblement oubliĂ© d’inclure dans son propos la violence coloniale. Or c’est bien elle et ses relents contemporains qui ont conduit Ă  la crise actuelle.

  • ImpunitĂ© d’IsraĂ«l, complicitĂ©s de la France
    Orint XXI - Alain Gresh - Sarra Grira
    ▻https://orientxxi.info/magazine/impunite-d-israel-complicites-de-la-france,7377

    Trop peu, trop tard. On ne peut qualifier autrement la pudibonderie des mots d’Emmanuel Macron face Ă  la guerre gĂ©nocidaire qui se poursuit dans la bande de Gaza. Il Ăąnonne d’abord un vƓu pieux, qui sonne bien trop faux : « Il faut que les opĂ©rations israĂ©liennes cessent Ă  Rafah. » Mais contrairement Ă  ce que le prĂ©sident français affirme laconiquement, ce n’est pas aujourd’hui mais depuis plusieurs mois qu’il n’y a plus de zone sĂ»re pour les Palestiniens.

    Qui se souvient que le prĂ©sident Emmanuel Macron avait dĂ©clarĂ© que Rafah constituait « une ligne rouge » ?

    Ce dernier a fait mine, depuis l’Allemagne, de tenir ses positions, sur lesquels pourtant il n’a cessĂ© de reculer Ă  chaque nouvelle violation de la part d’IsraĂ«l. Droit dans ses bottes, il a rappelĂ© « le droit d’IsraĂ«l Ă  se dĂ©fendre » — comme si le droit international pouvait concevoir que l’on puisse se dĂ©fendre contre ceux qu’on occupe — ; mais, surtout, il dĂ©signe un seul coupable : « Le Hamas est responsable de cette situation ». La chutzpah israĂ©lienne s’exporte aussi en Hexagone. (...)

  • La mort sans importance d’un enfant palestinien - Sylvain Cypel
    ▻https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/la-mort-sans-importance-d-un-enfant-palestinien,7369

    Comment un simple accident de bus se termine en catastrophe pour la famille Salama et la mort du fils, brĂ»lĂ© vif ? Journaliste amĂ©ricain, Nathan Thrall raconte le drame et ses consĂ©quences pour les parents et les habitants de leur village, mĂȘlant l’histoire singuliĂšre de ce jeune garçon, et la grande histoire du peuple palestinien. Un rĂ©cit Ă©poustouflant de l’apartheid au quotidien. PassĂ© sous silence par les mĂ©dias français.

  • Native American children endured years of sexual abuse at boarding schools - ‘In the name of God’
    ▻https://www.washingtonpost.com/investigations/interactive/2024/sexual-abuse-native-american-boarding-schools/?itid=hp-top-table-main_p001_f001

    These firsthand accounts and other evidence documented by The Washington Post reveal the brutality and sexual abuse inflicted upon children who were taken from their families under a systematic effort by the federal government to destroy Native American culture, assimilate children into White society and seize tribal lands.

    From 1819 to 1969, tens of thousands of children were sent to more than 500 boarding schools across the country, the majority run or funded by the U.S. government. Children were stripped of their names, their long hair was cut, and they were beaten for speaking their languages, leaving deep emotional scars on Native American families and communities. By 1900, 1 out of 5 Native American school-age children attended a boarding school. At least 80 of the schools were operated by the Catholic Church or its religious affiliates.

    The Post investigation reveals a portrait of pervasive sexual abuse endured by Native American children at Catholic-run schools in remote regions of the Midwest and Pacific Northwest, including Alaska.

    At least 122 priests, sisters and brothers assigned to 22 boarding schools since the 1890s were later accused of sexually abusing Native American children under their care, The Post found. Most of the documented abuse occurred in the 1950s and 1960s and involved more than 1,000 children.

  • KoinĂš : aprĂšs la catastrophe, aprĂšs la rĂ©volution, comment refermer les blessures ?
    ▻https://www.revolutionpermanente.fr/Koine-apres-la-catastrophe-apres-la-revolution-comment-refermer

    Paru aux Ă©ditions La Volte, ce petit roman Ă©voque l’ambiance mĂ©lancolique d’un monde post-apocalyptique oĂč la rĂ©volution socialiste a mis fin au capitalisme. Un combo rarement vu et rĂ©ussi.

    La rĂ©volution a eu lieu, et le capitalisme a Ă©tĂ© renversĂ©. VoilĂ  quinze ans que, suite Ă  une catastrophe climatique, les pauvres ont mis fin Ă  l’exploitation et Ă  la propriĂ©tĂ© privĂ©e. Alors que les ocĂ©ans ont montĂ© de plusieurs centaines de mĂštres, pendant que les riches tentaient Ă  tout prix de sauver leurs biens et leurs monuments, ces derniers furent simplement expropriĂ©s. Quinze ans aprĂšs, KoinĂš , le nouveau roman de MĂ©lanie Fievet, prĂ©sente quatre personnages, tous rĂ©unis dans la Ville, un des vestiges les plus poussiĂ©reux de l’ancienne sociĂ©tĂ©, en marge des plateaux oĂč la nouvelle sociĂ©tĂ© s’est construite. On y trouve, Elpy, une travailleuse solitaire et traumatisĂ©e, Aliocha, geek qui ne trouve aucune place pour lui dans ce nouveau monde, Soran, ancien dirigeant rĂ©volutionnaire qui a perdu prise et Bob Blaine, le rĂ©ceptionniste mutique d’une pension oĂč Ă©chouent ces Ăąmes en peine. Autour d’eux, le ChƓur, qui est Ă  la fois la voix de la collectivitĂ©, son chant, sa dĂ©mocratie, ses dĂ©bats et son histoire.

    De la catastrophe naĂźt le communisme

    La premiĂšre surprise du roman se trouve dĂšs l’exposĂ© de cette nouvelle sociĂ©tĂ©. MĂȘme si le roman n’en a pas l’air, nous sommes bien dans un univers post-apocalyptique : les ocĂ©ans sont montĂ©s si haut que l’humanitĂ© survit sur les plateaux des grandes chaĂźnes de montagnes, sans savoir s’il reste d’autre survivants. Les saisons se sont totalement dĂ©rĂ©glĂ©es et la catastrophe n’a pu que tuer des centaines de millions voir des milliards d’ĂȘtres humains et autant d’espĂšces animales et vĂ©gĂ©tales. Mais lĂ  oĂč le roman prend le contre-pied des univers post-apocalyptiques, c’est que de cette catastrophe, une sociĂ©tĂ© nouvelle, souhaitable et Ă©galitaire est nĂ©e. Les grandes Ɠuvres de science fiction post-apo nous ont pourtant habituĂ©s Ă  voir la catastrophe comme la fin de toute civilisation : des hordes de motards dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s de Mad Max aux zombies de Je suis une LĂ©gende, en passant par le monde confinĂ© dans un train de Snowpiercer, dans l’imaginaire collectif, la catastrophe mondiale, fusse-t-elle nuclĂ©aire, sanitaire, ou Ă©cologique, ne peut dĂ©boucher que sur un recul extraordinaire de la civilisation. Un tel recul qu’y renaĂźt les famines, l’esclavage et les seigneurs de guerre.

