• Comores, Mayotte, néo-colonialisme français : petit cours d’histoire (+ La liberté d’aller et venir entravée pour les habitant⋅es de Mayotte)

    Un fait de société sanglant vient d’attirer les regards sur un « département français », Mayotte : un jeune homme a été assassiné à coups de machette [1]. Du coup, les tensions entre bandes sont devenues incontrôlables par les autorités locales, qui ont clamé leur crainte d’une « guerre civile ». Il est important de revenir sur la genèse de ces drames.

    #international #colonialisme

  • 13 mars 1954 : les combattants vietnamiens attaquent le camp retranché de Diên-Biên-Phu

    À lire sur cet événement ce #chef_d'oeuvre de la #littérature contemporaine : « Une sortie honorable », d’Eric Vuillard (Actes Sud)

    Vuillard, au-delà de l’histoire (par Hugo Pradelle)

    Une sortie honorable, le nouveau livre d’#Éric_Vuillard consacré à l’#Indochine française, se lit avec ses autres récits. C’est d’une relation cohérente de ses livres les uns avec les autres qu’émerge une manière singulière, décalée et obstinée de raconter l’histoire et de penser un geste littéraire et moral assurément fort.

    https://www.en-attendant-nadeau.fr/2022/01/19/vuillard-histoire

    « Une sortie honorable », d’Eric Vuillard (par Camille Laurens)

    « L’histoire est un roman vrai », disait l’historien Paul Veyne. Une telle assertion, floutant la frontière désormais poreuse entre fiction et non-fiction, pourrait justifier la mention « roman » sur le nouveau livre d’Eric Vuillard, Une sortie honorable. Celui-ci lui a pourtant préféré, comme pour ses précédents ouvrages fondés sur des faits historiques, le mot « récit ». Sans doute est-ce pour souligner à la fois la relative brièveté du texte eu égard à l’ampleur des événements racontés – la guerre d’Indochine –, la place qu’y tient l’auteur et le refus de toute invention. Le récit, loin d’une vaste fresque à la Tolstoï, choisit de mettre en perspective quelques journées et personnages en déplaçant la focale et la lumière sur des moments obscurs, néanmoins décisifs. Congo et 14 juillet (Actes Sud, 2012 et 2016) proposaient déjà ce choix narratif, tout comme L’Ordre du jour (Actes Sud, prix Goncourt 2017), qui montrait l’ascension du pouvoir nazi dans les années 1930 à travers différents épisodes méconnus ou apparemment anecdotiques.

    La guerre d’Indochine de 1946 à 1954, rebaptisée « guerre du Vietnam » de 1955 à 1975, très long conflit dans lequel deux grandes puissances mondiales furent vaincues par un tout petit pays, est peu étudiée dans les programmes scolaires. La pédagogie de Vuillard, qu’on sent à l’œuvre – parfois un peu trop –, consiste à expliquer le déroulement des faits en juxtaposant des scènes qui rendent lisibles causes et conséquences. Ainsi, les premières pages décrivent une plantation de caoutchouc en 1928 et la torture de trois coolies, ligotés par un contremaître avec du fil de fer, après avoir tenté d’échapper aux cadences infernales. « C’était une scène d’épouvante », surligne l’auteur. Puis il enchaîne avec la réunion, quelques années plus tard, d’André Michelin et de F. W. Taylor, le théoricien du management industriel. Une troisième scène montre le président de l’Assemblée nationale, Edouard Herriot, rendant hommage à « nos héroïques soldats » en Indochine.

    L’efficacité de ce montage est redoutable. Le dispositif repose essentiellement sur une opposition entre nantis et dominés, soutenue par une idée simple et juste : l’histoire bâtit toujours « cet immense édifice qu’est le pouvoir » grâce à la même « immense communauté de poncifs, d’intérêts et de carrières ». Aussi Vuillard présente-t-il tous les puissants – ceux qui savent qu’ils auront « des rues à [leur] nom » – par une sorte de fiche généalogique où les alliances ont quelque chose d’incestueux et où « un bel héritage est pris pour un destin ». L’une des dernières scènes du récit dépeint les membres du conseil d’administration de la Banque de l’Indochine, le « fil d’or » qui les lie à la fin de la guerre après qu’ils ont « spéculé sur la mort » : « On perdait en gagnant et en gagnant prodigieusement », « le dividende était multiplié par trois. Il était rigoureusement proportionnel au nombre de morts. » [...]

    Reste que la #guerre, d’être décrite en coulisse plus que sur le terrain, froide mécanique d’intérêts, n’en est que plus terrifiante. Certes, à #Dien_Bien_Phu, « on crève de partout. On recule de trou en trou, on empile des cadavres pour se protéger ». Mais « si l’on veut vraiment connaître l’horreur (…), il faudrait pouvoir pénétrer en silence dans le bureau où causent Eisenhower et Dulles ». Vuillard nous invite à prolonger notre réflexion en mettant son tressage subtil en regard des tragédies contemporaines. Car l’histoire n’est pas du passé, c’est d’ailleurs souvent au présent qu’il nous la raconte. Déjà, La Guerre des pauvres (Actes Sud, 2019) suggérait un parallèle entre le soulèvement des paysans allemands au XVIe siècle et le mouvement des « gilets jaunes ». De même, Une sortie honorable, dont le titre ironique reprend un syntagme figé cher aux politiques et aux militaires, interroge tacitement la façon dont la France négocie son retrait de conflits sanglants – au Mali, en Afghanistan… – au mépris de toutes les valeurs humaines et tout particulièrement de l’honneur. Le récit d’Eric Vuillard, par sa force de conviction, tient allumé en nous « ce petit lampadaire qu’on appelle la conscience ».

    https://www.lemonde.fr/livres/article/2022/01/13/une-sortie-honorable-d-eric-vuillard-le-feuilleton-litteraire-de-camille-lau

    #impérialisme #colonialisme #crétinerie #armée_française #Diên-Biên-Phu

    • Dien Bien Phu (Lutte de classe n°61 - 12 mars 1963)

      Le 13 mars 1954, le premier jour de l’attaque du camp retranché de Dien Bien Phu.

      Ce nom, mais personne ne le savait encore, devait devenir le symbole de la défaite de l’impérialisme français par le mouvement de libération nationale du peuple vietnamien. Effectivement, l’imprenable Dien Bien Phu dont l’armée française était si fière devait capituler après 55 jours de combats.

      En fait l’armée française et le commandant de Castries, commandant de la place attendaient cette attaque et même la souhaitaient, persuadés que le Vietminh ne pourrait concentrer suffisamment de forces pour sortir victorieux d’une bataille rangée « classique ».

      C’est délibérément que le commandement français avait choisi la cuvette de Dien Bien Phu dans cet arrière-pays montagneux. Il voulait obliger Giap, commandant les troupes #Vietminh à attaquer de front. Sa cécité politique l’empêchait de voir la croissance de l’armée vietminh. Pour nos militaires bornés, la « guérilla » était la forme spécifique de la guerre révolutionnaire. Dans leur esprit, il suffirait d’obliger les « rebelles » à abandonner cette tactique, à changer de méthodes de combat et alors la supériorité technique de l’armée française les écraserait.

      Mais la « guérilla » n’est pas une tactique relevant d’une idéologie particulière. C’est tout simplement un mode de combat utilisé contre un adversaire plus fort militairement que l’on ne peut affronter directement. Même Duguesclin n’avait pas « inventé » la guérilla.

      Toutes les populations occupées par des forces étrangères ont utilisé la « #guérilla » qui consiste à se battre avec ce qu’on a, à faire de sa faiblesse une force, à attaquer par surprise avec des forces faibles mais rapides, très mobiles, échappant à l’adversaire dès le coup de main réalisé. C’est une tactique de harcèlement qui rend une occupation de territoire invisible lorsque toute la population s’en mêle mais qui n’est pas spécifique des révolutionnaires, tout au plus caractérise-t-elle le début des insurrections populaires en particulier dans les pays coloniaux. Mais dès qu’un mouvement peut disposer d’armées ressemblant à celles de l’adversaire, il le fait. C’est ainsi que le mouvement vietminh essaya de renforcer ses troupes. Dès 1950-51 lorsqu’il eut un peu de matériel du la Chine, notamment des camions, les longs cortèges de coolies-soldats se modernisèrent. Les canons, mortiers, armes lourdes, essentiellement pris dans des coups de main contre l’armée française, plus les armements fabriqués par le Vietmninh dans le pays commencèrent à faire des forces vietminh non plus des corps de guerilleros, mais une armée capable d’attaquer des places fortifiées.

      L’armée vietminh n’avait encore jamais attaqué une place forte de l’importance de Dien Bien Phu, mais, alors que le commandement français s’imaginait avoir construit un piège pour le Vietminh, un observateur attentif aurait pu pressentir la vanité de ce piège. Dien Bien Phu n’était cependant pas si facile à prendre. Et il fallut l’héroïsme et l’enthousiasme des troupes combattant pour leur libération pour vaincre dans un tel combat.

      Dien Bien Phu est une cuvette de 10 km de long et de 3 à 6 km de large, au milieu d’une chaise de très hautes montagnes, bordée de petites collines à la base. Dans la cuvette, le village de Muong Thanh et deux camps d’aviation. Au Nord, trois postes fortifiés avec chacun un bataillon. Au centre et à l’est, deux sous-secteurs, à l’ouest 30 points fortifiés. Au Nord le poste de Him Lambarre l’unique voie carrossable jusqu’à Muong Thanh. Le commandement français comptait essentiellement sur l’aviation.

      Pour le Vietminh il était impossible de ne pas attaquer cette place fortifiée en plein coeur du pays. Et ce fut le long travail de préparation en vue de l’épreuve de force déterminante.

      Les unités vietminh venues du Delta tonkinois durent effectuer 400 km pour approcher du camp. Il fallut quinze nuits de marche, en essayant de perdre le moins d’hommes et d’armement possible. Il y avait des récompenses pour l’unité qui arriverait au complet (un taureau).

