• Une fois de plus le parquet a repris les investigations pour que les victimes la ferment à tout jamais.

      #MeToo
      Plaintes pour agressions sexuelles au conservatoire de Rennes : le professeur ne sera pas poursuivi

      Le parquet avait repris les investigations à la demande de la ville de Rennes après la parution de notre enquête publiée en septembre. Finalement, le professeur mis en cause ne sera pas poursuivi.

      Neuf plaintes avaient été déposées contre l’enseignant. (Cyril Pedrosa)
      par LIBERATION
      publié le 23 juin 2021 à 20h28

      Le parquet de Rennes a finalement décidé de ne pas poursuivre V., professeur de théâtre au conservatoire de Rennes. Seul un rappel à la loi lui a été adressé, pour les faits « caractérisés de harcèlement s’inscrivant dans le cadre de pratiques pédagogiques inadaptées ». Les accusations d’agressions sexuelles, elles, ont été jugées insuffisamment caractérisées a fait savoir mardi le parquet. Après la parution de notre enquête sur les agissements de l’enseignant, l’enquête classée sans suite en juin 2020 avait été rouverte par le parquet de Rennes le 14 octobre, sur saisine de la ville.

      Dans le cadre de ces nouvelles investigations, douze élèves de la promotion 2018-2019 du cycle d’orientation professionnelle (COP) de théâtre du conservatoire de Rennes ont mis en cause V. « pour des faits de harcèlement dont deux pour des faits d’agression sexuelle également », précise le procureur Philippe Astruc auprès de Libération. Neuf ont déposé plainte. Trois des plaignants ont par ailleurs été examinés par un médecin légiste, qui a évalué des incapacités totales de travail allant jusqu’à trente jours pour deux d’entre eux.
      Agissements contestés par le mise en cause

      Dans notre édition du 25 septembre, ces anciens élèves de la promotion 2018-2019 du COP affirmaient avoir enduré pendant plusieurs mois des violences physiques et psychologiques de la part de leur professeur. Surtout, l’enseignant était accusé d’avoir agressé sexuellement deux élèves, dont l’une était alors âgée de 16 ans. Agissements que le mis en cause avait fermement contestés auprès de Libération par l’entremise de son avocat.

      La ville de Rennes a commandé une nouvelle enquête administrative. Commencée en février, elle vient juste de se clôturer et vise à « obtenir un éclairage plus large sur les faits qui se sont déroulés », explique la mairie à Libération. La collectivité devrait prendre une décision prochainement, « et ce de façon indépendante de la procédure judiciaire ».

      A la question de savoir s’il reprendra ses fonctions d’enseignant, la ville élude, répondant simplement qu’à ce jour, « le professeur occupe toujours un poste sans contact avec les élèves, rattaché à la directrice du conservatoire ». En mars, après avoir été suspendu provisoirement, le professeur avait pu reprendre un poste au sein de l’établissement car il était arrivé « au terme des quatre mois de suspension juridiquement possibles ».

    • L’enquête pour « viols » visant PPDA classée sans suite

      Après cinq mois d’investigations, le parquet de Nanterre a refermé ce vendredi l’enquête préliminaire visant l’ancienne gloire du 20 heures de TF1 sans aucune poursuite. Huit femmes au total avaient déposé plainte pour « viols », « agressions sexuelles » ou « harcèlement sexuel » mais la justice a estimé que les infractions sont insuffisamment caractérisées ou prescrites.

      https://www.leparisien.fr/faits-divers/lenquete-pour-viols-visant-ppda-classee-sans-suite-25-06-2021-EYEAJX45LVH

      Je souligne les mots « viol », « agressions sexuelles », et « harcelement sexuels » entre guillemets. On pourrait croire que c’est une citation mais lorsque la « justice » est cité il n’y a pas de guillemets.
      #guillemets #euphémisme

  • En 1987, les féministes les plus radicales des USA ont convergé sur New York pour une conférence publique intitulée « The Sexual Liberals and the Attack on Feminism ». J’avais sauté dans ma bagnole et avais conduit toute la nuit pour y être, magnétophone en main en vue d’une émission-fleuve d’une nuit à Radio Centre-Ville (Montréal). La conférence affichait complet mais j’ai réussi à me faufiler à l’intérieur comme journaliste étranger. Des activistes pro-proxénétisme masquées essayaient de culpabiliser les conférencières, mais leurs glapissements ne faisaient pas le poids face aux ovations qui saluaient les allocutions d’Andrea Dworkin, Phyllis Chesler, Mary Daly, Janice Raymond, John Stoltenberg, Catharine Mackinnon, Louise Armstrong, Susan Brownmiller et beaucoup d’autres.
    TRADFEM entame cet été la traduction de certaines de ces allocutions, que l’on peut lire en version intégrale ici : https://bit.ly/2SU0InM
    Voici celle de Louise Armstrong (autrice de KISS DADDY GOODNIGHT et d’autres essais, injustement ignorés en Europe) ; elle été traduite par Yeun L-Y et reprise par Christine Delphy sur son blogue :
    Émergence de l’enjeu de l’inceste : https://christinedelphy.wordpress.com
    #inceste #féminisme nord-américain #Louise Armstrong #Christine Delphy #TRADFEM

  • Ou peut-être une nuit : retours critiques | by Leïla | May, 2021 | Medium
    https://medium.com/@leilla/ou-peut-%C3%AAtre-une-nuit-retours-critiques-fd3c08902aa7

    Les mots choisis, “exclusivement, jamais”, ne faisaient pas simplement de moi une anomalie statistique mais une aberration ; une experte tenait un discours qui annihilait la possibilité même de l’existence de mon vécu. Être ramenée à une parole inaudible par un podcast qui s’efforce justement de briser le silence qui entoure l’inceste, ça tient du tragicomique. Moi qui, lors des premiers épisodes, pensais envoyer le lien vers la série à ma mère… je me suis retrouvée dans l’impossibilité de le faire par peur d’être ramenée encore une fois à une minimisation de ce que j’avais vécu.

    • Si j’ai eu de la haine quotidienne et des souhaits de vengeance pendant des années, cela fait longtemps que ce n’est plus le cas. Mais je crois que, s’il avait été adulte, ou en situation de pouvoir sur moi par ailleurs, mes sentiments auraient sans doute plus difficilement évolué dans cette direction. Quand, en tant que victime, on parle de son inceste, on marque aussi de la honte sociale de l’inceste la personne qu’on nomme comme notre agresseur. Et si je n’avais pas à porter cette honte si longtemps, et si j’aimerais pouvoir m’en débarrasser définitivement, je n’ai aucune envie qu’elle change de camp. Qu’on lui fasse honte ne me soulagera pas de la mienne. Il me semble que le risque que nommer puisse entraîner de la violence est un frein plus grand quand il s’agit de nommer quelqu’un du même âge ou de plus jeune que soi.

    • Pourquoi je dis que ça fait des dégâts psychiques, de penser l’amour et la domination comme mutuellement exclusifs, y compris dans le cadre de l’inceste ? Du côté des victimes, la plupart d’entre elles seront amenées, au cours de leur vie amoureuse et sexuelle, à revivre de la violence. Ce n’est pas juste une condamnation à la répétition de schéma : c’est aussi qu’on vit dans un monde violent entre humain·e·s traumatisé·e·s. Sans pour autant s’y résigner, on peut s’attendre, à des degrés divers, au surgissement de la violence dans les relations. Donc, une personne victime d’inceste qui a intégré ce discours, une personne qui croirait que l’amour et la violence sont mutuellement exclusifs, serait condamnée à relire chacune de ses relations dans laquelle de la violence émergerait comme n’ayant, finalement, pas contenu d’amour. Le genre de pensées, puis d’émotions que ça peut entraîner tendent à ajouter une forte douleur morale aux dégâts déjà importants causés par les violences en elles-mêmes (qu’il s’agisse des violences premières ou de la répétition par la suite, d’ailleurs). “En fait il ne m’aimait pas, je me suis fait avoir depuis le départ” est une pensée qui conduit à miner la confiance d’une personne dans ses ressentis (“tous ces moments où j’ai cru reconnaître et vivre de l’amour dans la relation, je me trompais”) et dans sa capacité de décision. Cela invite l’idée qu’il y a des personnes qui feraient semblant d’aimer mais qu’on est pas capables de détecter (“si je ne sais pas distinguer ce qui est de l’amour ou pas, suis-je condamné·e à vivre dans la peur de me tromper à nouveau ?”). Cela entretient donc un rapport au monde emprunt de méfiance ainsi que de l’hypervigilance, deux symptômes récurrents suite à des expériences d’abus traumatisantes.

  • Émergence de l’enjeu de l’inceste

    Allocution livrée à New York en 1987, lors de la conférence-événement “The Sexual Liberals and the Attack on Feminism”, publiée sous ce titre par Dorchen Leidholdt and Janice G. Raymond. 1990.

    Quand, il y a 10 ans, nous avons commencé à parler de l’inceste, des sévices subis dans l’enfance de la part de nos pères et beaux-pères, des viols par nos frères aînés, nos demi-frères, nos oncles étranges, nos grands-pères – il y avait, dans toute cette douleur, parfois un certain humour.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/05/30/emergence-de-lenjeu-de-linceste

    #féminisme #enfant #inceste

  • Violences sexuelles sur un terrain d’enquête
    Cécile Cuny
    Dans Nouvelles Questions Féministes 2020/2 (Vol. 39), pages 90 à 106

    Dans les sciences sociales françaises, les violences sexuelles sur un terrain d’enquête sont, en dehors de certains domaines de spécialisation, un non-objet. Elles ne dérogent pas, en cela, au tabou qui touche les violences envers les femmes en général, malgré les statistiques qui attestent de l’ampleur du problème. Les manuels francophones utilisés pour l’enseignement de l’ethnographie ne traitent pas des violences sexuelles, alors qu’il existe une littérature en anglais sur cette question. Cet article propose de confronter l’expérience de l’autrice avec les résultats des enquêtes existantes. Il montre que le traitement des violences sexuelles nécessite d’articuler une réflexion méthodologique, épistémologique et politique.

    #femmes #inceste #violences_sexuelles #invisibilisation #culture_du_viol #violophilie #déni #indifférence #sexisme

  • Il saisit la poitrine de ses filles pour voir si « ça pousse » : le père relaxé
    https://www.republicain-lorrain.fr/faits-divers-justice/2021/05/12/il-saisit-la-poitrine-de-ses-filles-pour-voir-si-ca-pousse-le-pe
    Le tribunal a estimé que le fait d’avoir empoigné la poitrine de ses deux adolescentes, par surprise, pendant plusieurs années, ne constituait pas des agressions sexuelles. En revanche, il a condamné le prévenu pour atteinte sexuelle sur une de ses nièces.

    Ca se passe en 2021 après #metoo et #metoo_inceste ...

    Atteinte sexuelle : « Dans le Code pénal français, l’atteinte sexuelle sur mineur est une infraction prohibant et réprimant les relations sexuelles, y compris consenties, entre un majeur et un mineur sexuel. Cet acte est considéré comme un délit. »
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Atteinte_sexuelle_sur_mineur_en_droit_fran%C3%A7ais

    #violences_sexuelles #inceste #viol #violophilie #injustice #culture_du_viol #sexisme #famille #déni

  • Plaisir honteux | les éditions du remue-ménage
    https://www.editions-rm.ca/livres/plaisir-honteux

    TW pédo

    Lorsqu’un enfant est soumis à un abus sexuel par un de ses proches, il est possible (et relativement fréquent) qu’il ressente du plaisir sexuel. Le plaisir est ainsi associé aux émotions négatives et extrêmement destructrices qu’implique une relation incestueuse, et le traumatisme subi en est d’autant plus grave. Michelle Desaulniers a voulu mettre en lumière cette réalité que bon nombre d’entre nous préféreraient garder sous silence. Après avoir réalisé un film percutant d’une grande sensibilité intitulé Plaisir honteux, elle publie ce livre afin de poursuivre son questionnement sur le sujet. S’appuyant sur de nombreuses recherches scientifiques, cet ouvrage bien documenté dévoile dans toute son horreur la dynamique plaisir-abus qui s’établit entre l’agresseur et sa victime.

