• Noires souffrances

    Le village de #Keyenberg n’est plus que son propre fantôme. La faute à l’exploitation de la #lignite, pourtant stoppée de justesse par les habitant·es. Reportage aux confins de la #mine de #Garzweiler_II.

    Dehors, la grisaille et les maisons en brique rouge à l’abandon invitent au répit. Mais, entre les murs de la ferme centenaire que l’on distingue du bout de la rue, l’angoisse s’est trouvée une place de choix. Ce matin-là, Norbert a le cœur lourd. « Je me suis réveillé brusquement à 5 heures et je me suis demandé : qu’est-ce qu’on doit faire ? Est-ce qu’on devrait partir et tout vendre ? Ou rester ? » Il soupire. Cet habitant viscéralement attaché à son village devenu fantôme de Keyenberg a l’esprit qui se brouille quand l’avenir se pose.

    Aujourd’hui vidé de la majorité de ses habitants, Keyenberg est l’un des cinq villages miraculés de la gigantesque trouée noire voisine, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans l’ouest de l’Allemagne. La mine de lignite – un #charbon de faible qualité – de Garzweiler II a déjà avalé 11 400 hectares en quarante ans. Voués à être dévorés par les crocs des excavatrices géantes de la multinationale allemande #RWE, comme quinze villages avant eux, ils ont été sauvés grâce à la lutte acharnée depuis 2016 de dizaines d’habitant·es et d’activistes du climat réuni·es, notamment, au sein du collectif #Alle_Dörfer_bleiben (« Tous les villages restent »). Celui-ci a obtenu que la nouvelle coalition du gouvernement fédéral officialise à l’automne 2022 le sauvetage des cinq villages dans le cadre de la sortie du pays du charbon en 2030.

    La destruction de #Lützerath, village symbole de la lutte contre le réchauffement climatique et de l’exploitation du charbon, n’a pu, elle, être évitée. Le bourg a été rasé en janvier malgré le combat long de deux ans de la #ZAD et une manifestation ayant réuni 35 000 personnes. L’Allemagne a en parallèle décidé de relancer vingt-sept centrales à charbon en raison de la crise énergétique liée notamment à la guerre en Ukraine.

    Déjà expulsés une fois

    Depuis 1983, l’entreprise RWE, longtemps l’une des plus grandes émettrices de CO2 en Europe, a exproprié des dizaines de milliers de propriétaires pour alimenter en énergie le pays. Norbert et les siens étaient les suivants sur la liste. « Mon père et mon grand-père s’étaient installés ici il y a une soixantaine d’années car ils pensaient, comme leur avait dit l’entreprise, qu’il n’y avait pas de charbon ici, à 20 km de leur village de Königshofen qui, déjà, allait être avalé par la mine », raconte Norbert. Aujourd’hui, l’immense crevasse de 200 mètres de profondeur toque au portail de son jardin, à moins de 400 mètres. Elle s’est arrêtée là.

    Depuis 2016, début des #expropriations à Keyenberg, #Oberwestrich, #Unterwestrich, #Kuckum et #Berverath, qui font tous partie de la commune d’#Erkelenz, les maisons se sont vidées les unes après les autres pour aller se reconstruire dans les nouveaux lotissements sans âme à 7 kilomètres de là. Date butoir initiale (avant le revirement) : 2023. « Sur ceux qui ne voulaient pas partir, RWE exerçait une pression constante avec des courriers réguliers du type : ‘Vous savez que 50% de vos voisins seront partis l’année prochaine ? Puis 60%, 70%…’ et là je sentais la pression monter. Qu’est-ce que je fais ? » se souvient Norbert, assis dans sa cuisine récemment rénovée.

    « Ne le dites à personne »

    Cet homme jovial a mené la lutte avec Alle Dörfer bleiben. Lui et sa famille sont restés, avec environ 80 voisin·es. Sur les 1500 habitant·es des cinq villages, il en subsiste à peine 200. Mais si les rues se sont vidées, les murs des maisons, eux, se sont emplis de souffrance. Un peu partout, les mêmes histoires se font écho. Comme l’arrivée discrète de RWE bien en amont, « envoyant ses employés dans les manifestations » ou finançant des événements locaux. « Déjà, à ce moment-là, il y avait ceux dans le village qui disaient ‘oh, ils ne sont pas si mauvais en fait, on va prendre l’argent’ et les autres qui disaient ‘c’est le diable, ne leur parlez pas’. Soudain, des voisins ou des amis de toujours, des membres d’une même famille ne se sont plus parlé », déplore Norbert.