    MĂ©lanie Fievet propose une autre approche du post-apo : aux trĂ©fonds de la catastrophe, ce sont ceux qui l’ont causĂ© qui sont renversĂ©s. « Les journĂ©es s’agitaient. Averses, tempĂȘtes, canicules et gelĂ©es, parfois d’un bord Ă  l’autre e la mĂȘme rue, ou dans la mĂȘme heure. Les mangroves se noyĂšrent les premiĂšres, les pinĂšdes, les palmeraies. Puis on vit Ă©clore des palĂ©tuviers, des roses et des sambacs sur les hauteurs du Cause, sur les remparts de leur coffre-fort. Plus tard, on appela ce moment la floraison des possibles. Le temps Ă©tait venu pour nous de faire Ă©clore sa plus fabuleuse fleur : la rĂ©volution. » Comme quoi, mĂȘme quand l’humanitĂ© est au bord gouffre, There is an alternative.

    Cette approche, loin d’ĂȘtre saugrenue, est, dans un sens, rĂ©aliste. Depuis les premiers dĂ©buts du capitalisme, nombre de rĂ©volutions qui ont tentĂ© de l’abolir sont nĂ©es dans ces moments de crise aiguĂ«s, Ă  commencer par la Commune et la RĂ©volution Russe, filles des guerre franco-prussiennes et de la PremiĂšre guerre mondiale et de leurs atrocitĂ©s. Tout comme les grandes crises Ă©conomiques peuvent crĂ©er des situations oĂč les antagonismes de classes explosent en rĂ©voltes et rĂ©volutions, la crise climatique crĂ©era sĂ»rement, Ă  court ou moyen terme, de telles situations. Et alors que riches sauveront ce qu’ils pourront et tenteront de s’exiler sur les derniĂšres terres viables, le seul avenir possible ne sera pas la rĂ©signation. Cette leçon est riche, tant aujourd’hui il semble plus simple d’imaginer la fin de l’humanitĂ©, par une guerre mondiale ou une crise climatique, que la fin du capitalisme qui les cause et les entretient.

    AprÚs la libération des chaßnes, la libération des ùmes

    Quinze annĂ©es aprĂšs la rĂ©volution, les choses ont changĂ© Ă  une vitesse inimaginable : « LibertĂ©, dignitĂ©, justice, l’aisance pour tous », telle est la promesse de KoinĂš [traduire : la Commune], cette nouvelle sociĂ©tĂ© libĂ©rĂ©e de l’exploitation. Chacun y travaille quatre heures par jour, puis peut se consacrer Ă  ce qu’il veut : « aux sciences, Ă  l’art, Ă  l’exploration, au langage, aux exercices du corps, au jeu, Ă  l’infinie constellation du gĂ©nie humain ». Chacun peut s’exprimer et apporter au ChƓur, chant collectif aux infinies variations, ses notes, ses tons, ses rythmes et ses mĂ©lodies. La langue s’est transformĂ©e, comme les relations sociales. Mais malgrĂ© la libĂ©ration matĂ©rielle subsiste les blessures et les blessĂ©s. « Pourquoi, dans un monde utopique, est-ce qu’on choisit quand mĂȘme de se suicider ? » se demande Elpy, qui n’a pas su se remettre du dĂ©part de sa sƓur.

    « Bien sĂ»r que nous sommes traversĂ©s par les lignes du doute, du dĂ©saccord, du dĂ©sespoir parfois. L’utopie que nous avons bĂątie n’a pas aboli pour toujours le chagrin, la violence et le vertige. Elle n’a pas garanti le bonheur universel et sans faille.

    Il y a de l’or et de la lumiĂšre, pourtant, Ă  fondre dans ses fĂȘlures », y rĂ©pond le ChƓur.

    LĂ  encore, MĂ©lanie Fievet sort des caricatures et propose un autre monde. Oui, la rĂ©volution devra Ă©craser ceux qui lancent des armĂ©es contre elle et cherchent Ă  la dĂ©truire, Ă  la ruiner. Mais que faire des insatisfaits ? Que faire des nostalgiques de l’ancien monde, de ceux qui n’arrivent pas Ă  s’épanouir dans le collectif mais qui ne s’arment pas pour le dĂ©truire ? Que faire de ceux, trop traumatisĂ©s par le capitalisme et ses horreurs, que mĂȘme une sociĂ©tĂ© tournĂ©e vers leur rĂ©mission est insuffisante ? Ce sont ces personnages que l’on suit dans le roman.

    Mais quel or fondre dans ces blessures ? Tout d’abord, Ă  dĂ©faut de soigner, accepter. Aider, psychologiquement. Admettre que certains ne pourront pas travailler, mĂȘme ses quatre heures quotidiennes, mĂȘme pour des tĂąches adaptĂ©es : Ă  chacun selon ses besoins. Proposer un endroit oĂč vivre, malgrĂ© tout. Laisser les gens errer quand ils en ont besoin et les recueillir quand ils y sont prĂȘts. Telle est la rĂ©alitĂ© de KoinĂš : non pas le bonheur automatique, mais une sociĂ©tĂ© Ă  construire oĂč certains traumatismes et angoisses survivront Ă  la mise en place d’une Ă©conomie oĂč personne ne manquera de rien. Une sociĂ©tĂ© qui nous met en garde : si la rĂ©volution libĂ©rera des milliards de personnes de leurs chaĂźnes et de leur misĂšre, il restera des plaies bĂ©antes qu’il faudra panser.

    Sous les pavés le spleen

    MalgrĂ© ce monde post-apocalyptique et les Ăąmes en peine que suit le roman, celui-ci est tout sauf un drame. Le style particulier de MĂ©lanie Fievet et cette langue nouvelle que chante le ChƓur et qu’écrit le Texte, une sorte de rĂ©seau social oĂč s’écrit une littĂ©rature collective, oĂč chacun complĂšte d’une phrase une symphonie entamĂ©e par d’autres Ă©crivains, ne nous emmĂšne ni dans la tristesse ni dans l’angoisse que peuvent vivre Elpy, Soran ou Aliocha. Et c’est peut-ĂȘtre la plus grande rĂ©ussite de KoinĂš : nous emmener cahin-caha suivre ces esprits brisĂ©s oĂč chacun pourra surement se reconnaĂźtre Ă  un moment donnĂ©. Au fil de la lecture, une forme de nostalgie duveteuse entoure le lecteur. MalgrĂ© les Ă©vĂšnements, on aimerait se reposer, pour un jour, une semaine, dans la pension oĂč se trouvent les personnages, pour se couper du monde. Dans ce sens, KoinĂš ressemble beaucoup Ă  l’anime Cowboy Bebop, qui suivait des chasseurs de prime en errance, Ă©chouant Ă  cicatriser les blessures de leur passĂ©, mais sans jamais s’effondrer. La bande-son jazz de l’anime peut presque rĂ©sonner dans les rues de la Ville de MĂ©lanie Fievet, pour ceux qui voudraient l’entendre.

    KoinĂš , MĂ©lanie Fievet, 120 pages, Editions la Volte, 9€

  • JO 2024 : jour par jour, la carte des restrictions de circulation Ă  Paris et en Ile-de-France cet Ă©tĂ©
    ▻https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/05/30/jo-2024-jour-par-jour-la-carte-des-restrictions-de-circulation-a-paris-et-en

    DÉCRYPTAGE Visualisez l’évolution des pĂ©rimĂštres de sĂ©curitĂ© mis en place Ă  l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques en rĂ©gion parisienne, du 15 juillet au 8 septembre.

