• Silke Helfrich : l’une des grandes ambassadrices du mouvement des communs - Europe Solidaire Sans Frontières
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article60221

    La montagne est décidément terrible pour les commoners. Quelques mois après la chute de Philippe Aigrain, voici qu’une promenade dans les Alpes nous prive du sourire et de la volonté et l’activité débordante de Silke Helfrich.

    #Communs #Silke_Helfrich

  • Fair, frei und lebendig | Heinrich-Böll-Stiftung
    https://www.boell.de/de/2021/11/15/fair-frei-und-lebendig

    Fair, frei und lebendig

    Das war und bleibt Silke Helfrichs Leben.

    Nun trauern wir um sie, die langjährige Mitarbeiterin, die Kollegin, die Freundin.

    Wir sind fassungslos, dass Silke am 10. November bei einer Wanderung in den Liechtensteiner Alpen tödlich verunglückt ist. Zum am Nachmittag geplanten Vortrag kam sie nicht mehr zurück. Sie wurde mitten aus dem Leben gerissen.

    Un hommage à Silke Helfrich qui vient de disparaître dans un accident de montagne.

    Ci après la traduction en français

    https://www.boell.de/de/2021/11/15/fair-frei-und-lebendig

    Juste, libre et vivante

    C’était et ce sera toujours la vie de Silke Helfrich.

    Nous pleurons maintenant sa disparition, celle d’une collaboratrice, d’une collègue et d’une amie de longue date.

    Nous sommes abasourdis d’apprendre que Silke est décédée accidentellement le 10 novembre lors d’une randonnée dans les Alpes du Liechtenstein. Elle n’est pas revenue pour la conférence prévue l’après-midi. Elle a été arrachée à la vie.

    Elle laisse un vide énorme dans la recherche sur les biens communs et dans la communauté internationale des biens communs. Depuis 2007, elle y avait acquis une large reconnaissance, s’était fait de nombreux amis et avait fondé avec eux, entre autres, le Commons-Institut, et avait encouragé de nombreux jeunes par l’organisation d’écoles d’été. Elle leur manquera à tous autant qu’à nous. Avec le rayonnement intellectuel qui lui est propre et un tempérament de battante, Silke a laissé des traces durables.

    À la Fondation Heinrich Boëll, nous nous souvenons de Silke Helfrich comme d’une collègue, avant qu’elle ne se mette à son compte en tant que chercheuse, auteur de nombreux livres, blogueuse et conférencière. Silke était étroitement liée à la Fondation depuis sa création au milieu des années 1990. Elle a grandi dans un petit village de la partie thuringienne de la rhénanie et a étudié les langues romanes, les sciences sociales et la pédagogie à Leipzig. De 1996 à 1998, elle a été directrice régionale de la fondation Heinrich Boëll en Thuringe. Jeune, avec des idées, de la persévérance et de la ténacité, elle a réussi à mettre en place la fondation du Land de Thuringe.

    De là, Silke s’est ensuite tournée vers le monde. Dès 1999, elle a pris la direction du bureau régional de la fondation Heinrich Boëll pour l’Amérique centrale à San Salvador. En 2004, elle a été nommée directrice fondatrice du bureau de la fondation pour le Mexique et les Caraïbes à Mexico City.

    Où qu’elle soit et avec qui qu’elle soit, Silke a toujours travaillé avec passion, avec une grande sensibilité, en se tournant vers ses compagnes et compagnons de lutte et en utilisant toutes ses forces. La justice, les droits de l’homme et de la femme, l’équité et la liberté étaient son leitmotiv. Par son attitude, son ouverture créative et sa passion, elle a été une source de courage et un modèle.

    Silke a laissé des traces profondes et a été respectée par nos partenaires de projet et par ses collègues. Au Mexique, elle a donné des impulsions à l’ensemble de la fondation bien au-delà de sa compétence régionale. Elle a ainsi assumé des responsabilités au sein de l’équipe de direction de l’Ecofair Trade Dialogue, un projet de dialogue sur l’agriculture et le commerce mené par la fondation en coopération avec le Wuppertal Institut.

    C’est déjà pendant son séjour au Mexique qu’elle a commencé son voyage à la redécouverte des biens communs. C’est aussi là qu’elle a rencontré pour la première fois en 2006 David Bollier, son futur collègue et cofondateur du Commons Strategies Group (CSG). Bollier était venu à une conférence organisée par le bureau de Mexico, qui portait sur les similitudes structurelles entre les biens communs traditionnels, par exemple l’utilisation indigène des terres et des ressources, et la lutte contre l’enclosure des biens communs à l’ère des droits de propriété intellectuelle (semences libres, Creative Commons, logiciels open source, Wikipedia). (Le résultat a été le dossier « Genes, bytes y emisiones : Bienes comunes y ciudadanía, 2008 » - https://mx.boell.org/sites/default/files/bienes_comunes_total_ediboell.pdf ).

    Le rapport sur les biens communs : la prospérité par le partage a été sa première grande publication après son retour en Allemagne.

    Il s’en est suivi des réunions politiques autour des biens communs qui ont animé pendant plusieurs années le débat, surtout en Allemagne fédérale.

    Lors d’une rencontre organisée par la fondation à Crottorf en 2009, Bollier et Helfrich ont finalement trouvé en Michel Bauwens le troisième membre du Commons Strategies Group. Initiées par le CSG et en collaboration avec un réseau international de Commoners et la fondation, deux conférences internationales ont été organisées dans notre maison de la fondation : l’International Commons Conference en 2010 et l’Economics and the Commons Conference en 2013. Deux ans plus tard, ces conférences ont donné naissance aux deux premières anthologies des biens communs coordonnées avec David Bollier.

    Plusieurs « Deep Dives » ont ensuite créé, en tant qu’espace de réflexion. Elle y trouvera la base de son dernier grand ouvrage, qu’elle a écrit en 2019 avec David Bollier : Libre, juste et vivant : Le pouvoir des biens communs. Le livre est déjà paru en anglais et en espagnol. Une version grecque et une version française sont en cours d’élaboration.

