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  • En #Bretagne, une #mine d’#Imerys accapare et pollue la ressource en #eau

    La multinationale française Imerys souhaite ouvrir une nouvelle fosse d’extraction dans sa mine à ciel ouvert, située à #Glomel, en Bretagne. Plusieurs associations dénoncent des conséquences majeures sur l’eau.

    « Regardez ce qu’Imerys a fait du périmètre de protection de notre captage d’#eau_potable », commente Jean-Yves Jégo, conseiller municipal de Glomel et membre de l’association #Douar_Bev (« Terre vivante »). Il faut dire que la vue est spectaculaire. Au milieu des champs, nous contemplons la « fosse n°3 », un trou large comme 30 terrains de football et profond comme 5 immeubles haussmanniens superposés. On y extrait de l’andalousite, un minéral résistant aux très hautes températures utilisé pour produire des fours, des têtes de missiles ou des blocs moteurs de camions. Imerys prévoit de creuser bientôt une nouvelle fosse, la quatrième, comme celle-ci : « Incompatible avec la préservation de l’eau ! » dénoncent une partie des riverains et les associations.

    « Nous sommes ici sur le château d’eau de la région, en tête de deux bassins versants, indique Dominique Williams, de l’association Eau et Rivières, celui de l’Ellé, qui se jette dans l’océan à Quimperlé, et celui du Blavet, qui coule jusqu’à Lorient. » Ces têtes de bassins sont formées de ce que les hydrologues appellent un « chevelu », à l’image des innombrables petits traits qui les représentent sur une carte : les petits ruisseaux qui font les grandes rivières. Ce sont les sites à préserver en priorité pour protéger les nappes phréatiques et les captages d’eau en aval. Cette sensibilité est plus forte encore en Bretagne, qui « dispose de très peu de ressources en eau souterraine et dépend des eaux de surface pour son alimentation », ajoute Dominique Williams.

    « Imerys ne maîtrise pas les impacts de cette mine »

    Exploitée depuis les années 1970, la mine de Glomel, 1 300 habitants, est longtemps passée inaperçue — peut-être parce qu’elle n’est, du point de vue de l’administration, qu’une carrière [1]. Pourtant, son fonctionnement est celui d’une mine : le minerai contenant 15 % d’andalousite est acheminé vers l’usine toute proche où il est concassé, broyé et concentré dans des bains d’acide sulfurique et autres réactifs. Sa transformation produit chaque année plus de 1 million de tonnes de déchets boueux ou solides, ces derniers formant, tout autour de nous, ces collines grises de 300 mètres de haut.

    Pour creuser il y a trente ans cette troisième fosse dans la zone de protection d’un captage d’eau, Imerys avait bénéficié d’un miracle : une dérogation de la préfecture. Et ce, malgré un risque de pollution connu, puisque la roche excavée ici contient de la pyrite : au contact de l’eau, elle génère un jus acide qui draine des polluants métalliques. En 2004, la cour d’appel de Nantes saisie par un agriculteur a annulé cette dérogation : le périmètre de protection devait être remis en état. Mais quand ? Contacté par Reporterre, Thomas Louvet, responsable projets miniers chez Imerys Glomel, indique que la réhabilitation est bien prévue, mais « en fin d’exploitation, entre 2040 et 2045 ».

    « Force est de constater qu’Imerys ne maîtrise pas les impacts de cette mine, affirme Armelle Renault, ingénieure agronome vivant à moins de 1 kilomètre du site qui participe depuis deux ans à un groupe de veille citoyenne sur la mine. On a découvert par hasard que l’un des piézomètres, appareil qui mesure les niveaux d’eau et leur composition, avait détecté des concentrations de métaux très anormales dans les eaux souterraines. » Sur la plaquette imprimée en couleurs qui justifie l’ouverture de la fosse n°4, Imerys assure n’avoir « aucun impact sur les eaux souterraines et superficielles ».

    Pourtant, interrogée par Reporterre, l’entreprise a admis l’existence de ce problème de concentration de métaux. Elle y répondra « par la pose de quatre nouveaux piézomètres », mais « n’en connaît pas la cause ». L’appareil de mesure se trouve au pied d’une montagne de déchets miniers (la « verse Roscoat »), juste à côté du précédent site d’extraction (la fosse n°2) désormais utilisé par Imerys pour déverser ses déchets liquides. Sous ses allures de lac de montagne, il reçoit en continu les boues de traitement de l’usine d’andalousite, contenant des taux très élevés de métaux cancérigènes comme le cadmium et le cobalt. Résultat : la fosse n°2 est un lac d’eau acide et de déchets toxiques qui peuvent s’infiltrer dans les eaux souterraines.

    Des volumes d’eau immenses

    Derrière le conflit autour de la mine de Glomel, se cache l’eau nécessaire à son activité. La consommation est dissimulée et minimisée par Imerys depuis des décennies. « À cette question, on obtient toujours des réponses partielles et embrouillées, raconte Armelle Renault. En réunion de comité de suivi, le représentant de l’entreprise a expliqué que la mine ne consommait que 6 000 m3 d’eau pris sur le réseau. » En réalité, c’est le volume nécessaire pour les usages sanitaires et le réfectoire pour la centaine d’employés du site. Dans ses études d’impact, Imerys écrit qu’« il n’est pas effectué de prélèvement d’eau dans le milieu naturel pour alimenter les installations du site » et que son usine « fonctionne en circuit fermé ».