    #JO #Paris #privatisation #sécurité #media_préfectoral

    • @val_k jadis ici rappelle sur Piaille que la france est le pays de la libertĂ©. ▻https://piaille.fr/@ValK/112529562382296085
      Paris 2024 : Ă  Nantes, des malades privĂ©s de sortie pour ne pas perturber le passage de la flamme olympique.


      moi aussi je veux une camisole car la flamme olympig dĂ©barque ce week-end en BZH avec le final Ă  Rennes oĂč ils allumeront le chaudron de l’enfer.
      HĂŽpital - Oberkampf - Cris sans thĂšme (1984)
      ▻https://www.youtube.com/watch?v=bNNy5ip1DyY

    • Interdiction du « Manifestival » LFI Ă  Rennes
      ▻https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/05/30/interdiction-du-manifestival-lfi-a-rennes-louis-boyard-annonce-attaquer-la-d

      Les « insoumis » appelaient, comme ils l’ont dĂ©jĂ  fait en dĂ©but de semaine Ă  Paris et Ă  Lille, Ă  un rassemblement vendredi sur la place Saint-Germain, un Ă©vĂ©nement « susceptible de rĂ©unir 400 personnes selon les services de police », relĂšve la prĂ©fecture d’Ille-et-Vilaine dans un arrĂȘtĂ© publiĂ© mercredi soir.
      Or la prĂ©fecture estime que « la mouvance ultra-gauche rennaise pourrait y entrevoir l’opportunitĂ© de mobiliser les Ă©lĂ©ments de la mouvance contestataire les plus radicaux pour, comme Ă  son habitude, mener une dĂ©ambulation sauvage Ă  travers le centre historique jusqu’à la place Sainte-Anne, son fief historique et le lieu initialement choisi » pour ce meeting festif.

      Les autoritĂ©s rappellent dans l’arrĂȘtĂ© les nombreux « dĂ©bordements » et dĂ©gradations commises dans cette zone (bris de vitrine, pillages de magasin, feux de poubelle, etc.) depuis le dĂ©but de l’annĂ©e lors de manifestations contre la loi asile et immigration.

      « Il existe des raisons sĂ©rieuses de penser que des troubles graves Ă  l’ordre public pourraient ĂȘtre commis au cours de la manifestation » prĂ©vue vendredi, Ă©crit la prĂ©fecture, soulignant que de tels dĂ©bordements dans le centre historique de Rennes « sont trĂšs difficiles Ă  contenir par les forces de l’ordre en raison de la topographie des lieux ».
      La situation sécuritaire est encore compliquée par le passage de la flamme olympique à Rennes le lendemain, ajoute la préfecture. (...)

    • Que l’ultra-gauche soit derriĂšre Louis Boyard, j’ai des doutes. Ce dernier est mauvais joueur car le centre ville est tout petit.
      ▻https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/a-rennes-le-manifestival-de-la-france-insoumise-finalement-interdit-par

      La prĂ©fecture ajoute que ses services ont proposĂ© deux lieux alternatifs, la dalle du Colombier et la place de la RĂ©publique, « dont la typologie permet d’assurer la sĂ©curitĂ© des biens et des personnes ». Mais l’organisateur du Manifestival a refusĂ©.

      De la place Sainte-Anne Ă  RĂ©publique ou Colombier, t’as pas besoin de prendre le mĂ©tro Ă  moins d’avoir mal aux pieds. ça fait quelques annĂ©es que le centre historique est interdit aux manifs. C’est vrai que le carrĂ© rennais (Alt-right commerçante BZH) a mangĂ© grave. AprĂšs tout il le mĂ©ritait bien.

  • Surveillance et ingĂ©rence : la guerre secrĂšte d’IsraĂ«l contre la CPI rĂ©vĂ©lĂ©e au grand jour
    +972 le 28 mai 2024 ; traduction rĂ©daction A l’Encontre
    ▻http://alencontre.org/laune/surveillance-et-ingerence-la-guerre-secrete-disrael-contre-la-cpi-revele
    Par Yuval Abraham et Meron Rapoport
    ▻https://www.972mag.com/icc-israel-surveillance-investigation
    Harry Davies et Bethan McKernan du Guardian ont contribuĂ© Ă  cette enquĂȘte.

    Pendant prĂšs d’une dĂ©cennie, IsraĂ«l a surveillĂ© de hauts responsables de la Cour pĂ©nale internationale (CPI) et des dĂ©fenseurs palestiniens des droits de l’homme dans le cadre d’une opĂ©ration secrĂšte visant Ă  contrecarrer l’enquĂȘte de la CPI sur des crimes de guerre prĂ©sumĂ©s, rĂ©vĂšle une enquĂȘte conjointe menĂ©e par +972 Magazine, Local Call et le Guardian.

    L’opĂ©ration multi-agences, qui remonte Ă  2015, a vu la communautĂ© du renseignement israĂ©lien surveiller rĂ©guliĂšrement l’actuel procureur en chef de la Cour, Karim Khan, sa prĂ©dĂ©cesseure Fatou Bensouda [en fonction de juin 2012 Ă  juin 2021], et des dizaines d’autres fonctionnaires de la CPI et de l’ONU. Les services de renseignement israĂ©liens ont Ă©galement surveillĂ© les documents que l’AutoritĂ© palestinienne a soumis au bureau du procureur, ainsi que les employĂ©s de quatre organisations palestiniennes de dĂ©fense des droits de l’homme dont les documents sont au cƓur de l’enquĂȘte.

    Selon certaines sources, l’opĂ©ration secrĂšte a mobilisĂ© les plus hautes instances du gouvernement israĂ©lien, la communautĂ© du renseignement et les appareils juridiques civil et militaire afin de faire dĂ©railler l’enquĂȘte.

    Les renseignements obtenus par la surveillance ont Ă©tĂ© transmis Ă  une Ă©quipe secrĂšte de juristes et de diplomates israĂ©liens de haut niveau, qui se sont rendus Ă  La Haye pour des rĂ©unions confidentielles avec des fonctionnaires de la CPI dans le but de « fournir [au procureur gĂ©nĂ©ral] des informations qui lui feraient douter du bien-fondĂ© de son droit Ă  s’occuper de cette question ». Les renseignements ont Ă©galement Ă©tĂ© utilisĂ©s par l’armĂ©e israĂ©lienne pour ouvrir rĂ©troactivement des enquĂȘtes sur des incidents qui intĂ©ressaient la CPI, afin d’essayer de prouver que le systĂšme juridique israĂ©lien est capable de faire rendre des comptes Ă  ses propres citoyens.

    En outre, comme le Guardian(1) l’a rapportĂ© plus tĂŽt dans la journĂ©e, le Mossad, l’agence israĂ©lienne de renseignement extĂ©rieur, a menĂ© sa propre opĂ©ration parallĂšle en cherchant Ă  obtenir des informations compromettantes sur Fatou Bensouda et les membres de sa famille proche, dans une tentative apparente de saboter l’enquĂȘte de la CPI. L’ancien chef de l’agence, Yossi Cohen, a personnellement tentĂ© d’« enrĂŽler » Bensouda et de la manipuler pour qu’elle se conforme aux souhaits d’IsraĂ«l, selon des sources bien informĂ©es sur ces activitĂ©s, ce qui a amenĂ© la procureure de l’époque Ă  craindre pour sa sĂ©curitĂ© personnelle. (...)