    Regarder la réalité sous un angle nouveau, dépasser les anciennes dichotomies - comme celle du marché et de l’État -, repenser les droits de propriété et d’usage, équilibrer différemment la création de valeur et sa valorisation économique et chercher des pratiques de communs pour une cohabitation réussie ici et maintenant, tel était l’agenda de recherche révolutionnaire de Silke. Silke voulait avant tout rendre visible ce qui se passe maintenant et les nouvelles pratiques sociales qui se déroulent partout dans le monde. La Solawi de Heilbronn ou l’association des amis des champignons étaient aussi importantes pour elle que le Commons Strategies Group. « Je veux être sur place, m’immerger, prendre le temps », nous écrivait-elle récemment.

    Avec ses compagnes et compagnons de lutte, Silke était une pionnière. Avec une grande passion, elle était à la fois une intellectuelle et une activiste. Son œuvre merveilleuse restera avec et chez nous. Nous allons la préserver et la promouvoir.

    Nous présentons nos sincères condoléances à Paul et Clara, Jacques, Gina et Nick, Kai et à leur famille.

    Barbara Unmüßig, Heike Löschmann, Jörg Haas

    Antonie Nord, Joanna Barelkowska, Ingrid Spiller, Michael Álvarez Kalverkamp, Burkhard Kolbmüller, Dr. Matias Mieth, Solveig Negelen

    #Silke_Helfrich #Communs

  • Frama, c’est aussi de la #médiation aux #communs numériques
    https://framablog.org/2021/10/26/frama-cest-aussi-de-la-mediation-aux-communs-numeriques

    De l’édition de livres aux ateliers et conférences, des interviews aux traductions sur le blog et jusqu’au podcast… À Framasoft, nous explorons de nombreuses manières de partager ce que nous savons et d’apporter notre pierre à l’édifice des communs culturels. … Lire la suite­­

    #Contributopia #Frama_c'est_aussi #Commun #Communaute #Conference #Conferences #contributopia #Framablog #Framabook #Framalang #Médias #UPLOAD

  • Contre les GAFAM du légume
    https://framablog.org/2021/10/03/contre-les-gafam-du-legume

    Nous avons interrogé Éric Marchand, de la coopérative Jardin’enVie, qui produit et conserve des variétés de semences paysannes. L’univers impitoyable des semenciers n’a rien à envier à celui des GAFAM, nous explique-t-il, dans un rapprochement saisissant entre les militantismes libriste … Lire la suite­­

    #Communs #Contributopia #Interview #Militantisme #Communaute

  • Une santé publique « sous toutes les latitudes » ? - Mon blog sur l’écologie politique
    https://blog.ecologie-politique.eu/post/Une-sante-publique-sous-toutes-les-latitudes

    Nous peinons à imaginer l’impact que peut avoir le simple fait de tomber malade et de rester alité·e dans un pays sans couverture médicale ni protection sociale qui assure le revenu des malades jusqu’à leur rétablissement. Nous ignorons les épisodes les plus graves de la pandémie, la vulnérabilité particulière des peuples autochtones d’Amazonie, les cadavres laissés à la rue en Bolivie ou en Équateur, les mort·es enterré·es en catimini dans des fosses communes au Pérou, le chaos en Inde. Le monde s’arrête à notre porte, aux 100 000 morts françaises.

    […]

    Outre le mensonge flagrant, le chef de l’État a une vision très étroite de « sous toutes les latitudes » car en même temps qu’il tord brutalement le bras de ses administré·es pour les vacciner, il contribue à priver le reste du monde de ce vaccin qui n’a que des avantages. Une action juridique est en cours auprès de l’Organisation mondiale du commerce pour demander une suspension des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins Covid. Les USA de Joe Biden ont accepté de soutenir cette demande mais l’action piétine. Quels sont les pays qui font obstacle à cette action de santé publique globale ? Ils sont en rouge sur la carte.

    #covid-19 #vaccin #brevet #communs #internationalisme #Aude_Vidal

  • Décès de Philippe Aigrain : une grande perte pour les libertés numériques

    Philippe Aigrain est inclassable. Randonneur émérite, il aimait tant arpenter les chemins des Pyrénées qu’il en avait fait son twitname (@balaitous). Pourtant une chute lors d’une sortie en montagne vient de lui être fatale. Une grande tristesse pour toutes celles et ceux qui l’ont croisé et accompagné dans ses multiples projets. Avec les quelques mots qui suivent, je voudrais adresser toute mon amitié à Mireille qui l’accompagnait depuis si longtemps, en souvenir d’une belle ballade tous les trois autour de leur maison.

    Philippe a été un inlassable défenseur des logiciels libres quand il œuvrait dans les bureaux de la Commission européenne. Partant ce ce mouvement, il a découvert très tôt l’enjeu des communs, notamment des communs numériques et de la connaissance. Avec son ouvrage Cause commune, l’information entre bien commun et propriété, il fut le premier à ré-introduire en France la notion de communs en relation avec le nouveau statut de la connaissance à l’ère des réseaux numériques. Un projet sans cesse à remettre sur le chantier, comme par exemple aujourd’hui autour de la question des brevets sur les vaccins contre le Covid.

    Je me souviens de la préparation de la conférence et du livre Pouvoir savoir, Le développement face aux biens communs de l’information et à la propriété intellectuelle , en 2005, sur la relation entre la connaissance et le développement. Alors qu’à la suite des débats de l’époque j’étais principalement focalisé sur le côté négatif, sur le poids que les extrémistes de la propriété intellectuelle faisaient peser sur le développement, Philippe a longuement insisté sur la nécessité de parler des biens communs comme de l’alternative adaptée à cette question. Il avait totalement raison.


    (Philippe Aigrain lors de la rencontre internationale des communs. Berlin, 2010.)