    Accompagnée de témoignages des plus bouleversants, la réflexion de Michelle Desaulniers nous oblige, en tant que société, à nous interroger sur notre responsabilité collective face à ce drame que vivent trop d’enfants. Devons-nous continuer d’éviter le sujet ou allons-nous regarder la réalité en face afin de trouver des solutions adéquates ?

    • d’autres via : https://twitter.com/OpalePublic/status/1220756746920132609

      " Les auteurs qui se sont penchés sur la problématique du plaisir sexuel des enfants en situation d’inceste ont décrit avec beaucoup d’indignation la manipulation extrêmement raffinée à laquelle les abuseurs soumettent leur victime . Cette indignation vient sans doute d’un constat douloureux qui semble a priori absurde : plus la relation incestueuse comporte de gratifications pour l’enfant (amour, attention, plaisir physique etc ) plus les séquelles de l’abus seront graves à long terme.

      Bref chez les enfants ainsi manipulés « en douceur » la souffrance est tout aussi vive sinon plus vive que chez ceux qui sont forcés et menacés .
      (...)
      Rappelons en effet que d’après les résultats des recherches de Jehu 1988 , 80.4 % de ses répondants (ayant ressenti du plaisir ou non ) ont participé passivement aux abus dont ils étaient victimes . Que 64.7 % ont utilisé la relation incestueuse pour recevoir de l’attention et de l’affection , que 37.2% ont participé activement à l’abus soit par besoin d’amour soit par attirance pour le plaisir physique, que 49% éprouvaient de la tendresse pour leur abuseur et que 12% (Mac Card 1985 ) déclarent être restés passifs pendant la relation à cause du plaisir physique qu’elle procurait.

      Manifestement les relations incestueuses apportent des gratificications à l’enfant tant sur le plan émotionnel que physique . Voilà un énoncé qui dérange et que tous préféreraient ignorer. Pourtant ce fait doit être reconnu et non caché et nié comme c’est généralement le cas , parce que c’est justement pour cette raison que les conséquences sont si pernicieuses . Pour un grand nombre de victimes les relations sexuelles avec l’agresseur constituent en effet l’unique possibilité de se sentir psychologiquement et physiquement appréciées et aimées ( Forward et Buck 1988 , Maltz et Holmann 1987 ).

      Pour ces enfants, recevoir ces attentions sexuelles signifie tout bonnement recevoir de l’amour .Les auteurs qui ont étudié la question du plaisir dans l’inceste s’accordent à dire que l’incapacité à reconnaître la manipulation est le propre de tout inceste commis en douceur mais que lorsque le plaisir physique est présent, il devient pratiquement impossible pour l’enfant de prendre conscience de la situation.

      Selon Courtois (1988) un grand nombre d’abuseurs se donnent beaucoup de mal pour stimuler sexuellement leur victime jusqu’à ce que celle ci soit excitée ou vive un orgasme . Les abuseurs cherchent ainsi à prouver que l’enfant voulait vraiment ces relations sexuelles.

      Ces victimes subissent un véritable lavage de cerveau leur faisant croire que ce sont elles qui sont à blâmer : certains agresseurs prennent d’autant plus de plaisir aux réponses sexuelles de l’enfant qu’elles pourront servir à justifié leur geste. C’est extrêmement perturbant pour la victime , c comme si elle entendant "tu vois tu as joui . Tu le veux vraiment et tu aimes cela .

      Courtois ajoute que devenues adultes, ces personnes voient dans la relation vécue avec l’abuseur la preuve que leur sexualité a tjs été perverse .

      Livre #Plaisir_honteux, #Michelle_Desaulniers #1998 . Québec

      #inceste #pédophilie #pédocriminalité #viol #abus_sexuels #sans_violence

    • Rappelons en effet que d’après les résultats des recherches de Jehu 1988 , 80.4 % de ses répondants (ayant ressenti du plaisir ou non ) ont participé passivement aux abus dont ils étaient victimes .

      C’est quoi « participé passivement » à l’ agression (et non à l’abus qui est un anglicisme foireux de violophiles) ?

    • yo @mad_meg je comprends que tu ais des réactions épidermiques avec le sujet, mais faut pas me rentrer dedans comme ça c’est hyper désagréable. Je sais que tu t’adresse au texte et pas à moi, mais il se trouve que les extraits que je cite me semblent sans ambiguïté ou complaisance. J’ai pas lu tout le bouquin, qui doit pouvoir être critiqué, mais je reconnais beaucoup de mon expérience dans les extraits cités, et il me semble que cet aspect de la chose est rarement dit et que c’est important de le dire. Je pense que la figure de la victime pure et innocente est extrêmement toxique. Et encore une fois, même si la ligne est ténue, il ne s’agit pas de rendre les anciennes victimes responsables des agissements,des crimes, des adultes...

  • La loi de l’inceste
    Les couilles sur la table

    https://www.youtube.com/watch?v=43PMwj5NQLA

    Nous avons toutes et tous grandi dans une culture de l’inceste qui impose qu’on y soit aveugle et qu’on n’en parle pas. Alors que les victimes - et donc leurs agresseurs - sont banalement répandu·es, l’inceste est considéré comme le plus grand interdit voire le plus grand tabou de notre société. Selon l’anthropologue Dorothée Dussy, cette idée reçue entraîne un déni de la réalité de ce phénomène. Plus encore, cette vision désincarnée de l’inceste manque de prendre en compte le point de vue des femmes et des enfants, et participe à la constitution de l’inceste comme « structurant de l’ordre social ».

    En quoi les sphères intellectuelles, législatives et judiciaires véhiculent une perspective patriarcale et masculiniste de l’inceste, et plus largement du viol ? Comment l’inceste est représenté dans les œuvres d’art ?

    Dans cette deuxième partie de leur entretien, Victoire Tuaillon et Dorothée Dussy analysent ce qu’est la culture de l’inceste. Selon la directrice de recherche du CNRS, l’inceste est à la base des rapports d’oppression, d’où titre de son ouvrage majeur sur la question : « Le Berceau des dominations » (éd. Pocket, 2020 ; initialement publié en 2013 aux éditions La Discussion).

    #inceste #viol #culture_du_viol #masculinité

  • Compte-rendu d’une intervention de Dorothée Dussy sur l’inceste – Le blog de Manderley et d’Alex Vigne
    https://alexvigne.wordpress.com/2015/03/17/compte-rendu-dune-intervention-de-dorothee-dussy-sur-linceste

    Pour la terre entière, sauf pour le petit monde des anthropologues, l’inceste est un abus sexuel commis sur un-e enfant dans une famille. Ce petit monde des anthropologues parle habituellement de l’interdit de l’inceste : il désigne des règles matrimoniales, des systèmes de parenté, des alliances qui sont interdites. Il s’intéresse aux règles et aux normes, pas à la pratique. Pour Claude Lévi-Strauss, l’interdit de l’inceste signerait le passage de la nature à la culture, serait la pierre angulaire de l’humanité.

    Pour travailler sur l’inceste, dans la vraie vie, quand il arrive, et pas simplement sur des règles de parenté, il faut donc imaginer un autre terrain que les autres anthropologues qui travaillent sur l’interdit de l’inceste. Quand on travaille l’inceste dans sa dimension empirique, cela nécessite de l’observation, des entretiens, etc… Or, il est difficile de rencontrer des gens qui se disent incesteurs. Il y a des clubs de foot, pas des « clubs d’incesteurs ».

  • Le berceau des #dominations - document
    https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02561862/document

    Tous les jours, près de chez vous, un bon père de famille couche avec sa petite fille de neuf ans. Ou parfois elle lui fait juste une petite fellation. Ou c’est un oncle avec son neveu ; une grande sœur avec sa petite sœur. Dans cette anthropologie de l’inceste, Dorothée Dussy se penche sur les mécanismes complexes par lesquels l’inceste, en théorie interdit et condamné, est couramment pratiqué dans l’intimité des foyers français. À la faveur du réel, et de la banalité des abus sexuels commis sur les enfants, l’inceste se révèle structurant de l’ordre social. Il y apparaît comme l’outil primal de formation à l’exploitation et à la domination de genre et de classe. Cinq ans d’enquête ethnographique menée auprès d’enfants incestés devenus grands, et auprès de leur famille, sont restitués dans une trilogie dont Le berceau des dominations forme le premier livre. S’appuyant principalement sur une série d’entretiens réalisés en prison auprès d’hommes condamnés pour viol sur des enfants de leur famille, l’auteur donne dans ce premier opus la parole aux incesteurs. Simples maillons d’une généalogie familiale où l’inceste leur préexiste, on comprend que les incesteurs incestent par facilité, par mimétisme, par opportunisme, ou encore par identification. Sans complaisance, mais sans mettre l’incesteur en position d’étrangeté, l’auteur guide le lecteur pas à pas dans un voyage subversif au cœur de familles que rien, ou presque, ne distingue des vôtres

    #inceste #pédophilie #pédocriminalité #dorothée_dussy

    • DD : Et vous, vous n’avez pas envie d’en parler ?

      AB : Je suis même surpris d’avoir accepté votre entretien, parce que j’ai déjà du mal à en parler au psy. J’ai accepté parce que si ça peut aider quelqu’un à comprendre, si ça peut aider... c’est le but. Ce qui me bloque un petit peu, c’est qu’on soit considéré comme des Fourniret, des trucs comme ça. Parce que dans la tête des gens, délinquant sexuel, c’est quelqu’un qui viole des enfants, qui les tue, qui les charcute. Je pense que dans la tête des gens, c’est ça.Dorothée Dussy et Arnaud Bias, avril 2009, extrait d’entretien

    • Françoise Héritier, après avoir consacré une grande partie de sa carrière aux règles de l’exogamie à travers le monde, a tenté de mettre face à face la théorie et le point de vue des praticiens1, sans réaliser qu’elle n’avait jamais travaillé sur le problème théorique de l’inceste, mais sur celui de l’interdit de l’inceste.

    • Il y aura toujours des intellectuels et des crétins pour considérer que la politisation des questions de violence domestique représente un dan-ger puritain qui instrumentalise le droit5, pour considérer que le volet répressif de la législation en matière de moeurs est nocif pour la démo-cratie et pour l’égalité entre individus. Les intellectuels pédophiles des années 1970 tenaient déjà ce discours. C’est la rhétorique du violeur et du pédophile, on le verra dans ce livre, qui consiste à discréditer toute description de la violence en brandissant le spectre de l’idéologisme fanatique et répressif anti-démocratique et en ignorant sa propre idéo-logie masculiniste. Inversement, il me semble que décrire et prendre acte des violences, de leurs spécificités, des effets qu’elles produisent et des conséquences qu’elles entraînent est un premier pas vers la paix et la démocratie. Les commissions « vérité et réconciliation » organisées après l’apartheid en Afrique du Sud et après le génocide au Rwanda, les procès des cadres nazi, khmers, serbes, et autres auteurs de crimes de masse partent du même principe. Décrire et dire la violence est un pas vers la paix.

    • Pour le dire autrement, les violences structurelles, les guerres et les taux usuraires pratiqués par les banques qui prêtent aux pays en instance de faillite, ne sont pas produites ex nihilo par des hommes entrés en fonction le cœur et le reste vierges de souvenirs et d’apprentissages.

    • En filigrane, cette description permet de réfléchir à la question de l’homme normal versus anormal ou monstrueux, et permet, au bout du compte et dans la conclusion qui referme le livre, de repenser le lien entre la pratique de l’inceste et la théorie de l’interdit.

    • Génie

      Dans la perspective de composer un texte émancipé des modèles masculins, classiques et légitimes, on n’hésitera pas, dans ce livre, à se référer à des voix inhabituelles en sciences sociales, et à tirer l’écriture vers une langue du quotidien et du domestique, l’espace de l’inceste.

    • J’ai été affectée – au sens proposé par Jeanne Favret-Saada16 – par l’ensemble de cette recherche. C’est-à-dire infectée par le système inceste, qui vous bloque quand vous voulez en parler, qui vous fait croire que vous êtes illégitime pour en dire quelque chose – vous êtes trop proche du sujet, vous êtes trop loin, vous êtes militante (c’est-à-dire hors-jeu du terrain scientifique), vos matériaux sont trop biaisés, vous avez parlé à des « victimes », à des « détenus », mais de quel droit omettez-vous le point de vue de ceux qui ont vécu un inceste heureux ? C’est le principe du système inceste : faire taire. Pour en sortir, il faut vomir plusieurs fois, mille fois, #vomir tant et tant que rien de ce qu’on peut vous dire pour vous arrêter ne vous touche plus car vous avez conjuré la guerre contre la nausée. Cela vous a rendu beaucoup plus libre, et notamment de décrire l’inceste from the inside.

      non mais ça.