    (1) ▻https://seenthis.net/messages/1055502
    #Israel_maĂźtre-chanteur #Ă©tat_mafieux

  • Pourquoi l’« Europe sociale » n’a jamais vu le jour
    ▻https://www.contretemps.eu/europe-sociale-gauche-socialisme-mitterrand

    Alors qu’approchent les Ă©lections europĂ©ennes, les 8 et 9 juin prochain, la plupart des dirigeant·es europĂ©en·nes nous jouent une fois encore la sĂ©rĂ©nade de l’ « Europe sociale ». En France, on a vu aussi bien RaphaĂ«l Glucksmann (tĂȘte de liste du PS), ValĂ©rie Hayer (Renaissance) ou Marine Le Pen (FN/RN) nous faire la promesse, main sur le coeur, que s’ils·elles Ă©taient Ă©lu·es, cette vieille promesse deviendrait enfin rĂ©alitĂ©.

    Cette « Europe sociale » est pourtant Ă  l’exact opposĂ© de l’Europe capitaliste, bien rĂ©elle, que les classes dirigeantes du Vieux continent ont imposĂ©e aux peuples et aux travailleurs·ses depuis des dĂ©cennies. Elles l’ont fait y compris en s’asseyant sur le vote des populations (rĂ©fĂ©rendums sur le TraitĂ© constitutionnel europĂ©en en France et aux Pays-Bas en 2005) ou en imposant Ă  des gouvernements des politiques contraires Ă  celles pour lesquelles ils avaient Ă©tĂ© Ă©lus (cas de la GrĂšce en 2015).

    Dans cet article, l’historienne AurĂ©lie Dianara revient sur le projet d’ « Europe sociale », dĂ©veloppĂ© en particulier par les social-dĂ©mocraties europĂ©ennes dans les annĂ©es 1970, sur des bases nettement plus Ă  gauche que ce qu’avancent tous les dĂ©fenseurs actuels de l’ « Europe sociale ». Elle examine en outre les raisons pour lesquelles la CommunautĂ© Économique EuropĂ©enne (devenue plus tard Union europĂ©enne) s’est bĂątie sur l’abandon de ce projet

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    L’annĂ©e derniĂšre, en vue des prochaines Ă©lections europĂ©ennes, un groupe d’éminent.e.s intellectuel.les français.es de gauche, dont Thomas Piketty et Julia CagĂ©, ont publiĂ© un manifeste affirmant qu’une nouvelle dynamique politique avait Ă©mergĂ© en faveur d’une transformation sociale et Ă©cologique progressive de l’« Europe ». Les crises sanitaire, climatique et gĂ©opolitiques ont – selon les auteur.ices – forcĂ© l’Union europĂ©enne (UE) Ă  ouvrir des brĂšches dans ce que l’on appelle le « consensus de Maastricht ».

    Par exemple, le « pacte de stabilitĂ© et de croissance » (qui oblige les États membres Ă  se conformer aux « critĂšres de Maastricht », en particulier en termes de dĂ©ficit et d’endettement publics) a alors Ă©tĂ© suspendu, un mĂ©canisme de solidaritĂ© sans prĂ©cĂ©dent a Ă©tĂ© crĂ©Ă© sous la forme du paquet « Next Generation EU » de 750 milliards d’euros, soutenu par la crĂ©ation d’obligations de dette mutuelle, et un embryon de politique d’assurance sociale (SURE) a Ă©tĂ© mis en place.

    Ces mesures dĂ©montreraient que le fondement de la politique europĂ©enne depuis les annĂ©es 1990 – Ă  savoir que le carcan fiscal imposĂ© par les institutions europĂ©ennes n’est pas nĂ©gociable – n’est pas aussi solide que les dĂ©cideurs.euses politiques nous l’ont fait croire. Il serait donc essentiel, toujours selon les auteur.ices de ce manifeste, que les partis politiques et la sociĂ©tĂ© civile tirent parti de cette dynamique.

    Un tel argument semble Ă  bien des Ă©gards contre-intuitif. AprĂšs tout, il y a seulement neuf ans, la tentative de Syriza d’initier une telle transformation a Ă©tĂ© Ă©tranglĂ©e par les institutions europĂ©ennes. Les partis de gauche europĂ©ens n’ont globalement fait que stagner, voire reculer depuis lors aux quatre coins du continent, tandis que l’annĂ©e derniĂšre a vu des divisions majeures au sein des gauches, non seulement en GrĂšce, mais aussi en France, en Allemagne et en Espagne, ce qui aura trĂšs probablement un impact nĂ©gatif sur la fortune de la gauche lors des Ă©lections europĂ©ennes de juin prochain.

    À l’approche des Ă©lections du 9 juin, cependant, on entend Ă  nouveau les reprĂ©sentant.es des partis de gauche modĂ©rĂ©e nous parler de la construction d’une « Europe sociale ». Pourtant, contourner partiellement les rĂšgles en pĂ©riode d’exception est une chose, transformer fondamentalement l’UE en est une autre. AprĂšs tout, l’UE que nous connaissons aujourd’hui n’est apparue qu’aprĂšs la dĂ©faite de l’ « Europe sociale » – un projet global, partagĂ© par les partis socialistes et sociaux-dĂ©mocrates, d’une union d’économies fortement rĂ©glementĂ©es, planifiĂ©es, dĂ©mocratisĂ©es et soutenues par des États-sociaux forts.

    Cinquante ans plus tard, un retour sur ce chapitre oubliĂ© de l’histoire du socialisme europĂ©en peut nous aider Ă  informer – ou peut-ĂȘtre Ă  tempĂ©rer – nos propres ambitions politiques quant Ă  la construction d’une « Europe sociale ».
    Quand l’Europe sociale Ă©tait possible

    L’« Europe sociale » a Ă©tĂ© un slogan et une promesse du centre-gauche europĂ©en Ă  l’occasion de chaque Ă©lection europĂ©enne depuis 1979, Ă  tel point que depuis quelques annĂ©es, l’idĂ©e ressemble davantage Ă  une plaisanterie, souvent moquĂ©e comme un rĂȘve qui ne se matĂ©rialisera jamais, ou plus durement attaquĂ©e comme un « alibi » utilisĂ© pour masquer les rĂ©alitĂ©s d’une UE totalement nĂ©olibĂ©rale. Certains, comme le politologue français François Denord, vont jusqu’à qualifier l’« Europe sociale » d’oxymore, les plans d’intĂ©gration europĂ©enne ayant Ă©tĂ© conçus dĂšs le dĂ©part comme un projet Ă©conomique libĂ©ral et capitaliste, pilotĂ© par les États-Unis.[1]

    En effet, dĂšs les premiĂšres dĂ©cennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, sous l’impulsion des forces conservatrices, l’intĂ©gration europĂ©enne a Ă©tĂ© fortement axĂ©e sur la coopĂ©ration Ă©conomique et orientĂ©e vers le libĂ©ralisme Ă©conomique, au dĂ©triment des aspects sociaux. Les partis de gauche et les syndicats n’y ont jouĂ© qu’un rĂŽle marginal.[2]

    Mais il fut un temps, il y a un demi-siĂšcle, oĂč une « autre Europe » semblait possible. Le point culminant de l’« Europe sociale » en tant que projet politique a Ă©tĂ© atteint dans ce que l’on pourrait appeler les « longues annĂ©es 1970 », qui s’étendent grosso modo de la fin des annĂ©es 1960 au milieu des annĂ©es 1980. Au cours de ces annĂ©es, une partie des gauches – qui avaient auparavant Ă©tĂ© divisĂ©es et souvent hostiles aux plans d’unification de l’Europe occidentale – a tentĂ© d’imaginer et de promouvoir un projet alternatif d’unitĂ© europĂ©enne. Ce projet visait Ă  faire de l’« Europe » un instrument au service du progrĂšs social et des intĂ©rĂȘts de la classe ouvriĂšre, en commençant par les CommunautĂ©s europĂ©ennes (CE), le prĂ©curseur de l’UE.[3]

    ImaginĂ©e principalement par les socialistes et les sociaux-dĂ©mocrates europĂ©ens, cette Europe sociale aspirait Ă  utiliser les institutions europĂ©ennes pour rĂ©glementer, planifier et dĂ©mocratiser l’économie, harmoniser les rĂ©gimes sociaux et fiscaux, relever le niveau de vie et amĂ©liorer les conditions de travail, rĂ©duire le temps de travail, et, d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, modifier l’équilibre des forces dans la sociĂ©tĂ© en faveur des travailleurs.euses. Elle intĂ©grait Ă©galement des prĂ©occupations environnementales, des propositions de dĂ©mocratisation des institutions europĂ©ennes et des aspirations Ă  rĂ©Ă©quilibrer l’ordre Ă©conomique international en faveur du « tiers- monde ».