    Inlassable défenseur des libertés, Philippe a très tôt compris le risque que le numérique faisait peser sur les libertés individuelles. En créant en 2008 La Quadrature du Net avec Benjamin Sonntag et Jérémie Zimmermann, il a lancé un grand mouvement d’opinion et de plaidoyer. Les évolutions ultérieure de la technopolice partout dans le monde ont validé très largement son intuition. Les techniques de traçage et leur usage tant par les entreprises privées du numérique que par les États et les autres collectivités se renforcent chaque jour. Et c’est bien par une action juridique et politique déterminée que l’on pourra éviter la mise en place d’un nouveau régime de gouvernement appuyé sur une connaissance des activités et des affects de chaque individu.

    Mais Philippe Aigrain ne saurait se résumer à cet aspect de militant du numérique. Il est aussi un poète, tant par ses oeuvres que par l’appui qu’il a essayé de porter constamment à la poésie vivante. En 2014, il a repris le flambeau de Publie.net , la maison d’édition créée par François Bon. Il a ainsi participé à construire une indispensable maison d’édition de poésie et de littérature contemporaine française, présentant un modèle hybride de livres imprimé et numériques.

    Philippe, tes intuitions, tes saines colères, ta détermination et la clarté de tes positions vont nous manquer.

    #Philippe_Aigrain #Libertés_numériques #Communs #Tristesse

  • #Héritage et #fermeture. Une #écologie du #démantèlement

    Nous dépendons pour notre subsistance d’un « monde organisé », tramé par l’#industrie et le #management. Ce monde menace aujourd’hui de s’effondrer. Alors que les mouvements progressistes rêvent de monde commun, nous héritons contre notre gré de #communs moins bucoliques, « négatifs », à l’image des fleuves et sols contaminés, des industries polluantes, des chaînes logistiques ou encore des #technologies_numériques. Que faire de ce lourd #héritage dont dépendent à court terme des milliards de personnes, alors qu’il les condamne à moyen terme ? Nous n’avons pas d’autre choix que d’apprendre, en urgence, à destaurer, fermer et réaffecter ce #patrimoine. Et ce, sans liquider les enjeux de #justice et de #démocratie. Contre le front de #modernisation et son anthropologie du projet, de l’#ouverture et de l’#innovation, il reste à inventer un art de la #fermeture et du #démantèlement : une (anti)écologie qui met « les mains dans le cambouis ».

    https://www.editionsdivergences.com/livre/heritage-et-fermeture
    #livre #effondrement #pollution #anti-écologie #écologie

  • La servitude de marchepied

    Si tu as envie de te promener le long des cours d’eau, même sur un terrain privé, sais-tu que c’est un droit de passage nommé #servitude_de_marchepied qui n’est que rarement appliqué.

    #communs
    #voies_piétonnes
    #promenades

    Article L2131-2 - Code général de la propriété des personnes publiques - Légifrance
    https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000031065981

    Article L2131-2

    Modifié par LOI n°2015-992 du 17 août 2015 - art. 62

    Les propriétaires riverains d’un cours d’eau ou d’un lac domanial ne peuvent planter d’arbres ni se clore par haies ou autrement qu’à une distance de 3,25 mètres. Leurs propriétés sont grevées sur chaque rive de cette dernière servitude de 3,25 mètres, dite servitude de marchepied.

    Tout propriétaire, locataire, fermier ou titulaire d’un droit réel, riverain d’un cours d’eau ou d’un lac domanial est tenu de laisser les terrains grevés de cette servitude de marchepied à l’usage du gestionnaire de ce cours d’eau ou de ce lac, des pêcheurs et des piétons.

    • Ah oui effectivement @marcimat, cela concerne les cours d’eau du domaine public.

      https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070299/LEGISCTA000006180812/#LEGISCTA000006180812

      Article L2111-8

      Les cours d’eau et les lacs appartenant au domaine public sont appelés cours d’eau et lacs domaniaux.

      Par exemple ici
      https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/domaine-public-fluvial-dpf-cours-deau-a-gestion-domaniale-hautes-pyrenees

      L’article L 2111-7 du code général des propriétés des personnes publiques, énumère les cours d’eau navigables ou flottables.
      Ces cours d’eau appartiennent au domaine public fluvial et sont aussi désignés par le terme de cours d’eau domaniaux.

    • Cours d’eau domaniaux

      Le cours d’eau domanial appartient à l’État. Les propriétaires riverains doivent supporter une servitude de halage et de marchepied de 7,80 m. La berge est habituellement ouverte au public (sous certaines réserves : véhicules non motorisés, etc.). Un propriétaire ne peut planter d’arbres à moins de 9,75 m de la berge côté chemin de halage (s’il existe), et à 3,25 m de l’autre côté. Un cours d’eau est déclaré domanial d’un certain point à son embouchure, incluant les bras, même non navigables ou flottables, de ce cours d’eau.

      La berge et le lit appartiennent à l’État, comme le droit d’usage de l’eau. La gestion de certaines voies navigables du domaine public est confiée à l’établissement public Voies navigables de France (créé en 1991), qui peut obtenir des redevances des usagers qui naviguent sur son domaine. La navigation est libre, dans le respect des réglementations (vitesse limite, interdiction de certaines activités, passages interdits à certaines embarcations, etc.) avec priorité à la navigation commerciale. Un cours d’eau classé non-navigable ou non-flottable peut être maintenu dans le domaine public.
      Cours d’eau non domaniaux
      Chapelets d’étangs créés par des barrages sur petits cours d’eau, du Moyen Âge au XVIIIe siècle (France, d’après la carte de Cassini).