    • Comme l’explique Finkelhor, la demande pour des statistiques permettant de renseigner le nombre d’en-fants violés est ancienne, et, notent les auteurs qui éditent le livre avec lui, cette demande est depuis longtemps satisfaite. On savait donc déjà, en 1986, mais aussi en 1929, en 1940, et donc vraiment depuis long-temps, que les abus sexuels sont assez courants dans la vie des enfants. Cependant, pour une variété de raisons, dont le scepticisme des psycha-nalystes (Masson 1984), dont les discours des pro-libération sexuelle, non seulement ces statistiques n’ont jamais suscité un grand battage publique, mais, à chaque nouvelle publication, elles paraissent inédites (c’est encore le cas du sondage IPSOS demandé en 2009 par l’associa-tion d’aide aux victimes d’inceste « AIVI » et qui estime à 3% le nombre de personnes ayant été victime d’inceste en France, estimation sous-éva-luée de l’avis des commanditaires et des commentateurs).

    • En résumé, pour 60 millions de Français, si on compte 5% de victimes d’abus sexuels intrafamilial, ce qui est dans la fourchette basse proposée par les enquêtes quantitatives, cela fait au moins trois mil-lions de personnes ayant été incestées. Mais pour compter convenable-ment le nombre de personnes impliquées dans les situations d’inceste, il faut évidemment ajouter les incesteurs ! Il n’y a pas de statistiques les concernant mais s’il y a trois millions de victimes, on peut estimer que les incesteurs se comptent donc aussi en millions ! Si cela vous paraît trop insupportable, ça ne me gène pas de descendre à quelques cen-taines de milliers d’incesteurs, mais alors il faut admettre que ceux-ci auraient incesté non pas un mais plusieurs enfants de leurs famille. En tous cas, pour incester trois millions d’enfants, il faut du monde...

    • Dans les éléments qui rendent très difficile d’admettre le nombre réel de viols et d’incestes, et qui rendent très difficile la compréhension de l’inceste comme une expérience atroce, et plus largement, du viol comme une expérience atroce, il y a l’initiation à la vie sexuelle, pour chaque homme et chaque femme, faite de situations qui ne sont pas toutes heureuses, souhaitées, réussies. Continuum d’expériences vé-cues par tous et toutes depuis l’adolescence, du rapport sexuel plus ou moins agréable, plus ou moins avec du désir, plus ou moins arraché, qui rend les partenaires plus ou moins violeurs ou plus ou moins violés.

    • Rien de mystérieux et d’inévitable dans l’invisibilité et le silence sur les violences subies ou agies, tout est affaire de pratique, donc de logique et de pédagogie. Idem pour la violence psychologique et la violence physique : si tu n’as pas ravalé l’insulte que tu as balancé à la gueule de ton copain qui t’avait énervé, ou contredit l’insulte que tu as reçue de ton copain que tu n’as pas attendu parce qu’il était en retard, tu rends l’insulte admissible. Tu compliques ce faisant les cri-tères d’évaluation de ce qui rendra, plus tard, une insulte admissible ou non admissible et tu t’exposes à ne plus réagir s’il t’arrive par la suite te faire encore salement traité(e). Sans parler des expériences vécues dans l’enfance. Les gifles ou les fessées qu’on reçoit de ses parents pour nous apprendre à écouter les adultes et en réaction à une bêtise qu’on a faite, nous font intérioriser dès l’enfance la justification de la violence.

    • Mais du coup, en l’absence de discours spontané sur l’inceste, les auteurs d’inceste ont intériorisé eux aussi les façons de parler d’inceste propre aux professionnels. Même l’élaboration de leurs récits sur leurs propres actes est devenue conditionnée par ces prescripteurs de normes que sont d’un côté les psy, et de l’autre les magistrats

    • l’hypothèse du dérapage à deux et de celle de l’inceste fraternel consenti, (...) n’existent que dans la pensée des personnes élevées dans l’ordre social incestueux. Car aucun adulte, ancien enfant incesté par un frère ou une sœur aîné(e), n’a jamais révélé, écrit, ou témoigné avoir entamé de son plein gré un inceste fraternel. En réalité, tous les enfants inces-tés par un frère ou une sœur plus âgé expriment avoir vécu des abus sexuels, et comme pour les autres histoires incestueuses, être ensuite devenus plus ou moins sexuellement dépendants de la situation, avoir plus ou moins construit un récit de la situation acceptable pour eux-mêmes, etc. C’est l’incesteur qui fait croire (à son psychiatre, sur des forums d’association d’aide aux victimes, ...), et se fait croire, qu’il y a des incestes fraternels consentis, ou que le dérapage était mutuel.

    • S’il n’existe aucun témoignage allant dans le sens du consentement, mais qu’il existe au contraire une multitude de témoignages indiquant des situations d’abus, quelles références, quelle documentation, quel savoir oriente le psychiatre pour qu’il classe l’inceste fraternel ailleurs qu’au rang des agressions ? Aucun, sinon un savoir d’acteur social ayant intériorisé la grammaire de l’inceste et spéculant la pratique à l’aune de la théorie. En effet, plus loin dans son texte, Becker précise : « L’abus sexuel se réfère à la question du consentement dont l’absence définit l’abus. L’inceste, en revanche, renvoie à la relation de parenté qui détermine les partenariats socialement permis et/ou interdits. Il peut donc y avoir inceste sans qu’il y ait le moindre abus sexuel, car cette distinction se réfère à des systèmes de normes distincts. L’abus sexuel se définit en fonction de ce que Foucault (1976) nomme « le dispositif de sexualité », gérant le désir et le pouvoir, alors que l’inceste renvoie au dispositif d’alliance qui organise les règles et leur transmission. » On touche là un biais du raisonnement, important car il est constitutif d’un hiatus qui fait le bonheur de la pratique de l’inceste. Ce n’est pas l’inceste qui renvoie au dispositif d’alliance, c’est l’interdit de l’inceste. L’inceste n’est pas le pendant empirique de l’interdit de l’inceste. C’est une autre notion, qui caractérise une relation se définissant précisé-ment par la double condition de la contrainte sexuelle et de l’exercice de cette contrainte sur un enfant de la famille

    • pull up selecta :

      L’inceste n’est pas le pendant empirique de l’interdit de l’inceste. C’est une autre notion, qui caractérise une relation se définissant précisé-ment par la double condition de la contrainte sexuelle et de l’exercice de cette contrainte sur un enfant de la famille

    • my girl :

      Dans les pages qui suivent, on parlera indifféremment d’auteurs d’abus sexuels, d’inces-teurs, d’agresseurs, et on ne fera pas de différence entre la littérature scientifique consacrée à l’inceste et celle qui est consacrée aux agres-sions sexuelles pédophiliques. Car les auteurs d’inceste ne constituent pas un groupe clinique, comme le souligne Jean-Michel Darvez-Bor-noz26. En effet, les agressions d’enfants sont rarement commises par une personne totalement étrangère. Inversement, près de 80% des agressions sont commises par des agresseurs ayant un lien de proxi-mité, sinon un lien familial, avec l’enfant. Cette proportion indique que même en l’absence de spécifications, les résultats des études sur les agresseurs d’enfant portent en réalité sur des agressions incestueuses au sens large.

    • Les garçons, encore plus que les filles, peinent à dévoiler les abus sexuels tout sim-plement car il leur faut du temps, et un long travail de raisonnement, pour penser aux abus sexuels comme à des abus sexuels (cf. Dussy, 2008) et non comme à une initiation ou à l’expression affective ina-déquate (Holmes, Offen et Waller, 199730).

    • La réalité est toujours plus riche que les stéréotypes et les en-quêtes permettent de constater que les types d’abus sexuels commis par des femmes ne sont pas moins violents, sérieux, et intrusifs, que ceux commis par les hommes (Saradjian, 199632). Tardif et Lamou-reux, comme Saradjian et l’ensemble des chercheurs ayant publié sur les femmes auteurs d’abus sexuels, relèvent une expression agressive manifeste chez plusieurs femmes abuseures allant jusqu’à éprouver de la satisfaction à voir souffrir leurs victimes, à verbaliser des pulsions homicides et à recourir à des armes ou à la force au cours de leurs abus.

    • notons, là encore, que pour les spécialistes de l’enfance, comme pour tout le monde, c’est donc le point de vue du « pénétrant », et non celui du « pénétré », qui déter-mine l’intention donnée au geste sexuel.

    • Ni dans la littérature que j’ai consultée, ni dans l’enquête, je n’ai rencontré de situations d’inceste (ou de jeux sexuels) entre des jumeaux, ou des cousins du même âge. Les jumeaux, et les cousins du même âge, vont explorer la sexualité ailleurs qu’au sein de leur famille.

    • Louise Armstrong, porte-parole de la position féministe états-unienne sur l’inceste, explique que les professionnels nord-américains de la santé et du travail social ont fait de l’inceste un produit d’exportation, asceptisé de toute possibilité de critique sociale et, ajoute-t-elle, de
      toute trace d’une analyse féministe. En faisant de l’inceste une pathologie, c’est-à-dire une question relevant de champ de compétences médicales, on esquive la question politique : il ne s’agit plus de travailler à la transformation sociale ou de réfléchir sur les moyens d’éliminer les abus sexuels intrafamiliaux, ce qui passerait par la reconnaissance des
      positions précises de chacun (dominants/dominés) dans cette affaire.
      Par le jeu de la terminologie ad hoc (maladie, névroses, traumatisme, souffrance, douleur, symptômes, déviance) poser l’inceste comme une pathologie détourne l’attention sur les dégâts psychologiques que provoquent les abus sexuels incestueux. Il n’y a plus lieu de s’intéresser ou de nommer comme telle l’agression, ni de décrypter ses mécanismes, au centre desquels figure la question de genre, selon Louise Armstrong, puisque d’un côté, il y a la souffrance des femmes et des enfants, qu’il faut guérir et traiter (quand la guérison n’est pas assimilée à la possibilité de pardon accordé à l’agresseur), et de l’autre côté, il y a des déviants, qu’il faut aussi traiter. Or, comme en l’évoquaient déjà les groupes de femmes il y a trente ans (notamment dans le premier recueil de témoignages regroupé par Louise Armstrong : kiss daddy
      good night
      ), la plupart des agresseurs incestueux, garçons ou hommes adultes, ne sont pas déviants ; il y a parmi eux des pédophiles cinglés, mais la grande majorité n’agresse que leurs enfants, ou cousine, sœur, nièce, belle-fille, petite-fille, etc. et en dehors de cela, ils sont très bien
      insérés dans la société, comme on va s’en rendre compte dans les pages qui suivent.

    • Dans le monde de l’incesteur, vous avez en permanence un goût de bizarre collé au cerveau, au point que vous finissez par vous demander si vous êtes cinglé(e) ou si ce que vous venez d’entendre ou de dire est normal.

    • La loi définit le viol à partir du non-consentement d’au moins un des partenaires à la relation sexuelle. L’incesteur définit le viol à partir de l’état d’esprit qui prédispose à son passage à l’acte. Il cherche du plaisir sexuel, et en homme autonome, va le chercher là où il peut le trouver, là où c’est facile, pas cher, et sans nécessité d’opérations de séductions dont le résultat n’est en outre jamais assuré. L’incesteur se sert ; il n’est pas forcément un violeur et n’a pas l’intention de vio-ler, au sens de violenter, d’exercer une violence.

    • L’incesté, en retour, crie rarement (voire jamais), ne se plaint pas (en tous cas pas explicitement), ne s’oppose par à la relation sexuelle. L’incesté est obéissant, comme la plupart des enfants, il est assez rapidement habitué à la relation sexuelle et les éventuelles marques d’opposition ou de refus disparaissent avec la répétition des rapports. Belote : rien ne manifeste l’absence de consentement des incestés à l’inceste. Rebelote : en conséquence de quoi l’incesteur ne sait pas qu’il viole.