    Pour y voir plus clair, Reporterre a demandé par écrit à Imerys quelle était la consommation d’eau annuelle du site de Glomel. La réponse fut tout autre, et encore plus mystérieuse : « La consommation du site correspond aux pertes par évaporation estimées à environ 100 000 m3/an. »

    Il faut éplucher les 2 900 pages du dossier d’enquête publique pour comprendre les véritables besoins en eau du site. L’usine nécessite à elle seule 1,9 million de m³ par an, ce qui équivaut à la consommation d’une ville de 35 000 habitants. Et comme son « circuit fermé » ne recycle que 57 % de l’eau, il faut y injecter chaque année au moins 800 000 m³. Pour ce faire, Imerys pompe directement dans la nappe phréatique (l’exhaure) et collecte toutes les eaux de ruissellement sur plus de 250 hectares. Chaque année, elle dispose ainsi gratuitement d’une gigantesque réserve de plus de 3 millions de m³, l’équivalent de plusieurs mégabassines prélevées au détriment des zones humides, des tourbières et des nappes souterraines.
    « On est en contentieux quasi-permanent avec Imerys depuis quinze ans »

    « Le comble, c’est qu’Imerys se vante en disant que c’est grâce à la mine qu’il y a assez d’eau en été dans les rivières, s’insurge Jean-Yves Jégo. C’est le monde à l’envers ! » En effet, le site rejette chaque année plus de 1 million de m³ d’eaux industrielles. De ce fait, l’entreprise se flatte d’avoir un « impact positif puisque les volumes rejetés constituent une bonne partie du débit et de la qualité de ce cours d’eau et un important soutien en période d’étiage ». Selon Jean-Yves Jégo, « si Imerys adapte ses rejets d’eau au niveau des rivières en été, c’est avant tout pour diluer ses propres pollutions et les maintenir sous un seuil acceptable ».

    En aval de la mine se trouvent deux stations de pompage d’eau potable gérées par Eau du Morbihan, et Imerys a les plus grandes difficultés à transformer ses eaux industrielles acides et chargées en métaux en eau brute destinée à la consommation humaine. Elles passent dans deux stations de traitement, puis dans une nouvelle usine mise en service en avril dernier par Imerys, « moyennant 6 millions d’euros d’investissement » pour réduire la pollution au manganèse, mais leur teneur en sulfates reste sept fois supérieure aux valeurs seuil.

    « On est en contentieux quasi-permanent avec Imerys depuis quinze ans, résume Dominique Williams, de l’association Eau et Rivières de Bretagne. Imerys bénéficie d’une bienveillance effarante de la part des services de l’État, qui lui délivrent des arrêtés préfectoraux manifestement contraires à l’intérêt général. » En 2015, le tribunal administratif de Rennes a annulé un arrêté, jugeant qu’Imerys avait minoré les conséquences de son activité sur les zones humides et Natura 2000 situées à proximité en produisant « une étude d’impact entachée d’une insuffisance qui a nui à l’information tant de l’autorité administrative que du public ». En 2018, Imerys a été condamnée par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc pour un déversement sauvage d’eaux chargées de métaux dans un affluent de l’Ellé, constaté en 2013 par des inspecteurs de l’environnement.

    L’Autorité environnementale dira avant l’été si elle autorise l’ouverture d’une quatrième fosse. Le 15 avril dernier, dans la salle des fêtes de Glomel, 150 personnes étaient présentes à l’occasion du lancement de la coalition contre le projet ; elle réunit huit associations. « Année après année, les gens ont vu la mine s’étendre, analyse Camille, la trentaine, membre du collectif Bascule Argoat. Le fait qu’elle passe désormais de l’autre côté de la route a été un choc. On n’imaginait pas les répercussions que ça aurait sur l’environnement. Imerys présente tellement bien ! Ceux qui se font avoir, maintenant, ce sont les habitants de l’Allier, avec le projet de mine de #lithium. Notre expérience doit servir d’exemple. »

    https://reporterre.net/En-Bretagne-une-mine-d-Imerys-accapare-et-pollue-la-ressource-en-eau
    #extractivisme #France #pollution #résistance

    • https://www.touteleurope.eu/environnement/environnement-qu-est-ce-que-natura-2000

      Chaque État membre est libre d’employer ses propres méthodes de gestion des sites. Certains pays tels que les Pays-Bas ou le Danemark privilégient ainsi une stratégie d’achat de terres dans l’objectif de les protéger, d’autres tels que la Finlande optent plutôt pour la nécessité d’avoir un permis afin de réaliser des activités sur les sites désignés, d’autres encore comme la Belgique imposent des travaux de restauration ou bien réglementent la circulation sur les sites pendant une période donnée. La France, elle, a fait le choix d’une gestion contractuelle des sites désignés, offrant la possibilité à des particuliers de s’investir par la signature de contrats et de chartes Natura 2000.

      La région Nouvelle Aquitaine a dû confondre « s’investir » avec « investir » ...

  • La double rémunération de Christophe Béchu agace ses opposants à Angers
    https://reporterre.net/Le-double-salaire-de-Christophe-Bechu-agace-ses-opposants-a-Angers

    Depuis qu’il a laissé son fauteuil de maire pour entrer au gouvernement, #Christophe_Béchu est toujours membre du conseil municipal en tant que premier adjoint de son successeur, Jean-Marc Verchère. Une fonction pour laquelle il touche une indemnité mensuelle de 3 089,50 euros.

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/05/04/la-remuneration-de-christophe-bechu-premier-adjoint-fantome-irrite-les-elus-

    « Il faut que Christophe Béchu reconnaisse enfin qu’il n’est pas concevable de laisser entendre qu’on peut mener de front son ministère conséquent et le rôle de premier adjoint. » Lundi 29 avril, lors du conseil municipal d’Angers, la socialiste Silvia Camara-Tombini est montée au créneau. « Du 26 septembre 2022 au 29 avril 2024, vingt conseils municipaux ont eu lieu. Christophe Béchu a assisté, parfois très partiellement, à cinq d’entre eux. A l’agglomération, nous avons eu vingt conseils dont seulement trois en sa présence. Par ailleurs, le premier adjoint ne participe jamais aux commissions qui permettent de préparer les conseils », a-t-elle expliqué, en réclamant l’application de l’article 21 du règlement intérieur du conseil municipal relatif à l’assiduité des élus. Article qui permet d’ajuster le montant des indemnités à leur participation effective.