      C’était la première campagne où les Viets engageaient des batteries de 105 et de la D.C.A. Les pièces de deux tonnes, remorquées derrière des camions sur roues, devaient, dans les montagnes, être tirées à bras, le poste d’Him Lam barrant la route 41, il fallut creuser à flan de montagne des routes carrossables pour les camions, ceci sur douze kilomètres, en passant trois cols. Il fallut sept nuits pour hisser sur les cols ces tonnes d’acier. La descente des cols fut encore plus pénible et exigea vingt nuits. Comme l’aviation française patrouillait le jour, bombardant et arrosant de Napalm les montagnes, pour les soldats Viets, il fallait rester dans son trou individuel toute la journée pour se protéger des bombardements, et, la nuit, creuser la terre et assurer le camouflage. Ils avançaient de 500 mètres ou un kilomètre par nuit, sur la fin.

      La construction des voies de communication nécessitait un gros effort car pour cela les soldats terrassiers n’avaient pas d’outillage. Pourtant, il fallait combler des rivières de quarante à cinquante mètres, attaquer des parois rocheuses, abattre d’énormes arbres. L’ingéniosité était indispensable. Pour abattre les arbres, ils mettaient à nu les racines puis les tranchaient avec des coupe-coupes, afin que l’arbre déraciné s’abatte tout seul.

      Le ravitaillement posait un gros problème. L’armée Vietminh avait des fourneaux spéciaux brûlant sans fumée pour ne pas être repérables de jour par l’aviation, mais, la nuit, ils l’étaient par la clarté du foyer et sous le bombardement, le riz était consommé cru ou brûlé, mais jamais cuit. L’armée se nourrissait en forêt de racines d’ignames, (les paysans pauvres étaient les « meilleurs spécialistes » pour les trouver). Un chantier de pêche fut créé.

      Pendant ce temps, les troupes françaises pilonnaient et incendiaient les forêts. Des bataillons attaquaient un peu dans toutes les directions. La colline 75 changea onze fois de camp, Mais l’encerclement Vietminh se poursuivait.

      La victoire ne fut arrachée qu’au prix d’énormes travaux de retranchement. Tout le front Vietminh n’était qu’une immense tranchée, Le mot d’ordre était « sans tranchée pas de combat ». Le camouflage posait un gros problème de par les grosses quantités de bois qu’il fallait aller chercher à des kilomètres dans la forêt. Mais, peu à peu, le front Vietminh s’approchait auprès des fortifications françaises, malgré les sorties des paras français, sorties effectuées plusieurs fois par jour, sous la protection des blindés, pour essayer de combler les boyaux ou de les piéger. Malgré cela, l’étau se resserrait de plus en plus.

      Le 13 mars 1954 l’attaque est déclenchée par le vietminh. l’assaut à lieu contre le poste de him lam (béatrice) occupé par le 3e bataillon de la division blindée et de la légion etrangère. c’est un poste clé pour la protection des terrains d’aviation de muong thanh. il comprend trois collines derrière un réseau de barbelés large de trente à quarante mètres. a 16 heures l’armée vietminh ouvre le feu. a la tombée de la nuit les groupes de choc vont avec les explosifs faire sauter les barbelés. après 6 heures de combats hin lam est occupé par le vietminh. doc lap (gabrielle) sera attaquée et occupée le 14 avril. l’ultime assaut sera donné à partir du 18 avril, et le 7 mai, la bataille de dien bien phu prendra fin.

      Dans ce combat où l’inégalité de l’armement et du matériel est frappante, malgré les quelques pièces lourdes de l’armée Vietminh, la participation et le dévouement des masses vietnamiennes fut l’élément déterminant de leur victoire, D’une part, l’armée vietminh était numériquement bien plus importante que les troupes stationnées en Indochine (150 000 hommes) et, d’autre part, chaque paysan et paysanne vietnamien, constituait un soutien à l’armée de libération. L’héroïsme et le dévouement du peuple vietnamien luttant pour son indépendance étaient reconnus même par la presse réactionnaire de métropole.

      Par contre, les troupes françaises, elles, se battaient pour une « sale guerre » vomie par une partie de plus en plus grande de la population française et leur combat était à l’avance désespéré.

      Après Dien Bien Phu l’armée française était loin d’être rejetée à la mer, mais la métropole ne pouvait supporter de transformer son « opération de police » assurée par l’armée de métier et les volontaires en guerre ouverte et y envoyer le contingent,

      Ce fut la raison pour laquelle Dien Bien Phu sonna le glas du colonialisme français.

      https://mensuel.lutte-ouvriere.org/documents/archives/la-revue-lutte-de-classe/serie-1960-1963/article/dien-bien-phu

      #archiveLO

  • Ce que fait le racisme à la santé
    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/ce-que-fait-le-racisme-a-la-sante-7988796

    Comme tous les domaines de la société, la médecine occidentale hérite d’une histoire esclavagiste et coloniale. Des chercheurs, des militants et des médecins s’interrogent sur cet héritage, et pointent les façons dont il impacte les corps et le soin. Durée : 57 min Source : La Série documentaire

    https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/10177-06.03.2023-ITEMA_23307688-2023C26362E0037-21.mp3

  • 12 Mars 1956 : le PCF vote les pouvoirs spéciaux au gouvernement Guy Mollet. Intensification de la guerre en Algérie.

    Le 12 mars 1956, un gouvernement dirigé par un socialiste, Guy Mollet, se faisait voter par le Parlement une loi dite « des pouvoirs spéciaux ». Tous les députés de droite et de gauche la votèrent, y compris ceux du #PCF. Seuls manquèrent à cette unanimité les députés poujadistes (#extrême_droite), qui la trouvèrent trop modérée et insuffisante. Cette loi donnait entre autres au gouvernement français « les pouvoirs les plus étendus pour prendre toutes les mesures exceptionnelles commandées par les circonstances en vue du rétablissement de l’ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire »...

    Deux articles de LO :

    https://journal.lutte-ouvriere.org/2001/03/23/il-y-45-ans-le-12-mars-1956-le-gouvernement-socialiste-inten

    https://journal.lutte-ouvriere.org/2006/03/15/il-y-50-ans-le-12-mars-1956-le-pcf-votait-les-pouvoirs-speci

    #guerre_en_algérie #répression #pouvoirs_spéciaux #gouvernement_socialiste #guy_mollet #colonialisme #impérialisme #stalinisme #PS

  • Redonner de la lumière à celles et ceux que le colonialisme avait cherché à effacer

    https://entreleslignesentrelesmots.files.wordpress.com/2023/03/9782380720853-475x500-1.webp

    Je souligne certains éléments présents dans la présentation du numéro, les rapports entre anthropologie et impérialisme, le livre d’Edward Said L’orientalisme, « ce lien entre culture au sens large, englobant les sciences sociales, et domination coloniale, dans les interstices, les implicites, les métaphores, les non-dits, les impensés », le « vrai » savoir et la négation de la politique, « Or l’hypothèse que nous formulons ici est que ce qui se formule et se présente comme science(s) et procède d’un mode particulier et clairement identifié de rationalisation peut servir de masque et de justification à la domination, en particulier la domination coloniale ». Il ne faut oublier que la « science » a été appelée « à l’aide de la mise en place du sytème de la traite ». J’ajoute les usages nombreux de la science pour justifier la place subalterne des femmes, pour naturaliser des constructions sociales, pour rendre acceptable les dominations et les rapports de pouvoir.

    Note sur : Sous la direction de Sonia Dayan-Herzbrun et Aïssa Kadri : L’impensé colonial des sciences sociales
    Tumultes n°58-59, oct. 2022

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/03/08/redonner-de-la-lumiere-a-celles-et-ceux-que-le

    #colonialisme #science

  • L’historien Joël Glasman, spécialiste de l’histoire des colonisations en Afrique et dont les travaux portent également sur l’aide humanitaire actuel, analyse les déterminants de l’indifférence sociale aux conditions d’existence de populations entières.
    https://africasacountry.com/2023/02/ignore-and-rule

    Ignore and rule

    By Joël Glasman

    What do Europeans do when they hear the war waged by the government of Ethiopia has killed more people than the war in Ukraine?

    Europeans love to start the day with a little piece of Africa. Coffee for mum, tea for dad, chocolate for the little one and a banana pocketed on the fly by the teenager for the bus ride to school. Europeans know that their prosperity is built on the work of others. They know that without the oil extracted by workers in Nigeria, the coltan supplied by traders in Congo, and the uranium produced by miners in Chad, their cars wouldn’t run, their phones wouldn’t work and their homes would soon go dark. Yet, how many Europeans are able to locate the capital of Nigeria, Chad or Congo on a map? A kindergarten child can easily name several African mammals, but few would ever suggest the child memorize the name of an African language, society or personality. How can a civilization that thrives on labor in the Global South be so indifferent to these societies?

    The literature provides three answers to that question. The first says roughly: It’s capitalism. Capitalism masks social relations. In order to live, workers must produce goods or provide services. But the market-based exchange of commodities transforms relations between workers. Social relations are primarily experienced as “relations between things.” This is what Karl Marx calls “commodity fetishism.” Relationships of production disappear from the field of vision. We end up treating commodities as if they had an intrinsic value, independent of the labor that produces them. Hungarian philosopher György Lukács adds that capitalism reifies social relations. Social relations are objectified, while individuals are plunged into a contemplative stance. Passive, apathetic, depoliticized: the consumer is a spectator.

    While Marx and Lukács explain very well how one can use a product every day without knowing anything about the worker who produced it, they don’t tell us why certain workers, certain societies or certain groups are particularly obscured in the culture of capitalism. The economist Samir Amin would answer that capitalism only extends globally through “unequal exchange.” Colonial domination cut the world into two types of capitalist development: the self-centered capitalism of the center, with market growth, rising wages, and consumption. And the extroverted capitalism of the periphery, export-oriented and therefore without significant wage growth. This unequal division of labor logically leads to unequal awareness. While workers in the Global North may be indifferent to the fate of workers in the Global South, the reverse is not true. You can bet that a random Senegalese can name far more French cities than a random French person can name Senegalese cities.

