• ❝Un accès alternatif à internet est-il possible ?
    Par Aube Richebourg, SOCIOLOGUE
    Il y a 30 ans, la découverte de l’internet par le grand public fut rendue possible par des fournisseurs d’accès associatifs. Ces collectifs citoyens continuent aujourd’hui d’agir au nom du droit à la connexion, de la défense de la « neutralité du net » et de la promotion d’un « modèle associatif » fondé sur le refus de la commercialisation des données personnelles. Ces « réseaux libres » ne bénéficient pourtant d’aucun soutien public, au contraire de leurs homologues allemands qui occupent une place importante dans le paysage de la connectivité outre-Rhin.
    AOC.media 15/05/22
    https://justpaste.it/58ezp
    #FAI #internet_non_marchand

  • Les sujets officiellement anti-sociaux et anti-écologiques du Bac 2022, ça tourne en ce moment, ça a bien l’air vrai. Quand même ouf.

    https://www.leparisien.fr/etudiant/examens/bac/bac-2022-le-sujet-de-sciences-economiques-et-sociales-specialite-jeudi-QM

    Question 2 (3 points)

    À partir d’un exemple, vous montrerez que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance.

    Question 3 (3 points)

    À l’aide d’un exemple, vous montrerez que l’action des pouvoirs publics en faveur de la justice sociale peut produire des effets pervers.

    #éducation #bac #écologie #croissance #capitalisme #social #anti-social #libéralisme #pourriture #vomi

  • Ni Dieu, ni Roy – Johann Chapoutot
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/opinions/ni-dieu-ni-roy-20220425_SFIHPW4WXVEUPI3OERIJBSTHUI

    La Constitution de 1958 a transformé la France en aire de jeu pour personnalités rêvant de la « magistrature suprême ». Voulu par un vieux général patriarcal, le texte étouffe le débat et provoque une désaffection croissante à l’égard du suffrage, provoquant l’impuissance du pouvoir.

    Le passé, décidément, ne passe pas. Après avoir vu ressurgir Vichy et les mérites, manifestement trop méconnus, du maréchal Pétain, voilà réélu un faux jeune, qui cite Gérard Majax (à quand Léon Zitrone ou Sacha Guitry ?), qui rêve à Reagan et Thatcher et qui vient de découvrir l’importance de la question écologique (sur quelle planète, littéralement, vivait-il donc avant ce second tour ?). Le fringuant archaïque, ami des puissants (ceux qu’il a satisfaits en abolissant l’ISF) et des cogneurs (Benalla), rêve et jouit de verticalité, de royauté, d’autorité… Partout en Europe de l’Ouest, ce genre de personnalités est généralement exclu du champ politique. Partout, en effet, des démocraties parlementaires, avec des scrutins largement proportionnels, encouragent la discussion, le débat et une attention à l’intérêt général et au bien commun. La France, elle, est une aire de jeu offerte à des personnalités fragiles qui, tout petits déjà, se prennent pour Dieu ou le Roy. Les asiles, jadis, étaient pleins de gens qui se prenaient pour Napoléon : désormais, ils racontent à leur maman ou à Alain Minc qu’ils seront, un jour, grand chef à plume de toute la Terre.

    Personnalisation extrême

    Depuis 1958, ils peuvent rêver d’élection à la « magistrature suprême », au dialogue « d’un homme et du peuple », etc. Car, en 1958, un général né en 1890, éduqué par des hommes issus de la droite maurrassienne, qui pleuraient le XVIIe siècle de Louis XIV, qui maudissaient la Révolution française, celle qui avait décapité le Roy et le royaume, revient au pouvoir. Certes, à 67 ans, il n’avait pas l’intention de commencer une carrière de dictateur, mais il lui fallait en finir avec la République parlementaire, qu’il abhorrait car elle était, à ses yeux (comme à ceux de Pétain), responsable de la défaite de 1940. Il fallait un nouveau Roy à la France, et tenir en respect les Etats généraux du Palais-Bourbon. En 1962, estimant que sa légitimité historique ferait défaut à ses successeurs, il leur offrit par référendum la légitimité politique, celle du suffrage universel direct : les députés protestèrent (la précédente tentative, en 1848, avait abouti à un coup d’Etat bonapartiste et à un nouvel Empire…), votèrent une motion de censure contre le gouvernement Pompidou (la seule en soixante-quatre ans, à ce jour), Mongénéral, furieux, dissout, et ce fut tout.

    Le résultat est là : une personnalisation extrême, des programmes parfois inexistants, car, comme le dit le candidat Macron, en 2016, « on s’en fout », un scrutin uninominal à deux tours, qui aboutit, pour la majorité des électeurs, à un non-choix. De Gaulle avait trop d’orgueil et de souci du bien commun pour en abuser : il se retira quand il fut désavoué, en 1969. Mais n’est vraiment pas de Gaulle qui veut : en 2022, on peut être « élu » avec 38,5 % des inscrits (dont une grande partie « contre elle » et non « pour lui »), avoir perdu 2 millions de voix et 5,6 points par rapport à 2017, avoir permis une croissance de près de 3 millions de voix de l’extrême droite, et être revêtu du lourd cordon de la Légion d’honneur et de pouvoirs exorbitants (le président des Etats-Unis n’en a pas autant, et de très loin). Est-ce bien suffisant pour continuer à fermer des maternités et détruire l’hôpital (17 500 lits fermés lors du quinquennat qui s’achève) ? Pour abreuver d’argent public les cabinets de conseil qui ont contribué à son élection de 2017 ? Pour fréquenter des voyous épargnés par des parquets compatissants ? Pour assister, sans rien faire, voire pire, à la destruction du vivant ? Pour continuer à se proclamer le « camp de la raison » alors que l’on est confit en idéologie déraisonnable, voire irrationnelle (le « ruissellement », l’« écologie productive »…) ? Pour raconter tout (singer le slogan du NPA, puis de LFI, entre les deux tours) et continuer à faire n’importe quoi ? Pour insulter, ignorer et assouvir ses fantasmes infantiles de toute-puissance ?

    Structures mentales archaïques

    Il ne faut pas personnaliser outre mesure : le pouvoir grise, isole, peut rendre fou et, de toute façon, la Constitution de 1958 est un appel aux dingues. Les gens qui paradent et caracolent sur les cendres d’une élection par défaut sont le produit de structures mentales archaïques (le mythe du messie, le culte servile du « chef »), d’intérêts patrimoniaux puissants et d’un mode de scrutin obsolète : rappelons que la Constitution de 1958 est une constitution de guerre et de guerre civile (guerre d’Algérie, 1954-1962), voulue par un vieux général patriarcal et défiant à l’égard des parlements qui, au fond, avait fait son temps dès 1968. De Gaulle partit en 1969, mais la Constitution demeura, et demeure toujours. Tant qu’elle demeurera, elle étouffera le débat, assourdira l’intelligence collective et produira des catastrophes : une désaffection croissante à l’égard du suffrage, avant la bascule vers l’autoritarisme, stupidement préparé par la veulerie d’un « pouvoir » impuissant, qui ne tient que par le recours massif à la violence, et sourd aux questions fondamentales de notre temps – le besoin d’intelligence face aux injustices croissantes et à la dévastation du monde.