    Dans ces terres agricoles et conservatrices, la plupart des gens, souvent âgés, ont toujours habité là depuis plusieurs générations. « Ils n’ont jamais acheté ou vendu une maison, ne connaissent pas la valeur de la leur, alors que pour RWE, c’est une tâche quotidienne. » Selon les habitant·es rencontré·es, une clause de confidentialité a été signée, chose que dément l’entreprise qui évoque « une grande transparence dans les paiements d’indemnisation ». « Ils nous ont dit : on vous donne 3000 m² – le terrain de la famille de Norbert est de 8000 m² – c’est notre dernière offre, personne n’obtiendra un tel terrain, mais vous ne devez le dire à personne », raconte celui que RWE a conduit en justice face à son refus de vendre son terrain, après, notamment, que « l’entreprise a installé illégalement une pompe hydraulique et des pipelines dans mon champs ».

    « Chacun demandait au voisin : ‘Et vous, vous avez reçu combien ? Comment vous avez fait pour négocier ?’ Mais personne ne pouvait parler. C’était terrible ! » raconte, sur le pas de sa porte, Yann Mülders, un trentenaire qui habite avec sa sœur, son neveu, sa mère et sa grand-mère à l’entrée du village depuis vingt-deux ans. « Ils ont semé la zizanie pour que tout le monde cède et s’en aille », croit savoir ce bonhomme placide, attristé de constater « que la vie est morte ici ».
    Bisbilles et tristesse à Neu Keyenberg

    Mais le nouveau village n’est pas épargné. Outre la bataille pour les meilleurs terrains, l’argent a créé divisions et envies. « Ici, il y a de nombreuses histoires de jalousies, de voisins qui comparent leurs situations et la taille de leurs maisons », raconte, affligé, Julius, 26 ans, « déplacé » du charbon dans le nouveau Keyenberg où les maisons en travaux se bousculent.

    Pour beaucoup, bien que conscient·es depuis trente ans de leur expropriation prochaine, le déracinement a été dévastateur. Pour les plus âgé·es, surtout. « Ma grand-mère, qui avait 85 ans, est décédée l’année dernière, un an après notre déménagement qu’elle a très mal vécu, elle était très triste de devoir quitter sa maison », raconte, ému, André. Une bâtisse qui avait vu passer quatre générations.

    Ingo a lui aussi terriblement souffert de l’expropriation (lire ci-dessous). Habitant de toujours de Keyenberg, il a perdu ses deux parents successivement, avant la date butoir. Avant de mourir, son père a dit : « Je ne veux plus déménager. »

    « L’expropriation a brisé le cœur de nombreuses personnes, et certaines sont mortes à cause de ça », témoigne René Wagner, journaliste déplacé qui tente de recréer une communauté villageoise dans la nouvelle localité. « Il y a même des gens qui veulent que leur ancienne maison soit détruite, car pour eux le pire serait que quelqu’un habite chez eux », raconte Christopher, président du collectif Alle Dörfer bleiben. Les histoires tragiques se bousculent.

    Plusieurs personnes rencontrées évoquent aussi des #suicides dans les anciens villages. « Ce sont des histoires cachées, beaucoup de gens le savent, mais n’en parlent pas », dit, comme d’autres, Julius. « Si je n’habitais pas ici, je ne pourrais pas croire tout ce qui y est arrivé », disent d’une seule voix Norbert et André, respectivement habitant de l’ancien et du nouveau Keyenberg.

    https://lecourrier.ch/2023/04/20/noires-souffrances

    #extractivisme #Allemagne #expulsions

  • Will We Call Them Terrorists ? - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/04/05/magazine/how-to-blow-up-a-pipeline-terrorism-climate-change.html

    The film “How to Blow Up a Pipeline,” directed by Daniel Goldhaber, was loosely adapted from a 2021 manifesto of the same name by the Swedish political theorist Andreas Malm. The book’s argument is simple: If the climate movement is serious about reducing fossil-fuel emissions at the necessary speed and scale, Malm contends, it will have to make room for strategies long dismissed as too extreme, including the illegal destruction of fossil-fuel infrastructure. Just a few years ago, this argument would only have appeared in organs of mainstream opinion so it could be condemned. Instead, the book received respectful coverage from outlets around the world. Now, surprisingly, it is a movie, one with prominent distribution and a cast featuring familiar faces from prestige TV.