    Another form of response however would point less to capitalism and more to the state. In “The Social Production of Indifference,” the British anthropologist Michael Herzfeld shows that bureaucracy treats individuals not as persons but as “cases.” Following Max Weber, Herzfeld shows that the centralization of state power drives a rationalization of practices and a division of bureaucratic labor. The accumulation of knowledge, the creation of specialized services and the professionalization of expertise follow suit. But bureaucratization also increases social distancing. Individuals are no longer linked to each other by face-to-face relations, but by all sorts of “invisible threads:” legal categories, statistics, formalities. French sociologist Béatrice Hibou adds that, contrary to what is often thought, neoliberalism does not debureaucratize. On the contrary, it adds new forms of distancing: numerical indicators, benchmarking, and management techniques. Here again, the problem is more general than the relationship between Europeans and Africans. But colonization has also left its mark on the bureaucratic trajectory. Post-colonial bureaucracy is indifferent to the fate of peripheral populations. Cameroonian political scientist Achille Mbembé calls this “government by neglect.” It’s the exercise of power through abandonment, relegation, and invisibilization. We end up relying on experts and specialists, rather than considering problems for ourselves. Eventually, we hope, someone in charge will take care of the looming problem for us.

    A third type of response of course is racism. Racial theory and the dissemination of technologies of division (apartheid, segregation, border closures, encampment) have separated emotional communities. White people do not feel concerned with Black issues; they live in the comfortable quietness of what the philosopher Charles W. Mills calls “White Ignorance.” But indifference also comes from a denial of race. For US-American sociologists Tyrone A. Forman and Amanda E. Lewis, indifference is a new form of racism. While earlier racism was explicit, contemporary racism is less so. When asked about the plight of non-white people, white Americans used to justify their misfortunes on the grounds of biological or cultural inferiority. Today, Forman and Lewis explain, they are content to just ignore it. Pretend to see nothing of the differences so as not to have to worry about them: “Racial apathy and White ignorance (i.e., not caring and not knowing) are extensions of hegemonic color-blind discourses (i.e., not seeing race)”.

    Of course, the question of Europe’s indifference to the fate of the rest of the world is an old one. But this question is particularly acute today. The gap between the rapid flow of information and the indifference shown to certain population groups has never been wider. The number of drowning deaths in the Mediterranean (several thousand), the number of people suffering from hunger in Somalia (several hundred thousand), or the number of direct victims of the war in Ethiopia (more than half a million) are all widely ignored. When Europeans read in the newspapers that the war waged by the government of Ethiopia has killed more people than the war in Ukraine, their reflex is to compartmentalize by relegating it a war far away in an exotic place. Chances are they will close the journal before ever realizing that the coffee they are drinking is from there.

    #aidehumanitaire #colonialisme #racisme #indifférence #guerres

  • En Corée du Sud, un plan pour enterrer la hache de guerre mémorielle avec le Japon
    https://www.liberation.fr/international/asie-pacifique/en-coree-du-sud-un-plan-pour-enterrer-la-hache-de-guerre-memorielle-avec-

    Le gouvernement sud-coréen entend indemniser ses ressortissants victimes du travail forcé au Japon entre 1910 et 1945. S’il compte sur la participation de Tokyo, il doit également affronter de vives critiques des proches des persécutés et de l’opposition.

    Cette fois, est-ce la bonne ? Après des années de disputes et d’excuses, de plaintes et de retrouvailles, d’accords signés puis déchirés sur les contentieux historiques entre le Japon et la Corée du Sud, Séoul a proposé lundi un nouveau plan pour indemniser les victimes du travail forcé durant la brutale colonisation nippone de la péninsule entre 1910 et 1945. Si l’on en juge par les premières réactions en Corée, les chances de succès ne sont pas franchement assurées.

    Avec cette nouvelle résolution, le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Park Jin, entend indemniser les victimes par le biais d’une fondation publique créée en 2014 sous l’égide du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité. Et engager des relations apaisées au moment où les pressions chinoises sur Taiwan et les menaces balistiques de la Corée du Nord tendent le climat sécuritaire en Asie. En 2018, quinze Sud-Coréens avaient gagné trois procès distincts contre deux entreprises japonaises : Mitsubishi Heavy Industries et Nippon Steel. La Cour suprême avait ordonné aux deux groupes d’indemniser les plaignants. Mais les deux firmes avaient refusé de se conformer à la décision.

    Depuis, Séoul et Tokyo ont traversé une querelle diplomatique avec des répercussions sur leurs relations commerciales et leur coopération militaire. Le Japon avait instauré en 2019 des restrictions à l’exportation vers la Corée du Sud de certains produits et composants chimiques. Ce lundi, Séoul a d’ailleurs annoncé qu’il renonçait à sa plainte devant l’Organisation mondiale du commerce concernant ces mesures de rétorsion. Le président américain, Joe Biden, a salué une « percée historique » des discussions entre deux de ses « plus proches » alliés. Environ 780 000 Coréens ont été soumis au travail forcé durant les trente-cinq ans d’occupation japonaise, sans compter les femmes réduites à l’esclavage sexuel et enrôlées de force dans les bordels de l’armée nippone durant la guerre de Quinze Ans (1931-1945).

    500 millions de dollars

    Le fonds d’indemnisation sera mis en place grâce aux dons d’entreprises privées – comme le conglomérat Posco – qui avaient bénéficié du traité nippo-sud-coréen de juin 1965. Cette année-là, après quatorze ans de négociation, les deux pays établissaient leurs relations diplomatiques. Tokyo venait en aide à son voisin ravagé par la guerre de Corée et acceptait de verser 500 millions de dollars sous forme de subventions (300 millions) et de prêts à long terme à faible taux d’intérêt (200 millions), soit environ 1,5 fois le budget national de la Corée du Sud à l’époque. D’autres plaignants, dont les affaires sont en instance au tribunal, pourraient également bénéficier de l’indemnisation lorsqu’ils auront obtenu gain de cause.

    En présentant son plan, le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Park Jin, a appelé à « une nouvelle histoire pour la Corée et le Japon, dépassant les antagonismes et les conflits, pour aller de l’avant ». La semaine dernière, le président sud-coréen avait employé des mots inédits pour saluer la transformation du Japon, « agresseur militariste du passé, en un partenaire qui partage avec nous les mêmes valeurs universelles ». Lundi, Park Jin a dit « espérer que le Japon répondrait positivement à notre décision majeure d’aujourd’hui, par des contributions volontaires d’entreprises japonaises et des excuses complètes ».

    Rien n’est moins sûr. En déclarant qu’il « appréciait [l’annonce du gouvernement sud-coréen], car elle contribuera à rétablir des relations saines entre le Japon et la Corée du Sud après une situation très difficile », le ministre japonais des Affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi, s’est montré pour le moins mesuré. Il a surtout rappelé que son gouvernement « avait hérité de la position des administrations japonaises successives sur la reconnaissance historique dans son ensemble ».

    « Enormes souffrances »

    Autrement dit, Tokyo s’est déjà beaucoup excusé et a multiplié les déclarations officielles. Ce lundi, Yoshimasa Hayashi a d’ailleurs évoqué la déclaration conjointe signée en octobre 1998. Dans ce texte, le Premier ministre Keizo Obuchi reconnaissait les « énormes dommages et souffrances [infligées] au peuple de la république de Corée par le régime colonial [du Japon] », et exprimait son « profond remords et ses excuses sincères pour ce fait ». Sur la question douloureuse des femmes de réconfort, le Japon avait également procédé à une reconnaissance des exactions de l’armée impériale à l’encontre de 200 000 esclaves sexuelles – des Coréennes mais aussi des Chinoises, des Indonésiennes, des Philippines et des ressortissantes d’autres pays asiatiques –, avant de se livrer à des excuses, en 1993, avec la déclaration Kono, du nom du secrétaire en chef du gouvernement.

    En décembre 2015, au terme d’une longue année de commémoration de la fin de la guerre en Asie marquée par des mea culpa du Japon (à commencer par l’empereur), l’administration de Shinzo Abe et celle de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye s’étaient entendues sur un accord « définitif et irréversible ». Le Japon renouvelait ses « excuses et ses regrets sincères à toutes celles qui ont enduré une douleur incommensurable et des blessures physiques et psychologiques incurables en tant que femmes de réconfort ». Et versait alors un milliard de yens de dédommagements à une fondation afin d’aider la trentaine de survivantes alors.

    « Défaite totale pour la Corée »

    Si le Japon n’a pas toujours été exempt de critiques sur les déclarations de certains leaders, à commencer par Shinzo Abe et une partie de la droite nationaliste, parfois empruntes de révisionnisme et de mépris, il n’en demeure pas moins que les administrations successives ont toujours respecté les engagements pris, et répété excuses et regrets depuis trente ans. Il n’en a pas toujours été ainsi de la Corée du Sud dont les engagements fluctuent au gré des alternances politiques. En 2017, sous pression des victimes d’une société civile active, le président Moon Jae-in avait archivé l’accord de 2015 et lancé une enquête qui avait provoqué la furie de Tokyo. Avant que la décision de la Cour suprême sud-coréenne sur le travail forcé ne jette de l’huile sur le feu entre les deux capitales.

    Aujourd’hui, on ne sait pas si les entreprises japonaises abonderont au fonds d’indemnisation. Le gouvernement Kishida n’envisage pas de le faire. Avant même les réactions japonaises au plan de la Corée du Sud, l’opposition sud-coréenne et les proches des victimes de travail forcé ont fustigé une « résolution humiliante », une « défaite totale pour la Corée ». Ils exigent des compensations directes de la part des entreprises nippones et des « excuses sincères ».

    Malgré les vives critiques, Tokyo et Séoul aimeraient se tourner vers le futur, comme l’a souligné le conseiller sud-coréen à la Sécurité nationale, Kim Sung-han. Selon le Korea Times, un nouveau fonds serait créé par la Japan Business Foundation et cofinancé par son homologue coréenne. Il viserait à faciliter les échanges entre jeunes japonais et sud-coréens. Autrement dit, à regarder vers l’avenir. Peut-être pour se détourner des sujets qui fâchent.

    #Japon #Corée #colonialisme #réparations #mémoire #travailforcé #exploitationsexuelle

  • Die Abenteuer des braven Soldaten Schwejk II
    https://www.projekt-gutenberg.org/hasek/schwejk/chap020.html

    Une discussion entre soldats sur les relations entre les différentes races humaines et les viols en temps de guerre. On n’a pas beaucoup anvancé depuis 14/18 et je suis sûr que les gens simples des régions moins cosmopolites que nos capitales seraient parfaitement d’accord avec ces fantassin austro-hongrois.