      Les cours d’eau non domaniaux (rivières et ruisseaux) sont les cours d’eau non flottables et non-navigables de l’ancienne réglementation. Ils sont régis par le droit privé. Seuls le fond et les berges appartiennent aux propriétaires qui peuvent en interdire l’accès à autrui, ainsi que la circulation (selon la jurisprudence). Le droit de propriété inhérent aux parcelles cadastrales sises sur la rive s’étend jusqu’à une ligne supposée tracée à l’axe du cours d’eau4. L’eau fait toujours partie du domaine public, sauf droit anterieur acquis tels que les droits en titres. L’article L210-1 modifié par Loi n°2006-1772 du 30 décembre 2006 - art. 1 (JORF 31 décembre 2006) stipule :

      "L’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d’intérêt général. Dans le cadre des lois et règlements ainsi que des droits antérieurement établis, l’usage de l’eau appartient à tous et chaque personne physique, pour son alimentation et son hygiène, a le droit d’accéder à l’eau potable dans des conditions économiquement acceptables par tous."5

      Néanmoins, les propriétaires ne pouvent pas diminuer le débit de la rivière au-dessous d’un certain seuil. L’accès aux berges clôturées est interdit sans l’autorisation expresse des propriétaires.6

      Flottables : sur lequel le bois peut flotter pour être transporté.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_la_gestion_des_cours_d%27eau_en_France#Cours_d'eau_non_domani

  • Cueillir en ville, cueillir aux champs : territoires et pratiques de la #cueillette contemporaine

    Récupérer des invendus alimentaires, cueillir des pissenlits, grappiller des figues ou ramasser de la ferraille. Autant de pratiques de quête et/ou subsistance qui reposent sur la #collecte de ressources biologiques ou matérielles encore non appropriées, et de manières de les nommer. Comment relire ces pratiques ancestrales dans le cadre du tournant écologique des sciences humaines et sociales ? En quoi ces pratiques de glanage interrogent-elle les manières de concevoir nos relations avec les vivants et ce(ux) qu’on ingère comme nos rapports aux territoires et à la propriété ? Si le #droit_de_glanage est un droit d’usage profondément ancré dans les espaces ruraux depuis plusieurs siècles, la réflexion contemporaine autour des #communs, notamment en contextes urbains, propose de nouvelles pistes scientifiques et politiques pour comprendre ce qui se joue dans ces formes alternatives et non-extractivistes de #réappropriation_des_ressources.

    –—

    Programme séance 2
    vendredi 6 novembre 2020, de 14h à 17h30
    Cueillir en ville, cueillir aux champs : territoires et pratiques de la cueillette contemporaine

    « Des champs à la ville : cueillir dans des mondes en transition, l’exemple de la Guyane française »
    par #Marc-Alexandre_Tareau (anthropologue, LEEISA) et #Lucie_DEJOUANET (géographe, AIHP-GEODE, Université des Antilles)

    « Cueillir dans les marges urbaines : le cas du Grand Paris »
    par #Flaminia_Paddeu (Pléiade, USPN) et #Fabien_Roussel (Discontinuités, Université d’Artois)

    « Économies de disettes et glanages dans des mondes perdus. Observations d’un géographe, de l’Océanie à la Dordogne »
    par #Mathias_Faurie, (géographe et cidrier)

    https://www.youtube.com/watch?v=DF-mn2Mmjjk

    #conférence #vidéo #glanage #alimentation

  • Éric Piolle : « Ce gouvernement nous entraîne dans des guerres de religion »

    Eric Piolle, le maire écologiste de Grenoble, veut s’engager dans la primaire des écolos avant la présidentielle. Comment être candidat écolo dans un système ultra-présidentiel ? Notre entretien.

    https://www.youtube.com/watch?v=dQ-67pxN3_M

    #Piolle #Eric_Piolle #2022_ou_jamais #présidentielles #EELV

    Où Piolle parle notamment de l’#arc_humaniste, des #jeunes et des #enfants, de #démocratie et de #communs...

  • Théologie de la propriété | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2021/04/13/theologie-de-la-propriete

    Par Édouard Jourdain
    Politiste et philosophe

    La généalogie des rapports entre religion et propriété fait apparaître deux mouvements contradictoires. Le christianisme a fourni les soubassements théoriques nécessaires à l’épanouissement du droit à la propriété privée. Dans le même temps se trouve, à ses origines, l’idée d’une critique radicale, voire d’un retour à une certaine forme de communisme primitif. L’approche par le commun suggère aujourd’hui une réappropriation sociale de la propriété qui suppose de déterminer collectivement les limites de sa finalité.

    Dans la dernière encyclique du Pape François, Fratelli Tutti, on retrouve l’affirmation suivante : « La tradition chrétienne n’a jamais reconnu comme absolu ou intouchable le droit à la propriété privée, et elle a souligné la fonction sociale de toute forme de propriété privée. Le principe de l’usage commun des biens créés pour tous est le “premier principe de tout l’ordre éthico-social” ; c’est un droit naturel, originaire et prioritaire. (…) Le droit à la propriété privée ne peut être considéré que comme un droit naturel secondaire et dérivé du principe de la destination universelle des biens créés. »

    Augustin avait déjà argumenté en faveur du chrétien propriétaire mais en le soumettant aux conditions suivantes : les biens terrestres sont des dons de Dieu, par conséquent les riches ne sont que des locataires de ces biens. Seul Dieu est le véritable propriétaire, possédant le dominium. D’autre part, les biens ne peuvent pas être aimés pour eux-mêmes. Ce sont avant tout des moyens qui doivent être mis au service du besoin des hommes. Les riches ont donc des obligations envers les pauvres qui peuvent avoir le droit de voler en cas d’extrême nécessité. Thomas d’Aquin développera plus particulièrement ce droit naturel des nécessiteux qui peuvent suspendre le droit de propriété privée de manière à ce qu’elle redevienne commune.

    Dans cette perspective, la propriété est désabsolutisée, sa socialisation relativisant toute prétention à l’étendue d’un empire au nom d’une volonté solipsiste. D’autre part, elle n’est pas délimitée par des frontières excluantes d’emblée au nom d’un ordre surnaturel, mais elle fait l’objet de limites déterminées politiquement en vertu de ce qui est conçu comme relevant du commun. À cet égard, et dans cette perspective, le développement des travaux sur les communs et le commun augure les possibilités d’une « révolution pour le XXIe siècle » comme le suggère le sous-titre de l’ouvrage Commun de Pierre Dardot et Christian Laval paraphrasant celui de Proudhon : Idée générale de la révolution au XIXe siècle.