    • Il y a déjà 15 ans, Politis avait publié une intéressante synthèse historique sur la question de l’élection présidentielle.

      https://www.politis.fr/articles/2007/04/faut-il-supprimer-la-presidentielle-766

      ❝Faut-il supprimer la présidentielle ?
      Par Denis Sieffert, Michel Soudais
      jeudi 5 avril 2007

      La timide évocation de réformes, voire d’une VIe République, cache l’essentiel : l’élection du président de la République au suffrage universel. Seuls les candidats de la gauche antilibérale et les écolos l’évoquent.

      Difficile de sortir la tête de l’eau au plus fort de la bataille. Pas facile de remettre en cause une institution qui conditionne depuis des mois déjà tous nos commentaires, rythme toute notre vie politique, et relègue toute autre considération, sociale et internationale. Depuis des mois, la France vit sous l’empire de la présidentielle. Et malheur à quiconque remettrait en cause l’institution sacrée. Toucher aujourd’hui à l’élection du président au suffrage universel est un crime de lèse-démocratie.

      Et si c’était exactement le contraire ? Le consensus médiatique est si pesant qu’on en vient à oublier que la gauche a longtemps été hostile à ce mode de désignation du chef de l’État. Et la gauche avait pour cela de bonnes raisons historiques. Le premier usage du suffrage universel (un suffrage très peu universel, d’ailleurs, puisqu’il n’admettait pas le vote des femmes) date comme on sait du fameux scrutin du 10 décembre 1848. Il s’inscrit comme une suite logique de la contre-révolution de juin. Il vire au plébiscite. Un aventurier portant le nom prestigieux de Bonaparte recueille 5 400 000 voix, quand deux des acteurs de la révolution de février, Ledru-Rollin et Raspail, n’obtiennent que quelques dizaines de milliers de suffrages. La magie du nom a opéré, plus que la politique. Et la logique ira à son terme puisque, trois ans plus tard, Louis Napoléon Bonaparte s’appuiera sur sa légitimité populaire pour commettre le coup d’État qui le fera empereur.

      Ce n’est pas ce type de péril qui nous guette aujourd’hui. Mais une grande figure de la gauche, dont on commémore cette année le centenaire de la naissance sans entendre son message (c’est un classique de la commémoration !), a mieux que quiconque fait la critique de l’élection du président de la République au suffrage universel. C’est évidemment Pierre Mendès France. « Choisir un homme, écrivait-il en 1962, sur la seule base de son talent, de ses mérites, de son prestige (ou de son habileté électorale), c’est une abdication de la part du peuple, une renonciation à commander et à contrôler lui-même, c’est une régression par rapport à une évolution que toute l’histoire nous a appris à considérer comme un progrès [1] . » Et l’éphémère président du Conseil en rajoutait une couche : « Lorsqu’un homme est porté à la tête de l’État par le suffrage universel, c’est essentiellement sur sa personne que l’on vote. En fait, on lui fait confiance, on s’en remet à lui, et parfois sur la base de promesses plus ou moins démagogiques. » « À cet égard, concluait-il, les campagnes électorales présidentielles aux États-Unis sont d’une médiocrité que l’on n’est guère tenté de transposer ici. » Nous sommes en 1962, et Charles de Gaulle vient de faire adopter par référendum sa grande réforme institutionnelle qui donne en réalité tout son sens aux institutions de la Ve République. S’agissant de « talent » de « mérites » et de « prestige », l’homme que critique Pierre Mendès France n’en manque pas. Cela n’enlève rien à la pertinence de l’analyse. Au contraire. La seconde citation a, hélas, une portée plus prophétique. Quand le personnage n’a plus la stature du général de Gaulle, la médiocrité s’ajoute au péril antidémocratique. Nous y sommes parfois, ces jours-ci.

      Longtemps donc, l’opposition à l’élection du président de la République au suffrage universel fut une sorte de marqueur identitaire de la gauche. Même François Mitterrand, en 1962, en faisait une critique virulente dans un petit ouvrage polémique, le Coup d’État permanent. Mais son point de vue a changé quand il a revêtu les habits du candidat. On connaît la formule d’une plasticité toute mitterrandienne : « Les institutions n’étaient pas faites à mon attention, mais elles sont bien faites pour moi [...]. Elles étaient dangereuses avant moi, elles le seront après moi... »

      Non seulement le président socialiste ne toucha pas à l’institution présidentielle, mais il conserva l’une de ses attributions les plus régaliennes, le fameux article 49-3 de la Constitution, qui permet à l’exécutif de contourner le Parlement. Il a même usé sans retenue de l’article 13, par lequel le Président nomme aux emplois civils et militaires. Les deux septennats de François Mitterrand marqueront en vérité l’apogée de ce qu’on a appelé « la monarchie républicaine ». Des structures de pouvoir parallèles ont été créées ou renforcées. Des conseillers nommés de façon discrétionnaire par le Président ont rapidement été plus influents que certains ministres. Nul n’a oublié la trop fameuse « cellule antiterroriste » de l’Élysée du commandant Prouteau et du capitaine Barryl, fabriquant de fausses menaces d’attentats dans l’affaire dite des Irlandais de Vincennes. Nul n’a oublié non plus les mésaventures de Jean-Christophe Mitterrand, fils du Président, propulsé conseiller particulier aux affaires africaines. Il est vrai que le monarque républicain « de gauche » perpétuait en l’occurrence une tradition « africaine » héritée de Chalres de Gaulle et de son conseiller occulte Jacques Foccart.

      Les exemples foisonnent de pouvoirs parallèles échappant au contrôle démocratique. Ils sont autant d’arguments qui plaident pour l’abolition de cette légitimation par le suffrage universel du pouvoir d’un seul homme. Curieusement, c’est un autre haut responsable de la gauche qui a renforcé l’institution présidentielle en 2002. En inversant le calendrier électoral, le Premier ministre-candidat, Lionel Jospin, a réaffirmé le primat de l’élection présidentielle sur la législative. Trop sûr de son accession à la magistrature suprême, il a fait le pari que les électeurs confirmeraient ensuite leur vote en donnant au nouveau Président une majorité de députés. Le calcul s’est révélé exact, mais il a profité à un autre que lui... On devrait voir dans cette mésaventure la preuve que la gauche a davantage intérêt à miser sur les législatives, réorganisées autour d’un scrutin proportionnel, que sur l’élection d’un seul personnage. Si l’on se réfère aux principes fondateurs de la gauche sociale, il n’est pas exagéré de dire que la présidentielle au suffrage universel est une institution intrinsèquement de droite. Elle relègue les grandes questions programmatiques et les valeurs d’un pouvoir partagé. Le renoncement à s’attaquer à cette institution archaïque et unique en Europe constitue sans doute la plus grande faute de la gauche, au même titre que son glissement libéral.