    3. Schwejks Erlebnisse in Királyhida
    ...
    »Man hat schon längst gewußt«, sagte ihm unterwegs der Einjährigfreiwillige, »daß man uns nach Ungarn versetzen wird. Dort werden Marschbataillone zusammengestellt, die Soldaten werden im Feldschießen ausgebildet, raufen sich mit den Magyaren, und es geht vergnügt in die Karpaten.

    Hier nach Budweis kommt eine magyarische Garnison, und die Rassen werden sich vermischen. Es gibt eine Theorie, daß die Vergewaltigung von Mädchen einer fremden Nation das beste Mittel gegen Degeneration ist. Das haben die Schweden und Spanier im Dreißigjährigen Krieg und die Franzosen unter Napoleon gemacht, und jetzt werden es in der Budweiser Gegend die Magyaren machen, und es wird nicht mit groben Vergewaltigungen verbunden sein. Mit der Zeit gibt sich alles. Es wird ein bloßer Austausch werden. Der tschechische Soldat wird mit einem magyarischen Mädchen schlafen und das bedauernswerte tschechische Mädchen einen magyarischen Honvéd bei sich empfangen, und nach Jahrhunderten wird es für die Anthropologen eine interessante Überraschung sein, an den Ufern der Maltsch Menschen mit hervorstehenden Backenknochen zu finden.«

    »Mit dieser gegenseitigen Paarung«, bemerkte Schwejk, »is es überhaupt eine interessante Sache. In Prag is ein Kellner, der Neger Kristian, sein Vater war ein abyssinischer König und is in Prag auf der Hetzinsel in einem Zirkus aufgetreten. In den hat sich eine Lehrerin verliebt, die in der ›Lada‹Tschechische Jugendzeitschrift. Gedichte von Hirten und Bächlein im Wald geschrieben hat, die is mit ihm ins Hotel gegangen und hat mit ihm Unzucht getrieben, wies in der Heiligen Schrift heißt, und hat sich sehr gewundert, daß ihr ein ganz weißes Knäblein geboren worden is. Ja, aber in vierzehn Tagen hat das Knäblein angefangen, braun zu wern. Brauner und brauner is es geworn, und in einem Monat hat es angefangen, schwarz zu wern. Mit einem halben Jahr is es schwarz wie sein Vater, der abyssinische König. Sie is mit ihm auf die Klinik für Hautkrankheiten gegangen, damit man ihr ihn irgendwie entfärbt, aber dort hat man ihr gesagt, daß es eine wirkliche schwarze Negerhaut is und daß sich nichts machen läßt. Sie is davon verrückt geworn, hat angefangen, in Zeitschriften um Rat zu fragen, was man gegen Neger machen soll, und man hat sie in die KateřinkyIrrenanstalt in Prag. geschafft, und den kleinen Neger hat man ins Waisenhaus gegeben, wo man mit ihm einen großen Jux gehabt hat. Dann is er ausgelernter Kellner worn und is in Nachtcafés tanzen gegangen. Heut wern nach ihm mit großem Erfolg tschechische Mulatten geboren, was nicht mehr so gefärbt sind wie er. Ein Mediziner, der zum ›Kelch‹ gegangen is, hat uns mal erklärt, daß das nicht so einfach is. Nämlich so ein Mischling bringt wieder Mischlinge zur Welt, und die sind schon nicht von weißen Menschen zu unterscheiden. Aber plötzlich in einem Geschlecht zeigt sich herich ein Neger. Stelln Sie sich das Malör vor. Sie heiraten ein Fräulein. Das Luder is ganz weiß, und plötzlich bringt sie Ihnen einen Neger zur Welt. Und wenn sie sich vor neun Monaten ohne Sie im Varieté athletische Wettkämpfe angeschaut hat, wo ein Neger aufgetreten is, so wirds Ihnen, denk ich, doch bisserl im Kopf herumgehn.«

    »Der Fall Ihres Negers Kristian«, sagte der Einjährigfreiwillige, »muß auch vom Standpunkt des Krieges aus erwogen werden. Nehmen wir an, man hat diesen Neger assentiert. Er ist Prager, also gehört er zum 28. Regiment. Sie haben doch gehört, daß die Achtundzwanziger zu den Russen übergegangen sind. Die Russen würden sich wohl nicht wenig wundern, wenn sie auch den Neger Kristian gefangengenommen hätten. Die russischen Zeitungen würden sicher schreiben, daß Österreich seine Kolonialtruppen, die es nicht besitzt, in den Krieg jagt und schon zu den Reserven gegriffen hat.«

    »Es heißt«, warf Schwejk dazwischen, »daß Österreich doch Kolonien hat. Nämlich irgendwo im Norden. Ein Kaiser-Franz-Josef-Land . . .«

    »Schenkt euch das, Jungens«, sagte ein Soldat aus der Eskorte, »es is sehr unvorsichtig, heutzutage von einem Kaiser-Franz-Josef-Land zu sprechen. Nennt niemanden, und ihr tut besser dran . . .«

    #Autriche-Hongrie #histoire #colonialisme #guerre #zoo_humain #racisme #viol

  • #Retraites #immigration #discrimination #inégalité #racisme #colonialisme #patronat #capitalisme #Darmanin #anticapitalisme...

    ★ Réforme des retraites et loi Darmanin : la double peine raciste - UCL

    En France, les personnes racisées sont souvent cantonnées à des emplois salariés moins bien payés, plus pénibles, plus précaires, ainsi qu’à des carrières hachées. Le projet de réforme ne fera qu’aggraver le rapport déjà inégalitaire à la retraite pour les populations immigrées ou issues de l’immigration post-coloniale (...)

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.unioncommunistelibertaire.org/?Reforme-des-retraites-et-loi-Darmanin-la-double-peine-ra

  • Une « annexion de jure » : Israël confie la gouvernance de la Cisjordanie à un ministre pro-colons
    Par Oscar Rickett | Lundi 27 février 2023 | Middle East Eye édition française
    https://www.middleeasteye.net/fr/decryptages/palestine-israel-gouvernance-cisjordanie-ministre-smotrich-annexion
    http://www.middleeasteye.net/sites/default/files/images-story/2023-02-23T143917Z_506971614_RC2YGZ9RJAO9_RTRMADP_3_ISRAEL-PALESTINIA

    Israël a transféré de l’armée à un ministre d’extrême droite de larges sections de l’administration de la Cisjordanie occupée, ce qui, selon des experts, équivaut à une « annexion de jure ».

    Le transfert a été décidé entre le Premier ministre Benyamin Netanyahou, le ministre de la Défense Yoav Galant et le ministre des Finances Bezalel Smotrich.

    « C’est un changement radical de la gouvernance de la Cisjordanie et des territoires palestiniens occupés en général. […] C’est un approfondissement de l’apartheid qui met Israël encore plus en conflit avec le droit international, lequel interdit l’acquisition de souveraineté par la force »
    - Michael Sfard, avocat des droits de l’homme

    En vertu de l’accord annoncé jeudi, Smotrich – qui est également ministre au département de la Défense – aura de vastes pouvoirs sur les questions civiles en Cisjordanie occupée.

    Il s’agit notamment des questions relatives aux avant-postes coloniaux sans autorisation gouvernementale, à la planification et à la construction de colonies, ainsi que du pouvoir de nommer des responsables au sein de l’Administration civile (l’instance dirigeante israélienne en Cisjordanie).

    Cela signifierait le passage d’une gouvernance militaire, qui est la norme depuis l’occupation israélienne de la Cisjordanie en 1967, à une administration politique civile. Israël n’a jamais officiellement annexé la Cisjordanie, et même s’il le faisait, le statut de ce territoire palestinien resterait défini par le droit international comme une « occupation militaire temporaire ».

    L’accord pourrait permettre à Smotrich – lui-même colon et partisan de longue date de l’annexion de la Cisjordanie – d’accélérer considérablement la construction des colonies, d’accroître la présence d’Israël en Cisjordanie et de contrecarrer le développement de la communauté palestinienne. (...)

    #Colonialisme_de_peuplement

  • #Israël #gouvernement #Netanyahou #extrêmedroite #nationalisme #sionisme #intégrisme #racisme #homophobie #sexisme...
    #Palestine #discrimination #colonialisme #oppression #antisionisme #antisémitisme...

    🛑 SUR LA FASCISATION DU GOUVERNEMENT ISRAÉLIEN, SES RÉPERCUSSIONS, ET NOTRE POSITIONNEMENT DE JUIF·VES DE LA DIASPORA – Juives et Juifs révolutionnaires

    L’accès au gouvernement, sous la tutelle de Benjamin Netanyahou, de diverses tendances ouvertement d’extrême droite, nationalistes et intégristes, notamment kahanistes, qui s’inscrit dans la montée en puissance générale des tendances nationalistes, réactionnaires dans le monde, représente une nouvelle régression sur laquelle nous avons collectivement décidé de nous exprimer, en tant que Juif·ves de la diaspora.
    En premier lieu, il convient de rappeler que nous réagissons à cette situation, non pas car notre judéité nous y obligerait, mais car nous estimons que c’est un moment important pour poser sur la table des inquiétudes et des problématiques qui résonneront sans doute à l’oreille de beaucoup.
    Ce qui se passe en Israël est en effet très inquiétant. Il suffit de voir le mouvement social déployé depuis la formation du nouveau gouvernement pour en avoir une idée. Ce sont des racistes, néo-fascistes, et LGBTQIphobes de la pire trempe qui ont désormais entre leurs mains des ministères, notamment celui de la Sécurité nationale dirigé par le fasciste Itamar Ben-Gvir. Ce dernier est un représentant de l’extrême-droite israélienne la plus réactionnaire, héritier du parti kahaniste Kach, interdit par Israël après qu’un de ses membres (Baruch Goldstein, dont Ben-Gvir a longtemps affiché un portrait dans son salon) ait assassiné vingt-neuf Palestinien·nes. Son parti politique, Otzma Yehudit, contrôle également le ministère du développement du Néguev et de la Galilée, en charge notamment de la colonisation ; le ministère de l’Intérieur revient aux ultra-orthodoxes du Shas, ainsi que la Santé, le travail, et les affaires religieuses ; le ministère de Jérusalem au parti Judaïsme Unifié de la Torah, qui contrôle également le ministère du logement ; les Finances sont attribuées au Parti Sioniste Religieux ; et ainsi de suite pour former un gouvernement de cauchemar, dont le Likoud forme l’aile la moins réactionnaire (...)