    #Communs #Théologie_chrétienne

  • Bitcoin : l’intenable promesse d’une monnaie pour tous
    https://theconversation.com/bitcoin-lintenable-promesse-dune-monnaie-pour-tous-158475

    Le 13 mars dernier, le cours de bitcoin a battu un nouveau record en dépassant les 60 000 dollars, alors qu’il valait moins de 10 000 dollars il y a un an. La première cryptomonnaie au monde apparaît ainsi plus que jamais comme un instrument spéculatif qui répond essentiellement à une recherche d’enrichissement privé.
    Évolution du prix moyen du bitcoin depuis 2017 en dollars. Statista, CC BY-NC-SA

    En tant que tel, le bitcoin s’oppose radicalement à un vaste ensemble d’instruments monétaires et financiers alternatifs basés sur une reconnaissance de l’utilité de l’interdépendance des activités économiques et de leurs acteurs dans une société, tels les systèmes d’échange locaux, les monnaies locales complémentaires ayant parité avec les monnaies nationales ou fédérales, les systèmes de crédit interentreprises ou les monnaies fiscales.

    Lancée en 2009, au lendemain de la crise financière, la cryptomonnaie semble également s’être éloignée de sa promesse d’origine : celle de rendre le pouvoir aux utilisateurs en confiant sa gestion à une technologie plutôt qu’à une autorité centrale (Banque centrale, État, entreprise, etc.).

    L’usage d’un logiciel libre pour produire le bitcoin n’en a pas fait un bien « commun ». Un commun se distingue d’un bien public par le fait que sa propriété est collective (ce qui le distingue d’un bien privé) et que son usage et les modalités de sa gestion impliquent la reconnaissance et la participation de parties prenantes.

    Autrement dit, il s’agit de la gestion collective d’une ressource partagée. Au-delà de la flambée spéculative de ses cours ces derniers mois, plusieurs arguments montrent que le bitcoin n’a rien d’un commun.

    #Bitcoin #Communs #Spéculation

  • La garantie d’emploi, un outil au potentiel révolutionnaire | Romaric Godin
    http://www.contretemps.eu/chomage-economie-garantie-emploi-depassement-capitalisme

    L’ouvrage de Pavlina Tcherneva qui inaugure la collection « Économie politique » avance une proposition qui peut paraître a priori insensée : fournir à tous les citoyens qui le souhaitent un travail rémunéré, permettant de vivre décemment. Tout l’intérêt de son propos est de montrer que, précisément, cette proposition n’a rien d’insensé, mais qu’elle est parfaitement réalisable pour peu que l’on se libère de certaines certitudes qui ne sont que des constructions politiques. L’idée que le chômage soit le mode d’ajustement « normal » de l’économie est déjà un choix politique remarquablement déconstruit par l’autrice. Source : (...)

  • Saviez-vous que le gel hydroalcoolique est un bien commun ?
    Au Bout du Jour : Didier Pittet et Peter Piot sur Auvio
    https://www.rtbf.be/auvio/detail_au-bout-du-jour?id=2735665

    Cette semaine, l’UCLouvain remettait le titre de docteur·e honoris causa à quatre personnalités. Ce soir, dans Au bout du jour, Eddy Caekelberghs vous propose de retrouver trois d’entre elles. Et tout d’abord, nous entendons #Didier_Pittet, médecin infectiologue et #épidémiologiste suisse et #inventeur du #gel_hydroalcoolique, et Peter Piot, médecin et microbiologiste belge, connu notamment pour sa lutte contre le sida

    #biens_communs #communs #brevets #open_source #coopération #santé #medecine #médicaments

  • Roger Martelli : « La Commune de Paris est un bien commun que la République se doit de célébrer »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/02/28/roger-martelli-la-commune-de-paris-est-un-bien-commun-que-la-republique-se-d

    Alors qu’au Conseil de Paris les élus de droite se sont opposés à la célébration des 150 ans de la Commune, l’historien rappelle, dans une tribune au « Monde », l’importance du « premier pouvoir » qui s’est appuyé sur des valeurs démocratiques et sociales « qui n’ont pas pris une ride ».

    Tribune. Le 3 février, au Conseil de Paris, la droite parisienne a lancé un tollé contre les commémorations prévues pour les 150 ans de la Commune de Paris. Engluée dans son passé, elle persiste à dire que célébrer cet anniversaire revient à glorifier « les événements les plus violents de la Commune ».

    De quoi s’agit-il, en fait ? Le 18 mars 1871, les bataillons de la garde nationale – qui participent depuis septembre 1870 à la défense de Paris [contre l’armée prussienne qui l’encercle] – s’emparent du pouvoir dans une capitale désertée par les autorités. Quelques jours plus tard, des élections désignent, à 40 % des électeurs inscrits, une majorité de républicains parmi les plus à gauche de cette période troublée. La nouvelle assemblée élue va se réunir régulièrement pendant cinquante-quatre jours : quarante-huit d’entre eux ont été occupés par la guerre civile, la plus brutale qu’ait connue Paris depuis les guerres de religion.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Légende noire » contre « légende rouge » : la difficile commémoration des 150 ans de la Commune de Paris

    Pendant cette brève période, en même temps qu’elle fait la guerre, la Commune remet en marche les administrations, fait fonctionner les services publics, organise le ravitaillement et les soins aux blessés, assure la sécurité dans les rues. Dans l’esprit de la « République démocratique et sociale » que la révolution de 1848 a promue avant elle, elle met en application ce que ses responsables ont annoncé. Elle confirme le moratoire des loyers dus pendant une partie du siège de Paris, décide la restitution partielle des objets déposés au mont-de-piété, réquisitionne les logements abandonnés par leurs propriétaires après le 18 mars. Elle procède de même pour les ateliers abandonnés, dont elle veut confier la gestion aux travailleurs eux-mêmes. Elle soumet les marchés publics à des contraintes sociales strictes.
    Une autre conception du « vivre-ensemble »

    Elle ne fait pas que de la redistribution sociale. Elle proclame la séparation de l’Eglise et de l’Etat, abolit le système injuste de conscription militaire alors en vigueur, accepte qu’on brûle la guillotine devant la mairie du 11e arrondissement. Elle met en place un enseignement primaire et professionnel laïque et gratuit, ouvre l’enseignement professionnel aux filles, commence à mettre en cause l’ordre traditionnel de la famille. Elle cherche à changer en profondeur le rapport entre électeurs et élus, prévoit la révocabilité des élus et organise la consultation des citoyens et citoyennes pour préparer les décisions de l’assemblée communale.