      Quels que soient les reproches adressés à la gauche sur ce plan, force est de reconnaître que c’est encore dans ses rangs que ce coupable accommodement a été le mieux analysé. Et pas seulement quand la gauche était dans l’opposition. En 1991, François Mitterrand est encore à l’Élysée quand la Gauche socialiste, animée alors par Jean-Luc Mélenchon, Julien Dray et Marie-Noëlle Lienemann, se prononce pour une VIe République dans la motion qu’elle dépose au congrès de l’Arche du PS. Tirant un premier bilan des gouvernements de la gauche depuis 1981, ce texte, intitulé Une VIe République pour le changement social, établit déjà un lien entre l’extrême délégation induite par les institutions et l’atonie de ce que l’on n’appelait pas encore le mouvement social [2]. « Trente ans passés dans le moule de la Ve République ont diffusé partout une culture qui attend tout de ceux qui occupent les institutions et rien de l’action des citoyens », peut-on lire au début de cette motion, qui demandait de « libérer le pays de sa camisole » présidentielle.

      Si la demande de la Gauche socialiste n’a pas eu le succès escompté ­ son texte ne recueillit que 6 % des suffrages des militants socialistes ­, son analyse du régime de la Ve République n’a pas été totalement perdue. Arnaud Montebourg l’a remarquablement relancée en publiant, à l’automne 2000, un réquisitoire très argumenté à l’origine de la création de la Convention pour la VIe République (C6R), au printemps 2001. Dans la veine du Coup d’État permanent, dont il actualise le propos, le député de Saône-et-Loire, nourri des expériences gouvernementales de la gauche, croque les institutions de la Ve République en « machine à trahir » ­ c’est le titre de son essai ­ les espoirs du pays. Avec, au centre du dispositif, un pouvoir présidentiel, dont il remet en cause l’élection, qui favorise l’inertie, l’irresponsabilité et l’impunité. Mais il faut croire que l’élection du président de la République au suffrage universel résiste à toute remise en cause. Le projet de constitution présenté par Arnaud Montebourg et Bastien François, en 2005, la maintient tout en privant l’hôte de l’Élysée d’une grande partie de ses pouvoirs et prérogatives.

      Douze ans de présidence chiraquienne ont considérablement renforcé l’audience des contempteurs de la Ve République. Au point que sept des douze candidats à la présidence proposent de passer à une VIe République. Jean-Marie Le Pen, Marie-George Buffet, Olivier Besancenot, José Bové et Dominique Voynet ont été rejoints sur ce terrain par François Bayrou et Ségolène Royal. Nicolas Sarkozy, lui-même, envisage des aménagements. Tout en qualifiant la Ve République de « meilleur régime politique de l’histoire » de France, le président de l’UMP estime qu’il faut « préserver l’efficacité de notre cadre institutionnel, tout en l’adaptant ».
      Si le numéro est le même, les motivations et les réformes diffèrent. En changeant de République, le FN, qui défend un septennat présidentiel non renouvelable, veut surtout inscrire dans la loi fondamentale ses principes idéologiques, dont la préférence nationale. La suppression des pouvoirs du président de la République rassemble les « petits » candidats de gauche. Hormis Dominique Voynet, tous remettent en question l’élection du président au suffrage universel direct. Avec des variantes : régime primo-ministériel pour le PCF et les Verts ; régime d’assemblée pour la LCR et José Bové.

      À l’opposé, la VIe République de François Bayrou est présidentielle. Hostile à tout changement de République jusqu’au référendum européen de mai 2005, il plaide désormais pour de nouvelles institutions, où le Premier ministre ne serait que « le premier des ministres », soit un simple coordonnateur de l’action gouvernementale, tandis que la charge de « déterminer et de conduire la politique de la nation » incomberait au président de la République « élu par les Français pour assumer la charge de les gouverner ». S’il réforme le Parlement, avec une forte dose de proportionnelle, des pouvoirs législatifs et de contrôle accrus, le président de l’UDF souhaite que le mandat des députés prenne fin automatiquement dès l’élection du Président, y compris en cas de scrutin anticipé, subordonnant ainsi le mandat parlementaire au mandat présidentiel.

      La VIe République de Ségolène Royal repose sur « quatre piliers » : « Une démocratie parlementaire revivifiée qui va mettre fin au cumul des mandats » ; « une démocratie sociale » avec un « dialogue social » modernisé ; « la démocratie participative » ; la « démocratie territoriale », enfin, avec une « clarification » des compétences de chaque collectivité pour mettre « fin aux superpositions, aux doublons, à toutes les formes de gaspillage ». Ce projet ne remet toutefois pas en cause la concentration des pouvoirs au profit du chef de l’État.
      Interrogée sur ce point, la candidate socialiste a indiqué, lors d’un entretien au Monde (5 mars), que les prérogatives du Président ne seraient pas entamées sous son quinquennat, promettant d’« exercer pleinement le pouvoir » que lui donnent les institutions tout en résistant à la « tentation monarchique à laquelle la République a trop souvent cédé ».

      Dès lors, peut-on vraiment parler de VIe République ? Faute de remettre en cause le principe de l’élection du président de la République au suffrage universel direct, clef de voûte de la Constitution de 1958, faute aussi de contester au chef de l’État le droit de dissolution qui place l’Assemblée nationale en état d’infériorité, Ségolène Royal et François Bayrou ne proposent qu’un « simulacre » de réforme puisque « l’architecture de la Ve République est intacte, sacralisée, intouchable », comme le note Alain Duhamel (Libération, 28 mars). Ce qui ne signifie pas que leurs projets soient équivalents : « La VIe République de M. Bayrou, c’est... la Ve République "en pire". [...] La VIe République de Mme Royal, c’est... la Ve République "en moins pire" », nuance Bastien François, dans une tribune publiée dans le Monde (30 mars).

      Pour ce professeur de science politique, cofondateur de la Convention pour la VIe République, « l’élection présidentielle bride toutes les initiatives de modernisation démocratique de nos institutions chez ceux qui ont quelque chance d’accéder à la présidence ». À l’heure où le déficit démocratique de la construction européenne nécessiterait de refonder nos institutions nationales mais aussi européennes, ce constat confirme, s’il en était besoin, l’inanité de cette compétition électorale.

      Notes

      [1] La République moderne, Pierre Mendès France, 1962, cité par Paul Alliès, in le Grand Renoncement, Textuel, 2006.

      [2] Jean-Luc Mélenchon rappelle cet épisode dans Quelle VIe République ? (Le Temps des cerises, 170 p., 12 euros), un ouvrage collectif qui rassemble des contributions de François Hollande, Nicole Borvo, Christian Picquet, Arlette Laguiller, Anicet Le Pors, José Bové, George Séguy, Roland Weyl et Roger Bordier.

  • Puissance du lobbying des industriels de l’agro-alimentaire : on change la composition de l’aliment mais pas l’étiquette.