    #film (so-called) #écoterrorisme (pas vu)

  • Sainte-Soline : après les blessures, la peur de l’#hôpital | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/060423/sainte-soline-apres-les-blessures-la-peur-de-l-hopital

    De nombreuses personnes blessées à Sainte-Soline lors de la manifestation contre les mégabassines le 25 mars ont fui les hôpitaux les plus proches par peur de se faire arrêter ou ficher par la police. Le procureur de la République a fait saisir les noms des blessés graves ainsi que les vêtements d’un manifestant hospitalisé.
    Jade Lindgaard
    6 avril 2023

    Deux nouvelles plaintes ont été déposées par des personnes blessées dans la manifestation contre la mégabassine de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) du 25 mars, a annoncé mardi 4 avril le procureur de la République à Rennes. 

    Un homme grièvement blessé au pied par l’explosion d’une grenade porte plainte contre X pour des « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente », aggravée par la circonstance d’avoir été « commise par une personne dépositaire de l’autorité publique avec usage ou menace d’une arme ». L’autre procédure, que Mediapart n’a pas pu consulter, concerne une femme de 19 ans souffrant d’un polytraumatisme facial très important et de blessures aux jambes. Son interruption temporaire de travail (ITT) a été provisoirement estimée à cent jours, indiquant un diagnostic médical lourd.
    Dix jours après le rassemblement, le bilan du nombre de blessé·es est toujours contradictoire entre les autorités et le gouvernement. La préfecture décompte seulement sept prises en charge médicales parmi les manifestant·es – dont deux journalistes, dans son rapport faisant office de bilan. Alors que les Soulèvements de la Terre annoncent environ 200 blessé·es. Au total, 47 gendarmes ont subi des dommages physiques, selon le procureur de la République de Niort, dont au moins 18 souffrent de traumatisme sonore – sans doute lié aux innombrables grenades ayant explosé autour d’eux. 

    Une liste fournie par l’organisation de la manifestation à partir des informations réunies par les medics, ces militant·es prodiguant des soins, révèle une grande diversité de blessures : des brûlures sur les membres, des plaies profondes ou superficielles, des éclats de grenades, des hématomes, acouphènes, douleurs gastriques, crises de panique, des fractures. Certaines semblent sérieuses : « trauma cervical et crânien. Trouble neuro ? », « plaie mollet profonde taille d’un œuf », « volumineux hématome œil droit et plaie pommette », « plaie profonde et délabrante avant-bras droit », « éclat d’obus grenade, plaie 3-4 cm, ronde avec nécrose et perte substance fesse droite », « surdité oreille gauche », « plaie œil éclats de verre », « plaie par arrachement de nez », « trauma crânien + signes d’engagement cérébral ». Les cas d’environ 150 personnes y sont résumés, à côté de la cause supposée de leurs maux : « grenade », « probable tir LBD », « impacts LBD + grenade », « éclatement très proche d’une grenade assourdissante ». 

    S’y ajoutent « plusieurs dizaines d’acouphènes », avec perte d’audition dans certains cas, plus d’une trentaine d’appels de détresse psy et des dizaines de plaies superficielles et brûlures. Où sont passées toutes ces personnes ? Pourquoi ne les a-t-on pas retrouvées dans les hôpitaux de la région ? 
    « Par peur de la répression, on a fait en sorte qu’un maximum de blessés ne passent pas par l’hôpital, explique A., ambulancière militante lors du rassemblement. On leur explique les risques et les bénéfices à être hospitalisés s’ils sont vus comme des “casseurs” » : interpellation, garde à vue ou soins de moins bonne qualité, selon elle.
    En octobre 2022, lors d’une précédente manifestation à Sainte-Soline, elle a vu une personne blessée à la tête, avec le plancher orbital fracturé, en cours d’évacuation par les pompiers, se faire interpeller par des gendarmes qui sont montés à bord du camion. « Ce n’est pas nouveau, pendant les mobilisations contre la loi Travail et les “gilets jaunes”, la police est venue chercher des gens à l’hôpital. Je trouve ça ignoble d’arrêter une personne qui souffre. » Plusieurs personnes ont été placées en garde à vue pour être auditionnées lors du précédent rassemblement contre les bassines, mais une seule est actuellement poursuivie. 