    Sans doctrine figée, sans même un programme achevé, la Commune a fait en quelques semaines ce que la République mettra bien du temps à décider. Elle a ouvert la voie à une autre conception du « vivre-ensemble », fondée sur l’égalité et la solidarité. Elle a enfin esquissé la possibilité d’une démocratie moins étroitement représentative, plus directement citoyenne. En bref, elle a voulu mettre concrètement en œuvre ce « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » dont le président américain Lincoln avait annoncé l’avènement quelques années plus tôt [le 19 novembre 1863, lors du discours prononcé à Gettysburg].
    La République a perdu du temps

    Bien sûr, la Commune n’a souvent fait que désigner une part du chemin et peu de ses décisions ont eu le temps d’être réellement appliquées. Bien sûr encore, les conditions de la guerre civile l’ont poussée à des décisions cruelles, qui ont été d’ailleurs bien loin de faire l’unanimité dans les rangs communards (décret stipulant que « toutes personnes prévenues de complicité avec le gouvernement de Versailles (…) seront les otages du peuple de Paris », suppression de journaux…). Mais, en noyant dans le sang l’expérience du printemps 1871, en recouvrant son souvenir du voile opaque et persistant de l’oubli, il n’est pas exagéré de penser que la République a perdu du temps.

    « Le Paris de 1871 a connu un type de gouvernement populaire et même ouvrier, comme il n’y en a jamais eu en France auparavant, et comme il n’y en aura plus jusqu’à ce jour »

    Faire de la Commune un modèle qu’il suffirait de recopier n’a pas grand sens. Notre société a changé, l’époque n’est plus la même et bien des expériences ont suivi celle de la Commune qu’il nous faut bien méditer aujourd’hui. Il reste toutefois que le Paris de 1871 a connu un type de gouvernement populaire et même ouvrier, comme il n’y en a jamais eu en France auparavant et comme il n’y en aura plus jusqu’à ce jour. Il reste que la Commune est le premier pouvoir qui ait mis au centre de son action des valeurs démocratiques et sociales qui n’ont pas pris une ride depuis 1871.

    Le 29 novembre 2016, l’Assemblée nationale a adopté une résolution réhabilitant enfin les victimes de la « semaine sanglante » [qui a vu la répression des communards entre le 21 et le 28 mai 1871]. Elle ajoutait vouloir que « soient mieux connues et diffusées les valeurs républicaines portées par la Commune ». Elle souhaitait « que la République rende honneur et dignité à ces femmes et ces hommes qui ont combattu pour la liberté ». Le temps est venu de mettre en application cette résolution.
    Lire aussi L’Assemblée réhabilite les communards victimes de la répression

    La droite parisienne s’inscrit, sans vergogne, dans la lignée du journaliste anticommunard Maxime Du Camp [1822-1894], qui justifiait la barbarie gouvernementale de la « semaine sanglante » par la nécessité d’exterminer « la postérité de Caïn ». Ce climat de guerre civile ne devrait plus être de mise de nos jours. Dans notre société déchirée, il est plus que jamais dérisoire de mettre en avant la centaine de malheureux otages exécutés pendant la Commune pour mieux occulter les milliers, voire dizaines de milliers, de communards et communardes massacrés sans pitié en mai 1871.

    La République se doit de commémorer la Commune de Paris de 1871. Nul n’est tenu, en son âme et conscience, de la « célébrer ». Mais, à l’inverse, rien ne sert de délégitimer celles et ceux qui entendent le faire, sans renoncer pour autant à l’exercice de la critique. Leur nombre est considérable et leur diversité est à l’image de ce que fut la Commune : une expérience inédite, des actes innovants et une multitude de possibles à peine suggérés. Cette diversité est une richesse. Encore faut-il qu’elle ne fasse pas oublier que la Commune est… un bien commun, qui mérite que l’on se retrouve pour crier ensemble, encore et toujours, le beau cri du « Vive la Commune ! ».

    Roger Martelli est historien et coprésident de l’association Les Amies et amis de la Commune de Paris 1871.

    Roger Martelli(Historien)

    #Commune_Paris #Démocratie

  • Quelle économie morale des produits pharmaceutiques voulons-nous ? | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2021/02/11/quelle-economie-morale-des-produits-pharmaceutiques-voulons-nous

    Ainsi, s’il est possible, en recoupant les informations transmises par les journaux, de savoir environ combien d’argent public a été donné à la recherche, à la production et à l’achat de médicaments, on ne peut pas savoir combien exactement est donné à chaque firme, ce que coûte en tout la recherche aux finances publiques, ce que les firmes investissent elles-mêmes, ce à quoi revient la production des vaccins, quels sont les prix fixés par les firmes, ou encore ce que montrent en détail les essais cliniques sur leurs effets.

    L’économie politique des produits pharmaceutiques est aussi prise dans une économie morale.

    Les produits pharmaceutiques s’inscrivent dans une économie politique : leur développement et leur usage sont régis par un système de lois et de règles, par les termes des contrats qui lient la puissance publique à l’industrie privée, ou les firmes entre elles, et déterminent la production, l’organisation et la circulation des ressources, des biens et des prestations. Mais cette économie politique des produits pharmaceutiques, et plus généralement notre rapport en tant que société à la santé et aux produits de santé, sont aussi pris dans une économie morale.

    Le système de lois et de règles qui gouvernent le développement, la production et l’usage des produits pharmaceutiques a été largement façonné par l’action collective de grandes firmes pharmaceutiques à partir des années 1980. Il s’agit en particulier des textes sur la protection de la « propriété intellectuelle » qui permettent aux firmes de contrôler le savoir sur les produits pharmaceutiques mais aussi l’ensemble des usages qui en sont faits (achat, vente, production, importation, exportation, etc.). Au travers des brevets accordés par les États, il est possible aux firmes de jouir de monopoles sur les médicaments, les vaccins ou les produits de diagnostic, ce qui leur donne une position privilégiée sur les marchés, étant la seule source possible des produits concernés, et ainsi en position de force pour fixer les prix.