    Face à la pénurie d’huile de tournesol, les industriels autorisés à modifier les recettes sans changer les emballages | Les Echos
    https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/face-a-la-penurie-dhuile-de-tournesol-les-industriels-autorises-a-modifier-

    Depuis plusieurs semaines, les industriels de l’agroalimentaire réclament de pouvoir mélanger l’huile de tournesol ou de la remplacer par d’autres huiles sans être contraints de changer l’étiquetage, voire l’emballage pour continuer de fournir les commerces, la restauration et la distribution.

    Ce genre d’opération ne se fait pas du jour au lendemain. Il requiert du temps, un changement d’organisation et des investissements, car il concerne des milliers de produits. Parmi lesquels les chips, les frites, les panés en tous genres, mais aussi la margarine, les sauces, les pâtes à tarte, les sardines et le thon en conserve, les viandes marinées, les lécithines utilisées dans le chocolat, les glaces, etc.

    Après deux mois de concertation avec les entreprises agroalimentaires, les distributeurs et les associations de consommateurs, le ministère de l’Economie a autorisé les industriels à changer leurs recettes sans modifier les emballages pendant six mois, délai nécessaire à l’impression aujourd’hui.

    • Trouvé ça sur : https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/penurie-d-huile-de-tournesol-les-industriels-autorises-a-utiliser-d-aut

      La mesure sera valable pour six mois. Au-delà, si les industriels continuent d’utiliser une nouvelle recette, ils devront changer leurs emballages – selon Bercy, six mois est le délai actuellement nécessaire pour imprimer de nouveaux packagings. En revanche, dans un délai de deux mois, leurs produits devront porter une mention d’un changement, sans nécessairement le détailler.

      Seule exception : si les fabricants utilisent de nouveaux produits allergènes, ils devront l’indiquer immédiatement. De même si la nouvelle recette rend certaines mentions ("100% bio", « sans huile de palme ») mensongères.

    • @monolecte : « On » leur a donné deux mois, délai rajouté au deux mois de « concertation » si j’ai bien compris.

      En revanche, dans un délai de deux mois, leurs produits devront porter une mention d’un changement, sans nécessairement le détailler.

      Dans toute cette histoire, la « répression de fraudes » est d’une complaisance remarquable :

      le ministère de l’Economie a autorisé les industriels à changer leurs recettes sans modifier les emballages pendant six mois, délai nécessaire à l’impression aujourd’hui

       : sûrement à cause d’une pénurie d’encre d’imprimerie ou de police de caractère retenue en otage dans les bas-fonds de Marioupol (va savoir).

      Attendez la meilleure :

      En effet, si des allergènes sont introduits dans le produit modifié, alors le fabricant a l’obligation de le signaler clairement sur l’étiquette en apposant un sticker. Ou en précisant que le produit a fait l’objet d’une dérogation aux règles de l’étiquetage grâce à la mention « DEROG ».

      Oui, mais :

      Le consommateur pourra alors se référer au site qui les recense, « où tout a été fait pour se repérer facilement ». Celui-ci sera ouvert dès demain. Manque de chance pour l’option « sticker », le plus gros fabricant européen, dont les usines sont en Finlande, traverse « un mouvement social de très grande ampleur », ce qui restreint d’autant la production, a indiqué Bercy.

      Ces prolétaires finlandais qui ont la malséance de mettre des bâtons dans les roues de « Bercy ».

      Les distributeurs sont, eux aussi, priés de participer à l’information en mettant à jour les informations produits sur les sites de vente en ligne. Tout comme ils devront alerter le consommateur par des affiches en magasin, afin de ne pas pénaliser les personnes ne disposant pas d’accès à Internet, de smartphone ou d’ordinateur. A charge pour le personnel en caisse de signaler les changements importants si cela n’a pas été fait par ailleurs.

      Et donc, on retrouve toujours les mêmes pour transpirer en bout de chaînes de l’#usine_à_gaz.
      Ça ne vous rappelle rien ?

      On attend avec impatience la gestion de la pénurie de blé. les industriels auront un délai pour te signaler qu’ils ont remplacé la farine par de la sciure de bois.

  • La justice britannique autorise l’extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis – Libération
    https://www.liberation.fr/societe/police-justice/la-justice-britannique-autorise-lextradition-de-julian-assange-vers-les-e

    La justice britannique a décidé ce vendredi d’annuler en appel le refus d’extrader Julian Assange vers les Etats-Unis.

    La justice américaine veut le juger sur son sol pour la fuite massive de documents confidentiels via ses Wikileaks. Il risque 175 ans de prison

  • Je reviens sur la remarque de @biggrizzly il y a quelques temps, sur le fait que la plupart des gens ne connaissent pas directement quelqu’un qui est mort du Covid, ou même qui a fait une forme grave. Et que ça induit une perception finalement très virtuelle de l’épidémie (alors que les contraintes, elles, sont subies par la plupart des gens).

    Mais j’ai aussi l’impression qu’à l’inverse, absolument tous les antivax connaissent (ou disent connaître) quelqu’un a qui il est arrivé un truc totalement invraisemblable avec le vaccin. Parce qu’on a toujours droit aux 10 arguments successifs plus ou moins usuels dans ce genre (regarde Israël alors qu’ils sont super-vaccinés, les vaccins sont responsables des variants, etc.), mais de manière épatante, tu as toujours le « témoignage humain », qui a pour double but d’interdire la contradiction (sinon ça revient à traiter directement les gens de menteurs) et d’attirer la sympathie (bon ben d’accord, là pour le coup je comprends que tu veuilles pas…).

    Mais alors il y a vraiment un gros problème de statistiques : parce qu’à chaque fois tu tombes sur quelqu’un qui connaît le cousin d’un ami à qui il est arrivé le truc le plus improbable du monde, genre « il est mort parce qu’il a fait une réaction au vaccin », ou « il a été contaminé par le Covid qu’on injecte dans le vaccin et a ensuite il a contaminé toute sa famille ».

    Et donc un gros problème de biais, parce qu’après les arguments objectivement discutables, on t’assène assez systématiquement ce gros argument « ah oui mais moi je connais quelqu’un qui a un ami qui… » alors que toi dans l’autre sens, comme témoignage direct, tu as le voisin qui l’a eu et il en a vraiment chié pendant cinq jours, hein.

    • J’ai un membre de la famille à fond dans le trip « ceux qui ont des maladies, c’est qu’ils ont une hygiène de vie pourrie ». Il est à fond tout le reste évidemment. Et donc, quand il t’explique qu’il connait des antis qui meurent, c’est pas parce qu’ils ont une maladie liée à leur hygiène de vie pourrie. C’est parce que le système les a tués. Par exemple, telle nana, morte du covid-19, ben c’est pas vrai. Elle est morte parce qu’on l’a assassinée.

      En fait, tu te dis que ces gens, c’est juste la misère dans leur tête.