    Devenu ministre en mai 2022 – d’abord chargé des collectivités territoriales, avant d’être nommé à la transition écologique deux mois plus tard –, Christophe Béchu (Horizons) a échangé son poste de maire d’Angers avec celui de son premier adjoint, Jean-Marc Verchère (MoDem), en juillet 2022. Il justifiait ce choix en expliquant qu’il devait rester en prise avec le territoire et ses réalités, et que cet échange de places ne bouleverserait pas le conseil municipal. Rester premier adjoint évitait aussi, selon son entourage, de promouvoir une colistière pour la rétrograder ensuite le jour où la parenthèse ministérielle prendrait fin, chacun reprenant sa position initiale.

    Pour l’année 2023, M. Béchu a touché 27 376 euros d’indemnités de la ville d’Angers et 9 698 euros de l’agglomération Angers Loire Métropole, soit 3 089,50 euros net mensuels. « C’est deux fois le smic !, s’insurge Mme Camara-Tombini, qui rappelle que M. Béchu touche par ailleurs, comme ministre, 10 647 euros brut mensuels. Ce qui nous importe, c’est l’usage de l’argent public. Christophe Béchu aurait très bien pu décider de rester conseiller municipal pour conserver la possibilité de revenir. Là, il veut montrer qu’il est indispensable mais en n’étant jamais aux réunions. » Un point de vue que partage l’élue Claire Schweitzer (La France insoumise) : « Ça démontre son dédain complet de l’institution et de l’équipe mise en place pour assurer l’intérim. »

    Lundi soir, Jean-Marc Verchère a fermement soutenu son premier adjoint. Estimant l’attaque « relativement déplacée ou désobligeante », il a répondu : « Vous imaginez bien que le rôle du premier adjoint ou du rapporteur du budget à l’[agglomération] ne se limite pas à des présences. Et que le fait que notre ville puisse bénéficier au sein du gouvernement de la présence d’un des nôtres n’est pas une mince affaire. Je suis heureux d’avoir un premier adjoint comme lui, même s’il est peu présent. Bien sûr, ça a des inconvénients. Bien sûr, le calendrier n’est pas extensible. Il m’arrive de monter à Paris. Il m’arrive de l’appeler. Il arrive que ce soit l’inverse. »

  • Plus de 300 scientifiques du climat terrifiés par l’avenir de la planète
    https://reporterre.net/Depressions-abandons-Plus-de-300-climatologues-terrifies-face-a-l-avenir

    Comme ses confrères, il trouve « assez désespérant » le manque d’action des politiques. « Nous pourrions encore financer une entrée dans la transition. 1 000 milliards de dollars par an sont nécessaires. Cela représente les économies des 56 millions de millionnaires dans le monde. Ou bien la moitié des dépenses militaires. Ce n’est pas inaccessible, juge-t-il. Mais ça le deviendra dès lors que les catastrophes vont se succéder. Les États n’auront plus de capital, il faudra parer à toutes les crises. C’est vraiment absurde de ne pas agir maintenant. Ou de ne pas l’avoir fait dès le début des années 2000 où ça aurait été beaucoup plus facile. »

    • Parmi le cortège des mauvaises nouvelles annoncées par The Guardian (et reprises par Reporterre), la pire est celle-ci :

      Many also mentioned inequality and a failure of the rich world to help the poor, who suffer most from climate impacts.

      Et il n’y a pas que les pauvres des pays du Sud qui vont morfler.

      #it_has_begun

  • « On peut tout faire avec la terre » : face au #plastique, six potières brandissent la #céramique

    Gobelets, cocottes en grès, pots à lactofermentation... Au sein du collectif #Faire_Argile, six potières luttent contre le plastique en fabriquant des objets en #terre.

    Depuis la gare du RER C à Brétigny-sur-Orge, il ne faut que 10 minutes de voiture pour arriver à l’atelier. Mariane est au volant, Aline sur le siège passager avant. « Vous voyez cette zone ici, montre la conductrice en passant devant plusieurs immeubles récents, ils ont construit un écoquartier. Avant, il y avait des arbustes, des arbres, c’était une friche, avec de la biodiversité. » Le béton et l’artificialisation ne sont pas vraiment la tasse de thé de Mariane.

    Un peu plus loin, elle gare sa voiture devant un portail sur lequel est accrochée la pancarte « La poterie de l’Orge », du nom de la rivière qui coule un peu plus bas. Nous sommes arrivées. Une longue allée mène à la maison et à l’atelier. « Tout le sol du jardin était cimenté quand nous nous sommes installés ici, raconte Mariane qui habite les lieux depuis quelques années. On essaie d’enlever les couches petit à petit. C’est un gros boulot ! » Objectif : redonner toute sa place à la terre.

    C’est aussi le projet de Faire argile, un collectif créé en 2020 qui considère l’argile comme « une MAD, une matière à défendre ». Il compte actuellement six potières, dont Mariane, l’énergique Brétignolaise, et la discrète Aline qui vit à Arras. Mais aussi Graziella, habitante du Val-de-Marne, et Carole, du Jura — « dans la région des lacs et des cascades », se plaît-elle à préciser. Ces deux dernières nous attendent à l’intérieur de la maison. Elles se retrouvent régulièrement pour travailler la terre ensemble, ici chez Mariane ou ailleurs.

    « On peut tout faire avec la terre ! »

    Sur la table basse, le thé est servi dans une théière en céramique et le gâteau a été cuit dans un moule… en céramique. Pareil pour les tasses et les petites assiettes. « Tout est en terre ici. On peut tout faire avec la terre ! » dit Mariane, rappelant à nos souvenirs les poignées de porte et interrupteurs, douilles ou fusibles électriques en porcelaine de chez nos grands-parents. Cette matière était alors prisée pour ses qualités isolantes. Même les canalisations étaient en céramique, tout comme certains systèmes de drainage ou d’irrigation.