    • L’affaire DSK, à l’été 2011, a fait couler beaucoup d’encre dans le sens de l’importance des nuances dans la définition profane du viol. De tous les pense-bêtes qu’on a pu lire, il faut retenir que dans l’ordre social dominant, qui est le monde de l’incesteur et de nous tous, une femme (ou une enfant) qui hurle son refus n’est pas forcément une femme qui refuse le rapport sexuel. Pour qu’il y ait viol, il faut que l’homme qui souhaite le rapport sexuel ait un profil de violeur, comme on l’a appris de la bouche de spécialiste pendant l’été DSK. Je refuse de faire écho et de citer les auteurs de cette affirmation qui serait simplement ridicule si elle n’était pas dramatiquement performative. L’idée fait long feu et le fait que leur incesteur n’ait pas un profil de violeur retient les incestés parfois pendant des décennies de penser qu’ils/elles ont été incestés. Pour qu’il y ait viol, il faut en sus que le rapport ait été extorqué avec intention de nuire, ou quelque chose d’approchant une connotation agressive. Le consentement du partenaire n’entre pas en ligne de compte dans la définition commune du viol. L’appétit vient en mangeant, comme dit le proverbe, et dans une langue ad hoc le désir, peut s’obtenir en cours de « repas ». Tout le monde le sait, se passer du consentement de son/sa partenaire pour démarrer un rapport sexuel est tout à fait banal. Sur le continuum du consentement qui va de « oui, j’ai très envie tout de suite, jette toi sur moi », au « viol », les options séparant les deux pôles sont nombreuses. Sans parler de l’excitation sexuelle fatalement induite par la stimulation, pour les garçons comme pour les filles, même quand l’intérieur de la tête est en révolte ou en stand by. Sans mentionner non plus une autre des caractéristiques de la définition courante du viol, qui suppose un événement unique, et non des années de relation affective. Au bout du compte, difficile pour quiconque de savoir exactement à quel endroit du continuum on se situe et les incesteurs ont des raisons logiques, donc légitimes, de considérer qu’ils ne sont pas des violeurs.

    • Le point de vue de la fillette est totalement absent du discours candide du père qui explique que dans la mesure où il imaginait sa fille opérationnelle sur le marché de la sexualité, ce qu’il insinue par « je n’ai pas senti de résistance », il ne lui portait pas préjudice en ayant avec elle des relations sexuelles.

    • Si un rapport sexuel avec une fille de quinze ans paraît à l’incesteur et au légistaleur moins de la pédophilie, moins de l’inceste, moins de l’abus de mineur, et donc moins condamnable, c’est d’un point de vue mascu-liniste, c’est-à-dire libéral s’agissant de l’appropriation du corps des femmes. Du point de vue de la fille, et surtout du point de vue de la fille violée, il n’est pas plus acceptable d’être violéeà 16 ans qu’à 13.

  • Va-t-on légaliser l’inceste entre adultes (en mettant un seuil de consentement à 18 ans) ?
    https://sandrine70.wordpress.com/2021/02/17/faut-il-interdire-linceste-entre-adultes

    Eric Dupont-Moretti, « ministre de la justice, a annoncé dans un premier temps un seuil de non consentement à 15 ans, pour des relations sexuelles adultes-mineur·es, puis de 18 ans en cas d’inceste. C’est un premier pas, semble-t-il, salué par les associations féministes et de protection de l’enfance. Mais quand j’ai vu l’info, je me suis demandé : est-ce que cela ne vient pas renforcer la légalisation de l’inceste en France ? Et pourquoi cette différence avec les autres mineur·es. ? Et puis j’ai réalisé que l’inceste entre adultes…était déjà légal ! Ce qui m’a poussé à me poser de nombreuses questions sur les débats en cours… Et à faire un parallèle avec la prostitution, qui je pense, éclaire et nourrit la réfléxion (n’ai-je pas toujours écrit ici que c’étaient les deux verrous du patriarcat ?)

    #inceste #viol #culture_du_viol

  • Inceste à hurler du silence
    Replay france 3 Aquitaine | France tv
    https://www.france.tv/france-3/nouvelle-aquitaine/la-france-en-vrai-aquitaine/2369429-emission-du-lundi-22-mars-2021.html

    Inceste à hurler du silence

    diffusé le lun. 22.03.21 à 23h30

    disponible jusqu’au 22.04.21
    art de vivre
    52 min
    tous publics
    plus que 2j

    De quelle guérison parler lorsque le corps a été violenté, l’identité humiliée, l’interdit transgressé, la loi a été bafouée ? Depuis 20 ans, la Maison d’Accueil Jean Bru à Agen aide les victimes à restaurer l’estime de soi, l’identité individuelle, la place dans la généalogie. Le but des équipes de la maison d’accueil est de les libérer de l’aliénation psychologique et de la honte, un travail sur le moyen et le long-terme. En oeuvrant à la réconciliation des victimes avec elles-mêmes, cela contribue à les aider à recréer une vie ordinaire avec une histoire singulière. La réalisatrice Hélène Trigueros a recueilli, au cours de ce film inédit, des témoignages de victimes prêtes à s’exprimer sur leur traumatisme ainsi que des personnels soignants.

    (@tintin - jusqu’à ce jeudi soir sur le site - j’avais vu mais merci pour le cc sur l’autre seen)

    #inceste #pédocriminalité

  • Laure Ignace & Catherine Le Magueresse : Protéger les mineur·es des crimes et délits sexuels et de l’inceste + Les enfants doivent être enfin protégés. Appel de 51 personnalités sur les violences sexuelles

    Le Sénat est appelé à se prononcer, en seconde lecture, sur la proposition de loi visant à protéger les mineurs des crimes et délits sexuels et de l’inceste, dite « PPL Billon ». Ce texte (n°447) examiné en commission des lois mardi 23 mars, sera soumis au vote des sénateur·trices jeudi 25 mars.

    Ce calendrier, extrêmement serré, laisse peu de temps pour un débat citoyen alors même que le texte comporte un certain nombre de dangers et d’absurdités. Il est donc impératif de le modifier.

    Dans ce contexte, et pour parer au plus urgent, nous concentrerons notre analyse critique sur l’article 1er de la PPL.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/04/13/proteger-les-mineur·es-des-crimes-et-delits-sexuels-et-

    #inceste #violences #enfant

  • Réédition : Le berceau des dominations

    Dorothée Dussy est anthropologue. Elle travaille au CNRS et est membre de L’IRIS (Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux). Ses travaux explorent l’articulation entre le secret, le non-dit et les pratiques sociales à partir d’enquêtes sur la ville, le corps et l’inceste. En 2013, elle a coordonné l’ouvrage L’inceste, bilan des savoirs [1]. Le berceau des dominations [2] est le premier livre d’une trilogie consacrée à « l’ordre social incestueux ». L’ouvrage étudie les « incesteurs » tandis que les deux prochains seront consacrés aux « incesté·e·s » et à la construction de leur subjectivité d’une part, et, d’autre part, au traitement des rares affaires qui parviennent devant les tribunaux et aux divers « procédés de légitimation du silence à l’échelle des sociétés et des institutions ». L’approche de l’auteure est également alimentée par son implication depuis plusieurs années dans l’association AREVI [3].

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/04/09/reedition-le-berceau-des-dominations

    #feminisme #inceste

  • Le modèle #Sciences_Po dans la tourmente avec les #polémiques sur la « #culture_du_viol » et l’« #islamophobie »

    Quelque chose serait-il cassé, dans le monde feutré des #instituts_d'études_politiques (#IEP) ? Depuis la déflagration qui a touché début janvier le vaisseau amiral Sciences Po Paris, entraînant la démission à un mois d’intervalle des deux têtes dirigeantes de l’école le directeur, #Frédéric_Mion, a menti en assurant ne pas connaître les accusations d’#inceste visant le président, #Olivier_Duhamel , pas une semaine ne s’écoule sans que « la maison », composée de dix établissements, ne fasse parler d’elle.

    Dernier épisode en date, lundi 22 mars, le collectif féministe de l’IEP de Lyon Pamplemousse et le syndicat Solidaires-Etudiants ont demandé l’exclusion de la #Ligue_internationale_contre_le_racisme_et_l'antisémitisme (#Licra) d’un partenariat noué par leur école. En cause : les « nombreuses ambiguïtés vis-à-vis de son rapport à l’islamophobie, ainsi qu’à la #laïcité » que la Licra aurait manifestées lors d’un débat dans un lycée de Besançon en décembre, donnant lieu à une requête de parents d’élèves et d’enseignants auprès du recteur. « Nous estimons que la lutte contre l’islamophobie, l’#antisémitisme, la #négrophobie ou toute autre forme de #racisme doit être une priorité et qu’à ce titre, les institutions comme Sciences Po Lyon doivent s’entourer de collectifs et associations dont le travail se montre à la hauteur de la lutte. La Licra n’en fait pas partie », soutiennent ces étudiants dans leur communiqué.

    Le 18 mars, à Strasbourg cette fois, le syndicat étudiant UNI a pris à partie la direction de l’IEP qui aurait, selon le syndicat, interdit d’attribuer « #Samuel_Paty » comme nom de promotion, au motif qu’il fallait alterner chaque année entre un homme et une femme. « Ce procédé est révélateur de ce qui se passe à #Sciences_Po_Strasbourg depuis des années. L’#idéologie et les #militants d’#extrême_gauche font la loi et n’hésitent plus à fouler du pied la mémoire d’un martyr de la liberté », affirme François Blumenroeder, président de l’UNI Strasbourg.

    Ces épisodes font suite à deux autres événements à très haute tension : la vague #sciencesporcs, lancée le 7 février par une ancienne élève de l’IEP de Toulouse, la blogueuse féministe #Anna_Toumazoff, pour dénoncer « la culture du viol » dont se rendraient « complices » les directions des IEP en ne sanctionnant pas systématiquement les auteurs de #violences_sexistes et sexuelles. Enfin, le 4 mars, le placardage des noms de deux professeurs d’allemand et de science politique sur les murs de l’IEP de Grenoble, accusés de « fascisme » et d’ « islamophobie », après avoir signifié, avec véhémence parfois, leur opposition à une collègue sociologue sur la notion d’islamophobie. Le syndicat étudiant US a appelé à suspendre un cours d’un de ces enseignants dans le cas où son appel à témoignages lancé sur Facebook permettrait d’établir le caractère islamophobe de certains contenus.

    Cette escalade subite de #tensions s’enracine dans la communauté des étudiants de Sciences Po, lauréats d’un concours aussi sélectif que prestigieux. L’attractivité des instituts, fondés entre 1945 et 1956 puis en 1991 pour les deux derniers (Lille et Rennes), ne s’est jamais démentie et atteint même des sommets depuis leur entrée sur la plate-forme d’affectation dans l’enseignement supérieur Parcoursup en 2020. « Tout ce qui nous est tombé sur la figure depuis janvier a eu pour conséquence 54 % d’augmentation du nombre de candidats », ironise Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille, à propos du concours commun des sept instituts de région qui attire cette année 17 000 candidats pour un total de 1 150 places. Hors concours commun, Sciences Po Bordeaux enregistre aussi une poussée sur deux ans, passant de 2 800 à 6 000 candidatures pour 275 places, quand Paris en comptabilise 19 000 pour 1 500 places, en hausse de 50 % sur un an.

    Evolution de la #politisation

    Ces histoires révèlent surtout que la politisation des étudiants, constante, voit ses formes et expressions considérablement évo luer, les IEP se faisant le miroir de la société. « Je vois se former de véritables militants dont les objectifs ont changé. C’est un marqueur générationnel qui n’est pas propre à notre formation », analyse Jean-Philippe Heurtin, directeur de l’IEP de Strasbourg. C’en est fini ou presque de l’engagement dans les partis ou syndicats traditionnels, note Anthonin Minier, étudiant en première année à Sciences Po Paris et représentant des écologistes. « Je pensais arriver dans une école où tout le monde serait encarté ! En fait, il y en a 5 % au plus qui se disent proches d’un parti », rapporte-t-il. Les #discriminations sociales, et plus encore sexuelles et raciales, focalisent l’attention de ceux qui bénéficient la plupart du temps d’enseignements sur les études de genre et sur l’#intersectionnalité, ce qui place les IEP parmi les suspects de militantisme « islamo-gauchiste » dont la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, cherche à établir une liste. « Les IEP ne sont plus des boys’clubs et #Parcoursup n’a fait qu’accentuer le changement, avec des promotions composées à 70 % ou 75 % de filles, relève Vincent Tiberj, professeur à Sciences Po Bordeaux. Le #genre est désormais quelque chose d’important et nos instituts tels qu’ils fonctionnent n’ont peut-être pas bougé assez vite face à des étudiantes qui intègrent complètement ces problématiques. #sciencesporcs raconte aussi cela. » « Le type de débat en classe est différent d’il y a quelques années, et il faut se battre contre des habitudes qui ont été développées par les réseaux sociaux, mais cela ne touche vraiment pas que Sciences Po », relativise Anne Boring, qui dirige la chaire pour l’entrepreneuriat des femmes à Sciences Po Paris.