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️https://juivesetjuifsrevolutionnaires.wordpress.com/2023/02/23/sur-la-fascisation-du-gouvernement-israelien-ses-repercussions-et-notre-positionnement-de-juif%c2%b7ves-de-la-diaspora

    • Est-ce que les auteurs de ce texte « se définissent sympathiques au sionisme tout en étant outrées par la guerre menée par les divers gouvernements belliqueux et coloniaux » ?

      Pourtant – si c’est le cas –, le sionisme, par-delà ses variantes évoquées, les unes à prétention socialisante, les autres ouvertement réactionnaires, n’a jamais été qu’une orientation politique nationaliste, visant à ses origines la création d’un État juif, puis, cela fait, sa consolidation. Si aujourd’hui, c’est l’expression du nationalisme d’un État oppresseur qui s’oppose aux aspirations nationales du peuple palestinien opprimé, il n’en reste pas moins par définition l’expression d’un nationalisme.

      Pire : le sionisme, qui est parvenu à un moment de son histoire à représenter un espoir pour de nombreux Juifs, pour qui l’agonie du #capitalisme eut le visage des camps de la mort, n’a su que préserver une société d’exploitation et d’oppression, où le racisme atteint de plein fouet la population palestinienne des Territoires occupés, les Arabes israéliens – quand ce n’est pas des Juifs israéliens eux-mêmes, en particulier les Juifs orientaux qui forment la partie pauvre de la population israélienne.

      Les sionistes qui croient avoir trouvé l’argument définitif en disant que la critique du sionisme remet en cause Israël dans son droit à l’existence en tant qu’État juif... n’ont pas tort sur ce point. Car les militants révolutionnaires les plus conséquents militent pour que tous ceux qui vivent en Israël aient les mêmes droits, quelle que soit leur nationalité d’origine ou leur religion. Et qu’importe si Israël n’est plus alors un État juif, pourvu qu’il soit devenu respectueux pour tous ceux qui y vivent.

      C’est aussi cela qu’on appelle l’antisionisme : sous cette forme, le seul #antiracisme conséquent.

    • Les JJR, comme le nom l’indique, se situe pleinement dans la tradition révolutionnaire ouvrière et internationaliste dans une perspective juive.
      Nous les ’suivons’ depuis leur création.

      Il combattent, dénoncent et condamnent l’antisémitisme et tous les racismes.

      Il n’y a pas d’ambiguïté dans leur engagement, ce qui leur attire souvent une agressivité de la part des nationalistes de tous les bords, y compris et surtout des partisans fanatiques de l’Etat d’Israël.

      Les JJR font un gros travail de pédagogie contre les préjugés racistes et sur l’Etat d’Israël notamment, comme dans cet article.

      Le « sionisme » (terme tellement galvaudé de nos jours, que nous ne l’employons quasiment jamais) est multiple et souvent en conflit interne : sionisme religieux, sionisme dit révisionniste (de droite), sionisme socialiste, sionisme chrétien... il y a même eu un petit courant sioniste libertaire au début du XXe siècle (dont l’anarchiste Bernard Lazare fut la figure emblématique) en réaction à l’antisémitisme au moment de l’Affaire Dreyfus et qui voulait fonder un foyer national juif sans État.

      Cela reste, dans l’immense majorité des cas, un nationalisme comme tous les autres.

      Les JJR ont parfaitement raison de dénoncer la manipulation et le confusionnisme qui se cache souvent derrière un « antisionisme » fantasmagorique et obsessionnel de façade qui sert de paravent à beaucoup d’antisémites de tous bords (Soral, Dieudonné, une certaine extrême-gauche et Cie).
      Le nationalisme palestinien corrompu et/ou arabe ne vaut guère mieux, sinon qu’il bénéficie d’une auréole du fait du colonialisme et de l’apartheid israélien...

      Soyons et restons internationalistes.

      Un excellent résumé se trouve dans un communiqué de 2006 émanant de la FA :

      « Quelle alternative au Moyen-Orient ?

      La Fédération anarchiste francophone dénonce et condamne la nouvelle agression militaire en cours en Palestine et dans les territoires occupés faisant suite à l’enlèvement d’un jeune appelé franco-israélien.

      Une fois de plus, dans la guerre sans fin qui oppose l’Etat israélien et l’Autorité palestinienne, ce sont les populations civiles, toujours aux premières loges, qui paient de leurs sang, de leurs conditions de vie et de leurs libertés l’affrontement de deux logiques nationalistes, capitalistes, militaires et religieuses.

      C’est bien le Hamas et le Djihad Islamique qui, arrivés au pouvoir par les urnes en profitant de la corruption et du discrédit du Fatah de Yasser Arafat et de la déliquescence de l’OLP, tirent profit de la colère, de la frustration de la majorité palestinienne en transformant ainsi le combat contre l’oppression colonialiste en combat religieux, avec ses dérives antisémites.

      Les gouvernements israéliens ont toujours cherché ce conflit religieux, et ont donc favorisé la montée d’un courant islamiste intégriste, cherchant ainsi à légitimer aux yeux des pays occidentaux leur politique de colonisation, de domination, et d’apartheid ethnique.

      En tant qu’anarchistes nous savons que les Etats séparent les peuples par l’établissement de frontières. Tout comme la création de l’Etat d’Israël n’a rien réglé pour cette région, et pour les juifs exilés, eux aussi à une autre époque dans une situation désespérante, la création d’un véritable Etat palestinien ne peut nous satisfaire. A quoi donc servirait un Etat plus formel pour les Palestiniens ?
      Que ferait donc cet Etat ? Maintenir le statu quo sur l’influence grandissante des islamistes, laisser la guerre sociale de côté, sous prétexte que l’ennemi, c’est Israël. Et l’émancipation sociale ?
      Et l’égalité économique et sociale dans tout ça ? La haine entre des peuples, réfugiés derrière d’éventuels barbelés dans leurs Etats respectifs, se cristalliserait sur des communautés nationales, concept diffus, trompeur et interclassiste, si l’on dressait plus de frontières.

      Nous proposons le fédéralisme libertaire, fondamentalement égalitaire et adapté à un Moyen-Orient constitué de mosaïques de peuples, préconisant la libre association, la libre fédération, sur des bases égalitaires entre les individus et les groupes d’individus qui fondent ce fédéralisme.

      La répartition des richesses ainsi que l’autogestion généralisée sont des étapes incontournables dans cette région comme ailleurs, où il existe des pauvres et des riches, des Etats qui convoitent l’accès à la mer, à l’eau, aux terres fertiles, et au pétrole.

      Une alternative au Moyen-Orient peut voir le jour si d’un coté comme de l’autre les peuples israéliens et palestiniens, jetant à bas les barrières artificielles qui les séparent et les opposent, s’unissent contre leurs ennemis communs, les pouvoirs politique, économique, religieux et militaire, pour construire ensemble les bases d’une société assurant la paix et l’harmonie.

      L’existence de collectifs communs d’individus palestiniens et israéliens s’opposant par exemple à la construction du Mur, soutenant les déserteurs et les opposants aux militarismes prouve encore une fois que ce qui nous unit, l’entraide et la solidarité, est plus fort que ce qui nous divise.

      La Fédération anarchiste francophone appelle toutes les forces du mouvement social comme tous les individus épris de justice, de paix, et de liberté à protester par tous les moyens possibles pour que cesse au plus vite cette situation intolérable que subissent les travailleurs, civils, femmes, hommes, et enfants de cette région du monde. »

      ★ Fédération anarchiste, le 5 juillet 2006.

    • J’entends, mais rien dans le texte des JJR ne permet de penser qu’ils ne sont pas eux-mêmes sionistes.

      Or, le sionisme – d’où qu’il vienne – représente, comme tous les nationalismes, une impasse pour les travailleurs. À plus forte raison quand il s’agit d’un nationalisme qui n’est pas celui d’un peuple opprimé, ni celui des victimes de persécutions antisémites, mais celui d’un groupe national qui possède un État, une armée puissante et qui opprime depuis 70 ans un autre peuple, le peuple palestinien.

      Quant à l’« antisionisme », qu’il puisse servir de paravent à beaucoup de tarés antisémites n’enlève rien au fait qu’il va de soi : comme dénonciation du nationalisme, ce poison mortel pour les travailleurs, dont les intérêts sont communs par-delà les frontières.

      Quant au texte de la FA, j’en partage l’essentiel : en dépit de sa rhétorique anarchiste ("fédéralisme libertaire", "collectifs communs", "autogestion généralisée"... nous employons d’autres mots) ; en dépit de ce contresens habituel selon lequel ce sont "les Etats [qui] séparent les peuples par l’établissement de frontières" (car au fond c’est d’abord une des lois du capital, et celui-ci a des États pour la faire appliquer) ; et en dépit des concepts vagues de "forces du mouvement social" pour désigner les acteurs du changement espéré (on dirait du NPA dernière période qui ne parle plus de lutte de classe ni de classe ouvrière).

    • @Recriweb

      > L’article n’est pas un ’pedigree’ des JJR mais une position factuelle sur le gouvernement israélien.

      Concernant les JJR, il suffit de chercher un peu, de se renseigner pour savoir qu’ils sont antinationalistes.

      Comme nous l’avons écrit, le terme « antisionisme » est extrêmement galvaudé et mal employé : « sioniste » est devenu clairement un synonyme de « Juif » et il suffit de consulter pas mal de sites soi-disant « antisionistes », pour se rendre vite compte que c’est devenu une insulte, un prétexte alibi bien connu pour ne pas être poursuivi pour « incitation à la haine raciale ».
      C’est pour cela que nous ne l’employons jamais car il est rentré depuis longtemps dans le lexique de l’extrême-droite ouvertement antisémite ou de certains groupes pro-palestiniens nationalistes et confusionnistes.