      L’autre soir, des parents d’un gamin dans la même classe que notre gnome. On fait part de nos atermoiements à vacciner le notre, et la façon dont on a répondu à la question en lui proposant d’en discuter. Il a décidé « on vaccine ». Bref. Chez ces parents, c’est différent. Elle, elle est formatrice chez un vendeur de sucre médical. Et elle connaît un homéopathe qui. Et un médecin qui. Et une pharmacienne qui. Et donc, en fait, elle ne veut pas le vacciner son gamin. Et j’ai juste évoqué quelques faits difficiles à évacuer sur les morts et les covid longs. Rien à faire. En fait, ça l’a braquée. Pourtant j’avais été terriblement gentillet, juste à amener des faits, aucun jugement, aucune contradiction. Et elle ne l’a pas fait vacciner son gamin, à mon très humble avis. En fait, elle n’en parle plus sur le groupe whatsapp qui nous rassemble (nan, j’ai pas de compte sur ce truc, ne m’y cherchez pas).

      Le covid, c’est un peu comme Zemmour. Tu évoques le sujet, et ça te révèle si tu vas pouvoir continuer à côtoyer les gens.

  • Un Sisyphe incisif
    https://lundi.am/Un-Sisyphe-incisif

    « La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux. ». Cet excipit du Mythe de Sisyphe d’Albert Camus est le point de départ de cette réflexion sur ma condition. Comme l’écrit encore Camus, « Le sentiment d’absurdité, au détour de n’importe quelle rue, peut frapper la face de n’importe quel homme, tel quel dans sa nudité désolante, dans sa lumière sans rayonnement. Il est insaisissable. ». Chacun a expérimenté ce sentiment d’absurde en s’extirpant de son environnement pour contempler « cette épaisseur et cette étrangeté du monde. ». Après ce sursaut subit ou cette dissociation graduelle de la conscience de l’espace et du temps, c’est soit le retour dans « la Matrice », le ronron de ses habitudes, soit « l’éveil définitif. »

    • Perso, je ne vois pas bien le rouge…

      Onfray, un « rouge-brun » surtout très « brun »

      Les raisons pour lesquelles Michel Ofray est accusé de tendre vers le « brun » ces dernières années sont nombreuses et documentées, et ne méritent peut-être pas d’être davantages commentées : adhésion aux thèses de Renaud Camus sur le « grand remplacement », à celles d’Huttington et des néoconservateurs américains sur le « choc des civilisation », assimilation de l’Islam à « une barbarie », croyance dans l’existence de races biologiques, défense de Génération identitaire, éloge de la police et condamnation répétée des mouvements contre les violences policières,, accointances avec Eric Zemmour et désir d’une « révolution réactionnaire », diffamation envers Rokhaya Diallo, insultes sexistes envers Greta Thunberg, propos homophobes, lecture contre-révolutionnaire de la Révolution française, nietzschéisme grossier, vitalisme quasi-mystique…
      On ne peut plus rien dire sur LCI, mais aussi sur CNews, Valeurs Actuelles, BFM, RMC, Le Figaro…

      Bref, la vision du monde que défend Michel Onfray est celle, très classique, d’un autoritaire de droite, celle d’une France perçue comme une civilisation millénaire, blanche et chrétienne, en plein effondrement en raison de l’Islam et de l’immigration … et c’est bien ce qui lui permet d’avoir pignon sur rue chez CNEWS, Marianne, Valeurs Actuelles, Le Figaro, là où les syndicalistes, les acteurs du mouvement social ou encore les marxistes ne sont pas vraiment les bienvenus.

  • Bon bah ... puisque le PR Machin n’en n’a pas tenu compte ce soir, je vous rapatrie un super (encore) tweet-fil-conseils du Pr Logos, parce que nous sachons que c’était possible...
    source : https://twitter.com/Pr_Logos/status/1377141926026047496

    1/ Ca tape tellement sur le ciboulot, cette épidémie, que j’ai rêvé d’un allocution d’Epidemiolok 1er. Mais son melon avait disparu.

    Il commençait par présenter ses excuses et ses condoléances pour les 100 000 morts en ayant conscience de ses choix désastreux.

    2/ Puis il annonçait un investissement de 3 milliards €, pour partie en salaires, pour partie en matériel, pour s’engager dans une stratégie Zéro-Covid définitive. Et il égrenait, sans zozoter, une liste des choses mises en place en donnant à chaque fois un argument rationnel.

    3/ Bizarrement, il commençait par la mise à disposition d’une appli à QR code pour éviter les files statiques devant les commerçants : on arrive, on s’inscrit pour la file délocalisée et on va faire un tour au soleil. Le téléphone prévient de l’état de la file.
    Du Cédric O.

    4/ Ensuite il expliquait en termes simples ce que signifie une transmission par voie d’aérosols, le rôle primordial de la ventilation, les effets de sillage, même en extérieur, et comment monitorer le CO2 et en faire l’affiche dans les espaces publics.

    5/ Il trouvait un accent de vérité jusqu’ici inconnu et annonçait la réquisition par l’état d’une chaîne de fabrication de capteurs de CO2 NDIR par absorption infrarouge à 23€ de coût de revient, pour en produire 1000/jour. Il mobilisait des étudiants rémunérés pour les déployer

    6/ Il annonçait qu’il avait enfin compris que le risque variait quadratiquement avec le niveau de filtration des masques et que des masques chirugicaux bien mis, cela divisait par 100 le risque, et annonçait la commande à une PME bretonne de 10 millions de masques FFP2 par jour.

    7/ Il pensait que d’ici la fin de la semaine, des décontaminateurs de masque à UV-C sous vapeur de peroxyde d’hydrogène, avec des petits casiers numérotés permettant de les laisser 30’ heure et de retrouver ses masques propres seraient installés dans les écoles et lieux publics.

    8/ En effet, il trouvait insupportable la charge pour la planète de masques qu’on jette et entendait pleinement profiter qu’on puisse décontaminer 4 fois les masques, par un service public.

    9/ Il faisait appel au monde de la recherche, en présentant ses excuses d’avoir cru par des lectures diagonales, sans payer le coût d’entrée dans des disciplines auxquelles il n’entend rien, suppléer à ceux dont le métier vise à dire le vrai sur le monde, et aux ingénieurs.

    10/ Il leur demandait de travailler à la sécurisation des lieux publics, à commencer par les cantines scolaires et les restaurations collectives d’entreprise, mais aussi les terrasses de café, les cinoches, les salles de concert, etc, pour ajouter ventilation/aspirateurs à Covid.

    11/ Surtout, il annonçait que quand ça irait mieux, quand on ferait printemps (il ne se refait pas) plutôt qu’être pris dans cette pluie de cendres et de morts, il faudrait éviter des résurgences en étant capables d’endiguer très rapidement toute reprise épidémique.

    12/ Il n’y allait pas de main morte, le petit père Macron : il disait clairement que l’appli « Stop Covid » était inepte dans le fait même qu’elle niait les voies de transmission épidémique et que le résultat était inutilisable, et que l’investissement de l’Etat irait au bon endroit

    13/ Il annonçait 60 000 recrutements d’épidémiologistes de terrain qui feraient un travail local d’information populaire, de détection quartier par quartier des voies de propagation épidémique, d’aide à l’isolement, de prêt de purificateurs d’air, de décontamination, de tests.