    Le collectif Faire argile est né pendant le confinement. Alors privés de lieux d’exposition, potiers et potières ont eu le temps de cogiter sur leur métier, le sens de leur travail. En juillet 2020, ils et elles ont été une trentaine à se retrouver dans un grand atelier à Cluny en Bourgogne. Durant un mois, débats et réflexions ont été bon train entre tournages, modelages et coulages.

    Dans ce laboratoire, ils se sont mis à refabriquer des abreuvoirs à poule, des casseroles, des pots. Des savoir-faire se sont transmis. « À ce moment, je me suis aperçue que je n’étais pas la seule à me poser des questions sur comment on vend nos objets, explique Aline. À qui on s’adresse ? Qu’est-ce qu’on fait ? Avec quels matériaux ? On avait toutes une réelle réflexion sur notre production d’expression personnelle. »

    L’expression personnelle. Derrière cette formule, se cache l’évolution du métier de potier au cours du dernier siècle. « La poterie a accompagné l’histoire des humains depuis la nuit des temps, s’enflamme Mariane. Même avant le feu, on s’est servi de l’argile, on s’est exprimé avec l’argile. Mais l’argile nous a aussi permis de fabriquer des choses qui nous sont utiles. »

    Elle toque sur la paroi d’une des deux grandes jarres à huile anciennes qui trônent dans son salon et proviennent de Vallauris, ville provençale célèbre depuis le XVIᵉ siècle pour ses poteries : « Ça, c’est comme un Tupperware, c’est juste utilitaire ! » Pendant longtemps, la terre a eu une très grande place dans la vie quotidienne.

    Puis, petit à petit, les pots, les assiettes, les éviers en céramique fabriqués un peu partout en France ont laissé la place à des pots, des assiettes, des éviers, toujours en céramique, mais bien moins chers car produits en Chine. Jusqu’à l’avènement du plastique dans les années 1950. Face à l’effondrement de la demande, chaque céramiste a alors dû affirmer son propre style, son « expression personnelle », pour se différencier.
    Produire « des choses utilitaires, de bon sens »

    Dès lors, la frontière entre artisanat et art s’est estompée. « On est aujourd’hui plus sur des objets qui relèvent de la déco ou qui font rêver que sur des choses utilitaires, de bon sens », constate Mariane. Les quatre femmes avec lesquelles nous discutons en cette mi-avril ont toujours été potières. Les plus jeunes constatent que, dans leur formation, l’aspect artistique a pris le pas sur la fabrication d’objets usuels. « Or si j’ai fait ce métier, c’est parce qu’on peut vraiment tout faire avec la terre, dit Aline. C’est ce qui m’a passionnée et fascinée dès le départ et qui m’a toujours habitée. C’est pour ça que je suis dans Faire argile. Au fond de moi, je ne me retrouve pas complètement dans le côté artistique. »

    Les fondatrices du collectif soulignent que le métier de la poterie a toujours été très collectif de par la dureté du travail qu’il impliquait. « Pour cuire, il fallait mettre du bois entre 24 heures et une semaine, toutes les 6 à 8 minutes dans le four. On ne pouvait donc pas être tout seul. » Les cuissons collectives existent encore, même si aujourd’hui la plupart des professionnels utilisent leur propre four électrique. Mais l’esprit d’entraide et d’échange est très ancré et perdure, assurent les quatre potières.
    « Le plastique, c’est toujours une mauvaise idée »

    Retrouver la fabrication d’objets usuels qui aient du sens, travailler ensemble et en local, faire des objets de lutte contre le plastique car « le plastique, c’est toujours une mauvaise idée » : tels sont les trois ingrédients desquels a jailli Faire argile. Le pot à lactofermentation — qui permet de faire fermenter des légumes, sur le principe de la choucroute — a été l’un des premiers objets sur lesquels le collectif a travaillé. « Avec ce pot, nous voulions parler du bien manger, de la santé, de comment conserver ses légumes sans consommer d’énergie ».

    À quelques pas de la maison, Mariane et Graziella nous ouvrent les portes de l’atelier qu’elles partagent. Inondé par le soleil de fin d’après-midi, l’endroit baigne dans une atmosphère qui appelle au calme et à la concentration. La fine pellicule de poussière blanche qui recouvre tout donne un aspect laiteux au lieu. Les « pots à lacto » prennent le temps de sécher alignés sur une table, tête en bas. Sur le haut d’une étagère, leurs couvercles attendent sagement.

    Mariane se lance dans le tournage de deux nouveaux pots. La terre se modèle sous ses doigts sans efforts apparents et l’objet grandit peu à peu jusqu’à atteindre la bonne taille. Carole s’attelle à ajouter des anses aux cocottes, dans leur dernière phase de modelage. Elles iront rejoindre une prochaine cuisson dans le four électrique.

    Faire Argile a réfléchi à tout. Les potières ont opté pour des matières les plus locales possibles. « Souvent, les céramistes ne savent pas d’où vient la terre qu’ils tournent », ont-elles remarqué. Elles travaillent essentiellement avec de la terre extraite par les moines de Taizé en Côte-d’Or. Leur principe de base : que leurs objets puissent être facilement dupliqués par n’importe quel potier. Elles ont ainsi conçu un protocole de fabrication simple en réduisant au maximum les gestes. Il devient alors possible de répondre à de grosses commandes en fabriquant en série, à plusieurs, dans des ateliers situés dans des lieux différents.

    Pour émailler ces objets, c’est-à-dire les rendre imperméables (car l’argile est poreuse), elles utilisent la technique de l’engobe, en délayant argile et cendres issues de leur propre four ou poêle à bois. En fonction des essences de bois brûlé, les teintes sont différentes. Mais le design reste sobre pour que « l’esthétique de ces objets parle au plus grand nombre », explique Carole.

    Afin de réduire le temps et le coût de la cuisson, très énergivore, les potières ont décidé de ne procéder qu’à une seule et unique cuisson qui monte à 1 200 °C, au lieu des deux traditionnelles. « Ce qui permet aussi de réduire le prix de nos produits et de les rendre plus accessibles. C’était très important pour nous », dit Aline.
    Concurrencer les écocups

    Pour optimiser chaque cuisson, il fallait combler les trous entre les pots par de petits objets. Est alors née l’idée de fabriquer des gobelets, histoire de concurrencer les « écocups » en plastique, qui énervent particulièrement le petit groupe et que nombre de festivals et évènements ont adopté ces dernières années.