    Le social-dĂ©mocrate nĂ©erlandais Sicco Mansholt, par exemple, longtemps commissaire europĂ©en Ă  l’agriculture puis prĂ©sident de la Commission europĂ©enne en 1972, Ă©tait un fervent partisan du projet. À l’époque, il n’a de cesse de rĂ©pĂ©ter qu’il faut un « second Marx », un « nouveau socialisme, moderne », organisĂ© au niveau europĂ©en, qui ne se contenterait pas de corriger les excĂšs du capitalisme, mais le dĂ©passerait. L’« Europe sociale » Ă©tait, en bref, une proposition pour une UE assez diffĂ©rente de celle que nous habitons aujourd’hui.

    À l’époque, les gauches europĂ©ennes avaient le vent en poupe. Les longues annĂ©es 1970 ont Ă©tĂ© une pĂ©riode d’intenses conflits sociaux en Europe, Ă  commencer par les rĂ©voltes de 1968, qui ont alors renforcĂ© les partis de la gauche radicale Ă  travers le continent, mais ont Ă©galement assurĂ© la fortune Ă©lectorale des forces plus modĂ©rĂ©es. Ces annĂ©es ont constituĂ© un Ăąge d’or de la social-dĂ©mocratie en Europe occidentale aprĂšs 1945 (certains diraient son Ă©tĂ© indien), au cours duquel les sociaux-dĂ©mocrates dirigeaient des gouvernements dans toute l’Europe et des leaders comme Olof Palme, Willy Brandt et Harold Wilson Ă©taient des figures de proue sur la scĂšne politique internationale.

    Dans le mĂȘme temps, de nouvelles perspectives semblaient s’ouvrir aux partis communistes d’Europe occidentale ; leurs succĂšs Ă©lectoraux, particuliĂšrement remarquables en France et en Italie, les poussaient Ă  rĂ©flĂ©chir sĂ©rieusement Ă  la maniĂšre d’exercer le pouvoir dans une dĂ©mocratie parlementaire. Les syndicats europĂ©ens connaissaient Ă©galement leur apogĂ©e depuis la guerre en termes de nombre et de combativitĂ©, et Ă©taient dĂ©sireux de traduire ces gains en rĂ©formes Ă  long terme.
    Imaginer une Europe des travailleurs·ses

    Au milieu des annĂ©es 1970, les institutions europĂ©ennes Ă©taient donc dominĂ©es par les reprĂ©sentants des partis de gauche et de centre-gauche, et une large alliance en faveur d’une Europe sociale Ă©tait – au moins en thĂ©orie – concevable. Les partis socialistes, les principaux syndicats et, dans une moindre mesure, les partis communistes commençaient Ă  renforcer considĂ©rablement leur coopĂ©ration transnationale afin de mieux influencer la politique europĂ©enne.[4]

    Des Ă©tapes importantes de cette europĂ©anisation ont Ă©tĂ© la crĂ©ation de la ConfĂ©dĂ©ration des partis socialistes de la CommunautĂ© europĂ©enne en 1974, prĂ©curseur de l’actuel Parti socialiste europĂ©en, ainsi que de la ConfĂ©dĂ©ration europĂ©enne des syndicats (CES) en 1973, qui rĂ©unissait des syndicats de tradition sociale-dĂ©mocrate, chrĂ©tienne-sociale et communiste et reprĂ©sentait environ 40 millions de travailleurs.euses.

    Le Chancelier allemand Willy Brandt prĂŽnait alors une « union sociale europĂ©enne », tandis que le nouveau Parti socialiste français dirigĂ© par François Mitterrand, en alliance avec les communistes depuis 1972, poussait Ă  une rĂ©forme radicale de « l’Europe du capital ». Les partis socialistes des CE ont adoptĂ© leur premier programme « Pour une Europe sociale » en avril 1973 Ă  Bonn.

    Dans les annĂ©es qui suivirent, ils ont Ă©laborĂ© un premier programme Ă©lectoral europĂ©en, assez radical. Les syndicats europĂ©ens ont Ă©galement formulĂ© Ă  la mĂȘme Ă©poque un programme dĂ©taillĂ© et combatif pour l’« Europe des travailleurs », qui proposait une alternative europĂ©enne aux solutions nĂ©olibĂ©rales, notamment un contrĂŽle accru du capital, une planification Ă©conomique dĂ©mocratique et un contrĂŽle des entreprises par les travailleurs.euses.

    Plusieurs propositions d’« Europe sociale » ont Ă©tĂ© inscrites Ă  l’ordre du jour des dĂ©cideurs.ses europĂ©en.nes au cours de ces annĂ©es. Les efforts des gauches europĂ©ennes ont Ă©tĂ© dĂ©terminants pour le premier Programme d’action sociale (PAS) adoptĂ© par les CE en 1974, qui a dĂ©bouchĂ© sur l’adoption d’un certain nombre de directives et de mesures europĂ©ennes.

    Celles-ci comprenaient le renforcement du Fonds social europĂ©en et la crĂ©ation d’agences europĂ©ennes pour la formation professionnelle et pour les conditions de vie et de travail. Mais les progrĂšs les plus marquĂ©s concernaient l’égalitĂ© entre les hommes et les femmes et la santĂ© et la sĂ©curitĂ© au travail, grĂące Ă  l’adoption d’une sĂ©rie de directives par le Conseil au cours de la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1970.

    Bien que cela soit aujourd’hui largement oubliĂ©, la fin des annĂ©es 1970 et le dĂ©but des annĂ©es 1980 ont par ailleurs connu une mobilisation exceptionnelle des syndicats europĂ©ens. Deux campagnes ont Ă©tĂ© particuliĂšrement marquantes. Tout d’abord, la bataille pour une stratĂ©gie Ă©conomique alternative, orientĂ©e vers l’emploi, dans laquelle la gauche europĂ©enne avait alors dĂ©cidĂ© de mettre en avant une revendication en particulier : la rĂ©duction du temps de travail sans perte de salaire.

    D’autre part, la bataille pour la dĂ©mocratisation du travail et de l’économie, qui aboutit en 1980 Ă  la proposition d’une directive europĂ©enne pour les droits des travailleurs.euses Ă  l’information et Ă  la consultation dans les entreprises multinationales (la « directive Vredeling »).