    14/ Il disait qu’il avait conscience du danger que l’on puisse se servir de ces « ilotiers » à des fins répressives et que leurs droits et devoirs, et le fait qu’ils soient tenus strictement au secret médical, serait strictement encadré.

    15/ Il donnait le coût pour la société, modeste, pour déployer cette médecine préventive qui s’adapte à la manière de vivre des citoyens, qui s’appuie sur eux, plutôt que par des injonctions paternalistes venues du sommet de l’Etat.

    16/ Enfin, il passait au long terme et analysait la part de son échec due à la désindustrialisation du pays, empêchant l’Etat de produire pour répondre aux besoins, il analysait l’échec de Sanofi et celui de l’Institut Pasteur, pour le vaccins.

    17/ Il s’engageait à changer de paradigme pour l’organisation de la recherche, après 20 ans d’erreurs, et il annon…

    Brebrebrebrebre.

    « Vous écoutez France Culture, il est 7h15 et notre invité matin est Stanislas Dehaene. Alors, faut-il fermer les écoles ? »

    18/ Tic-tac-tic-tac-tic-tac-tic-tac.
    Driiiiiiiing.
    Baaaaah.

    #covid #covid19 #macron #confinement #finementcon

  • « Sommes-nous vraiment prêts à “trier” les enfants et adolescents suicidaires ? »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/03/24/sommes-nous-vraiment-prets-a-trier-les-enfants-et-adolescents-suicidaires_60

    Avec la crise sanitaire due au Covid-19, chez les plus jeunes, les actes ou idées suicidaires déferlent depuis l’automne, alerte un collectif emmené par Lisa Ouss, pédopsychiatre à l’hôpital Necker, et les membres du Conseil Scientifique de la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et des disciplines associées »

    Auteure : Lisa Ouss, Professeure Associée en pédopsychiatrie, Hôpital Necker, Paris, Membre du Conseil Scientifique de la Société Française de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent, et des disciplines associées.

    Comment répondre à ce dilemme impossible : trier les enfants et adolescents que l’on va hospitaliser après un geste ou une intentionnalité suicidaire forte ? Si les actes ou idées suicidaires des jeunes ont diminué pendant le premier confinement, ils déferlent depuis l’automne, peut être à la faveur d’un discours fataliste sur une jeunesse sacrifiée. La seconde vague psychiatrique nous submerge, et nous les pédopsychiatres, psychiatres, psychologues, acteurs du soin psychique, avec l’aide précieuse des pédiatres, malgré les alertes lancées depuis longtemps, la mer qui se retire en alerte ultime avant le tsunami, écopons la catastrophe annoncée mais désormais quotidienne. Or, un geste ou une intention suicidaire, chez un enfant ou un adolescent, marque une détresse qui doit être immédiatement entendue, accompagnée, dans toute la complexité d’un environnement scolaire, familial, sociétal que le contexte actuel fragilise. Pour ce faire, il faut du temps, une écoute, un espace, et celui de l’hôpital est un nécessaire refuge, à l’abri des turbulences. Or, il devient extrêmement difficile, voire impossible d’hospitaliser rapidement un enfant ou un adolescent qui présente de telles pensées ou est passé à l’acte. Faut-il raconter la quête interminable et infructueuse d’un lit ? Faut-il raconter comment nous renvoyons chez eux ces adolescents et les revoyons tous les jours jusqu’à l’obtention du Graal, un lit en pédiatrie ou en pédopsychiatrie ? Faut-il détailler la réaction de leur environnement à l’annonce de leur retour à domicile ? Faut-il souligner le risque de transformer ce retour à domicile en un premier palier d’une escalade face à un acte qui n’est pas entendu dans toute sa gravité ? Faut- il raconter notre inconfort, notre inquiétude, et notre manquement à les laisser partir ? Faut- il rapporter les discussions pour savoir quelle « pire » situation nous allons choisir d’hospitaliser car nous n’avons qu’un lit et plusieurs patients ? Faut-il raconter que nous déprogrammons chaque semaine nos activités, depuis plusieurs mois, pour répondre à ces besoins urgents ? Faut-il rappeler que nous ne pouvons pas transférer en TGV vers des territoires meilleurs des adolescents qui doivent être, paradoxalement, éloignés de l’environnement qui a précipité leur geste, tout en en restant proches ? Faut-il attendre un inéluctable accident à venir, un autre fait divers, pour dire la souffrance et la détresse pourtant déjà si visibles qui étreignent notre jeunesse ? Nous ne voulons plus rentrer chez nous en nous disant que nous n’avons pas pu faire correctement notre travail.

    Koltes savait ouvrir ces horizons : « Je voudrais aller voir la neige en Afrique. Je voudrais faire du patin à glace sur les lacs gelés », dit la gamine. Une société qui ne laisse pas à ses adolescents le territoire du possible, à défaut de celui du rêve, est une société qui court à sa perte. Et nous, acteurs du soin psychique, qui sommes convoqués sans arrêt, pour soutenir les équipes médicales pendant la tempête déchaînée de la Covid, à chaque événement traumatique, face aux questions sociétales de la jeunesse, sans nous donner les moyens d’y répondre, refusons d’être les spectateurs muets d’une catastrophe que nous pouvons prévenir.

    • Interview faite au départ par Le Partage :
      https://www.partage-le.com/2021/02/28/dysphorique-fuir-la-feminite-comme-une-maison-en-feu-par-vaishnavi-sunda

      Et une de plus :

      Le mois dernier, j’ai découvert la raison pour laquelle j’étais désormais malaimée dans l’enceinte du féminisme libéral. Je me trouvais aux États-Unis, dans le cadre d’un programme d’échange, et je voulais profiter de cette occasion pour projeter mon film dans différents endroits, au cours de ma tournée dans le pays. Une projection était prévue à New York, organisée par le Projet Polis. Tout avait été soigneusement arrangé, des affiches avaient été conçues et j’avais même été présentée à une modératrice indienne. Mais une semaine avant la projection, l’organisatrice (également une femme d’origine indienne) m’a envoyé un email. Elle me disait que l’événement était annulé à cause de mes convictions « transphobes ».

      Il y a un certain temps, j’avais participé à une discussion sur Twitter à propos des « femmes trans » n’ayant pas (encore) été opérés, et se rendant dans des foyers pour femmes, des prisons, des salles de bain et des salles de sport réservées aux femmes. Quelqu’un a porté les tweets en question à l’attention des organisateurs. Le Projet Polis a donc jugé pertinent d’annuler la projection d’un film sur un sujet urgent touchant les femmes de toutes les couches sociales de la société, au motif que sa réalisatrice estime que le sexe biologique n’est pas une construction sociale, que l’oppression des femmes est réellement fondée sur le sexe, que d’incarcérer des personnes dotées d’organes génitaux masculins dans des espaces où se trouvent des victimes de la violence sexuelle masculine peut être éprouvant pour les détenues, que les maladies mentales comme l’autogynéphilie et autres dysphories peuvent causer des dommages dangereux et irréversibles, et que les théoriciens du genre effacent les femmes, assez à la manière du patriarcat.

