Rencontre avec l’association Chrétiens Migrants : « il y a une absolue nécessité à continuer de se mobiliser »

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    C’est une asso de vieux cathos qui n’hésitent pas à faire le coup de main avec l’extrême-gauche à l’occasion. Moyenne d’âge : environ 75 ans, et une vraie rage à défendre les personnes migrantes face à l’inertie des administrations et aux politiques de rejet. Rencontre avec Louis et Danielle.

    Louis : (...) Parce qu’à Chrétiens Migrants, nous aidons des réfugiés qui ont un statut mais qui ne sont pas arrivés dans le cadre des relocalisations décidées au niveau européen. Or, ces réfugiés-là ne sont pas pris en charge par les services publics. Par exemple, nous accompagnons une réfugiée Érythréenne qui a son statut et que le 115 refuse, alors que nous savons maintenant qu’il y a des dizaines, voire des centaines d’appartements libres dans le département. L’inertie des services publics est incompréhensible. Il faudra interpeller le coordinateur qui a été nommé à la préfecture.

    Danielle : Non seulement nous refusons qu’un tri soit effectué entre chrétiens et musulmans, mais nous refusons aussi le tri entre ceux que certains appellent « les demandeurs d’asile économiques », et « les bons réfugiés chassés par la guerre ». Or, alors que notre position sur le sujet a souvent été attaquée, elle a été reprise lors de la réunion du 1er octobre, où il a été dit qu’il n’était pas question d’aider les réfugiés syriens en abandonnant ceux qui sont déjà-là et qui n’ont rien.

    Louis : A Saint-Pierre-des-Corps, des Chrétiens ont accueilli une famille dans un appartement vide de la paroisse catholique, conformément aux recommandations du pape. Cela fait des années que nous réclamons ça. Mais la principale difficulté que nous avons rencontrée, c’est la crainte des autorités civiles ou ecclésiastiques de la désobéissance à ce que pourraient penser leurs supérieurs. Ils ont une « trouille » pas possible, tant dans les mairies que dans les paroisses. Alors qu’à l’évidence, quand on a un logement vide, on ne peut le refuser à de pauvres gens qui couchent dehors. C’est impensable ! D’autant que les pouvoirs publics ont l’obligation de ne laisser personne à la rue : en ne mettant pas les appartements libres à disposition, ils se mettent hors la loi.

    (...)

    Danielle : Il ne faut pas que les gens se trompent : c’est une lutte, et on prend des coups. Il ne suffit pas de suivre son cœur, de dépanner provisoirement quelqu’un : il faut une réflexion et une organisation pour faire avancer la lutte en faveur de l’accueil des migrants. Il y a des choses à apprendre, des écueils à éviter. Parce qu’on assiste souvent à des choses très dures.

    Louis : Dans les cas où il y a des campements, la police intervient souvent de façon inhumaine.

    Danielle : Ils entrent à coups de botte, alors que les gens ne résistent pas. Et ensuite, ils déclarent : « Ça s’est passé dans le calme ». Je suis déjà allée trouver devant la porte du commissariat deux jeunes Indiennes en chemises de nuit, très dignes… Les policiers ne leur avaient même pas laissé le temps de mettre un vêtement. Il n’y a aucun respect de la dignité des personnes, alors qu’elles ont déjà souffert, ont été chassées de leur pays. Face à ces situations, l’émotion ne suffit pas, il faut prendre en compte la personne dans son entier.

    #réfugiés #migrants #accueil