    L’action collective conduite par de grandes firmes multinationales s’est appuyée sur des pratiques classiques de lobbying, mais aussi sur la construction d’un consensus social sur les rôles, les droits et les devoirs des différents acteurs. Ce consensus repose notamment sur l’idée que l’industrie pharmaceutique a pour aspiration et pour vocation d’amener de nouveaux remèdes aux populations, qu’elle est la seule à avoir les moyens de le faire, et qu’elle doit être soutenue pour le faire, à travers des monopoles ou tout autres moyens.

    Si la santé est souvent présentée comme un droit supérieur, les produits de santé sont avant tout traités comme des marchandises, parce qu’au fond est acceptée l’idée que leur développement et leur accès sont assurés par des mécanismes de marché. L’efficacité de l’industrie à influer sur l’économie politique du médicament tient en grande partie à l’adhésion généralisée à ces conceptions durant les trois dernières décennies.

    Au-delà de la perplexité que l’on peut ressentir, il faut sans doute garder un œil sur ce qui agite cette économie morale. Car, si l’avènement de vaccins contre le Covid-19 est aussi mis en récit comme un succès phénoménal pour « Big Pharma » et l’occasion de redorer son blason, les conditions de l’ébranlement de l’économie morale dominante pourraient ne plus être loin. Les difficultés d’accès aux produits de santé se multiplient rapidement ces dernières années dans les pays riches. En France, la difficulté à assurer le principe de « l’universalité de l’accès », au moins pour la plus grande majorité[2], est croissante. Les épisodes de tensions se succèdent : débats sur les prix et l’accès à des traitements contre l’hépatite C, contre certains cancers, pour les traitements contre des « maladies orphelines », et maintenant limitation de l’accès aux vaccins contre le Covid-19.

    L’État contemporain est censé protéger son peuple contre la maladie et la mort, la légitimité de son pouvoir est construite ainsi. Mais, alors que le poids donné aux composantes biomédicales est de plus en plus écrasant dans les politiques de santé (au point qu’on finit par confondre outil et politique), si l’érosion de l’accès aux produits se développe et que la réalité de l’égalité est de plus en plus difficile à soutenir, le gouvernement exercé au nom de la santé pourrait se trouver mis en question.

    Quelle est l’économie réelle des produits pharmaceutiques ? Pourquoi ne pourrait-on pas être transparent sur les contributions, les coûts et les prix ? Comment les ressources publiques sont-elles utilisées ? Au bénéfice de qui ? Le fait que l’épidémie de Covid-19 produise un destin commun à l’ensemble de l’humanité pourrait même donner à ces questions une résonance sans précédent et indisposer un nombre grandissant de gouvernements.

    #Médicaments #Vaccins #Covid_19 #Big_pharma #Communs #Santé_publique #Gaelle_Krikorian

  • Gaëlle Krikorian : « L’OMC pourrait décider que la propriété intellectuelle ne s’applique pas aux produits Covid-19 »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/02/10/gaelle-krikorian-l-omc-pourrait-decider-que-la-propriete-intellectuelle-ne-s

    L’appel de politiques à ce que le vaccin soit un « bien public mondial » est d’une terrible naïveté ou d’une grande hypocrisie. Il y a un paradoxe dans le fait de répéter, de ce côté-ci de l’Atlantique, que la santé doit être considérée comme un droit supérieur, que l’accès aux médicaments est universel, alors que l’on traite les produits de santé avant tout comme des marchandises et qu’on se refuse à prendre des mesures radicales.

    Avec le système de propriété intellectuelle tel qu’il est appliqué par nos pays, un produit pharmaceutique ne peut pas devenir ce qu’on appelle en économie « un bien public » accessible à chacun. Il existe des principes de rivalité, de monopole, et donc d’exclusion.

    Un autre concept, celui de « biens communs », me semble plus intéressant, parce qu’il repose sur l’organisation d’une gestion collective de la ressource pour assurer son existence et son accès. Mais il nécessiterait une approche radicalement différente de celle qui prédomine actuellement, afin de traduire le fait que la recherche est un effort collectif qui mobilise de nombreux d’acteurs.

    Quel regard portez-vous sur les débats autour de la répartition des vaccins contre le Covid-19 ?

    La façon dont on a collectivement développé ce vaccin pose deux questions éthiques. La première porte sur la valeur de la vie, selon la zone géographique où l’on habite. Un système est-il pertinent si une partie de la population mondiale ne peut pas se protéger de l’épidémie ?

    Une autre question morale concerne l’utilisation des ressources publiques. Les milliards d’argent public dépensés par les pays du Nord pour financer ces vaccins vont manquer ailleurs, par exemple dans le renforcement des personnels de santé dans les hôpitaux ou pour d’autres traitements. Est-on satisfait de ce fonctionnement alors qu’aucun contrôle démocratique sur ces dépenses n’est exercé, aucune transparence n’existe ? Lorsque les députés européens ont demandé les contrats, ils n’ont eu accès qu’à des documents où toutes les informations importantes avaient été raturées.

    Les brevets incitent les entreprises à prendre des risques. Comment stimuler l’innovation sans incitation ?

    C’est vrai, des laboratoires ont fait le pari de produire un nouveau type de vaccin à ARN messager. Mais peut-on vraiment parler de prise de risques quand ils ont bénéficié de trente ans de recherches sur cette technologie, largement financée par le secteur public ? D’ailleurs, le fait que plusieurs firmes sortent quasiment le même produit en même temps en atteste : elles ont toutes bénéficié du même niveau de connaissances scientifiques.

    La recherche médicale est lourdement subventionnée. Elle est financée par de l’argent public à travers de nombreux canaux : des programmes de recherche dans des établissements publics, des financements de projets, des partenariats public-privé, des bourses, des crédits d’impôt, mais aussi le remboursement par la Sécurité sociale et les systèmes de mutuelles. A cela s’ajoutent, dans le cas du vaccin anti-Covid-19, des mécanismes de soutien à la production par des pré-achats ou des financements de sites. Ces marchés bénéficient à la fois d’un monopole et de l’assurance d’être payés.