    Cette proposition, qui portait le nom du commissaire aux affaires sociales Henk Vredeling, un social- dĂ©mocrate nĂ©erlandais, contenait des propositions qui auraient obligĂ© les entreprises multinationales Ă  informer et Ă  consulter les reprĂ©sentants des travailleurs.euses sur toutes les questions « susceptibles d’affecter substantiellement les intĂ©rĂȘts des travailleurs ». Elle aurait lĂ©galement obligĂ© toutes les entreprises employant plus de 99 salariĂ©s dans la CE, y compris les entreprises non europĂ©ennes, Ă  rendre des comptes aux travailleurs.euses de leurs filiales europĂ©ennes.

    La directive touchait au cƓur de l’immunitĂ© juridique de facto des multinationales, menaçait directement les prĂ©rogatives du capital transnational et provoqua une rĂ©action fĂ©roce de la part des organisations patronales, des milieux d’affaires internationaux et des forces conservatrices et libĂ©rales.
    La défaite

    Au dĂ©but des annĂ©es 1980, la vision de la gauche europĂ©enne pour l’Europe commence Ă  perdre du terrain face au centre-droit et au formules nĂ©olibĂ©rales. Entre 1979 et 1982, les partis conservateurs reviennent au pouvoir au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Allemagne de l’Ouest lorsque Margaret Thatcher, Ronald Reagan et Helmut Kohl sont Ă©lus. Il s’agissait en partie d’une rĂ©ponse Ă©lectorale au virage des partis sociaux-dĂ©mocrates vers des politiques d’austĂ©ritĂ© Ă  la suite de la crise Ă©conomique qui a suivi le choc pĂ©trolier de 1973.

    La mise en Ɠuvre du programme du MarchĂ© unique et de l’Union Ă©conomique et monĂ©taire dans la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1980 marque alors une libĂ©ralisation Ă©conomique et la mise en place de contraintes budgĂ©taires croissantes, qui mettent les États-sociaux nationaux sous pression. L’« Europe sociale » – ou, du moins, ce projet prĂ©cis d’Europe sociale soutenue par les gauches europĂ©ennes pendant prĂšs de deux dĂ©cennies – avait Ă©tĂ© mise en Ă©chec.

    Les raisons pour lesquelles la voie vers l’« Europe sociale » n’a pas Ă©tĂ© empruntĂ©e sont complexes. Certaines d’entre elles Ă©taient « exogĂšnes » Ă  la gauche elle-mĂȘme. Comme la popularitĂ© croissante des solutions « nĂ©olibĂ©rales » parmi les milieux d’affaires europĂ©ens (par exemple l’Union des industriels des pays de la CommunautĂ© europĂ©enne (UNICE), prĂ©curseur de l’actuelle « Business Europe ») et les partis conservateurs.

    Des facteurs structurels et institutionnels ont Ă©galement favorisĂ© une Europe orientĂ©e vers le marchĂ©. La plupart des questions de politique sociale et fiscale, telles que l’impĂŽt sur le revenu, Ă©taient (et restent encore) exclues des compĂ©tences des CE – ou, si elles ne le sont pas, font l’objet d’un vote unanime au sein du Conseil, ce qui rend les progrĂšs dans ce domaine presque impossibles.

    Le processus institutionnel particulier de prise de dĂ©cision de la CE/UE a Ă©galement rendu l’« intĂ©gration nĂ©gative » – c’est-Ă -dire la dĂ©rĂ©glementation et la libĂ©ralisation Ă©conomiques Ă  l’échelle de l’UE – plus facile que l’ « intĂ©gration positive ». En outre, les diffĂ©rences en matiĂšre de politique sociale entre les États membres de l’UE ont Ă©galement jouĂ© un rĂŽle : avec les Ă©largissements successifs de l’Europe, la variĂ©tĂ© de plus en plus complexe des modĂšles sociaux (systĂšme universel dans les pays scandinaves, modĂšle « chrĂ©tien-dĂ©mocrate » dans les pays continentaux comme la France et l’Allemagne, modĂšle libĂ©ral anglo-saxon relativement autarcique et modĂšle mĂ©diterranĂ©en avec des dĂ©penses plus faibles) a rendu l’harmonisation de plus en plus difficile.[5]

    NĂ©anmoins, des faits « endogĂšnes » Ă  la gauche europĂ©enne allaient finalement s’avĂ©rer dĂ©cisifs dans sa dĂ©faite. Les divisions internes au sein du camp social-dĂ©mocrate sur la politique europĂ©enne et les stratĂ©gies d’opposition au nĂ©olibĂ©ralisme Ă©taient profondes et ont eu des consĂ©quences trĂšs concrĂštes sur l’(in)capacitĂ© de la gauche Ă  prĂ©senter un front uni. Des divergences majeures sont apparues entre certains socialistes du « Sud », comme le Parti socialiste français – qui prĂŽnait Ă  l’époque l’autogestion, les nationalisations et la planification Ă©conomique du niveau local au niveau europĂ©en – et certains sociaux-dĂ©mocrates du « Nord », comme le SPD allemand, qui privilĂ©giait son modĂšle de codĂ©termination des entreprises et Ă©tait plus rĂ©ticent Ă  l’idĂ©e de parler de planification Ă©conomique.

    Mais il existait Ă©galement de nombreuses divisions internes au sein des partis sociaux-dĂ©mocrates, notamment entre les nouveaux courants de gauche du socialisme europĂ©en, soutenus par de jeunes militants de base, qui promouvaient des stratĂ©gies Ă©conomiques alternatives visant Ă  limiter l’entreprise privĂ©e, Ă  Ă©tendre le secteur public et les nationalisations et Ă  accroĂźtre le contrĂŽle du capital, et le courant mainstream de la social-dĂ©mocratie europĂ©enne qui prĂ©fĂ©rait une forme renforcĂ©e de capitalisme social keynĂ©sien, sans parler des courants plus Ă  droite, auxquels appartenaient Ă  la fois Helmut Schmidt, Ă  la tĂȘte du SPD depuis 1974 et James Callaghan, le leader du parti travailliste depuis 1976.

    Ces tensions sont restĂ©es constantes malgrĂ© les efforts dĂ©ployĂ©s pour accroĂźtre la coopĂ©ration entre les syndicats et les partis au niveau europĂ©en. Bien qu’il y ait eu une large unitĂ© sur des thĂšmes gĂ©nĂ©raux (tels que l’harmonisation sociale vers le haut et la rĂ©duction du temps de travail), des dĂ©saccords majeurs persistaient sur des questions institutionnelles importantes telles que les pouvoirs Ă  octroyer au Parlement europĂ©en (PE) ou la participation des travailleurs.euses Ă  la gestion des entreprises.

    En outre, les structures chargĂ©es d’assurer la coordination internationale et europĂ©enne des partis Ă©taient relativement faibles, manquant de ressources et restant essentiellement non contraignantes dans leurs dĂ©cisions. D’ailleurs, aprĂšs plusieurs annĂ©es de discussions laborieuses dans la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1970, les partis socialistes des CE ont fini par renoncer Ă  l’adoption d’un programme Ă©lectoral commun contraignant pour les premiĂšres Ă©lections europĂ©ennes.

    L’ambivalence du parti travailliste britannique Ă  l’égard des CE a Ă©galement fait obstacle Ă  l’avĂšnement d’une « Europe sociale ». La perspective de l’adhĂ©sion du Royaume-Uni avait reprĂ©sentĂ© l’un des principaux espoirs des socialistes europĂ©ens de pousser les CE vers la gauche au dĂ©but des annĂ©es 1970.