      J’ai grandi à Avadi, dans le sud de l’Inde. J’ai passé la plus grande partie de ma vie à travailler avec des femmes marginalisées. Mais je ne suis pas suffisamment « woke » pour les membres de la diaspora indienne de Manhattan qui embrassent allègrement la théorie queer postmoderne.

      Depuis, j’ai confronté les éditeurs des médias m’ayant mise sur liste noire. Apparemment, des militants indiens pour les droits des trans ont cherché mon nom sur Google et ont écrit à tous les médias où j’avais été publiée afin de leur parler de mes tweets de « TERF » (TERF est un acronyme pour Trans Exclusionary Radical Feminist, soit « féministe radicale excluant les trans »).

      Cet ostracisme signifie essentiellement que le féminisme dont je me réclame – le féminisme de Mary Wollstonecraft, Emmeline Pankhurst et Andrea Dworkin – serait excluant parce qu’il s’oppose à la présence d’hommes dans les espaces réservés aux femmes. Que mon intersectionnalité n’est apparemment pas assez étendue au goût des hommes. Que mon féminisme n’encourage pas le « choix » de servir le patriarcat. Que défendre la sécurité des femmes serait « anti-trans » – ce que j’ai toujours du mal à comprendre : je m’oppose uniquement à ces infinies variations sur le thème de la misogynie.

      Interview :
      https://www.youtube.com/watch?v=sjNNkzhx01k

      Première partie du documentaire :
      https://www.youtube.com/watch?v=w8taOdnXD6o

      #femmes #féminisme #dysphorie #genre #identité_de_genre #queer #Vaishnavi_Sundar #transactivisme

  • La notion d’islamo-gauchisme ne se débat pas scientifiquement, elle se combat politiquement
    Éric Sealgair chez La Rotative : https://larotative.info/la-notion-d-islamo-gauchisme-ne-se-4009.html

    Combattre le concept d’islamo-gauchisme, comme cela a été le cas quand il fallait combattre son cousin des années 30 le judéo-bolchévisme, ne peut pas se limiter à des condamnations morales. Cela implique de se battre contre celles et ceux qui emploient ce terme et par un soutien total envers les véritables victimes du racisme et de l’islamophobie, qui ne sont pas les universitaires. Et ce combat doit se situer conjointement sur le plan matériel et sur celui de l’imaginaire. Pour rendre des notions complotistes inopérantes, il ne sert à rien de démontrer qu’elles ne tiennent pas debout. Il nous faut agir là où elles fonctionnent, là où elles font exister ce qu’elles prétendent combattre. Il nous faut comprendre pourquoi elles parlent à des gens, et faire en sorte de les rendre fausses pratiquement, qu’elles ne fassent plus sens pour personne. Et on ne va pas se mentir, pour combattre ce mal à la racine, il y a du pain sur la planche.

    #islamogauchisme #islamo-gauchisme #gauchisme #islam #religion #politique #immigration #extrêmes-droites #islamophobie #enfumage #ennemi-intérieur

  • Alors on m’a bien informé qu’il y avait une plainte pour homophobie contre des policiers. Mais on ne m’avait pas dit que la jeune victime était noire (je viens de le découvrir). Si j’avais mieux suivi, j’aurais fait le lien avec le 18e et le tournage d’un clip de rap. Mais bêtement, comme tout le monde semblait se contenter de l’accusation d’homophobie, j’ai pas percuté.

    Et donc fuck l’intersectionnalité (que c’est mal), soyons aveugles à la couleur, c’est juste une histoire d’homophobie. (T’imagines, si des fois qu’on irait raconter que des flics fachos peuvent être à la fois racistes et homophobes…)

  • « On a beaucoup parlé ces derniers jours de la prestation de #Gabriel_Attal, le porte-parole du gouvernement sur #Twitch dans "#SansFiltre" C’est encore un exemple intéressant à regarder dans le détail sur la confusion des genres entre #compol et #compublique à l’œuvre en ce moment. »

    Cette émission, qui a réuni des influenceurs a été tournée à l’Elysée. Réalisation soignée, au moins trois caméras dont une en travelling, régie vidéo et son en direct, décor lumineux, outils de streaming. Avec salaires, prestas, c’est probablement une opération à 5 chiffres.

    Que le gouvernement choisisse de développer son audience et la visibilité de ses actions sur différents médias et réseaux, ça peut se discuter dans la forme, mais sur le fond, c’est une stratégie qui a beaucoup de sens, même si cela a un coût pour la collectivité.

    Mais là j’ai un problème. Regardez bien.
    Vous ne voyez rien ? C’est normal. L’émission n’est accessible ni sur le site du gouvernement, ni sur celui de l’Elysée, ni sur leur compte Youtube ou sur le compte Twitch des institutions qui ont produit ce programme avec des fonds publics.

    On la trouve en revanche sur les comptes personnels de Gabriel Attal sur Youtube et Twitch, où elles lui permettront de développer son audience avec ces contenus.

    Ces comptes personnels ne seront soumis à aucune restriction en période électorale, alors que l’usage des comptes des institutions sera évidemment restreint. La stratégie de l’exécutif est d’utiliser les moyens des institutions pour développer l’audience des comptes personnels.

    On ne mesure pas à quel point, dans la dernière ligne droite avant l’élection, au moment où la communication institutionnelle est encadrée, où les temps de parole dans les médias sont soumis à l’équité, avoir capitalisé sur des outils et des audiences propres est déterminant.

    On assiste en ce moment à un déploiement de buzz, d’#opérations_d'influences à tous les niveaux de l’exécutif, payés sur les #fonds_publics, qui vise à construire cette audience avant les prochaines élections.

    Et ce n’est pas le premier épisode de cette confusion des genres, qui est trop régulière pour ne pas traduire une stratégie :

    LREM poursuit sa démarche partisane d’appropriation propagandiste de la #compublique en utilisant sa charte graphique #compol de parti pour la com’ du gouvernement... https://twitter.com/valeriomotta/status/969507347537252352

    https://twitter.com/valeriomotta/status/1365257336990932992

  • artf/grapesjs : Free and Open source Web Builder Framework. Next generation tool for building templates without coding
    https://github.com/artf/grapesjs

    Un framework de templating par interface, mais autonome, pas propre à un CMS (comme Gutemberg ou autre). Ça peut servir à faire un CMS complet. Mais ça pourrait servir à faire aussi juste un logiciel de maquettage rapide aussi, mais… qui produit du HTML/CSS responsive du coup. Comme Bootstrap Studio, sauf que c’est en web et libre là… (vraiment ça fait tout pareil que bootstrap studio quasiment).

    Peu aussi être inspirant pour les systèmes de blocs configurables, d’interface pour construire une page par blocs.