      Comme les JJR, nous sommes internationalistes et bien évidemment contre tous les nationalismes.

      Quant à la « rhétorique anarchiste » (!) : on ne va surement pas s’excuser d’être anarchistes.

      Le texte de la FA est très clair, pleinement dans l’esprit anarchiste : insinuer que nous ne sommes pas dans la lutte des classes pour défendre le prolétariat c’est complètement méconnaître ce que nous sommes.

    • Dénoncer la politique des dirigeants israéliens qui entraînent leur peuple dans des guerres sans fin et qui oppriment les Palestiniens n’a rien d’ambigu. Ceux qui amalgament cette position à de l’antisémitisme (au prétexte que l’extreme-droite se sert de l’antisionisme pour dissimuler son antisémitisme), c’est-à-dire ces politiciens et ces « intellectuels » (BHL, Finkielkraut, Bruckner, etc.) qui se servent servent de cette amalgame pour faire taire toute opposition à Israël, voire espérer criminaliser toutes les critiques vis-à-vis de sa politique coloniale, ne méritent certainement pas que nous renoncions à nous exprimer clairement. Ne serait-ce qu’en solidarité avec, en Israël même, les nombreux opposants à la politique sioniste des gouvernements successifs, eux-mêmes étant parfois qualifiés d’antisémites !

      Qu’ils vivent en France, en Israël ou n’importe où sur la planète, qu’ils soient athées, juifs, musulmans ou autres, les travailleurs n’ont ni patrie ni communauté à défendre, mais des intérêts de classe à mettre en avant. Et être internationaliste signifie être opposé à tout nationalisme, le nationalisme sioniste y compris, et le dire sans chichi.

    • @Recriweb

      « Qu’ils vivent en France, en Israël ou n’importe où sur la planète, qu’ils soient athées, juifs, musulmans ou autres, les travailleurs n’ont ni patrie ni communauté à défendre, mais des intérêts de classe à mettre en avant. »

      > C’est ce que nous faisons quotidiennement, il n’y a aucun « débat » là-dessus : c’est pourtant clair et net dans tous nos écrits ou celui des JJR.

    • Le débat portait sur la partie manquante de la citation : « ... être opposé à tout nationalisme, le nationalisme sioniste y compris, et le dire sans chichi ».

      S’agissant de la FA, je n’en doute pas, mais j’avais des réserves sur les JJR. Réserves que tu n’as pas dissipées.

    • C’est en raison de l’absence de moteur de recherche sur leur site que je m’étais permis de te solliciter. Je n’allais pas éplucher leurs 8 ans d’archive.

      Il est possible de discuter et de répondre à des questions sans voir nécessairement chez son interlocuteur de mauvaises intentions.

      Si je te suis, c’est aussi pour m’informer.

    • @recriweb

      Pourquoi ne pas l’avoir dit tout de suite ?...
      Il n’y a pas que sur leur site que l’on peut se renseigner.

      Même si ce Collectif se situe surtout dans le combat contre l’antisémitisme, ses références sont révolutionnaires, internationalistes dans les racines du prolétariat juif historique.
      Ils sont bien plus « fiables » que l’UJFP, par exemple, qui est très ’ambiguë’ à nos yeux.

      Dans cet article les JJR ont juste fait une explication de texte pédagogique sur le sionisme et l’antisionisme, il n’y a pas de conclusion hâtive à faire. Cette explication est nécessaire et indispensable, tant les clivages sont devenus paranoïaques sur cette question et sachant que le terme "sionisme" est manipulé par tous les camps. De plus, ce mot est historiquement "caduque" puisqu’il désignait un mouvement nationaliste juif pour la création ("la montée vers Sion") d’un État juif en Palestine, ce qui est un état de fait depuis 1948... passons...

      Donc puisque notre parole ne suffit pas et que tu n’as pas trouvé d’infos voici quelques citations émanant des JJR :

      ⚫️ >> Dans l’article publié, ce passage aux antipodes de ce que pourrait dire un ’sioniste’ :

      " (...) Nous apportons, en ces moments difficiles, tout notre soutien à la population civile israélienne, qui lutte contre un gouvernement répressif et autoritaire.
      Nous apportons, également tout notre soutien aux Palestinien·nes qui tous les jours souffrent de la violence inouïe de la politique coloniale.
      Cependant, au delà d’un soutien quelconque, ici en France, nous agissons et continueront d’agir pour lutter contre l’antisémitisme, le racisme, la LGBTQIphobie, pour l’égalité femmes-homme et pour la défense de notre classe. "

      ⚫️ >> Dans l’article (en lien hypertexte dans l’article initial !) suivant, intitulé "AUX JUIFS ET AUX JUIVES DE FRANCE, À PROPOS D’ISRAËL" :

      " (...) Juifs et Juives de France, nous nous sentons toutes et tous menacé·es dans les périodes de libération des actes et de la parole antisémite (en particulier sur les réseaux sociaux actuellement), notamment quand des antisémites en France utilisent comme prétexte la situation en Palestine pour vomir une haine des Juifs et des Juives qui pré-existait largement à l’État d’Israël. Face à cette situation, de nombreux membres de notre minorité sont inquiets, pensent à partir ou à dissimuler leur judaïsme. Pour nous, la solution à cet antisémitisme n’est ni l’assimilationisme ni le sionisme, mais la lutte ici et maintenant, dans la diaspora "

      ⚫️ >> Dans un entretien de 2019 avec la Revue "Ballast", intitulé "Entretien avec le collectif Juives et Juifs révolutionnaires" :

      " (...) Le sionisme est une réponse — nationaliste, donc pour nous réactionnaire — à l’antisémitisme... "

      " (...) Notre opposition au sionisme découle d’une double analyse. Premièrement : d’une position antinationaliste (...)
      Deuxièmement : de nos positions anticolonialistes, en cohérence avec nos positions révolutionnaires (...) Nous sommes donc contre le sionisme, mais ne nous définissons pas comme « antisionistes » parce que notre opposition au sionisme découle d’une vision anticolonialiste, hostile à l’ethnonationalisme « völkish ». Cette vision n’applique pas au sionisme un « deux poids, deux mesures », qui en ferait une forme de colonialisme ou de nationalisme meilleure — point de vue sioniste — ou pire qu’un autre — point de vue de bon nombre d’« antisionistes » (...) "

      " Nous avons, en tant que révolutionnaires, des valeurs éthiques qui sont universelles, en ce sens qu’elles sont communes à l’humanité et existent dans toutes les sociétés, à toutes les époques : entraide, solidarité, refus de la domination… L’éthique juive dont nous nous revendiquons est simplement l’une des formes culturelles qu’a prise cette éthique universelle, liée à la condition de minorité opprimée. Ce n’est pas tout à fait un hasard si de très nombreux Juifs et Juives ont participé au mouvement ouvrier révolutionnaire, dans toutes ses tendances, en jouant parfois un rôle moteur dans la création d’organisations de solidarité qui étaient loin de ne se consacrer qu’à la minorité juive et aux problèmes auxquels elle était confrontée. C’est aussi parce qu’ils y trouvaient l’expression de valeurs présentes dans la culture diasporique. Nous nous situons dans la continuité de ce parcours, et il y a nombre de figures historiques qui nous inspirent : d’Emma Goldman en passant par Rosa Luxemburg, de Marek Edelman en passant par Denis Théodore Goldberg, de Lucien Sportisse à Ilan Halevi, de Joseph Rosenthal à Adolfo Kaminsky. Parmi bien d’autres... (...) "

    • Merci pour ces informations (donc, que j’ai cherchées en te sollicitant à la suite de ta publication...).

      Je n’adhère pas au caractère apparemment communautariste de cette organisation (se revendiquant d’une « éthique juive »/"culture diasporique" ou s’adressant prioritairement « aux juifs et juives de France »), mais je prends note de leur « opposition au sionisme ».

      J’ajoute que « pour lutter contre l’antisémitisme, le racisme, la LGBTQIphobie, pour l’égalité femmes-homme et pour la défense de notre classe », il n’est pas seulement question de faire valoir des valeurs – même des « valeurs éthiques qui sont universelles, en ce sens qu’elles sont communes à l’humanité et existent dans toutes les sociétés, à toutes les époques : entraide, solidarité, refus de la domination » –..., il est surtout question (c’est la seule solution) d’armer la classe ouvrière ("notre classe"), de l’aider à se donner les moyens politiques et organisationnels pour s’emparer partout des moyens de production.

      C’est du reste sur la base de ce combat historique mené par la classe ouvrière que se sont forgées les valeurs du mouvement ouvrier révolutionnaire (valeurs dont je préfère me revendiquer, pour ma part, en ce qu’elles se distinguent des valeurs seulement humanistes de la bourgeoisie).

  • Les femmes ou les « oublis » de l’Histoire - épisode 3 : Alice Seeley Harris
    https://blogs.mediapart.fr/julietteraynaud/blog/190223/les-femmes-ou-les-oublis-de-lhistoire-episode-3-alice-seeley-harris

    Congo, 1898. Alice Seeley Harris installe, avec son époux, une mission au Congo, propriété privée du roi Léopold II. Enseignante, elle ne s’attendait pas à la sinistre réalité qu’elle allait découvrir sur place.

    Léopold II impose des quotas de production de caoutchouc impossibles à atteindre :

    « La landolphia doit être saignée deux fois par an maximum mais les Belges exigeaient des saignées deux fois par mois. Si les indigènes ne rapportaient pas assez de caoutchouc, leurs femmes et leurs enfants étaient pris en otages jusqu’à ce qu’ils en rapportent suffisamment. »

    Ni la prison ni le fouet ne suffisant à obtenir les rendements exigés, on donne l’ordre aux soldats indigènes de passer aux meurtres à grande échelle. La terreur comme instrument de gestion des ressources humaines.

    Témoins directs de l’horreur, Alice et John Harris tentent d’alerter l’opinion. Lors de leurs premiers congés à Londres, ils ne parviennent pas à convaincre leurs amis de la réalité des crimes commis au Congo. Alice décide alors d’acheter le premier appareil photo portatif jamais mis sur le marché : le Brownie de Kodak. C’est avec ce Brownie qu’elle prendra le cliché qui va changer la donne. Nous sommes le 14 mai 1904.