    L’#année_à_l'étranger, obligatoire depuis le début des années 2000, explique en partie ces nouveaux comportements, note Francis Vérillaud qui a dirigé pendant vingt-cinq ans les relations internationales de l’institut parisien. « Sciences Po est challengé depuis longtemps par ses propres #étudiants parce qu’ils sont très internationalisés. Quand ils rentrent d’un an au Canada, aux Etats-Unis, aux Pays-Bas ou en Allemagne, où les sujets des violences sexuelles et sexistes sont traités dans les universités, ils viennent avec un apport. Je me souviens de discussions compliquées, car ce n’était pas évident dans la #culture_française. »

    Les IEP ont bien changé depuis leur création, précisément lors du passage de la scolarité de trois à cinq ans pour se conformer aux standards internationaux, à partir de l’an 2000. Les fondamentaux demeurent, autour des cours d’histoire, de sociologie, de science politique et de droit, mais il a fallu revoir les maquettes, notamment en master, là où les étudiants se spécialisent, chaque école proposant des dizaines de voies différentes. « Penser qu’on fait Sciences Po uniquement pour passer le concours de l’Ecole nationale d’administration est une image d’Epinal, relève Yves Déloye, directeur de l’IEP de Bordeaux. Les concours administratifs, qui étaient au coeur de la création des instituts après la guerre, n’attirent qu’un tiers de nos étudiants. Les autres aspirent à des carrières de plus en plus diversifiées en entreprise, dans des ONG, dans l’économie sociale et solidaire. »

    Enseignement passe-temps

    Le profil des enseignants a lui aussi évolué, les instituts cherchant à « s’académiser » en recrutant davantage d’enseignants-chercheurs que de personnalités politiques et économiques vacataires, qui prenaient comme un passe-temps le fait d’enseigner à Sciences Po. « Je me souviens du grand cours d’économie de deuxième année fait par Michel Pébereau [président de la Banque nationale de Paris qui deviendra BNP Paribas], sourit Vincent Tiberj, ex-étudiant de l’IEP parisien. Il distribuait un polycopié qui datait de 1986. Or nous étions en 1993 et entre-temps, il y avait eu la chute du mur de Berlin, mais dans ce monde élitaire classique, le temps était suspendu. » Ce décalage entre l’élite dirigeante et l’apport en temps réel des #recherches en #sciences_sociales fonde l’#incompréhension actuelle autour des accusations d’ « islamo-gauchisme . Les #gender_studies se banalisent, Sciences Po Toulouse ayant même constitué un master dédié tandis que presque tous les autres IEP en font des modules ou des thématiques abordés en cours de sociologie. « Ces questions sont analysées au même titre que d’autres formes de discriminations, ce qui est tout à fait légitime », appuie Jean-Philippe Heurtin, à Strasbourg.

    Le débat est pourtant loin d’être clos parmi les étudiants : « Se présenter en fonction de son sexe, de sa position sociale et de sa couleur est une pratique en vogue dans ce type d’enseignement, ce que je trouve ahurissant, lâche Quentin Coton, étudiant de Sciences Po Paris et membre de l’UNI. Ce sont des questions que les gens ne se posaient même plus dans la société française et qui reviennent à Sciences Po. Elle n’est pas là, la déconnexion de notre école ? » L’objet des débats politiques change, mais le ton reste vif.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/03/31/polemiques-sur-la-culture-du-viol-l-islamophobie-le-modele-sciences-po-dans-

    Et cette phrase prononcée par un étudiant... au demeurant, évidemment, (certainement) un homme (très probablement) blanc et (probablement) d’origine sociale pas vraiment modeste...

    « Se présenter en fonction de son sexe, de sa position sociale et de sa couleur est une pratique en vogue dans ce type d’enseignement, ce que je trouve ahurissant, lâche Quentin Coton, étudiant de Sciences Po Paris et membre de l’UNI. Ce sont des questions que les gens ne se posaient même plus dans la société française et qui reviennent à Sciences Po. Elle n’est pas là, la déconnexion de notre école ? ».

    #déni

    Ajouté à ce fil de discussion sur les événements qui ont eu lieu à #Sciences_Po_Grenoble :
    https://seenthis.net/messages/905509

    ping @karine4 @cede

    • Yo j’ai fait tourné le doc à carabine à citrons, que je suis sur cuicui, sa réaction... :

      Je suis estomaqué. Je regarde ça, sur les conseils de @gwynethoula. Ce sont les témoignages de 4 victimes d’inceste en 1987. Rien à changé, rien à évolué, je suis à la fois révoltée et résignée, rien ne changera sur l’inceste. Elles disent les mêmes choses que les victimes qui parlent aujourd’hui. Elles disent les mêmes choses que moi. La société réagit exactement pareil. Rien . N’a . Changé. Et ce n’est pas une fausse loi mal fagotée qui y changera quelque chose. Les victimes ne sont toujours pas écoutées dans leur pertinence. On préfère rester sur des vieux principes de repression, carcéralistes qui ne changeront RIEN, parce que personne n’écoute. Je suis vraiment fâchée, c’est révoltant toute cette indifférence à nos paroles. Une fois de plus, des personnes bourrées de préjugés mesquins nous dépossèdent de nos voix. Et pérennisent l’inceste encore plus sûrement que les incesteurs. Et ça vient me traiter moi de pro pedophile. Je vous en veux à mort. Je ne pardonnerai jamais. En ce moment je pense une heure au téléphone chaque soir avec ma sœur pour remettre notre monde à l’endroit. Reconstruire le puzzle éparse dès notre histoire familiale pour qu’on se guérissent de nos vies. Et t’as un tas d’inutiles qui se pignolent sur des seuils d’âge à la con. Sans rien comprendre à l’inceste du tout parce qu’ils ne nous écoutent pas.Franchement je vous déteste. Vous faites partie du problème.

  • Véra Nabokov Was the First and Greatest Champion of “Lolita”

    https://www.newyorker.com/books/page-turner/vera-nabokov-was-the-first-and-greatest-champion-of-lolita

    The long-suffering wife who stands at her husband’s side, lending moral cover, reliably serves to blot out another woman’s agony. Véra did just the opposite. She alone emphasized Lolita’s plight from the start. In interviews, among her husband’s colleagues, with family members, she stressed Lolita’s “complete loneliness in the whole world.” She had not a single surviving relative! Reviewers searched for morals, justifications, explanations. What they inevitably failed to notice, Véra complained, was “the tender description of the child’s helplessness, her pathetic dependence on monstrous Humbert Humbert, and her heartrending courage all along.” They forgot that “ ‘the horrid little brat’ Lolita was essentially very good indeed.” Despite the vile abuse, she would go on to make a decent life for herself. Readers, too, ignored Lolita’s vulnerability, her pain, the stolen childhood, the lost potential. Lolita was not a symbol. She was a defenseless child. The subversive book, as Donald Malcolm wrote in his New Yorker review of the novel, in 1958, “coolly prodded one of the few remaining raw nerves of the twentieth century.” No less transgressive, shockingly more familiar, it strikes different nerves in the early twenty-first. Véra complained of Lolita, “She cries every night, and the critics are deaf to her sobs.” We hear her loud and clear today, when, finally, she has come to stand at the center of the story that bears her name."

    • Un élément qui est toujours escamoté par les analyses que j’ai pu lire ou entendre autour de #lolita c’est que Humbert Humbert est l’assassin de la mère de Dolorès. C’est lui qui fait d’elle une orpheline et c’est lui qui deviens son tuteur légale, ajoutant l’inceste à la pédocriminalité. L’inceste est un autre élément oublié systématiquement. #inceste

    • Even the best of readers had a difficult time separating Nabokov from Humbert. Nadezhda Mandelstam, the writer and widow of the great poet Osip Mandelstam, insisted that the man who wrote “Lolita” “could not have done so unless he had in his soul those same disgraceful feelings for little girls.” Maurice Girodias assumed Nabokov to be Humbert Humbert. After all was said and done, having defended the novel in the most adoring and erudite terms, Lionel Trilling informed his wife, having observed the couple in action, that Véra was Lolita

    • Largely lost in the shuffle, in the manifold discussions of perversion, obscenity, and indecency, was the title character herself. Most found Lolita as unlikable in her way as they found Humbert deplorable in his. A writer for The New Republic dismissed her, alluding to “fragile little girls who are not really fragile.” Many blamed Lolita and felt sorry for Humbert. Few seemed willing to forgive her for being a spoiled, non-virginal nymphet. To Robertson Davies, the theme of the book was “not the corruption of an innocent child by a cunning adult, but the exploitation of a weak adult by a corrupt child.” The seduction would become hers, as the monster would become Frankenstein. Headlines wrote her off as a “naughty” girl or “an experienced hoyden.” In 1958, Humbert’s real perversity seemed to be that he could find himself drawn to “a Coke-fed, juke-box-operated brat with a headful of movie mags for a brain,” according to a reviewer for Time. The New York Post noted that Lolita generally came off as “a fearsome moppet, a little monster, a shallow, corrupt, libidinous and singularly unattractive brat.” Dorothy Parker found the book brilliant, funny, and anguished, but the anguish to which she responded was Humbert’s. Of Lolita, Parker wrote, “She is a dreadful little creature, selfish, hard, vulgar, and foul-tempered.” A Cornell colleague found her unrealistic: a self-respecting American girl would never have passively submitted to Humbert. She would have had the good sense to call the police.

  • Inceste : les hypocrites et les innocents - Délinquance, justice et autres questions de société
    http://laurent-mucchielli.org/index.php?post/2021/03/02/Inceste-les-hypocrites-et-les-innocents

    La solution d’en appeler à la répression infinie (l’imprescriptibilité) comme le demande certaines associations, ce qui est respectable car la douleur est infinie, est juridiquement monstrueux de confusion et inefficace.
    (...)
    Et surtout un peu de bon sens ne nuit pas : s’il y a entre 4 et 5 millions de victimes d’inceste, ce qui est en effet possible et probable (mais mérite plus qu’une étude par sondage), est-il pensable que ce sera la justice, même surarmée en moyens (on peut rêver…), sur-formée à la détection et à la sanction juste et efficace, qui va résoudre ce problème ? Car 4 millions de victimes suppose presqu’autant d’agresseurs : ne seraient-ils qu’1 million, que va-t-on faire ? Les associations et certains psy militants réclament des peines plus lourdes donc plus longues : imagine-t-on 1 million de procès fournissant 1 millions de prisonniers en France ? …. On les met où ? combien de personnes faut-il mobiliser pour les encadrer ? pour quoi faire et comment ?

    (...)
    Comme quoi il ne suffit pas d’une bonne loi pour faire changer la réalité. Les victimes – et l’auteur de ces lignes en a beaucoup rencontré dans sa carrière – ne se taisent pas sans raisons, même si ces raisons ne sont pas les « bonne raisons » au regard des donneurs de leçons

    (...)

    La résilience – puisque c’est le terme à la mode – ne se décrète pas, et ne vient pas l’injonction même des « psys » » : les victimes d’inceste ont été privées par leur agresseur de la liberté de construire leur développement au regard de leur propre besoin fondamental d’humanisation. Nous n’avons pas à leur imposer notre savoir et nos injonctions à « parler et se soigner » « parler cela fait du bien », « le procès c’est utile pour faire son deuil » (de sa vie ?), toutes ces tartes à la crème qui se transforment en boulets
    Les victimes ont besoin qu’on leur propose des lieux, des personnes ressources, des parcours judiciaires adaptés (nos procédures judiciaires ont été pensées pour des adultes pas pour des enfants) ouvertes, d’où l’on peut se retirer, quitte à revenir, sans être mal jugé ou disqualifié, car les innocents ont besoin avant tout de la liberté psychique dont les a privé leur agresseur, ce que ne permet pas les injonctions dont elles sont l’objet.
    Les victimes ont aussi le droit à la présomption d’innocence….
    (...)