    Le 25 mars, « la plupart des personnes qu’elle a transportées ou soignées ont exprimé leur inquiétude à l’idée d’aller à l’hôpital le plus proche », ajoute la medic, qui précise que les transferts vers l’hôpital de Niort, jugé hostile aux manifestant·es, avaient d’emblée été exclus. Des blessé·es ont préféré faire plusieurs heures de route vers d’autres établissements.
    C’est le cas de Julien*, 25 ans, blessé au pied par une grenade GM2L, à la fois lacrymogène et explosive, selon lui : « Je l’ai vue me tomber sur le pied. » Cela fait environ une heure que les manifestantes et manifestants sont entrés dans le champ entourant la bassine de Sainte-Soline. « Les gens commençaient à refluer, de dos à la police, et je venais de retrouver des amis. On discutait en repartant. Et ma chaussure a volé en éclats. » Des personnes le portent, des medics le prennent en charge mais ne parviennent pas à retirer sa chaussure. Il perd plusieurs fois connaissance et attend plus d’une heure au bord du chemin où ont été réuni·es d’autres blessé·es, jusqu’à ce qu’un habitant le ramène au campement, avec deux autres blessés au pied. « Et là, c’était la guerre : des personnes sur des brancards, du sang, des gens qui crient. Il y avait de vrais médecins et infirmiers. Une phrase m’a marqué : “Prends un seul gant, on n’en a pas assez.” »
     
    Même si demain je perds une main, je me fais exfiltrer et je ne vais pas à l’hôpital de Niort.
    Camille, manifestant à Sainte-Soline le 25 mars 2023.

    Une fois les plus gros éclats retirés de son pied et une injection de morphine faite, le soignant lui dit qu’il doit aller à l’hôpital dans les prochaines heures. « Je ne voulais pas la double peine de l’hôpital et de la garde à vue. Après discussion avec ma petite équipe, on décide de rentrer et que j’irai à l’hôpital vers chez nous. » À 400 kilomètres de là. Ce choix de « s’exfiltrer » n’était « pas agréable ». « Je savais que je partais pour cinq heures très inconfortables. Il y a un seuil de douleur colossale. Mais je ne regrette pas. Pour éviter le fichage, c’était la meilleur décision. » Sur la route du retour, surgit la crainte d’un contrôle policier. « J’ai mis un manteau sur mes jambes, comme si j’avais froid. » Comme dans un film, comme « après un braquage » et « qu’il faut chercher un vétérinaire pour retirer une bastos ». Dix jours après, il dit que « c’est taré en France de faire 400 kilomètres pour se faire soigner et éviter les flics ». Finalement opéré, il s’en sort bien : les tendons du pied n’ont pas été touchés, il pourra marcher. 
    « Pour moi, même si je suis blessé, je vais attendre d’être de retour dans ma ville pour me soigner », affirme Faouzy*, un jeune manifestant de Sainte-Soline, quelques jours après. Même point de vue pour Camille*, qui lui aussi était en première ligne : « Même si demain je perds une main, je me fais exfiltrer et je ne vais pas à l’hôpital de Niort. À moins d’une urgence vitale, à part si je suis en train de crever, je ne vais pas à l’hôpital le plus proche. » 
    Un organisateur du rassemblement se souvient d’avoir vu une jeune fille blessée à la fesse pleurer car elle ne voulait pas aller à l’hôpital. A. se souvient qu’elle avait perdu son entourage et se trouvait seule. Des personnes se sont finalement portées volontaires pour la conduire chez elle. 
    Camille*, 30 ans, en formation pour devenir agriculteur, a reçu un projectile à l’arrière du genou alors qu’il tournait le dos aux gendarmes. Résultat : « une plaie superficielle de la taille d’une balle de tennis, et un bleu de 10 centimètres en dessous du genou à 10 centimètres au-dessus ». Pris en charge par des medics pendant les affrontements, il ne s’est pas rendu à l’hôpital. « On m’a conseillé d’y aller mais je me suis dit que ce n’était pas suffisant comme blessure. Le soir, au camp, ma plaie a été désinfectée. » Et maintenant ? « J’ai boîté pendant cinq jours. Là, ça fait dix, ça ne cicatrice pas et ça fait de nouveau mal quand je désinfecte. » Les images de Sainte-Soline le hantent-il depuis ? « J’ai subi des violences quand j’étais jeune. Ça ne me fait pas grand-chose. Je n’y ai pas spécialement pensé. » 