    Pour rivaliser, elles ont conçu différentes tailles : 10 centilitres pour le gobelet à café, 25 cl pour l’eau, 33 cl pour la bière. Aline est la spécialiste des gobelets : elle pratique le coulage de l’argile liquide dans des moules en plâtre. Après 15 minutes d’attente, elle retire les gobelets de leur carcan de plâtre, et les laisse sécher. Une fois cuits, ils pourront s’emboîter les uns dans les autres, comme les écocups.

    « Mais ça casse ! », pourraient s’inquiéter les néophytes. « Nous en avons toutes que nous trimballons partout et, jusque-là, nous n’avons jamais eu de casse, rétorquent les fabricantes en chœur. Mais oui, ça peut quand même casser, et c’est un peu plus lourd. »
    Terre à feu à Dieulefit

    Le collectif s’est parfois heurté à la perte des savoir-faire. Lors d’une résidence à Dieulefit, village de potiers dans la Drôme, est née l’idée de fabriquer une cocotte capable d’aller sur le feu, comme cela se faisait traditionnellement là-bas. S’est alors posée la question de trouver de la « terre à feu », pour supporter le contact direct de la flamme.

    « Nous avons dû procéder à des recherches. À Dieulefit, plus aucun potier n’a encore cette connaissance et personne ne sait plus où cette terre à feu pourrait se trouver. » Elles ont fini par comprendre ce qu’il y avait dans cette terre. À défaut de pouvoir la reproduire elles-mêmes, elles se fournissent chez un distributeur qui ajoute un minéral, la cordiérite, afin d’amortir le choc thermique.

    Leurs cocottes en grès, dont elles sont « très fières », peuvent ainsi aller sur le gaz et la vitrocéramique, mais pas sur l’induction. Ce serait possible, mais ça demanderait de rajouter une cuisson et une partie en métal. « On ne voit pas trop l’intérêt si l’objectif c’est de réduire notre empreinte carbone. » D’autant que cette cocotte possède une très bonne capacité pour retenir la chaleur, assurent ses créatrices, ce qui permet de l’utiliser « en cuisson douce ou cuisson en cocotte norvégienne ».

    Même pour la livraison de ses produits qu’on peut commander en ligne, le collectif a réfléchi à un système baptisé « le blablapot », réduisant au maximum les émissions de carbone : les objets ne sont livrés que dans le cadre d’un trajet existant. Elles ont ainsi développé un réseau qui s’étoffe peu à peu en fonction des trajets réguliers, des rencontres et des liens entre clients, potières et amis d’amis. « Parfois, il faut attendre plusieurs semaines pour recevoir sa commande, mais on finit toujours par trouver un ou une convoyeuse. Et nos clients sont prêts à attendre trois mois s’il le faut. » Une autre façon de relier la terre et l’humain.

    https://reporterre.net/On-peut-tout-faire-avec-la-terre-face-au-plastique-six-potieres-brandiss
    #poterie #alternative

  • Alternatiba : des désaccords stratégiques mènent à la scission
    https://reporterre.net/Alternatiba-des-desaccords-strategiques-menent-a-la-scission
    https://reporterre.net/local/cache-gd2/da/fdd04e6f0fa0a5e5c7e99b587b8489.webp?1713785988

    C’est officiellement un divorce à l’amiable. Une scission politique qui témoigne de l’évolution du mouvement climat. Le 25 avril, Alternatiba Paris devient Action Justice Climat. Avec un acronyme, AJC, à prononcer « Agissez ! ». Un nouveau nom pour de nouvelles orientations axées autour de trois piliers : l’écologie populaire, les alliances avec les syndicats et autres organisations et la lutte contre l’extrême droite.

    « Cela fait plusieurs années que nous avions des dissensus au sein d’Alternatiba et nous n’avions pas trouvé de place pour les exprimer. Cela s’est accéléré avec la réforme des retraites, Alternatiba Paris s’est tout de suite engagé sur le sujet. On n’investissait plus les mêmes espaces et nous n’avions plus les mêmes stratégies », explique Léa Geindreau, 29 ans, porte-parole du groupe parisien.

    Le réseau Alternatiba, lancé en 2013, revendique aujourd’hui 113 groupes locaux, coordonnés par une équipe nationale. Chaque entité locale possède une certaine autonomie dans le choix de ses actions. Mais certains sujets ont créé des tensions, notamment sur les enjeux de gouvernance. « Ça a été l’un des points sur lesquels on n’a pas pu débattre, dit Léa Geindreau. Quand la gouvernance n’évolue pas alors qu’on est beaucoup plus nombreux qu’avant, tout le monde n’arrive pas à trouver sa place. »

  • George Monbiot : « Derrière chaque mouvement fasciste, il y a un milliardaire »
    https://reporterre.net/George-Monbiot-Derriere-chaque-mouvement-fasciste-il-y-a-un-milliardaire

    Vous avez commencé votre chronique dans le Guardian en 1995. Qu’est-il arrivé à l’Angleterre depuis cette date ?

    Une catastrophe. On avait un pays raisonnablement bien géré dans ses fonctions de base, et tout cela a été détruit. Nos rivières sont pleines de merde parce que le système d’égout ne fonctionne plus, parce que pendant des années, aucun investissement n’y a été fait, parce que les compagnies des eaux privées qui le gèrent n’ont fait qu’aspirer l’argent pour le mettre dans les poches de leurs actionnaires. Nos chemins de fer ne fonctionnent plus pour la même raison. Nos écoles s’effondrent littéralement parce que certaines ont été construites avec un béton qui ne dure que trente ans. Nos hôpitaux tombent en ruine. Le système s’effondre sous nos yeux et il n’y a pas de mystère sur la cause de ceci : l’idéologie néolibérale a transformé un système qui fonctionnait plus ou moins dans l’intérêt de la population en un système qui fonctionne dans l’intérêt des grandes sociétés.