    « Un dimanche matin, j’étais seule et mon boy est venu me prévenir qu’un indigène m’attendait à l’arrière de la mission portant avec lui la main et le pied d’une petite fille enveloppés dans une feuille de bananier. Je l’ai fait asseoir en haut des marches de la véranda et il a ouvert la feuille de bananier et j’ai pris une photo. Ils étaient là, sous mes yeux, la main et le pied de cette petite fille. »

    La petite fille assassinée et démembrée s’appelle Boali. Elle avait 5 ans.

    Les mutilations sont alors monnaie courante. Quand les chefs de poste blancs envoient la troupe tuer les villageois·es pour l’exemple, ils demandent aux soldats de rapporter une main humaine par habitant·e assassiné·e. Préférant garder les balles pour braconner en chemin, les tueurs se contentent souvent de couper la main ou le pied de la victime.

    Alice et ses collègues missionnaires multiplient les photos de Congolais·es mutilé·es et les envoient à Edmund Morel, un activiste britannique déterminé à mettre un terme aux horreurs du Congo. Ces images implacables vont provoquer le 1er scandale humanitaire de l’histoire contemporaine.

    Leopold II devient l’ennemi public n°1 en Angleterre et aux Etats-Unis. Pour que les foules se mobilisent encore plus, Edmund Morel envoie Alice et son mari en tournée avec une lanterne magique : de Londres à Manchester, de New-York à Minneapolis, salles de spectacle et églises se remplissent de fidèles déterminés à mettre un terme aux atrocités.

    La pression internationale est telle qu’en 1908, à Bruxelles, le Parlement oblige Leopold II à céder le Congo à l’Etat belge. Alice Seeley Harris et Edmund Morel ont gagné leur combat. Mais nous sommes encore au début du XXe siècle, il n’est pas question d’indépendance, juste d’une colonisation plus humaine… Si tant est que cela existe…

    Texte inspiré du documentaire Décolonisations de Karim Miské, Marc Ball et Pierre Singaravélou.

    #femme #histoire #racisme #sexisme #colonialisme

  • Il rovescio della nazione. La costruzione coloniale dell’idea di #Mezzogiorno

    Il rovescio della nazione aggiorna gli strumenti oggi a disposizione per leggere la questione meridionale, liberandola dal recinto di irrisolvibile «problema» locale. Le voci d’archivio del Risorgimento e della guerra ai briganti mostrano che l’idea di un #Meridione barbaro e arretrato ha le sue radici nella storia del colonialismo europeo e nel suo repertorio di rappresentazioni. In questo intreccio pieno di sfumature troviamo un antidoto alle torsioni identitarie che segnano i nostri giorni a ogni latitudine, e impariamo a scorgere la possibilità che sia il sud stesso a narrare la propria storia.

    «La negazione dell’altro interno, meridionale, nel processo di unificazione (...) ha notevolmente contribuito all’identificazione tra italianità e ’bianchezza’».

    https://tamuedizioni.com/?libro=il-rovescio-della-nazione
    #colonialisme #nationalisme #Italie_du_Sud #blanchité #italianité #unification #Italie_du_Sud #Italie #décolonial
    #livre #Carmine_Conelli

  • France. Après le syndrome de Fachoda, le « complexe de Bangui »
    https://afriquexxi.info/France-Apres-le-syndrome-de-Fachoda-le-complexe-de-Bangui

    France. Après le syndrome de Fachoda, le « complexe de Bangui »

    Parti pris · Alors que la diplomatie française s’émancipe à peine du « complexe de Fachoda », qui a longtemps guidé sa stratégie sur le continent africain, la voici soumise à un nouveau syndrome lié à un autre ennemi, la Russie. Ses alliés africains ont bien compris l’intérêt de cette « rente à l’endiguement (...) ».

    (suite à lire sur le site d’Afrique XXI)

    #France #Françafrique #Russie #colonialisme #Sangaris

  • #Cisjordanie #Palestine #Israël #apartheid #ségrégation #colonialisme #discrimination #répression #internationalisme #Solidarité

    🛑 « Israël : L’apartheid se renforce, les Palestiniens en paient le prix »

    🛑 « Ségrégation territoriale et restrictions de déplacement, saisies massives de biens fonciers et immobiliers, expulsions forcées, détentions arbitraires, tortures, homicides illégaux… Un an après la sortie de notre rapport, les exactions commises par les autorités israéliennes sur les Palestiniens et Palestiniennes se sont encore aggravées (...) »

    ▶️ Lire le texte complet…

    ▶️ https://www.amnesty.fr/actualites/israel-apartheid-se-renforce-les-palestiniens

  • Les députés ultramarins condamnent les propos du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer

    A l’occasion du colloque Les Outre-mer aux avant-postes organisé par Le Point le 2 février 2023 à la Maison de l’Océan (Paris), le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a déclaré : « c’est la République française qui a aboli l’esclavage (…) on demande donc (aux territoires ultramarins) d’aimer la République » ; « il y a aux Antilles, en Guyane, un sentiment identitaire, de réaction, qui mérite d’être entendu mais qui (…) ne mérite pas d’être entendu comme la Nouvelle-Calédonie a le mérite d’être entendue parce que ce n’est pas la même histoire ».

    « Nous condamnons ces propos avec la plus grande fermeté », affirment les députés ultramarins dans un communiqué.

    Ils argumentent : « Au relativisme moral des puissances colonisatrices, persuadées d’apporter culture et savoir aux populations dont elles brimaient les capacités d’autodétermination en même temps qu’elles tuaient leur puissance créatrice, semble avoir succédé une forme nouvelle de révisionnisme historique.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/02/04/les-deputes-ultramarins-condamnent-les-propos-

    #colonialisme

  • Ventres à louer - Floraisons
    https://floraisons.blog/ventres-a-louer

    Ventres à louer est un livre rassemblant des textes féministes critiques de la GPA, récents ou anciens, traduits de langues différentes afin de les rendre plus accessibles. Il offre un bon panorama sur le sujet, accompagné d’une généreuse bibliographie, en avançant quatre arguments principaux :

    la GPA nuit aux femmes ;
    la GPA nuit aux enfants ;
    la GPA nuit à la dignité humaine ;
    la GPA accroit le pouvoir des puissants (hommes, riches, technocrates) et favorise l’eugénisme.

    https://d3ctxlq1ktw2nl.cloudfront.net/staging/2023-0-31/5efb41c5-f577-e212-e9fa-8acbd141e674.mp3

    #gpa #procréation #femmes #féminisme

  • Un article qui aide à penser comment le vocabulaire politico-administratif le plus courant ("métropole", "outre-mer", "DOM-TOM"...) demeure ancré dans une histoire coloniale ne se conjuguant pas seulement au passé.

    « Outre-mer », cet équivoque héritage des colonies

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/01/04/outre-mer-cet-equivoque-heritage-des-colonies_6156517_3232.html

    Par Youness Bousenna, publié le 4 janvier 2023

    La notion d’outre-mer, préférée à partir des années 1930 à celle de « colonie », dérive d’un imaginaire de conquête forgé dans l’Europe chrétienne médiévale. Mettant inévitablement au centre la métropole, cet euphémisme peine à gommer la domination qu’il perpétue.

    Histoire d’une notion

    Si la formule « outre-mer » pour désigner les territoires français éloignés de la métropole semble tenir de l’évidence, ce toponyme se révèle problématique à bien des égards. D’abord parce qu’il mêle 2,8 millions d’habitants sur 120 000 kilomètres carrés en amalgamant les Antilles françaises à Wallis-et-Futuna, la Polynésie à Saint-Pierre-et-Miquelon. Ensuite parce qu’il camoufle un terme aujourd’hui réprouvé, celui de « colonie ».

    Or, l’outre-mer est « indissociablement lié à la colonisation », rappelle le géographe Jean-Christophe Gay. « Dans la seconde moitié du XIXe siècle, il désigne les pays sous domination coloniale européenne. A partir des années 1930, il va être réduit à ceux soumis à l’autorité de la France », écrit-il dans La France d’outre-mer. Terres éparses, sociétés vivantes (Dunod, 2021).

    L’association du latin ultra (« au-delà de ») à la mer, elle, est bien plus ancienne. Attestée au XIe siècle sous la forme ultremer, elle est quelquefois utilisée au sens littéral. Ainsi de l’outremer, ou lapis-lazuli, pierre provenant de l’autre rive de la Méditerranée et dont dérive le bleu outremer. Ou de l’oublié roi carolingien Louis IV d’Outre-mer (936-954), surnommé ainsi pour son éducation à la cour d’Angleterre.

    Mais la généalogie éclaire surtout un legs pesant, fait de conquêtes et d’expansionnisme. Car la terminologie s’enracine avec les croisades, dont Guillaume de Tyr (v. 1130-1185) se fait le chroniqueur dans son Histoire de la terre d’outremer : dès la première expédition, au XIe siècle, les Etats latins fondés au Proche-Orient sont dits « d’outre-mer ».

    Un narratif impérialiste

    Cette trace subsiste sur le drapeau de l’Espagne. En examinant ses armoiries, on distingue les colonnes d’Hercule et sa devise nationale, « Plus ultra », datant de l’empereur Charles Quint (1500-1558). A l’aube de la conquête du Nouveau Monde, cette prescription à aller « toujours plus loin » condense le messianisme guidant l’action de ce nouvel Hercule : les colonnes symbolisant le détroit de Gibraltar ouvrent la voie à une monarchie catholique universelle, qui a vocation à régner partout.

    Ce « Plus oultre » (en ancien français) se retrouve ainsi au centre d’un narratif impérialiste « en faisant de l’espace et de la géographie un passage obligé » et « en mettant en mots la dramaturgie de l’expansion religieuse et économique », détaille l’historienne Louise Bénat-Tachot (revue e-Spania, 2017).

    Malgré ces lourds implicites, « outre-mer » commence à remplacer « colonie » dès les années 1930. Ainsi, le Musée des colonies devient en 1934 le Musée de la France d’outre-mer. La grande bascule intervient en 1946 : lorsque « la Constitution met juridiquement fin à la colonisation et qu’un “ministère de l’outre-mer” se substitue au “ministère des colonies”, “outre-mer” prend son essor et devient une façon euphémisée d’évoquer les colonies », écrit Jean-Christophe Gay, précisant que l’anglais overseas a eu la même fonction.