    Marc*, 28 ans, en formation paysanne, a eu les tympans abîmés par des grenades qui ont explosé « pas loin » de son oreille. « J’ai eu tout de suite un acouphène. On n’entend plus rien pendant plusieurs secondes. » Au bout d’un moment en première ligne de la manif face aux gendarmes, malgré ses protections, il n’en pouvait plus : « Ça pétait trop autour de moi. J’ai eu un élan : “Il faut partir sinon tu peux mourir.” »
    Il ne s’est pas rendu aux urgences sur le moment car il a « eu le sentiment qu’il y avait tellement de blessés graves que [s]a blessure ne l’était pas tant ». Depuis il a « une douleur un peu tout le temps présente » au niveau du tympan de ses deux oreilles : « Je le sens plus si je suis fatigué. » Il a pris rendez-vous chez un médecin, aucun ORL n’étant disponible dans l’immédiat. « Je vis en campagne. Pour trouver un spécialiste, c’est compliqué. »
    Dix jours après, l’impact émotionnel se fait toujours sentir. « J’espère que je n’aurai jamais à revivre ça. J’ai ressenti beaucoup de colère et des sentiments négatifs. » Selon un chercheur présent dans la manif, qui travaillait comme psychologue clinicien auparavant, beaucoup de militant·es présentent des symptômes de stress post-traumatique. Un groupe psy a été monté pour que les manifestantes et manifestants sachent qui appeler en confiance. Dix jours après la manifestation, une trentaine d’appels de détresse ont été reçus, selon les Soulèvements. 
    D’après les militant·es, entre 20 et 30 personnes ont dû être hospitalisées, dont un bon nombre sont entrées à l’hôpital sous X, c’est-à-dire sans donner leur identité. Ce chiffre correspond à celui donné par le Samu de Niort : 27 blessé·es ont été répertorié·es dans le système d’information hospitalier SI-VIC, déclenché lors d’événements graves, qui renseigne sur l’identité des patients et patientes, et sur leur prise en charge. SI-VIC est interconnecté avec l’outil des pompiers Sinus, sous l’autorité du ministère de l’intérieur. En 2019, Le Canard enchaîné avait révélé que les hôpitaux parisiens avaient fiché des personnes blessées pendant les manifestations des « gilets jaunes », et répertorié leurs blessures.
    Mais l’information était encore insuffisante pour le procureur de la République de Niort, Julien Wattebled, qui a réquisitionné auprès de plusieurs hôpitaux la liste des blessés graves. La section de recherche de la gendarmerie de Poitiers est chargée de mener les investigations visant à déterminer l’état de santé des blessés, les circonstances dans lesquelles les blessures sont intervenues et l’intervention des secours. Certaines personnes s’étant présentées spontanément dans des centres hospitaliers d’autres départements, le parquet a également demandé des recherches « pour vérifier si un lien peut être établi avec les manifestations du week-end »
    Un officier de police judiciaire a demandé à la cadre de la clinique, de garde à ce moment-là, de lui remettre les vêtements du patient.
    Est-ce une façon d’enquêter sur les blessé·es en vue de les poursuivre ? Sollicité par Mediapart, Julien Wattebled répond qu’« au regard du décalage très important entre le nombre de blessés pris en charge par le Sdis [les pompiers – ndlr] et le Samu, et le nombre de blessés avancé par les organisateurs, [il a] lancé des investigations pour obtenir des données objectives et consolidées, et établir le bilan des personnes blessées à Sainte-Soline »

    Mais ne s’agit-il que de compter les victimes ? Le 27 mars, deux jours après la manifestation, un blessé hospitalisé à Poitiers a fait l’objet d’une réquisition dans sa chambre d’hôpital. Un officier de police judiciaire a demandé à la cadre de la clinique, de garde à ce moment-là, de lui remettre les vêtements du patient. « Cette personne a pris ses affaires et les a apportées dans une pièce où se trouvait la #police, qui les a triées, a pris ce qu’elle voulait et photographié le reste », décrit son avocate Chloé Chalot, qui se trouvait sur place. Elle se déclare « scandalisée par la démarche de la section de recherche de Poitiers, dont la première réaction face à une personne risquant de perdre l’usage de son pied et sous le choc est de faire immédiatement procéder à une perquisition dans sa chambre d’hôpital, sans aucune précision ou explication »
    Pour le parquet de Niort, « c’est une saisie classique d’éléments de preuve dans le cadre des enquêtes ouvertes, y compris en recherche des causes des blessures graves ». Sollicités sur la compatibilité de ces réquisitions avec le respect du secret médical et de la qualité des soins, ni le #CHU de Niort ni celui de Poitiers n’ont répondu à nos questions.