    GrapesJS is a free and open source Web Builder Framework which helps building HTML templates, faster and easily, to be delivered in sites, newsletters or mobile apps. Mainly, GrapesJS was designed to be used inside a CMS to speed up the creation of dynamic templates.

    #template #maquette #interface #blocs #HTML #CSS #responsive
    ping @drbouvierleduc @smellup

    • Super outil, complètement personnalisable et qu’on peut utiliser pour plein de situations. On est en train de le mettre en place dans une appli web pour la partie éditoriale/marketing, comme ça on va contenter nos collègues qui sont habitués au confort de Wordpress (Gutemberg donc), qui est super bien foutu à ce niveau.

    • merci pour le retour :)

      bon ça reste que pour enregistrer du HTML directement… il me semble que dans son genre Gutemberg fait mieux (même si très lié à WP donc difficile d’utiliser ailleurs) : ça sérialise des paramètres, qu’eux mettent à plat avec leur format (des commentaires HTML avec du JSON) mais qu’on pourrait parfaitement décider d’enregistrer comme on veut + des styles CSS générés (avec un id unique pour chaque bloc). Et du coup ça peut possiblement générer autre chose que du HTML ou ça peut être personnaliser (si jamais pour un bloc ayant tel sens, on voudrait que ce soit pas « div » mais « section » ou « blockquote » un autre jour ou dans tel autre contexte qu’une page web).

      Enfin bon c’est très intéressant à creuser quand même. Ne serait-ce que pour faire du maquettage rapide (mais est-ce qu’il existe un vrai logiciel qui utilise déjà cette lib pour faire ça ? ou même pour éditer des pages en général tout court, que ce soit maquette ou vraie page… un frontpage moderne en webapp quoi)

    • Oui le souci de Gutemberg c’est qu’il faut sortir de wordpress. On a cherché plusieurs outils pour faire le même taf (sans tout redévelopper) et GrapesJS est ce qu’on a trouvé de mieux, même si c’est pas tout à fait ce pour quoi il est prévu à la base. On a adapté ça avec notre CSS custom et donc en quelques instants on peut construire une page assez librement tout en étant contraint par notre design system.

      Pour le maquettage pur sinon, il y a Penpot qui vient de sortir : https://penpot.app

  • Aux sources de QAnon, un collectif italien d’extrême gauche qui aurait malgré lui inspiré la théorie complotiste
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/02/19/aux-racines-du-mouvement-qanon-les-ecrivains-italiens-de-wu-ming-gourous-com

    Un roman, écrit par le collectif anticomplotiste Wu Ming, pourrait être la source des thèses conspirationnistes qui sont apparues dans l’Amérique de Donald Trump.

    Enquête du Monde (sous #paywall)

    pour mémoire : première mention de #Wu_Ming et #QAnon ici, dès août 2018, pointé par @rezo : https://seenthis.net/messages/715032
    plus récemment, octobre 2020, enquête de #lundi_matin sur le même thème pointée par @monolecte https://seenthis.net/messages/880607

    • Jeudi 21 janvier 2021, le Président Macron est venu célébrer le lancement du « plan quantique » sur le tout nouveau campus d’excellence Paris-Saclay. À l’occasion de cette visite, avait été prévue une rencontre avec quelques étudiants dans la maison des étudiants, à Bures sur Yvette.

      Cet événement, et surtout l’échange avec les étudiants, a bénéficié d’une vaste couverture pour relayer les nouvelles annonces du Président au sujet des conditions de retour des étudiants à l’Université.

      La SMF souhaite alerter sur les événements survenus lors de cette visite sur le campus, et restée entièrement ignorés par les médias :

      Une visite tenue secrète jusqu’à son annonce par les médias, la veille après-midi, à l’ensemble du personnel de l’université et de ses usagers.

      Un cortège présidentiel d’une ampleur inégalée comportant de nombreuses rues et axes fermés à la circulation sur tout le campus, et un dispositif policier semblable aux encadrements des manifestations parisiennes : plus d’une centaine de cars garés autour des bâtiments d’enseignement, des policiers en casques et tenues de combat, un cordon sécuritaire à plusieurs centaines de mètres du lieu de présence du Président.

      Des contrôles d’identités, photos et films des quelques collègues venus protester avec des banderoles, se déplaçant à pieds sur le campus et retenus par la police à plusieurs centaines de mètres du lieu sécurisé, sans motif.

      Des menaces de garde à vue de collègues en cas de refus de confiscation des banderoles repliés qu’ils avaient avec eux.

      Des ordres d’expulsion du campus envers des collègues assortis de menaces de garde à vue.

      Des contrôles et fouilles d’étudiants et destruction de pancartes et banderoles.

      Encerclement et retenue, pendant plus de 2h d’un groupe d’une trentaine de collègues du campus venus manifester leur désaccord sur les politiques concernant l’ERSI.

      Accompagnement sous escorte policière des manifestants à travers le campus et jusqu’à sa sortie après le départ du Président.

      Il nous faut réfléchir aux conséquences des actes de la police sur un campus universitaire face à des collègues et étudiants venus pacifiquement avec des banderoles ainsi qu’au traitement de l’information choisie par les médias.

      Alors que l’amendement ajouté au Sénat sur l’intention de nuire vient d’être censuré par le Conseil Constitutionnel, les agissements de la police envers les collègues sur le campus universitaires sont graves, et doivent être connus.

    • Sur cette visite, voir aussi :
      https://academia.hypotheses.org/30291
      https://academia.hypotheses.org/30277

      Et plus précisément sur la ministre #Vidal :
      https://seenthis.net/messages/894951#message897615
      https://seenthis.net/messages/894951#message898096

      ... #Frédérique_Vidal, celle qui justifie les mesures d’isolement par le « #brassage » qu’impliquerait la vie étudiante avec ses pauses cafés et les « #bonbons partagés avec les copains » :
      https://academia.hypotheses.org/30215

      #Paris-Saclay #ESR #enseignement_supérieur #université #facs

  • Cyberstructure. L’Internet, un espace politique | emi.enssib.fr
    https://emi.enssib.fr/ressource/cyberstructure-linternet-un-espace-politique

    Stéphane Bortzmeyer est l’auteur de Cyberstructure : L’Internet : un espace politique, C & F Éditions, décembre 2018, prix du livre Cyber 2019 catégorie cybersécurité dans le cadre du Forum international de la cybersécurité. Dans cet ouvrage, Stéphane Bortzmeyer s’intéresse aux usages actuels de l’Internet, et aux problèmes tels qu’ils sont perçus par les utilisateurs. Il explique également comment l’Internet fonctionne d’un point de vue technique, mais aussi sous l’angle de sa gouvernance, du financement et des actions humaines. Il parle enfin et surtout de politique, en détaillant les débats autour de l’utilisation d’Internet.

    Découvrez la vidéo de la conférence :
    https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/visionner/69781-cyberstructure-l-internet-un-espace-politique

    #Cyberstructure #Stéphane_Bortzmeyer #Vidéoconférence