    L’acronyme DOM-TOM a alors ancré cet usage. Créés en 1946, ces départements et territoires d’outre-mer sont restés, après les indépendances africaines, « les seuls à porter officiellement ce nom, comme dernières possessions françaises hors d’Europe », remarque le chercheur.

    DOM-TOM et tam-tam

    Ce nom n’est pas sans équivoque. En témoigne sa survivance en dépit de la révision constitutionnelle de 2003 qui a rebaptisé l’ensemble DROM-COM (département, région ou collectivité d’outre-mer). « Force est de constater qu’on continue d’utiliser le terme “DOM-TOM, dont le succès, la pérennité et la substantivation sont probablement dus à sa sonorité, rappelant les tam-tams africains et les ambiances tropicales », considère le professeur à l’université Côte d’Azur, qui y voit le signe d’un outre-mer « intimement perçu à travers le filtre de l’exotisme dans l’imaginaire des Métropolitains ». Car un lien colonial persiste dans l’inconscient géographique que l’outre-mer appelle : « Il dessine une étoile, avec en son centre la Métropole, qui continue de dominer et d’organiser l’ensemble. »

    L’implicite dominateur exprimé par la notion de « métropole » rappelle une « subordination qui se prolonge », d’où la préférence croissante pour le mot « Hexagone » et le pluriel « les outre-mer », adopté jusqu’au nom du ministère.

    S’ils l’atténuent, ces termes ne peuvent gommer la « définition exogène » qu’ils imposent : « L’outre-mer est à la France ce que la province est à Paris. On est Provençal, Breton, Alsacien ou Auvergnat, mais c’est par un séjour à Paris et-ou en adoptant le regard du centre qu’on se rend compte qu’on est un provincial », souligne Jean-Christophe Gay. Cette assignation identitaire suscite la critique d’intellectuels, tel Patrick Chamoiseau.

    L’écrivain martiniquais s’élevait dans nos colonnes, en septembre 2022, contre l’existence des DOM-TOM : la loi de 1946 aurait créé la fiction d’un « prolongement identitaire fantasmatique entre l’Hexagone, maintenu “métropole”, et ses survivances d’une expansion colonialiste », précipitant ces territoires dans « une autre fable de même tristesse : celle des “régions ultrapériphériques” de l’Union européenne ». Ce grief offre une clé de lecture parmi d’autres pour comprendre la révolte dans les Antilles françaises provoquée par l’obligation vaccinale fin 2021. Il éclaire aussi l’équation singulière qui fait de la France une exception, puisqu’elle est le pays d’Europe qui a conservé la plus grande part de son empire colonial.

    Youness Bousenna

    #Outre-mer #France #colonialisme

  • CHLORDÉCONE : LE JEUDI DE LA HONTE

    Ainsi, ce jeudi 5 janvier, les juges d’instruction de Paris ont suivi le réquisitoire du parquet et prononcé un non-lieu définitif dans le dossier d’empoisonnement au chlordécone des peuples martiniquais et guadeloupéen.
    Il s’agit d’une décision d’une rare gravité qui pèsera lourdement et pour longtemps dans nos relations avec la France…
    Cette décision constitue tout à la fois une honte pour la justice française et l’expression du mépris le plus absolu de l’Etat français à l’égard de nos peuples.
    Mais aussi inacceptable que soit la décision des juges français, le combat pour la Justice et la Réparation du crime d’empoisonnement ne fait que commencer pour nos peuples, car des recours existent.
    Nous devrons être à la hauteur du défi posé en combinant toutes les formes d’actions possibles et en faisant preuve de l’unité la plus totale.
    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2022/12/04/chlordecone-appel-au-peuple-martiniquais-a-se-mobiliser-massivement-contre-le-non-lieu/#comment-54539
    #martinique #santé #colonialisme

  • ❝David Van Reybrouck : « Je ne comprends pas comment la lutte pour la décolonisation se détache de la lutte contre le réchauffement climatique »
    20 décembre 2022 Par Christine Chaumeau.

    https://www.justiceinfo.net/fr/110572-david-van-reybrouck-lutte-decolonisation-rechauffement-climatiqu

    Essayiste, historien et journaliste belge, David Van Reybrouck a ausculté en profondeur les colonialisme belge et néerlandais dans deux ouvrages majeurs : Congo, une histoire et Revolusi , l’Indonésie et la naissance du monde moderne. Il raconte l’accélération de la prise de conscience récente en Occident de la violence coloniale et en décrit les limites symboliques. A ses yeux, « nous luttons contre les symboles des injustices du passé tout en acceptant les structures des injustices du présent ».

    JUSTICE INFO : Quels sont les traits communs entre la Belgique et les Pays-Bas au sujet de la colonisation et ceux qui les distinguent ?

    DAVID VAN REYBROUCK : Pour coloniser le Congo, le roi Léopold II s’est directement inspiré des rois néerlandais Guillaume Ier et II, notamment en ce qui concerne le rôle des aristocraties locales. Coloniser était une affaire coûteuse donc le moyen le plus efficace pour avancer a été de s’appuyer sur les élites locales, en concluant des accords avec elles. Aux Indes néerlandaises (aujourd’hui Indonésie), cela a amené à des excès par l’aristocratie javanaise. En effet, au début du XIXe, la Hollande a imposé un certain nombre de cultures : le café, l’indigo, la quinine. Les gens devaient fournir ces récoltes. L’aristocratie locale recevait des bonus quand les récoltes étaient bonnes. Le bonus était tel que cela a conduit à des exactions.

    Dans les deux cas, c’est un colonialisme issu du capitalisme. C’est-à-dire que l’exploitation est à la base de l’entreprise. Mais, une grande distinction sépare les deux. Dans le cas des Indes néerlandaises occupées par la Hollande, il s’agissait d’une exploitation agricole. Au Congo de Léopold II, c’est une colonisation d’ordre industriel, minière. Elle commence avec le caoutchouc puis s’étend au cuivre. Avec une conséquence au Congo belge : l’exploitation se concentre dans le sud, la région du Katanga. La colonisation hollandaise s’étend, pour sa part, sur tout le territoire. Dans un cas, on a une présence coloniale plus nette sur un territoire plus vaste très axé sur l’agriculture.

    En ce qui concerne la violence, les Belges ont été pires en colonisation et les Hollandais en décolonisation. En Indonésie, à partir du milieu du XIXe, il y a des campagnes de vaccination ; à partir de 1900, il y a un enseignement pour les Indonésiens ; à partir de 1910, il existe une première génération de médecins formée par les Hollandais. Au Congo belge, en 1960, on ne comptait que 16 ou 17 diplômés. Jusque dans les années 50, les punitions physiques y étaient encore de rigueur.

    Aux Indes néerlandaises, les colons se laissaient porter par l’illusion que le peuple javanais était doux. On notait la présence de quelques « pommes pourries », inspirées par l’islam, le nationalisme, le marxisme. Ces personnalités gênantes ont d’ailleurs été physiquement mises à l’écart dans un camp d’internement, en Papouasie, dans la brousse. Une grande majorité des Hollandais ignorent complètement l’existence de ce véritable goulag dans lequel les prisonniers ont dû construire leur propre résidence pénitentiaire et y vivre dans des conditions très difficiles.

    Aujourd’hui, le rapport à ce passé colonial est-il différent dans de « petits pays » comme la Belgique et les Pays-Bas si on les compare à la France ou à la Grande-Bretagne ?

    Pour [la société de sondages et études de marché] You Gov, des chercheurs britanniques ont cherché à savoir quel était le pays le plus fier de son passé colonial. A leur grande surprise, c’est la Hollande qui gagne le concours. Et de loin. En 2019, 50 % des Hollandais disent être fiers du passé colonial ; 26 % espèrent un nouveau projet outre-mer ; seulement 6 % en ont une vision négative. C’est incroyable. Cela montre à quel point la mémoire du passé colonial a été réduite au Pays-Bas. Le discours national, la mémoire, ont été dictés par les 120 000 vétérans, les 300 000 colons, les Indo-Européens qui sont rentrés. Le discours national a été formé par ceux qui ont été forcés à partir – au total, 450 000 personnes. Comme pour l’Algérie avec la France, il y a eu l’équivalent des Harkis, des gens qui venaient des Moluques, enrôlés dans l’armée coloniale. En revanche, très peu d’Indonésiens se sont installés aux Pays-Bas après l’indépendance de l’Indonésie. En outre, les heures d’enseignement de l’histoire ont été réduites dans les études au niveau du secondaire. Cela conduit véritablement à une cécité, un analphabétisme historique.

    (...) lire la suite sur le site JusticeInfo.Net :
    https://www.justiceinfo.net/fr/110572-david-van-reybrouck-lutte-decolonisation-rechauffement-climatiqu

    #Indonésie #Congo #Belgique #Pays-Bas #Réparations #colonialisme

  • L’hégémonie culturelle du #colonialisme
    https://laviedesidees.fr/L-hegemonie-culturelle-du-colonialisme.html

    À propos de : Stéphane Dufoix, Décolonial, Anamosa. La mouvance décoloniale est diverse et souvent très éclatée. Elle n’en demeure pas moins une force théorique majeure, qui traque toutes les formes d’eurocentrisme et explique que la connaissance est toujours nécessairement située.

    #Philosophie #études_postcoloniales
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20230106_policar.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20230106_policar.pdf

  • Antilles : la justice prononce un non-lieu dans l’enquête sur le scandale du chlordécone | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/050123/antilles-la-justice-prononce-un-non-lieu-dans-l-enquete-sur-le-scandale-du

    Antilles : la #justice prononce un #non-lieu dans l’enquête sur le scandale du chlordécone

    Seize ans après les premières plaintes et huit mois après la fin de l’enquête, un non-lieu a été prononcé lundi 2 janvier dans le scandale de l’empoisonnement des écosystèmes au #chlordécone, un #pesticide abondamment utilisé dans les #bananeraies jusqu’en 1993 en #Guadeloupe et en #Martinique.