    Dans une pandémie, l’ensemble de la population mondiale partage un destin commun. Il peut être dangereux pour chacun que le virus prolifère dans certaines régions. De la même façon qu’ils ont accepté de déroger aux mesures de pharmacovigilance habituelles pour mettre à disposition rapidement les vaccins, on peut imaginer que les Etats utilisent les mécanismes dérogatoires aux brevets pour produire des doses de façon plus massive et moins coûteuse à travers le monde.

    Dans les années 1990, c’est quand le sida a touché 25 % de la population africaine qu’il est devenu une question de sécurité nationale aux Etats-Unis et en Europe. A l’époque, la peur de la contamination des pays riches a sans doute contribué à débloquer l’usage des génériques dans les pays pauvres.

    La peur des variants peut-elle conduire les Etats du Nord à lâcher du lest sur les brevets pour vacciner au plus vite et partout dans le monde ? En tout état de cause, cette épidémie doit favoriser une discussion critique sur l’économie pharmaceutique et la façon dont elle rencontre ou non la logique de santé publique.

    #Santé_publique #Gaëlle_Krikorian #Communs #Industrie_pharmaceutique #Covid_19

  • Posséder la terre, terreau des inégalités ? - Ép. 2/4 - Tant qu’il y aura des riches, une histoire des inégalités
    https://www.franceculture.fr/emissions/le-cours-de-lhistoire/tant-quil-y-aura-des-riches-une-histoire-des-inegalites-24-posseder-la


    Posséder la #terre est au centre des enjeux économiques, sociaux et politiques. Les multiples #statuts_juridiques dont elle a fait l’objet attestent de son importance : la terre nourrit et enrichit, elle renforce le prestige de celui qui la possède.

    #propriété_privée

  • Comment le commun est-il commun ? À propos du livre de Benjamin Coriat, La pandémie, l’Anthropocène et le bien commun | L’économie par terre ou sur terre ? | Jean-Marie Harribey | Les blogs d’Alternatives Économiques
    https://blogs.alternatives-economiques.fr/harribey/2021/01/23/comment-le-commun-est-il-commun-a-propos-du-livre-de-

    Un article très intéressant sur un livre très intéressant. C’est quand même entre amis (les deux auteurs de l’article et du livre sont membres des Economistes atterrés) que les discussions sont les plus fructueuses, et ouvrent des perspectives.

    Jean-Marie Harribey
    23/01/2021

    L’économiste Benjamin Coriat a publié à l’automne dernier La pandémie, l’Anthropocène et le bien commun (Les Liens qui libèrent, 2020). Ouvrage qui vient à point nommé pour replacer la crise sanitaire due au coronavirus Covid-19, événement majeur de l’année 2020, dans le cadre de la détérioration écologique planétaire. Loin d’être accidentelle, cette crise doit être comprise comme une manifestation de l’Anthropocène, face à laquelle il convient urgemment d’apporter une réponse centrée sur le bien commun. Telle est la trame de ce livre qui est structuré en quatre chapitres.

    #Communs #Anthropocène #Jean-Marie_Harribey #Benjamin_Coriat

  • Wikipédia fête les 20 ans d’une belle et exigeante utopie
    https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/01/14/wikipedia-fete-les-20-ans-d-une-belle-et-exigeante-utopie_6066271_4408996.ht

    La relative neutralité de l’encyclopédie en ligne écrite par les internautes doit beaucoup au tout petit noyau de ses contributeurs les plus actifs, dominés par des hommes attirés par le savoir.

    A cette époque, le dictionnaire était encore roi, et Internet encore en voie de démocratisation. Le 15 janvier 2001, une curieuse encyclopédie apparaît en ligne. Créée aux Etats-Unis par l’homme d’affaires Jimmy Wales et un jeune diplômé en philosophie, Larry Sanger, elle est accessible gratuitement et écrite par des bénévoles. On y trouve à ses débuts des articles sur l’histoire de la Bible, le naturalisme éthique, ou les Backstreet Boys.

    Wikipédia est accueillie fraîchement. « Beaucoup de gens pensaient qu’il était déraisonnable de confier son écriture à n’importe qui », se souvient Dominique Cardon, directeur du médialab de Sciences Po. Le cofondateur de Wikipédia partage cet avis lorsqu’il quitte le navire, au début de 2003 : Larry Sanger se dit fatigué par les « trolls » et les « anarchistes » qui y sévissent. Il part fonder Citizendium, une encyclopédie contributive pilotée par des experts.

    Wikipédia est désormais le quatrième site le plus visité en France

    Vingt ans plus tard, Citizendium est moribonde, mais Wikipédia est désormais le quatrième site le plus visité en France, non loin derrière Google, Facebook et YouTube. Grâce aux smartphones, l’encyclopédie est accessible partout, à tout moment : l’utopie californienne, qui autorise n’importe qui à contribuer au savoir, et fonctionne sans actionnaires, est toujours debout.

    Son corpus d’articles est devenu presque cent fois plus fourni que celui de l’Encyclopædia Universalis. Pour Dominique Cardon, Wikipédia a « élargi le domaine du savoir, touchant des thèmes auparavant négligés, comme les personnages de Pokémon. Les regards ont énormément changé. Il y a toujours des poches de résistance, mais Wikipédia est désormais accepté jusque dans l’éducation nationale, où il est devenu un outil pédagogique ».

    #Wikipédia #Communs

  • Des Figures en Commun(s) : Une aventure libre et partagée !
    https://cultinfo.hypotheses.org/565

    Et si, à notre tour, et sans nier l’attractivité bien compréhensible qu’opèrent sur eux certaines figures des grandes plateformes du web, on leur proposait de faire connaissance avec d’autres figures de référence ? Des figures qui oeuvrent, par des actions individuelles et collectives, pour une autre vision du monde, de l’information et de la connaissance.

    #communs #EMI