  • À pied, à vélo, en kayak, ces facteurs bénévoles font l’éloge de la lenteur
    https://reporterre.net/A-pied-a-velo-en-kayak-ces-facteurs-benevoles-font-l-eloge-de-la-lenteur

    Quelques principes retenus :
    – Notre proposition est un échange de service, une sorte de troc. « Je porte ton message, voire un petit colis, tu me garantis un prétexte à la balade ou au voyage, des rencontres enrichissantes, un peu de poésie et d’humanité. »
    – la relation s’établit entre un épistolier et un messager, il n’y a pas de contrat commercial, que de la poésie et une rencontre initiale nécessaire. N’importe quel cycliste où randonneur léger peut devenir messager, il n’y a pas de droits d’auteur sur ce concept.
    – Nous garantissons en échange, un délai improbable, une démarche non rentable qui n’affectera en aucune façon le PIB et le bilan carbone mais une méthode qui donnera du poids à ton message.
    – les courriers peuvent être locaux (distribution environ dans la quinzaine), moyen courrier (250km, six mois de délai), long courrier (un an)
    – l’épistolier a connu le messager par un événement, cette plate-forme, le bouche à oreille..

  • Le castor, un allié face au #changement_climatique

    Les barrages des castors ont des effets bénéfiques contre les #incendies et les #inondations. De quoi en faire un parfait allié face au réchauffement climatique.

    Le #Gardon s’écoule paresseusement dans la tiédeur automnale. Le long de la rivière, des bosquets de jeunes peupliers se parent de teintes dorées. Au bord de l’eau, les arbres paraissent des buissons touffus, leurs racines entremêlées au limon. « Ces berges ne seraient pas comme ça si des castors ne vivaient pas là », dit le naturaliste Gilles Larnac. Une famille — six individus — habite en effet sur les rives de Collias. Ici comme ailleurs, ils ont façonné leur territoire à coup de dents. Avec des effets inattendus : les rongeurs nous protègent ainsi contre les inondations et aident à lutter contre les incendies.

    M. Larnac attrape une branche dérivant dans le courant. Elle est nue, sans écorce ni feuille, coupée en biseau aux extrémités : un reste de repas. « Un individu ingère 2 kilos de végétaux par nuit », explique-t-il. Pour ce faire, il croque les feuilles, ronge l’écorce, savoure les baies… en grande quantité. « L’écosystème est jardiné par le castor », poursuit notre guide. Sur les rivages « cultivés » du Gardon, point de troncs massifs, mais un parterre de jeunes arbres aux multiples rejets. « Quand il y a des crues, cette végétation arbustive permet de lisser la vague, de ralentir l’écoulement, avec un effet de peigne. »

    Autre atout anti-inondations : les barrages. Animal nocturne, « le castor passe la journée dans des terriers creusés dans les berges, dont l’entrée doit être sous l’eau, pour qu’ils se sentent en sécurité », détaille M. Larnac. Afin que cette précieuse ouverture se retrouve sous les ondes, l’animal peut faire monter le niveau de la rivière, en construisant de petits seuils à l’aide de branchages et de brindilles enchevêtrés.

    « C’est un animal génial »

    De telles retenues d’eau — moins néfastes pour l’environnement que nos ouvrages en béton — atténuent la violence des crues. Une étude menée en Angleterre, aux abords de la rivière #Otter, a ainsi montré que les six barrages construits par les rongeurs avaient réduit le débit de l’#eau et fait baisser les inondations dans les villages situés en aval. D’autres travaux scientifiques ont également pointé des effets bénéfiques contre les incendies : la végétation en amont du seuil, plus arrosée et donc plus humide, s’enflammerait moins vite.

    « Attention, le castor ne peut pas tout faire, notamment quand il y a des crues importantes, comme lors de nos gros épisodes cévenols », rappelle le naturaliste. Malgré tout, cet architecte des cours d’eau pourrait bien être un allié face au dérèglement climatique. « C’est un animal génial, qu’il est important de redécouvrir. »

    Natif des gorges du Gardon, Gilles Larnac s’est pris de passion pour ce curieux mammifère il y a une trentaine d’années. « Les vieux du coin ne savaient pas qu’il y avait des castors, ils les prenaient pour des ragondins [1], se rappelle-t-il. Il s’agit d’un patrimoine oublié. »

    Ce mammifère des rivières revient en effet de loin : omniprésent en Europe au Moyen-Âge, il a peu à peu été décimé par la chasse. « Sa fourrure épaisse, sa viande, mais aussi ses glandes à castoréum [2] étaient très prisées, raconte le naturaliste. On s’en servait pour faire du parfum, car la substance sécrétée est très persistante. » Au début du XXe siècle, il ne restait que quelques dizaines de familles en France, dans le Gard et l’Ardèche principalement, et guère plus dans le reste du continent.

    « Le castor a été la première espèce protégée, interdite de chasse en 1909, et c’est ce qui l’a sauvé, poursuit M. Larnac. Il y a eu par la suite des opérations de réintroduction, et aujourd’hui, on compterait environ 20 000 individus à travers le pays, dans cinquante départements. » Il n’est désormais pas rare de croiser le nageur, à la tombée du jour, en train de grignoter ou de faire sa toilette. « Pour l’observer, repérez d’abord les lieux en journée, en vous promenant aux bords de la rivière, conseille M. Larnac, qui organise des sorties découvertes dans la région. Si vous apercevez dans l’eau des branches dénudées et rongées, vous êtes certainement dans une zone réfectoire, où les animaux viennent s’alimenter. Revenez de nuit, ou au crépuscule, restez discrets et ouvrez l’œil ! »

    Le castor en quelques chiffres :