  • Guerre en Ukraine : cartographie inédite des attaques de l’armée russe contre les civils
    https://disclose.ngo/fr/article/guerre-ukraine-cartographie-inedite-des-attaques-russes-contre-les-civils

    Depuis un an, les soldats de Vladimir Poutine terrorisent la population civile ukrainienne. Exécutions arbitraires, tortures, viols, mais aussi attaques contre des écoles, des hôpitaux ou des infrastructures énergétiques… Disclose a recensé et cartographié près de 6 000 événements susceptibles d’être qualifiés de crimes de guerre par la Cour pénale internationale. Lire l’article

  • Dans la tech, 77 % des femmes se sentent sous-payées selon une étude | Les Echos Start
    https://start.lesechos.fr/travailler-mieux/salaires/dans-la-tech-77-des-femmes-se-sentent-sous-payees-selon-une-etude-191

    Au niveau européen, l’écart salarial non ajusté entre les genres - c’est-à-dire fourni sans correction des différences nationales en matière de caractéristiques individuelles des femmes et hommes salariés - est de 19 %. Dans le détail, c’est la France qui s’en sort le mieux (15 %) contre 26 % au Royaume-Uni et 22 % en Allemagne. En revanche, la France n’emploie que 39 % de femmes dans les start-up tech contre 44 % chez les Britanniques et 43 % chez les Allemands.

    Autre donnée marquante : on compte seulement 11 % de femmes dans les équipes de développement contre 82 % dans les métiers de l’assistanat. Par ailleurs, les femmes ne représentant que 17 % des postes dans les comités de direction.
    Le stress de la négociation

    Outre le niveau de rémunération et la faible représentation des femmes, 36 % des répondantes se disent extrêmement stressées à la seule idée de négocier leur salaire, par crainte de « se sous-estimer ou de se surestimer ». En témoigne l’une d’entre elles restée anonyme : « Ce n’est pas le fait d’avoir à négocier qui me stresse le plus. Mais de devoir se battre pour obtenir un salaire approprié. »

    La transparence des salaires sur les offres d’emploi constitue également un obstacle à franchir. 83 % des femmes interrogées estiment que l’indication du salaire sur les offres devrait être une priorité. Car la transparence est un vecteur d’égalité.

    #femmes #tech #informatique #inégalités_salariales

  • The Open Letter to Stop ‘Dangerous’ AI Race Is a Huge Mess | Chloe Xiang
    https://www.vice.com/en/article/qjvppm/the-open-letter-to-stop-dangerous-ai-race-is-a-huge-mess

    The letter was penned by the Future of Life Institute, a nonprofit organization with the stated mission to “reduce global catastrophic and existential risk from powerful technologies.” It is also host to some of the biggest proponents of longtermism, a kind of secular religion boosted by many members of the Silicon Valley tech elite since it preaches seeking massive wealth to direct towards problems facing humans in the far future. One notable recent adherent to this idea is disgraced FTX CEO Sam Bankman-Fried. Source: Motherboard

    • Gary Marcus a signé la lettre, il est très loin de la « AI Hype », et a un point de vue beaucoup plus pondéré.

      I am not afraid of robots. I am afraid of people.
      https://garymarcus.substack.com/p/i-am-not-afraid-of-robots-i-am-afraid

      For now, all the technolibertarians are probably cackling; if they had wanted to sabotage the “develop AI with care” crowd, they couldn’t have found a better way to divide and conquer.

      In truth, over 50,000 people signed the letter, including a lot of people who have nothing to do with the long term risk movement that the FLI itself is associated with. These include, for example, Yoshua Bengio (the most cited AI researcher in recent years), Stuart Russell (a well-known AI researcher at Berkeley), Pattie Maes (a prominent AI researcher at MIT), John Hopfield (a physicist whose original work on machine learning has been massively influential), Victoria Krakovna (a leading researcher at DeepMind working on how to get machines to do what we want them to do), and Grady Booch (a pioneering software architect who has been speaking out about the unreliability of current techniques as an approach to software engineering).

      But a few loud voices have overshadowed the 50,000 who have signed.

    • Un aspect qui me chagrine un peu, c’est que même chez Gary Marcus, ça se focalise sur des travers que seraient des utilisations frauduleuses de l’IA : désinformation et fishing essentiellement. (Et tout le monde nous fait un peu chier avec ces histoires de désinformation, comme si Trump, QAnon, les climatosceptiques et les covidiots, les gouvernements qui mentent, avaient besoin de la moindre IA pour générer et rendre « crédibles » leurs foutaises délirantes.)

      Pourtant il y a toutes les utilisations qui sont soit déjà légales, soit prochainement légales, et qui sont totalement épouvantables : « aide » à la justice (lui est noir et pauvre, il ira en prison parce que l’IA super-finaude a trouvé qu’il avait une tête à récidiver), « aide » aux contrôles des aides sociales (elle selon l’IA, elle a un profil à picoler sont argent de la CAAF, alors on va lui couper les vivres), pourquoi pas l’orientation des gamins avec des algorithmes qui font flipper tout le monde (je sais, Parcoursup est loin de l’IA, mais je n’ai aucun doute que c’est la prochaine étape), aide aux flics (celui-là, l’IA a décidé de te me le ficher S illico, vu qu’il est abonné au flux RSS de rezo.net et qu’il lit Bastamag…), automatisation complète de la médecine (au lieu d’une aide au diagnostic, on remplacera carrément le médecin avec une IA), etc.