    Cependant, bien que des dirigeants de parti comme Harold Wilson soient devenus de plus en plus favorables au marchĂ© commun dĂšs le milieu des annĂ©es 1960, la dĂ©cision du parti de « boycotter » les institutions europĂ©ennes jusqu’au rĂ©fĂ©rendum de 1975, puis de s’abstenir de participer aux travaux sur le programme socialiste europĂ©en commun au cours des annĂ©es suivantes, a affaibli le front socialiste.[6]

    Il en va de mĂȘme pour le boycott des institutions europĂ©ennes par le Trades Union Congress (TUC), la principale confĂ©dĂ©ration syndicale britannique, bien que la ligne dure du mouvement syndical britannique Ă  l’égard du marchĂ© commun ait poussĂ© la CES Ă  adopter une position plus radicale et combative Ă  l’égard des institutions europĂ©ennes au cours de la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1970. Le TUC et le parti travailliste, dont les flancs gauches Ă©taient particuliĂšrement hostiles aux CE, craignaient que la contribution financiĂšre du Royaume-Uni Ă  la CE ne gĂ©nĂšre un dĂ©ficit budgĂ©taire et ne donne au gouvernement un prĂ©texte pour appliquer des politiques d’austĂ©ritĂ©.

    Ils craignaient Ă©galement que le marchĂ© commun ne sape les relations commerciales avec les pays du Commonwealth et n’entrave le dĂ©veloppement des pays du Tiers-monde. Ils Ă©taient tous deux opposĂ©s Ă  la politique agricole commune (qu’ils considĂ©raient comme une charge insupportable pour un pays qui dĂ©pendait principalement des importations agricoles du Commonwealth), Ă  la future union Ă©conomique et monĂ©taire et Ă  la politique de concurrence de la CE, qui, selon eux, limitait la capacitĂ© des États Ă  intervenir dans l’économie et la sociĂ©tĂ©.

    Outre les divisions internes, une autre cause clĂ© de l’échec de l’ « Europe sociale » a Ă©tĂ© l’incapacitĂ© des gauches Ă  construire une coalition efficace au niveau europĂ©en. MĂȘme si tous s’accordaient Ă  dire qu’une large alliance Ă©tait nĂ©cessaire pour construire une « autre Europe », les positions des diffĂ©rents partis de la famille socialiste divergeaient sur la forme que celle-ci devrait prendre. Certains, comme les socialistes français, Ă©taient favorables Ă  une « Union de la gauche » au niveau europĂ©en avec les partis communistes – dont beaucoup adoptaient Ă  l’époque des stratĂ©gies dites « eurocommunistes » et une attitude rĂ©formiste envers les CE, Ă  commencer par le Parti communiste italien.

    D’autres sociaux-dĂ©mocrates prĂ©fĂ©raient se tourner vers la droite, vers les forces « dĂ©mocratiques et progressistes » au sein des familles de partis dĂ©mocrates-chrĂ©tiens et libĂ©raux. La direction du SPD, par exemple, s’opposait fermement Ă  toute collaboration avec les partis communistes. Ces tensions ont perdurĂ© tout au long de la dĂ©cennie et se sont rĂ©vĂ©lĂ©es ĂȘtre une faiblesse majeure lorsque l’offensive de la droite a vĂ©ritablement pris de l’ampleur.[7]
    L’offensive patronale et la faiblesse du mouvement social europĂ©en

    MĂȘme si les divisions au sein de la gauche europĂ©enne avaient Ă©tĂ© moindres, les promoteurs de l’ « Europe sociale » n’avaient pas les capacitĂ©s de lobbying nĂ©cessaires pour imposer leur programme au sein des institutions europĂ©ennes. Le lobby de la classe patronale en pleine effervescence, en revanche, s’est avĂ©rĂ© d’une efficacitĂ© dĂ©vastatrice.[8]

    Les dĂ©bats sur la directive Vredeling au Parlement europĂ©en ont Ă©tĂ© accompagnĂ©s de la campagne de lobbying la plus coĂ»teuse et la plus intensive de l’histoire du Parlement europĂ©en jusqu’alors. Les syndicats europĂ©ens et les partis sociaux-dĂ©mocrates, quant Ă  eux, se sont rĂ©vĂ©lĂ©s incapables de contrer l’offensive du capital europĂ©en, peu habituĂ©s qu’ils Ă©taient Ă  naviguer dans les couloirs du pouvoir transnational « multiniveau ».

    En effet, Ă  l’exception du gouvernement Brandt au dĂ©but des annĂ©es 1970, les gouvernements socialistes europĂ©ens n’ont pas rĂ©ussi Ă  faire avancer les propositions d’« Europe sociale » au sein du Conseil. Au cours de la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1970, par exemple, les États membres des CE (y compris les gouvernements dirigĂ©s par les sociaux-dĂ©mocrates) ont abandonnĂ© leur engagement antĂ©rieur de rĂ©diger un deuxiĂšme PAS.

    Lorsque les socialistes sont arrivĂ©s au pouvoir en France en 1981 et ont remis l’ « Europe sociale » Ă  l’ordre du jour, la gauche avait perdu sa majoritĂ© au Conseil ; les idĂ©es de Mitterrand ont Ă©tĂ© poliment ignorĂ©es, y compris par Schmidt, qui n’avait jamais adhĂ©rĂ© Ă  l’ « union sociale » de son prĂ©dĂ©cesseur Brandt. La nĂ©cessitĂ© d’obtenir l’unanimitĂ© au sein du Conseil a certainement entravĂ© les progrĂšs vers une Europe de l’économie planifiĂ© et rĂ©gulĂ©e, et de la redistribution. Mais si les gouvernements allemand, britannique et français avaient dĂ©fendu avec dĂ©termination un agenda « social » Ă  la fin des annĂ©es 1970 et au dĂ©but des annĂ©es 1980, les choses auraient pu prendre une autre direction.

    Mais en derniĂšre analyse, l’une des principales raisons de la dĂ©faite de l’« Europe sociale » a Ă©tĂ© l’incapacitĂ© de la gauche europĂ©enne Ă  susciter une mobilisation transnationale « d’en bas » en faveur d’un changement radical au niveau europĂ©en. Une telle mobilisation aurait Ă©tĂ© nĂ©cessaire pour renverser le rapport de force en faveur des travailleur.euses. Hormis un rassemblement symbolique sous la Tour Eiffel quelques jours avant les premiĂšres Ă©lections au PE, les partis socialistes europĂ©ens n’ont jamais envisagĂ© de mobiliser leurs militants et sympathisants en faveur de leur vision de l’avenir du continent.

    Tout au long des longues annĂ©es 1970, la politique europĂ©enne est restĂ©e l’affaire des chefs de parti et n’a constituĂ© qu’une prĂ©occupation marginale pour les membres des Ă©chelons moyens et infĂ©rieurs des partis socialistes. Les partis de gauche n’ont pas non plus rĂ©ussi Ă  intĂ©grer les nouveaux mouvements sociaux, tels que le mouvement antinuclĂ©aire en Allemagne ou les campagnes de dĂ©sarmement en plein essor, au moment oĂč ceux-ci semblaient reprĂ©senter l’avant-garde de la mobilisation progressiste sur le continent. CombinĂ©es au dĂ©clin progressif de l’organisation de la classe ouvriĂšre et Ă  la fragmentation du vote ouvrier Ă  partir des annĂ©es 1980, les perspectives de mobilisation populaire en faveur d’une Europe alternative s’éloignaient de plus en plus, tandis que l’Europe nĂ©olibĂ©rale devenait rapidement une rĂ©alitĂ©.