    Oui une société peut cesser de faire silence et éduquer ses enfants à ne pas céder à « la confusion de langage entre l’adulte et l’enfant » (Ferenczi, 1932 !). La violence émotionnelle précède le passage à l’acte car l’abus d’amour peut être un crime moral et c’est par là que se construit le crime sexuel. [? pour ma part]

    (...)

    Hypocrite est notre société, ses dirigeant et ses « sachants » qui font semblant de découvrir l’ampleur de la question : soit ils masquent leur ignorance abyssale, soit ils savent très bien que si nous échouons à simplement parler de l’inceste c’est parce que nous ne savons que le sanctionner, peu, et sans efficacité. Mais ils n’iront pas pour autant donner quelques moyens que ce soit pour former correctement des professionnels qui sauront parler de cela aux enfants et aux familles. Ils n’auront pas le courage d’inclure enfin fermement, sans tenir compte des criailleries hypocrites et culs-bénis, l’éducation sexuelle et morale à l’école ce qu’on échoue à faire depuis la circulaire Fontanet de… 1975. L’école est le seul lieu où l’enfant va obligatoirement sans sa famille, c’est donc le seul lieu où, quand on vit dans une famille incestueuse, on peut entendre que ce n’est pas « normal » comme le croit bien des enfants victimes qui se taisent, et donc en parler. Ce n’est pas compliqué à comprendre et pour le coup il n’est pas utile de réunir une commission : il suffit de faire appliquer les textes sur l’éducation affective et sexuelle sans aucune dérogation possible, et sans langue de bois. Bien sur il faudrait former les enseignants etc. mais il vaut mieux compter sur la force de la parole que sur les effets d’un kit de formation. Les innocents ont besoin du respect, de leur silence quand il est silence, de leur parole quand elle est parole. Ils n’ont pas besoin d’être culpabilisés par les injonctions des psy, des autorités religieuses ou des politiques, quand ils disent n’avoir pas confiance en une justice démunie et débordée. Ils/elles savent que ce qui combat la déshumanisation qu’elles ont subi c’est leur humanité, c’est la vie, c’est la transmission par la prise de parole qui leur convient quand elle leur convient. Le système judiciaire peut y aider mais il ne vaut que ce que vaut la société et ses dirigeants, élu-e-s, haut-fonctionnaires, directeur/trices et président(e)s des organismes de formation. La surdité hypocrite vient d’en haut : pour ceux qui en doutaient quelques femmes courageuses viennent de dévoiler la conspiration des silences qui donne la victoire à l’Inceste.

    #inceste #enfance

  • « L’incesteur mène une vie que rien ne différencie des autres » | CNRS Le journal
    https://lejournal.cnrs.fr/articles/lincesteur-mene-une-vie-que-rien-ne-differencie-des-autres

    L’#inceste se révèle avant tout être un rapport paroxystique de #domination qui s’exprime dans l’érotisation et la sexualité. L’appropriation sexuelle des vulnérables dans la famille est une façon d’exprimer qui est le patron.

    Ça a le mérite d’être parfaitement clair  !

    • l’inceste n’a rien à voir avec une pulsion de pédophile. Mon enquête a montré que l’immense majorité des incesteurs n’ont pas spécialement de désir sexuel pour les plus jeunes. Jusqu’au viol d’un enfant, ils ont une vie sexuelle d’homme adulte normal, sont mariés ou divorcés, ont eu une ou plusieurs épouses, éventuellement des maîtresses. L’inceste se révèle avant tout être un rapport paroxystique de domination qui s’exprime dans l’érotisation et la sexualité. L’appropriation sexuelle des vulnérables dans la famille est une façon d’exprimer qui est le patron .

    • Finalement, le plus difficile n’a pas été de rencontrer des incesteurs ou de travailler auprès des victimes, mais de restituer mon enquête auprès de mes collègues.

      Pourquoi avez-vous rencontré des difficultés dans la restitution de votre travail ?
      D. D. Il y a une vingtaine d’années, quand j’ai présenté mes premiers exposés sur l’inceste, les cadres de l’anthropologie – comme dans les autres disciplines – étaient sauf exception des hommes, quinquagénaires ou plus, qui ne portaient aucun intérêt intellectuel ou émotionnel à la question des violences sexuelles. Ils étaient rétifs à trouver légitime de s’y intéresser et le témoignaient parfois de façon grossière, par exemple en quittant la salle au milieu de mon exposé, ou en prenant un appel téléphonique au moment des questions. Je n’avais jamais vécu pareilles interactions dans mon chantier de recherche précédent, sur les questions urbaines en Océanie.

    • On parle de mieux former les professionnels pour débusquer les enfants incestés mais le problème tient aux relais. À qui on en parle, sachant qu’on n’est jamais sûr de la réalité des faits ? Sachant que moins de 2 % des affaires portées en justice aboutissent en faveur d’une condamnation, ça ne sert pas à grand-chose, à part faire entrer un enfant et sa famille dans un enfer judiciaire dont personne ne sort indemne.

      Tant qu’il n’y aura pas une réforme en profondeur des modes d’administration de la preuve, ça ne sert qu’à innocenter l’incesteur. Je pense qu’on gagnerait plus à agir en amont et à s’adresser aux auteurs d’inceste.

  • Inceste : le « syndrome d’aliénation parentale », une idéologie puissante

    Dans les cas de divorce, cette théorie développée en Amérique du Nord est utilisée pour accuser la mère de manipuler son enfant. Au point d’entretenir un « déni de l’inceste ».
    https://www.mediapart.fr/journal/france/020321/inceste-le-syndrome-d-alienation-parentale-une-ideologie-puissante

    À leurs yeux, les femmes font figure de suspectes idéales. En cas de divorce « conflictuel », un même scénario se répéterait : celui d’une mère, anxieuse, qui conduirait l’enfant à accuser injustement son père d’inceste. Cette théorie, promue par certains psychiatres en vue, s’est répandue jusque dans les tribunaux français (lire notre enquête). Elle repose notamment sur le syndrome d’aliénation parentale (SAP), que son fondateur, l’Américain Richard Gardner, définit comme « une campagne de dénigrement de la part de l’enfant contre un parent, campagne non justifiée ».

    Ce concept, né durant les années 1980, est extrêmement controversé. D’abord en raison de la personnalité de son fondateur. Le psychiatre Richard Gardner s’est en effet illustré, tout au long de sa carrière, par ses sorties misogynes et sa mansuétude à l’égard des pédocriminels. Ne disait-il pas qu’il y a « un peu de pédophilie dans chacun d’entre nous » ? « La pédophilie a été considérée comme une norme par la vaste majorité des individus dans l’histoire du monde », observait-il.

    À ses yeux, les enfants sont naturellement sexualisés et peuvent même parfois initier des relations sexuelles avec l’adulte en le « séduisant ». Dans les cas où cette « relation » est découverte, « l’enfant est susceptible de fabuler pour que l’adulte soit blâmé pour en avoir été à l’initiative », estime Gardner. À le lire, le plus grand risque résiderait dans la réaction de la mère : « Son hystérie […] contribuera à développer chez l’enfant le sentiment qu’un crime odieux a été commis et réduira d’autant ses chances d’un rapprochement avec le père », affirmait-il.

    Mais ces déclarations n’empêcheront pas la naissance d’un courant de pensée puissant, inondant les médias. Nous sommes alors en pleine décennie 1980, une période marquée par « l’augmentation des divorces », remarque le juge pour enfants Édouard Durand, qui co-préside les travaux de la commission sur l’inceste mise en place récemment. Depuis les années 1970, les fondements du patriarcat tremblent : « On passe de la puissance paternelle à l’autorité parentale, rappelle le magistrat. Donc on redéfinit les rôles juridiques dans la famille et l’égalité père-mère. »

    Les masculinistes promeuvent le SAP

    Il faut attendre les années 1990 pour voir arriver en France le syndrome d’aliénation parentale. Un psychiatre-sexologue, le Dr Paul Bensussan, va peu à peu s’imposer comme la figure de proue de ce mouvement. Expert à la cour d’appel de Versailles depuis 1996, il publie en 1999 un ouvrage remarqué, Inceste, le piège du soupçon (disponible en intégralité ici). Dans ce livre, il développe ses thèses sur la suggestibilité de l’enfant et les fausses allégations d’abus sexuels : « Le discours de l’enfant peut surprendre par la richesse de son vocabulaire ou par sa précision dans l’évocation des faits. Des faits qui prennent corps lorsque les interrogatoires se succèdent et se ressemblent : l’enfant apprend vite ! », ironise-t-il.

    La même année, le psychiatre est invité par SOS Papa, un groupe militant connu du grand public depuis le coup d’éclat de l’un de ses membres, qui s’était perché sur une grue de Nantes pour « défendre la cause » des pères en 2013. Cette association masculiniste, s’inspirant des groupes antiféministes américains, dispose déjà à l’époque de puissants relais et leurs colloques attirent des personnalités qui leur sont favorables, comme le Dr Paul Bensussan.

    « [Le psychologue canadien] Hubert Van Gijseghem, que vous avez tous lu, dont les travaux sont extrêmement célèbres, dit : “Les fausses allégations sont aussi délabrantes que les vraies.” Je suis d’accord avec lui », déclare le sexologue à un auditoire conquis.

    À ses côtés, Dominique Coujard, à l’époque vice-président du TGI de Paris, décrit les nouvelles mesures que mettent en œuvre les juges aux affaires familiales de Paris : « On introduit actuellement quelque chose que vous connaissez, [la notion] du parent le plus apte à favoriser les relations avec l’autre parent. À partir du moment où un parent a fait de fausses allégations, il n’apparaît pas être le plus apte à favoriser les relations avec l’autre parent. » Une phrase qui suscite, selon SOS Papa magazine, une vague d’applaudissements.

    Une théorie non reconnue par la communauté scientifique

    Cette promesse de Dominique Coujard aux adhérents de l’association résonne encore, vingt ans plus tard. Dans les affaires d’inceste présumé, « on ne se pose jamais la question : “Et si c’était vrai ?” », observe le co-président de la commission inceste, Édouard Durand. « L’hypothèse du viol incestueux est écartée, donc on reconstruit l’histoire de la famille en présumant que la mère manipule son enfant. […] Or, quand on part du principe qu’il y a conflit, il y a une injonction, non seulement judiciaire mais aussi sociale, pour que les parents s’entendent. Le modèle du bon parent, c’est celui qui accepte le principe de la résidence alternée, y compris au mépris des besoins de l’enfant. »

    Les thèses de l’aliénation parentale, tout comme la carrière du Dr Bensussan, vont connaître une progression fulgurante à la faveur de l’affaire Outreau, en 2005. Le psychiatre, appelé en qualité de témoin par les avocats de la défense, va étriller les expertises contenues dans le dossier d’instruction. Le procès en appel, aussitôt qualifié de « naufrage judiciaire », signe la consécration du sexologue.

    Il enchaîne alors les cours à l’École nationale de la magistrature, les colloques et conférences consacrés à l’affaire de sa vie, Outreau. Nommé expert à la Cour de cassation en 2007, le psychiatre est au faîte de sa gloire et peut ainsi faire la promotion de sa théorie.

    Mais il lui reste un obstacle de taille à surmonter. Le syndrome d’aliénation parentale (SAP) n’est toujours pas reconnu par la communauté scientifique internationale. Ses promoteurs vont alors tout faire pour que leur concept intègre, en 2013, le manuel de référence sur les troubles mentaux, publié par l’Association américaine de psychiatrie.

    En vain. En dépit de cette intense campagne de lobbying, le Dr Darrel Regier, à la tête du groupe de travail en charge de la rédaction de la cinquième édition du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-5), ferme la porte aux partisans du SAP. Le psychiatre estime que l’aliénation parentale « ne repose pas sur des bases scientifiques suffisantes » pour intégrer le manuel.

