Le conseiller à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, aurait déclaré jeudi que le gouvernement ne mettrait pas fin à la guerre contre le Hamas en échange de la libération des otages encore aux mains du groupe terroriste.
C’est probablement la première fois qu’un haut responsable israélien se livre à un tel aveu, particulièrement lors d’une réunion houleuse au cours de laquelle Hanegbi aurait eu des mots durs et même insulté les proches de certains otages. Il est revenu sur l’impasse des négociations sur les otages, le Hamas exigeant un cessez-le-feu permanent là où Israël n’est prêt qu’à un arrêt des combats provisoire.
Selon la transcription de cette rencontre à laquelle la Douzième chaine a eu accès, Hanegbi a indiqué que le gouvernement serait sans doute en mesure de conclure ce qui constitue la première phase de l’accord examiné en ce moment, à savoir la libération des femmes, des personnes âgées et des blessés, qui représentent vraisemblablement 33 otages sur les 121 encore à Gaza.
Dans les deuxième et troisième phases de l’accord, le Hamas libèrerait les derniers otages – c’est-à-dire les hommes et les soldats – puis les corps des otages tués en captivité, dont l’armée israélienne estime le nombre à 37. Selon les médiateurs, ces deux dernières phases devraient s’accompagner de l’accord d’Israël pour envisager la fin définitive des combats – ce qu’Israël ne fera pas, sauf à avoir obtenu la défaite du Hamas.
Les propos tenus par Hanegbi laissent penser que le gouvernement israélien estime que le Hamas refusera de libérer la totalité des otages sans cessez-le-feu définitif.
L’organisation terroriste a durci ses prétentions, jeudi, en annonçant avoir informé les médiateurs qu’il ne reprendrait les négociations sur les otages que si Israël cessait toute opération dans la bande de Gaza. Elle a d’ailleurs déclaré par voie de communiqué être prête à conclure « un accord complet » avec Israël, assorti de la libération de tous les otages en échange de prisonniers palestiniens de sécurité, sous réserve qu’Israël « arrête sa guerre et son agression envers le peuple de Gaza ».
Lors de cette rencontre avec les proches d’otages, Hanegbi a affirmé qu’Israël assurerait la mise en œuvre de la première phase de cet accord dans les prochains mois. « Cela ne prendra pas des mois et des années », aurait-il dit, selon la transcription à laquelle a eu accès la Douzième chaîne.
Toutefois, aurait-il ajouté, « je ne crois pas que ce gouvernement réussira à conclure l’accord dans son ensemble. Ce gouvernement ne prendra pas la décision de stopper la guerre en échange de la libération des otages ».
« Il nous faut continuer à nous battre pour qu’il n’y ait pas un autre 7 octobre en octobre 2027 », aurait dit Hanegbi.
« Si les otages ne sont pas libérés dans les semaines ou les mois à peine, nous n’avons pas d’autre plan », a-t-il admis. « Nous continuerons à nous battre à Gaza et dans le nord, puis nous réexaminerons la situation. »
L’un des participants aurait réagi en disant : « Eh bien, alors nous sommes perdus. » Ce à quoi Hanegbi aurait répondu : « En effet. »
Une autre participante aurait évoqué de récentes informations faisant état de fonds publics alloués à la rénovation de la piscine de la résidence privée de Netanyahu, disant que de telles dépenses étaient inappropriées en temps de guerre.
Hanegbi aurait vivement réagi à cette remarque. « Il peut se faire construire 10 piscines avec son argent si ça lui chante. C’est odieux de dire une chose pareille », aurait-il rétorqué, ajoutant que ce n’était pas le bon endroit pour parler de cela et accusant la femme en question d’être pleine de haine.
Elle aurait alors répondu : « J’ai parfaitement le droit de ressentir de la douleur et de la haine parce que je suis restée dans la pièce sécurisée [de ma maison] pendant 15 heures [pendant l’attaque du Hamas]. J’ai réussi à échapper aux terroristes en marchant sur des cadavres. Pas vous. »
Ce à quoi Hanegbi aurait répondu : « D’accord, faites. Maudissez-moi. »
Selon la Douzième chaîne, la femme aurait alors quitté les lieux, en larmes. Une autre participante l’aurait suivie, ce que Hanegbi a commenté en disant : « Toi aussi, tu vas faire une scène et claquer la porte ? »
La Douzième chaîne a précisé avoir recoupé le contenu de la transcription avec des membres de cinq familles, ajoutant que Hanegbi n’avait pas nié les propos qui lui sont attribués.
Hanegbi a déclaré à la Douzième chaîne avoir « rencontré les familles de tous les otages qui le souhaitaient depuis le début de la guerre. Sans enregistrer les conversations ni en diffuser le contenu. C’est ainsi que l’on maintient le dialogue entre l’échelon politique et les familles qui souffrent. »