    -- 2 000 castors vivraient actuellement dans le #Gard.
    -- On compte environ 20 000 poils par centimètre carré de peau du castor, une densité qui empêche l’eau de pénétrer, même après une plongée.
    -- 7 km/h, voici la vitesse qu’un castor atteint en nageant sous l’eau, soit aussi vite que les nageurs olympiques. Sa queue, plate et écaillée, ainsi que ses pattes arrières, palmées, lui permettent de se propulser.
    -- Chaque année, la femelle peut mettre bas à deux petits. Après deux ans passés auprès de leurs parents, les enfants partiront en quête de nouveaux territoires.
    -- Un animal adulte mesure 1,20 mètre, du museau jusqu’au bout de sa queue, ce qui en fait le plus gros rongeur d’Europe.

    https://reporterre.net/Le-castor-un-allie-face-au-changement-climatique

    #castor #castors #climat

  • Inox, fonte, céramique… On a cherché une poêle sans PFAS
    https://reporterre.net/Inox-fonte-ceramique-On-a-cherche-une-poele-sans-PFAS


    Naan, de rien !

    Face au problème de l’aliment qui colle au fond de la poêle, Hervé This dédramatise : « En début de cuisson, ça va attacher, mais il faut laisser faire. L’inox n’est pas une surface lisse. Les polymères des aliments vont donc combler les trous du revêtement, puis ils vont former une couche qui va finir par se détacher au cours de la cuisson. » Dès que la couche commence à brunir, elle va en effet se décoller. C’est ce qu’on désigne souvent sous le nom de « réaction de Maillard ». Le fabricant français Cristel, qui commercialise du matériel culinaire, affirme sur son site qu’« il est bel et bien possible d’éviter que les aliments ne collent dans l’inox. Il suffit pour cela d’adopter les bonnes techniques de cuisson ».

    • Ni pour les œufs, ni pour le poisson, ni vraiment pour l’amidon des patates rôties (un peu mieux dans la céramique genre cocotte le creuset).

      C’est marrant j’ai fait exactement la même recherche pour trouver une poêle pas trop pourrie ya un ou deux mois ! J’ai déjà une belle cocotte céramique tradi et une poêle inox le creuset que j’utilise pour la viande (ou du mijotage).

      Mais j’ai rien trouvé de probant, et au final pour faire sauter ou pour les œufs, j’ai racheté une énième fois une nouvelle poelle anti-adhésive…

      Reste le culottage bien fait sur une poêle acier :

      « Plus la poêle est noire, moins elle attache », écrit De Buyer, l’un des rares fabricants français de poêles en acier, sur son site. Il assure qu’avec un bon culottage, il est possible de cuire des œufs ou même du poisson dans une poêle en tôle acier. On aura créé une couche avec des propriétés antiadhésives permettant de cuire sans beaucoup de matières grasses.

      […]

      Le revêtement en fonte possède une surface irrégulière, comme l’inox ou l’acier, qui va attacher lors de la cuisson. Un culottage s’avère donc là aussi nécessaire. C’est ce que font les crêpiers avec leur billig, la semelle en fonte sur laquelle ils font leurs crêpes. Il existe désormais des poêles avec un revêtement en fonte émaillée, à la surface plus lisse, qui réduit l’adhérence et exonère de culottage.

      Ça j’ai jamais encore essayé…

    • Pour les oeufs, j’ai jamais fait attacher une seule omelette (ou oeufs au plat) dans une poêle en inox. Le truc a respecter impérativement : poêle très chaude au moment où on verse la prépa.

      La de buyer en acier j’ai aussi. Garder le culottage en parfait état réclame de l’attention. J’ai jamais tenté les oeufs dedans. Viande et poisson par contre c’est nickel. Patates aussi. C’est plutôt fait pour les cuissons a forte température.

    • Induction. Meilleur ratio d’efficacité, si tu as assez de paliers de puissance et que des spires sont bien réparties, c’est réellement très efficace pour chauffer très fort très vite et mijoter des doucement très longtemps.

      Quand on a débarqué à l’appart, il y avait une table générique (9 niveaux) : c’était déjà mieux que le gaz en bouteille, mais la chiasse pour maintenir une ébullition sans déborder.

      Là, j’ai pu la changer avec une simple, mais de meilleure facture (15 niveaux) : c’est super reposant.

      Le gaz, c’est bien, mais j’ai tendance à ne pas faire confiance à mes voisins pour me maintenir en vie : le voisin du dessous alcoolo, il m’a bien fais transpirer. Souvent, les gens n’ont pas de coupe-circuit en cas d’extinction de la flamme (vieux matos) et avec un gus qui peut s’endormir dans son vomi, t’aimes pas l’idée.

    • Ma poêle de buyer pour cuire les beefs c’est non lorsque ma fille 27 ans mange à la maison . Le goût du fer relève celui du sang et c’est dégoût assuré. Je suis carnivore et j’éprouvais le même dégoût lorsque j’étais plus jeune. C’est passé avec le temps...Lorsque elle est réglée c’est encore pire le goût du sang. Oui je sais c’est bizarre ! Culotter la po^le de buyer c’est pas évident d’un point de vue hygiène et régulièrement je ne peux pas résister à la laver en frottant un max ... Du coup ça colle...

    • J’aime le gaz je vais devoir passer à l’induction en déménageant because règlementation. Du coup je fais des recherches sur quelle cuisinière à induction.

    • Oui, dans la famille où j’étais ado, ils avaient une énorme poêle en fer qu’ils ne lavaient jamais (juste sous l’eau chaude) et je pensais que c’était de gros sales. Ils avaient effectivement un rapport très détendu avec les détergents. Et la poêle filait souvent un « gout » à la bouffe, maintenant, j’ai compris qu’ils avaient hérité d’une poêle ancestrale super bien culottée, mais qu’il eut quand même fallu qu’ils la passent au gros sel de temps à autre.

    • Les cuisinières, c’est pas top en général. Mieux vaut les tables en séparant de la fonction four.