      Automatisation des accès aux droits (immigration, solidarités, logement, éducation…), et incompétence organisées des personnels. Et renforcement de ce principe d’autorité (« le logiciel se trompe moins que les humains ») que déjà beaucoup de personnels ne sont plus en position de prendre la responsabilité d’aller à l’encontre d’une décision prise par un algorithme.

    • Ouais enfin quand tu t’impliques dans un débat, tu es censé te renseigner un peu sur ce qui s’est passé avant dans le champs.

    • Il faut que tu soies plus explicite.

      Ça fait un moment que je suis Gary Marcus, parce qu’il est justement opposé à la « AI Hype », qu’il a déjà publié plusieurs textes expliquant qu’il ne croit pas à l’avénement intelligence générale avec les outils actuels (ce n’est pas un gourou qui annonce la singularité grâce à Bitcoin et ChatGPT, ni un adepte du longtermisme). Et que dans le même temps, il avait déjà publié des textes de méfiance envers les outils actuels, avant de signer l’appel en question (dont il reconnaît explicitement des limites et des problèmes dans le texte qu’il a publié cette nuit – et il y évoque explicitement le texte de Timnit Gebru que tu as posté ci-dessus).

    • Je suppose que « se renseigner » fait référence au paragraphe 6.2 du document On the Dangers of Stochastic Parrots : Can Language Models Be Too Big ? (mars 2021)
      https://dl.acm.org/doi/pdf/10.1145/3442188.3445922

      6.2 Risks and Harms
      The ersatz fluency and coherence of LMs raises several risks, precisely because humans are prepared to interpret strings belonging to languages they speak as meaningful and corresponding to the communicative intent of some individual or group of individuals who have accountability for what is said. We now turn to examples, laying out the potential follow-on harms.

      Là où Gary Marcus a tendance à insister sur des usages plus volontairement nuisibles (« bad actors ») :
      https://www.theatlantic.com/technology/archive/2023/03/ai-chatbots-large-language-model-misinformation/673376

      Et quand ça passe au grand public, ça devient particulièrement éthéré. L’édito d’Ezra Klein dans le NY Times (il y a 15 jours) a peut-être influencé l’émergence de l’appel, et c’est très très flou sur les risques liés à l’AI (grosso modo : « c’est tellement puissant qu’on ne comprend pas vraiment », pas loin de la Hype AI) :
      https://www.nytimes.com/2023/03/12/opinion/chatbots-artificial-intelligence-future-weirdness.html%20https://www.nytimes.com/2023/03/12/opinion/chatbots-artificial-intelligence-future-weirdness.html

    • Je ne sais pas comment faire plus explicite. Une pétition sur l’IA cosignée par Melon Musk et pas par M. Mitchell ou T. Gebru, quand tu connais un tout petit peu le domaine, tu devrais juste te méfier avant d’engager ton nom. Mais bon… you do you, comme on dit.

  • Bicycle – Bartosz Ciechanowski
    https://ciechanow.ski/bicycle

    There is something delightful about riding a bicycle. Once mastered, the simple action of pedaling to move forward and turning the handlebars to steer makes bike riding an effortless activity. In the demonstration below, you can guide the rider with the slider, and you can also drag the view around to change the camera angle:

    • Sa #thèse de #doctorat :
      La fabrique du parcours migratoire sur la route des #Balkans. Co-construction des récits et écritures (carto)graphiques

      Cette thèse de géographie analyse le #parcours_migratoire sur la route des Balkans, à la lumière de la parole des migrants, par la médiation du #récit_migratoire.

      Dans un contexte d’externalisation du contrôle des flux migratoires vers l’Union européenne, cette recherche place l’expérience du déplacement au cœur de l’analyse, pour répondre à la question suivante : Comment les migrants parviennent-ils à parcourir la route des Balkans, un espace où les États, par l’intermédiaire d’outils de contrôle, tentent de les interrompre ?

      Cette recherche questionne ainsi le déterminisme politique sur lequel se fonde l’externalisation qui voudrait que le contrôle façonne les choix des migrants, et par voie de conséquence, hypothèque l’accomplissement de leurs parcours. À l’inverse, cette thèse soutient l’idée selon laquelle le parcours migratoire relève d’une fabrique : les migrants parviennent à construire la continuité de leur parcours, là où le politique tente d’introduire des ruptures.