    Les choses Ă©taient un peu diffĂ©rentes sur le front syndical, oĂč des tentatives de construire un mouvement transnational de travailleurs.euses en faveur d’une « Europe sociale » ont bel et bien existĂ© Ă  la fin des annĂ©es 1970 et au dĂ©but des annĂ©es 1980. La « JournĂ©e d’action europĂ©enne » et la « Semaine d’action europĂ©enne » organisĂ©es par la CES en 1978 et 1979, qui ont vu des millions de travailleurs.euses participer Ă  des initiatives diverses, Ă  des manifestations et Ă  des grĂšves, ont marquĂ© une phase d’activisme particuliĂšrement incisive dans l’histoire du syndicalisme europĂ©en.

    Cependant, une proposition des syndicats français et belges d’organiser une grĂšve coordonnĂ©e Ă  l’échelle europĂ©enne Ă  l’époque a Ă©tĂ© rejetĂ©e par une majoritĂ© du comitĂ© exĂ©cutif de la CES, et la plus grande confĂ©dĂ©ration syndicale des CE n’a pas su Ă©tablir de liens organiques avec les syndicats nationaux pour ces campagnes, ou Ă  mobiliser les travailleurs.euses en faveur de ses principaux objectifs politiques.[9]
    Pour une Europe socialiste

    L’échec des gauches europĂ©ennes Ă  construire une Europe « sociale » – ou plutĂŽt socialiste – au cours des longues annĂ©es 1970 est riche d’enseignements pour la pĂ©riode actuelle. D’une part, il suggĂšre la nĂ©cessitĂ© d’un certain degrĂ© de pessimisme quant Ă  la possibilitĂ© de transformer un jour l’UE en un instrument de progrĂšs social, dĂ©mocratique et Ă©cologique. Il convient de souligner qu’au cours des longues annĂ©es 1970, le rapport de force Ă©tait beaucoup plus favorable Ă  la gauche et au mouvement ouvrier que ce n’est le cas aujourd’hui, et que le cadre de la gouvernance socio-Ă©conomique europĂ©enne Ă©tait bien plus mallĂ©able.

    Avec vingt-sept États membres siĂ©geant au Conseil, un nĂ©olibĂ©ralisme plus profondĂ©ment ancrĂ© dans les traitĂ©s et les politiques europĂ©ennes que jamais, et un nombre croissant de gouvernements qui basculent Ă  droite et Ă  l’extrĂȘme droite, les tentatives de rĂ©imaginer une « Europe sociale » pour le XXIe siĂšcle ressemblent de plus en plus Ă  une chimĂšre. Si les crises rĂ©centes semblaient avoir ouvert de petites brĂšches dans le consensus de Maastricht, elles sont loin d’ĂȘtre suffisantes pour inverser la tendance.

    Pendant ce temps, les forces conservatrices et nĂ©olibĂ©rales sont dĂ©jĂ  occupĂ©es Ă  rĂ©affirmer l’austĂ©ritĂ©. Un exemple suffit Ă  l’affirmer : la nouvelle version du « pacte de stabilitĂ© » adoptĂ©e par le Parlement europĂ©en le 17 janvier 2024, qui, derriĂšre l’écran de fumĂ©e d’une « plus grande flexibilitĂ© », renforcera les possibles sanctions contre les pays dont la dette publique dĂ©passe 60% du PIB, renforcera la super-austĂ©ritĂ© permanente et fera obstacle Ă  tout investissement significatif de bifurcation Ă©cologique par l’État (sans parler de la rĂ©cente proposition du Conseil europĂ©en d’imposer 100 milliards de coupes dans les annĂ©es Ă  venir).[10]Ces dĂ©cisions n’ont pas tardĂ© Ă  se faire ressentir en France, avec la rĂ©cente annonce de 10+10 milliards d’« Ă©conomies » – c’est-Ă -dire de coupes budgĂ©taires – par Bruno Le Maire.

    En mĂȘme temps, l’histoire de la dĂ©faite de l’ « Europe sociale » devrait enjoindre celles et ceux qui, Ă  gauche, croient encore que l’UE peut ĂȘtre changĂ©e – ou peut-ĂȘtre supplantĂ©e par un autre type de coopĂ©ration europĂ©enne – Ă  travailler sans relĂąche pour surmonter leurs divisions internes et leurs faiblesses stratĂ©giques.

    On peut admettre – bien que cela soit plutĂŽt discutable – que certain.es pensent qu’il y a des raisons d’ĂȘtre optimiste aujourd’hui, car les partis sociaux-dĂ©mocrates, les verts et la gauche radicale, les syndicats et la sociĂ©tĂ© civile sont relativement mieux organisĂ©s au niveau europĂ©en qu’ils ne l’étaient autrefois, les citoyen.nes sont plus attentifs Ă  la politique europĂ©enne et, Ă  la faveur de la crise climatique, les citoyen.nes sont poussĂ©es Ă  rĂ©flĂ©chir et Ă  se mobiliser au plan transnational.

    Cependant, pour faire Ă©voluer le projet europĂ©en dans une direction radicalement diffĂ©rente, les gauches devraient construire une alliance vĂ©ritablement transnationale clairement opposĂ©e aux versions nĂ©olibĂ©rales et conservatrices de l’ « Europe », se mettre d’accord sur un programme commun pour une Europe sociale, Ă©cologiste, dĂ©mocratique et transfĂ©ministe orientĂ©e vers les intĂ©rĂȘts des travailleurs.ses et des classes populaires, et lancer une offensive politique et sociale basĂ©e sur une mobilisation populaire de masse.

    Toute autre stratĂ©gie, comme l’ont appris Ă  leurs dĂ©pens les gauches des annĂ©es 1970, est de l’ordre du wishfull thinking et restera vouĂ©e Ă  l’échec.

    *

    AurĂ©lie Dianara est chercheuse post-doctorale en histoire sociale et politique europĂ©enne basĂ©e Ă  Paris, militante de Potere al Popolo en Italie et membre de l’équipe Ă©ditoriale de Contretemps. Elle est l’autrice de Social Europe, The Road Not Taken. The Left and European integration in the Long 1970s (Oxford University Press, 2022), dont nous avons publiĂ© un compte-rendu.

    NB : Une version lĂ©gĂšrement diffĂ©rente de cet article est parue dans la version papier de Jacobin Germany en mars 2024.

    • En plus concis, j’écoute LSD sur Mendela et un de ses compagnons de route raconte que Mendela arrive au pouvoir avec un gros programme social et Ă©conomique fondĂ© sur la nationalisation des ressources et la redistribution des richesses, va faire un tour Ă  Davos comme tous les chefs d’État et revient en disant que son programme ne va pas ĂȘtre possible et se met Ă  faire la mĂȘme politique que tout le monde.

  • La gauche radicale sauf devant l’école de la Ve RĂ©publique ?
    ▻https://www.frustrationmagazine.fr/ecole-gauche

    Le rendez-vous avait Ă©tĂ© annoncĂ© en grande pompe sur les rĂ©seaux sociaux : Jean-Luc MĂ©lenchon allait participer au Zawa-show chez Dany et Raz. Assis sur des fauteuils dans le dĂ©cor kitch d’une Ă©mission de Stream, la conversation avait dĂ©marrĂ© tranquillement par des considĂ©rations philosophiques sur Camus, le sens de l’engagement et l’existentialisme, avant de dĂ©river [
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