    En amont de la parution du DSM-5, le Dr Regier décrète que le SAP « est un problème de relation parent-enfant […], pas un trouble mental ». Les partisans du SAP espèrent donc que leur chère théorie finisse par figurer dans les annexes de la célèbre revue… Mais, là encore, raté. Pas de quoi démonter les fidèles adeptes, qui sèment la confusion dans le débat public. En témoigne la réaction du Dr Paul Bensussan, principal promoteur du SAP en France, s’enthousiasmant de cette pseudo-reconnaissance de la communauté scientifique : « On peut donc retenir que l’aliénation parentale figure “en esprit, sinon dans la lettre”, dans le DSM-5 », écrit cet expert psychiatre dans la revue juridique La Gazette du Palais.

    Les « fausses allégations »

    Malgré l’absence de consensus scientifique autour du SAP, le Dr Paul Bensussan n’hésite pas à avancer des chiffres à l’appui de sa démonstration : « Dans le cadre de litiges consécutifs à la séparation des parents, […] la plupart des auteurs s’accordent à évaluer [la probabilité d’énonciation fausse] de 60 à 75 % », explique le psychiatre, dans une expertise de 2005 que nous nous sommes procurée.

    Ces statistiques, stupéfiantes, sont cependant trompeuses, car une bonne part de ces études – comme celle-ci – estiment que ces « fausses allégations » recouvrent l’ensemble des dossiers où la justice n’est pas parvenue à déterminer si l’enfant avait bel et bien été abusé… Un raisonnement qui entretient volontairement une confusion entre les affaires non élucidées et les dénonciations calomnieuses. Poussée à l’absurde, cette logique reviendrait à considérer 70 % des affaires de viols en France comme « fausses », car classées sans suite.

    Une étude canadienne, faisant aujourd’hui référence, estime que seuls 6 % des cas d’inceste étaient jugés « faux » – au sens d’« intentionnellement fabriqués » – par les services sociaux, sur un échantillon représentatif de plus de 7 600 affaires de violences intrafamiliales (sexuelles ou non).

    Mais dans les cas où la mère se serait trompée de bonne foi et aurait suggéré – sans le vouloir – des allégations à son enfant, la science semble naviguer dans le plus grand flou. Si les pédopsychiatres s’entendent sur une plus forte probabilité d’accusations erronées dans le cadre de divorces conflictuels, aucun consensus scientifique ne se dégage sur des chiffres précis.

    Paul Bensussan, régulièrement mis en cause par les associations et les avocates féministes (comme dans l’affaire Julie), n’a pas donné suite à notre demande d’entretien.

    Un « déni de l’inceste »

    Des mois après les faits présumés et en l’absence d’éléments matériels incriminant le père, la justice se trouve donc confrontée à un dilemme. Doit-elle priver un enfant de son père, certes suspecté, mais toujours présumé innocent ? Peut-elle prendre le risque de le laisser en compagnie d’un pédocriminel potentiel ?

    Ne sachant trancher, l’autorité judiciaire serait ainsi tentée de blâmer le messager, sur le fondement d’une supposée aliénation parentale : « On ne peut pas écrire [dans une décision de justice] qu’on oblige un enfant à voir un parent qui potentiellement le viole. Donc on va donner une autre raison : la mère ment. Cela simplifie le problème », résume le juge Édouard Durand.

    « On n’a pas besoin du concept du syndrome d’aliénation parental pour penser l’hypothèse rare d’une instrumentalisation de l’enfant. Ce concept a une utilité principale : le déni de l’inceste, ose même le magistrat. Avec le SAP, on est dans l’incapacité de voir la violence et il est impossible d’envisager l’existence d’un parent protecteur. »

    Or, les expertises jouent un rôle prépondérant dans les dossiers d’incestes présumés. Le Dr Bensussan est d’ailleurs très au fait du pouvoir dont il dispose dans ces affaires délicates, que le psychiatre préfère nommer « les affaires familiales » : « La tentation existe bel et bien [pour l’expert] de se substituer au juge », écrivait-il, en 2007, dans un article paru dans les Annales médico-psychologiques.

    Interrogé lors de la commission Outreau par des parlementaires, en avril 2006, il critiquait même la toute-puissance des experts dans « les affaires familiales » : « Ne nous racontons pas d’histoires sur ce qui est fait de nos expertises et sur le pouvoir excessif qu’elles ont. »

    « Trop de juges abdiquent dans les mains d’un psychiatre », regrette Jean-Pierre Rosenczveig, juge pour enfants durant quarante ans. L’ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny, qui s’est montré toute sa carrière « toujours très réservé par rapport à la psychologisation », pointe cependant que ce risque de partialité « n’est pas spécifique au Dr Paul Bensussan » : « À partir du moment où un expert a théorisé une pratique professionnelle, le risque c’est qu’il cherche à faire entrer une situation dans sa théorie. Quand une série de présupposés aliène la liberté de réflexion de l’expert, ce n’est plus de l’expertise. On est dans l’habillage d’une situation. »

    #sap #masculinisme #inceste #divorce #déni #justice #féminisme

    • #patriarcat  : tout cela va avec le reste du package où il n’est jamais reproché aux pères de ne pas vouloir avoir la garde principale (avec toutes les merdes qui vont avec), mais d’exiger sans fin le respect de leur autorité qui consiste en réalité à se mêler en permanence de la vie privée de leur ex sous prétexte de s’occuper de l’éducation des gosses, donnant des ordres à distance qu’elle aura la charge d’exécuter, alors même que les montants des pensions alimentaires sont régulièrement sous-estimés et encore plus régulièrement non versés, à charge pour la mère de rogner sur ses ressources pour compenser, tout cela en étant contrôlée sans cesse par les services sociaux.

      Les femmes qui divorcent (et c’est encore + vrai pour celles qui fuient un conjoint violent) perdent leur domicile, leurs amis, leur réseau et généralement dans l’élan, leur boulot si elles avaient réussi à en garder un. Avec des mioches à plein temps sur les bras, elles ne peuvent espérer améliorer leur situation et leur con d’ex a toutes latitudes à continuer à leur faire chier par gosses interposés, d’autant que les plus salauds ont des ressources sans fin pour harceler avec des exigences de malades mentaux… qui vont être bénies par les JAF qui y voient la marque d’un père qui s’investit .

      Le fait qu’il puisse y avoir des femmes qui règlent des comptes par gosses interposés ne vaut pas comme symétrie de la situation.

  • Dans les écoles, des actions très isolées contre les violences sexuelles sur les enfants
    https://justpaste.it/8fe7p
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/02/23/prevention-des-agressions-sexuelles-les-actions-isolees-des-associations-au-

    Une dizaine d’associations organisent des ateliers contre les abus sexuels, dont l’inceste, avec, au niveau national, un manque de reconnaissance et de moyens.

    Par Cécile Bouanchaud
    Publié le 23 février 2021 à 10h32 - Mis à jour le 23 février 2021 à 17h26

    Notamment :

    Si certaines associations se chargent des signalements ou des informations préoccupantes, c’est généralement l’école qui prend le relais. Sans que cela soit toujours suivi d’effets devant la justice. Les associations évoquent notamment un manque de formation des personnels scolaires et des failles dans le processus de signalement.
    A l’unisson, les associations appellent d’ailleurs à un renforcement de la prévention au niveau national. Pour l’heure, elles reposent généralement sur le bénévolat, et doivent composer avec de maigres budgets, obtenus grâce aux subventions locales.

    Pour rappel, seen du 2 janvier 2019 de @tintin, autour de « l’autodéfense pour enfants » :
    https://seenthis.net/messages/748330


    Inceste : les équipes pédagogiques et les personnels de santé scolaire en première ligne
    https://justpaste.it/7zv1b
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/02/23/inceste-les-equipes-pedagogiques-et-les-personnels-de-sante-scolaire-en-prem

    Le gouvernement entend renforcer les trois « leviers » de prévention et d’action à disposition des personnels dans les écoles. Ces derniers demandent aussi plus de moyens.

    Par Mattea Battaglia
    Publié le 23 février 2021 à 10h46 - Mis à jour le 23 février 2021 à 11h00
    #inceste #école #kids

  • « Pour briser le silence autour de l’inceste, il faut pouvoir s’imaginer qu’un parent puisse violer »
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/02/01/pour-briser-le-silence-autour-de-l-inceste-il-faut-pouvoir-s-imaginer-qu-un-


    La psychanalyste Claude Halmos rappelle que « les symptômes sont multiples car l’inceste ravage tout », et appelle les adultes à « accepter d’entendre que l’inceste existe ».

    [...]

    Que se passe-t-il dans la tête d’un enfant lorsqu’il est victime d’inceste ?

    La complexité et l’ampleur de la destruction opérée par l’inceste sont énormes. L’enfant subit une suite d’agressions sexuelles, et donc de traumatismes. C’est-à-dire d’événements dont la violence l’oblige, pour protéger son équilibre psychique, à n’inscrire dans sa conscience, et donc dans sa mémoire, qu’une partie de ce qu’il vit. Le reste, constituant une « mémoire traumatique », restera enfoui, se manifestera par des symptômes et le fragilisera d’autant plus que, chez un enfant, les ravages d’une agression sexuelle sont toujours amplifiés.

    D’une part parce que, faute d’un savoir sur la sexualité, il ne comprend pas – on le voit dans ses dessins – ce qu’il subit : quel orifice de son corps, par exemple, a été touché ou pénétré, et par quoi. Et d’autre part parce que, du fait de la différence entre sa sexualité et celle de son agresseur, l’agression fait exploser le cours normal de son développement sexuel.

    Et les agressions incestueuses ont des conséquences plus graves encore, car elles se produisent dans un lieu – sa famille – où l’enfant se sentait en sécurité ; et du fait de personnes en qui il avait confiance et qui étaient des supports de sa construction psychique. Il se trouve donc confronté, comme dans un cauchemar, au surgissement brutal d’une horreur aussi terrifiante qu’incompréhensible.

    Comment repérer les symptômes des victimes d’inceste avant que ces dernières deviennent adultes ?

    Les symptômes sont multiples, car l’inceste ravage tout. Il bouleverse le rapport de l’enfant à lui-même. Il le fait se sentir « pas comme les autres », sans valeur, et l’enferme dans la honte. Il bouleverse son rapport aux autres, car tout autre peut être désormais celui qui trahit, fait mal, fait peur et, paraissant respectable, trompe néanmoins tout le monde. Et il bouleverse son rapport au monde, devenu, parce qu’il y a fait l’expérience de la torture, de la solitude et de l’impuissance, dangereux.

    L’inceste influe de plus sur sa construction psychique, car en même temps que par le secret imposé il lui confisque la parole, il lui fait découvrir que l’on peut trouver une jouissance dans la transgression et l’abus de pouvoir.

    L’inceste peut donc rendre l’enfant « fou », violent ou au contraire soumis, bloquer son développement affectif et intellectuel. Il peut être à l’origine d’agressions sexuelles sur d’autres enfants ou de masturbations compulsives, par lesquelles il tentera de soulager la surexcitation sexuelle pathologique provoquée chez lui par les agressions. Et il le rendra toujours angoissé et malheureux.

    Ces symptômes peuvent, tous, être repérés, notamment à l’école, et il est important qu’ils le soient. Mais l’aide aux enfants suppose surtout que les adultes acceptent d’entendre – et c’est difficile – que l’inceste existe et fait partie des causes possibles, et non exceptionnelles, de leurs problèmes. Pour briser le silence autour de l’inceste, il faut pouvoir s’imaginer qu’un parent puisse violer.

    Quels sont les symptômes qui perdurent à l’âge adulte ?

    Le traumatisme, chez l’enfant comme chez l’adulte, arrête le cours du temps et fait perdurer ce qu’il a provoqué en eux. L’adulte, victime d’inceste lorsqu’il était enfant – qu’il s’en souvienne ou non –, pourra donc rester la proie de sentiments d’insécurité, de culpabilité, de dévalorisation, et d’angoisses diverses.

    Il pourra souffrir de troubles sexuels, manifestations de la mémoire traumatique qui le hante : peurs, inhibitions ou, au contraire, attrait destructeur pour les « mauvaises rencontres ».

    Quelle posture doivent adopter les adultes pour permettre la libération de la parole des enfants ?

    La « libération de la parole des enfants » est un mythe qui découle d’une méconnaissance de la spécificité du « fonctionnement » des enfants. Les adolescents peuvent, éventuellement – même si c’est très difficile –, parler. Mais les enfants petits ne le peuvent pas.