      Ce questionnement est posé dans une période qui constitue un temps fort de l’histoire de la route des Balkans : de septembre 2015 à fin août 2016, au moment de ladite « crise migratoire », lorsque l’intensité des flux migratoires est sans précédent dans la région (près de 900 000 migrants enregistrés selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) et lorsque les États des Balkans instaurent un dispositif politique inédit dans la région, le « corridor ».

      En accordant une place centrale à la parole des migrants, cette recherche contribue à la compréhension du parcours migratoire et à l’enrichissement de sa conceptualisation. Elle participe aussi aux réflexions éthiques développées autour de l’approche biographique.

      Enfin, elle place au centre de l’écriture scientifique une diversité de (carto)graphies. En cela, elle réaffirme la portée heuristique de ces outils qui constituent les points de départ et d’aboutissement du travail du géographe.

      https://luciebacon.com/these-de-doctorat-la-fabrique-du-parcours-migratoire
      #migrations #frontières #route_des_Balkans

    • OpenAI and Stability.AI, the company that built Stable Diffusion, say that they have introduced fixes to mitigate the biases ingrained in their systems, such as blocking certain prompts that seem likely to generate offensive images.

      Je ne comprends pas la logique : la base de référence est biaisée, je ne vois pas en quoi censurer certaines « descriptions/commandes » corrige le problème. Si tu tapes « manager » tu ne récupères que des mecs blancs, on ne va pas bloquer le prompt « manager » pour autant pour « résoudre » le problème.

  • Le mystère des 250 000 morts britanniques de trop
    https://www.lenouveleconomiste.fr/le-mystere-des-250000-morts-britanniques-de-trop-99069


    Un brûlot gauchiste constate les ravage de l’austérité néolibérale sur les pauvres.

    Deux éléments rendent ce chiffre encore plus inquiétant. La #mort survient surtout lorsque les gens sont âgés. Or, le ralentissement de l’espérance de vie s’est produit dans toutes les tranches d’âge. Les taux de #mortalité ont stagné chez les nourrissons et augmenté chez les jeunes adultes et les personnes d’âge moyen. Les taux de mortalité des personnes âgées de 30 à 49 ans n’ont cessé d’augmenter en Grande-Bretagne depuis 2012 environ, ce qui contraste fortement avec ce que connaissent les pays voisins.

    Bien que des décès supplémentaires aient été enregistrés pour plusieurs générations, ils ne concernent pas l’ensemble de l’échelle des revenus. L’espérance de vie a diminué dans les classes les plus #pauvres de la société, mais a augmenté chez les plus riches. Une jeune fille anglaise pauvre pouvait s’attendre à vivre en moyenne 6,8 ans de moins qu’une jeune fille riche en 2011, mais 7,7 ans de moins en 2017. Pour les garçons, l’écart est passé de 9,1 à 9,5 ans au cours de la même période.

  • London developer buys up entire village - and almost doubles rent for residents - Mirror Online
    https://www.mirror.co.uk/news/uk-news/sit-down-protester-would-die-29527272

    Sara Lewis fears she is being driven out of her historic country village after all 16 properties were bought up in an investment deal, but says she would ’rather die’ than leave her home of 22 years
    A woman is carrying out a daily sit-down protest against massive rent hikes - after a London property company snapped up her entire Welsh village for £1m.

  • L’inflation provoque une flambée des vols de nourriture dans les magasins partout en Europe
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/03/26/l-inflation-provoque-une-flambee-des-vols-de-nourriture-dans-les-magasins-pa

    De la Grèce au Royaume-Uni, en passant par la France, ces vols ont fait un bond, conséquence de la hausse des prix, mais aussi du développement des caisses automatiques. Face au phénomène, les supermarchés s’équipent.

    L’article couvre pas mal de dimensions de la question. Si seulement quelqu’un l’avait volé je pourrais faire du recel…

    EDIT : ah je l’ai trouvé ici https://justpaste.it/a0wxo

  • CLEARMAP Application
    https://geoservices.un.org/Html5Viewer/index.html?viewer=clearmap

    The United Nations Clear Map (hereinafter “Clear Map”) is a background reference web mapping service produced to facilitate “the issuance of any map at any duty station, including dissemination via public electronic networks such as Internet” and “to ensure that maps meet publication standards and that they are not in contravention of existing United Nations policies” in accordance with the in the Administrative Instruction on “Regulations for the Control and Limitation of Documentation – Guidelines for the Publication of Maps” of 20 January 1997 (http://undocs.org/ST/AI/189/Add.25/Rev.1).

    #nations_unies #cartographie #frontières #référence