    Ceux qui sont battus arrivent parfois à le dire, parce qu’ils savent ce que sont les coups. Mais aucun ne peut parler d’actes qu’il est dans l’incapacité d’identifier. Les enfants petits donnent donc à entendre, à travers leurs comportements, leurs paroles et leurs dessins, ce qu’ils subissent, et il faut le décrypter.

    Et ce silence est essentiel, car il constitue la difficulté principale à laquelle se heurte leur protection : celle de la preuve. Des centaines de signalements sont classés tous les jours, au motif que, fondés sur le seul décryptage par un professionnel des manifestations souvent incompréhensibles, comme telles, de l’enfant, ils sont sans preuves.
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Inceste : les équipes pédagogiques et les personnels de santé scolaire en première ligne
    Tant que cette question centrale de la preuve ne sera pas travaillée de façon pluridisciplinaire par des professionnels de l’enfance et du droit, la protection des enfants petits victimes d’inceste restera un vœu pieux.

    Comment prendre en charge les enfants victimes d’inceste ? Quelles sont les spécificités de ce suivi ?

    Leur prise en charge se heurte, elle aussi, à de très nombreux obstacles. Percevoir l’inceste dans une famille suppose, en effet, que le thérapeute travaille non seulement avec l’enfant mais, pour savoir ce qu’il vit, avec ses parents. C’est loin, aujourd’hui, d’être toujours le cas.

    Ensuite, l’enfant a besoin qu’on l’aide à comprendre ce qu’il a vécu, mais aussi ce qui l’a permis : connaître ce qui, dans l’histoire de son parent incestueux, l’a rendu capable de faire ce qu’il a fait permet à l’enfant de ne pas se penser issu d’un monstre et de garder une image positive de lui-même.

    Et ce travail ne peut, en outre, se faire sans l’aide de la justice, car l’enfant a besoin, pour se reconstruire, de retrouver un monde où la loi existe : où son agresseur et ceux – notamment son autre parent – qui l’ont laissé faire puissent être sanctionnés, et lui-même autorisé à vivre dans un milieu protégé.

    Or cela lui est rarement permis, car notre société, s’acharnant à croire que tout parent étant par nature aimant, le milieu familial serait toujours pour les enfants le plus favorable, continue à les sacrifier sur l’autel de cette croyance.

    #inceste

    • Je ne crois pas qu’il y en ait de majeures mais n’hésitez pas à signaler les bêtises que cette psy a pu dire :)
      C’est peut-être un travers mais il m’arrive de trouver plus denses, plus évocatrices, des « catégories conceptuelles » (qui ne devraient pas se passer d’exemple, de cas, de concret) que des « témoignages » (qui emporte toujours des conceptualisations), d’où, malgré tout, le recours à « la » #psychanalyse. C’est moins le cas ici qu’avec une partie des propos de Clotilde Leguil qui était citée là https://seenthis.net/messages/901458#message901473, avant d’être critiqués par plus expert.es que moi.
      Autant te le dire @touti, une part de ce qu’elle disait (la non rencontre, etc) m’avait « parlé » haut et clair, suscitant une empathie « générale » plutôt inédite dans ses modalités, et j’avais pas été assez attentif à d’autres aspects.

    • d’entrée de jeu ou d’article, le ton très affirmatif m’est plutôt pénible. Et si on a pas de mémoire traumatique on fait quoi ? Si on a rien enfoui du tout ? C’est possible ou comme d’habitude les premiers concernés sont les plus inconscient de leur inconscient ? Cette façon de généraliser « l’enfant » et les traumas et les conséquences, pour moi c’est vraiment mettre la tête sous l’eau de plein de monde, et ne pas leur laisser d’autre choix que d’être une victime pour la vie. Je lirais la suite plus tard, mais il faudrait un TW #iatrogénie.

    • un exemple de cette prose iatrogénique balancée sur cuicui comme un sac de patates :

      "Prisonnières de cette mémoire les victimes sont dépossédées de toute de leur vie, à laquelle elles ne comprennent rien et dont elles subissent les conséquences atroces par ignorance des crimes qu’elles ont subis

      (l’article à l’air plus fouillé, c’est pour illustrer ce que je veux dire).

    • dans les [...] il y avait

      Selon Claude Halmos, psychanalyste, spécialiste des enfants et de la maltraitance (...).

      Elle parle essentiellement des « petits enfants » il me semble, ce n’est pas un discours général (sur tous les âges ou toutes les circonstances des incestes). elle distingue les violences et mauvais traitements, plus aisément dicibles car renvoyant à un aspect connu des enfants par ailleurs, et ce qui relève de « la » sexualité (de ces sexualités sans intersection de l’enfant et de l’adulte).
      ce qu’elle dit de « la preuve » pourrait t’intéresser.

    • Ta compagne doit beaucoup souffrir et toi aussi @sombre peut etre que tu pourrai te rapproché d’une asso pour avoir du soutiens et de l’aide pour savoir comment aider ta compagne au mieux. Il y a peut etre des assos de proches de victimes, groupe d’entraide. Je n’en ai pas à te conseiller mais peut etre qu’au sein des assos de victimes on peu te donner des renseignement.

    • @sombre si tu n’es pas loin de lille, tu peux peut-être suggérer l’échappée, qui peut aider à trouver un psy, faire un suivi juridique, offrir une écoute...

      http://www.lechappee-lille.fr

      sinon, murielle salmona, pour les histoires de mémoire traumatique, à paris (important à mon avis, d’aller consulter plutôt que de lire sur internet ses trucs explosants).

      le contenu de face à l’inceste, c’est parfois balancer des trucs comme des sacs à patates, en pleine tronche, donc méfie-te... Peut-être chercher des allié.es pour lui parler... d’autres de tes connaissances, passé.es par le même genre de choses... courage sinon...

    • #Merci @tintin. Hélas, je n’habite pas le Nord et je suis loin de Paris. Je cherche plutôt dans la région (Ouest) des psychothérapeutes compétents sur ce sujet. Je vais effacer mon post (trop personnel) qui n’était en fait qu’un appel à l’aide. J’hésitais à lancer ce signal de détresse depuis un bon moment.

      En tous cas, Merci à vous deux pour vos réponses.

  • Inceste : faut il renverser la famille ?
    https://www.franceculture.fr/droit-justice/inceste-faut-il-renverser-la-famille

    Il faudrait changer le code civil ! C’est le code civil qui en 1804 a instauré la toute puissance du père dans la famille. Au centre des drames de l’inceste : il y a la famille moderne, post révolutionnaire et pyramidale, où les hommes se voient encore aujourd’hui comme des chefs de famille pour les femmes et pour les enfants ! (...)
    Faire de l’inceste une question de personnes ou de contexte, c’est passer à côté de ce phénomène. Car il s’agit d’un système qui se nourrit de ce qu’est la famille moderne. Je le répète depuis des années mais la société refuse de l’entendre. Il faut renverser le famille, c’est le seul moyen de lutter contre l’inceste. 
    Anne Claude Ambroise-Rendu, historienne du crime.

    #inceste #code_civil #famille #patriarcat #histoire

    • J’ai pas encore tout lu mais dans un rapide survole je voie qu’il est question de Paul Bensussan comme support du #SAP et expert aujourd’hui décrié. J’en profite pour rappelé que ce mec est toujours en action et qu’il continu au déni de justice, il était l’expert auprès de la cour de cassassions pour le procès de Julie il y a pas 3 semaines. Julie qui a été violé par 20 pompiers de ses 13 à 15 ans. https://seenthis.net/messages/901012#message901091
      Je ne sais pas comment on peu faire révoqué un expert mais il serait temps d’empêcher de nuire cet ordure total qui fait le jeu des violeurs, pédovioleurs, incestueux depuis plus de 20 ans.

    • En quoi la famille peut elle constituer un lieu d’oppression et de domination qui permet la pratique massive de l’inceste ? Poser cette question, selon l’historienne, c’est ouvrir un champ vertigineux ; faire de la famille un enjeu social et politique considérable. Or la société n’y est pas encore prête. Car il faudrait reconnaître la violence masculine, remettre en cause le patriarcat qui structure notre société et l’idée que la famille est basée sur l’amour et le respect, reconnaître enfin que la sexualité masculine a des aspects inquiétants...

    • Et de rappeler le tollé provoqué par la sénatrice Laurence Rossignol lorsqu’elle avait avancé en 2014 que « les enfants n’appartiennent pas à leurs parents ». En France, toucher à la famille, c’est se préparer à affronter des défenseurs féroces et très bien organisés.

    • #Paul_Bensussan, expert auprès de la Cour de Cassation. Lors du procès d’Outreau, cet expert, aujourd’hui très décrié, invitait à se méfier de la parole de l’enfant.

      Je comprends mal ou l’auteur-autrice lui reproche ça ? C’est clair et net qu’il faut se méfier de la parole des enfants, surtout de gosses aussi violenté.es que ceux d’Outreau. C’est parti en cacahuéte parce que le juge d’instruction a posé, pour ne surtout pas faire comme les belges et dutroux, que les « enfants ne mentent jamais ». Et qu’il a voulu commencer sa carrière en fanfare, avec la mise au jour d’un pseudo réseau de pédonotables international.

      Au passage, sur le sujet, j’ai vraiment trouvé très bon le bouquin d’Aubenas :

      https://seenthis.net/messages/895659

      J’ai l’impression qu’on aborde très mal le problème, disons, du « poids de la preuve », je sais pas comment dire...

    • le problème du poids de la preuve c’est que la victime doit prouver son innocence, sa bonne foi. Parce qu’on ne peut pas juste la croire sur parole. Sinon ça se barre totalement en cacahuète.

    • ce truc des 18 ans ça a été joué comme un grossier effet d’annonce par EDM, qui s’achetait vite fait une consistence. Que par là-même, par sa foutue bitarderie d’abruti, il légalise l’inceste pour les majeurs, that’s a point girl. Mdr.

    • Je comprend ce qu’elle dit et je cherche pas à défendre Moretti ni à contredire Angot. Il me semble que l’inceste n’est pas un crime ni un délit en droit en France, seulement une circonstance aggravante lorsqu’un viol est reconnu. Et il faut que le viol soit reconnu, alors qu’ils sont correctionnalisés en agressions pour manque de preuve et de moyens car c’est la parole d’un enfant contre celle d’un autre, adulte ou pas. Il y a aussi l’interdit du mariage mais le mariage c’est pas obligatoire pour faire des gosses. De mon coté j’ai pas l’impression que le droit français interdit l’inceste en soi ni que ca soit un interdit fondamental, juste on fait semblant que ca soit interdit, on fait taire les victimes. Mais lors des jugements les condamnations sont rares, legères. Bref une loi qui interdit l’inceste ca serait pas du luxe, indépendament de la loi sur les viols des mineurs. Du coup il me semble qu’elle a bien raison de geuler Angot. Merci pour le relais de l’info @tintin

    • Recension de lectures :

      https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2016-2-page-73.htm

      À l’instar des psychothérapeutes qui se sont, les premiers, penchés sur les conséquences des abus sexuels commis sur des enfants, les spécialistes de la santé mentale ont continué d’envisager l’inceste dans sa dimension coercitive, violente, et impliquant un enfant de la parenté.

      https://journals.openedition.org/socio-logos/2312
      Compte-rendu de : Emile Durkheim, La prohibition de l’inceste et ses origines, Préface de Robert Neuburger, Paris : Payot et Rivages (coll. Petite Bibliothèque Payot), 2008, 140 pages

      Paru pour la première fois en 1897, La prohibition de l’inceste et ses origines1 est un exercice rigoureux d’application de la sociologie durkheimienne à l’un des problèmes fondamentaux de l’anthropologie. Des années avant Sigmund Freud et Claude Lévi-Strauss, Emile Durkheim y tente une analyse scientifique de l’interdit de l’inceste, dont l’universalité constitue un véritable problème pour les sciences sociales.

    • au réveil je me dis qu’EDM va bien rigoler en voyant cette vidéo, qu’on est en train de devenir dingue (moi le premier) avec toutes ces prises de paroles et ces effets d’annonces claironnés au mégaphone, le tout en pleine pandémie, qu’on aurait besoin d’un certain silence, que je vais tenter une petite pause moi...