      En table, j’ai beaucoup cherché et j’ai pris une Sauter 3 foyers (les trucs avec zones extensibles vendus le double ou le triple sont encore pas super efficaces) avec 15 niveaux de chauffe. Il n’y a toujours pas de classe énergétique pour ces engins (la honte), mais sur les tests d’efficacité, cette marque s’en sort super bien, avec une bonne répartition de la chauffe dans les foyers, ce qui fait que la conso réelle est un peu meilleure que celle du reste du marché, sans compter que la ventilation est notablement moins bruyante que celle de tables plus chères comme Whirlpool.

    • La ventilation, c’est ce qui m’arrête avec l’induction. Ici la cuisine est la pièce de vie principale alors le bruit de ventilo permanent pendant une heure de mijotage, c’est une perspective qu’on envisage pas.

    • On est au gaz bouteille, encombrés donc par la bombonne. Mais ça nous a permis de manger chaud pendant les périodes de coupures électriques (jusqu’à 4 jours après la tempète de 1999.)
      Gazinière avec thermocouple de sécurité, sur le four uniquement.

    • Nous aussi, on mijote : ce ventilo est tout a fait supportable, contrairement au FAR qui foutait les jetons. C’est moins que la hotte ou même que la rumeur de la rue si on ouvre la fenêtre. Moins que la VMC qui est musclée chez nous, un peu plus que le frigo.

      Par contre, oui, faut que je vois pour un Coleman ou un truc dans le genre pour les coupures qui ne vont pas manquer d’arriver.

    • Perso, on est passé d’une cuisinière gaz à la vitrocéramique puis à l’induction. La vitrocéramique c’est gourmand en électricité. Par contre à cause de la bonne inertie calorifique, tu peux baisser la puissance et laisser mijoter en surveillant un minimum. L’induction, ce que je trouve pénible, c’est la chauffe intermittente quand tu tournes à basse puissance. Faut dire qu’on a peut-être lésiné sur la qualité de l’appareil. De plus, tu as intérêt à avoir des récipients de qualité+++ (prévu pour et avec une semelle bien épaisse d’acier inox pour conserver la chaleur). Alors qu’un vieux faitout alu même cabossé, ça le fait sur un feu gaz (pour cuire des confitures par exemple). Je regrette quand même le gaz.

    • Il y a le gaz de ville dans ma maison, donc je suis resté au gaz. En m’équipant avec des feux à gaz de très bonne qualité, et avec un bon réglage de ralenti c’est ce que je trouve le plus précis. Bon c’est le gaz, c’est pas idéal en terme d’émissions…

      Chez ma mère il y a des plaques à induction de très bonne qualité, et je ne constate pas ce phénomène d’intermittence à basse puissance. Par contre effectivement il faut des très bons récipients (quand mes parents étaient passé à l’induction c’est ce qui m’avait permis de récupérer tout un tas de bonnes gamelles qui ne passaient pas sur l’induction, genre un super couscoussier !).

  • #Chlordécone : l’Assemblée nationale reconnaît symboliquement la responsabilité de l’État dans l’empoisonnement des Antilles - Outre-mer la 1ère
    https://la1ere.francetvinfo.fr/chlordecone-l-assemblee-nationale-reconnait-symboliquement-la-re

    Malgré les réticences de la majorité présidentielle, les députés ont largement voté en faveur de la proposition de loi défendue par Elie Califer, jeudi 29 février. Le texte, qui devra désormais passer devant le Sénat, reconnaît le rôle de l’État dans les préjudices sanitaires, environnementaux et économiques subis en #Guadeloupe et en #Martinique, où le #pesticide a été autorisé jusqu’en 1993. Mais sa portée reste très limitée.

    • Chlordécone : les députés reconnaissent la responsabilité de l’État
      https://reporterre.net/Chlordecone-les-deputes-reconnaissent-la-responsabilite-de-l-Etat

      Un nouveau volet s’ouvre dans le dossier des Antilles empoisonnées au chlordécone. Les députés ont adopté en première lecture, le 29 février, une proposition de loi reconnaissant symboliquement la « responsabilité » de l’État, et visant à indemniser les victimes.

      Le chlordécone est un insecticide très toxique, qui a été utilisé entre 1972 et 1993 dans les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique, alors que ce produit avait été qualifié de « cancérogène possible » dès 1979 par l’Organisation mondiale de la santé. Faisant fi de ces alertes, la France ne l’a interdit qu’en 1990. Il a même été utilisé en Guadeloupe et en Martinique jusqu’en 1993, à cause de dérogations signées par les ministres de l’Agriculture de l’époque.

      La proposition de loi reconnaissant la responsabilité de l’État, portée par le député de Guadeloupe Elie Califer, a été votée à l’unanimité des 101 votants. Les députés de la majorité se sont abstenus. Le texte va désormais être transmis au Sénat.
      Toxique pour le système nerveux, reproductif et hormonal

      La responsabilité pénale de l’État avait précédemment été discutée devant le tribunal. Après de nombreuses années de bataille judiciaire, le pôle de santé publique du tribunal judiciaire de Paris avait finalement signé une ordonnance de non-lieu, le 2 janvier. Il avait certes reconnu un « scandale sanitaire », mais avait estimé qu’il était trop difficile de « rapporter la preuve pénale des faits dénoncés ».

      En 2019, une expertise pesticides et santé de l’Inserm a conclu à la présomption forte d’un lien entre l’exposition de la population au chlordécone et le risque d’apparition d’un cancer de la prostate. Reconnue comme perturbateur endocrinien, la molécule est aussi toxique pour le système nerveux, reproductif, hormonal et le fonctionnement de plusieurs organes. D’après une étude de Santé publique France, plus de 90 % des Guadeloupéens et des Martiniquais adultes sont aujourd’hui contaminés au chlordécone.

  • Bolloré veut faire taire le rédacteur en chef d’Off Investigation
    https://reporterre.net/Bollore-veut-faire-taire-le-redacteur-en-chef-d-Off-Investigation

    Le journaliste Jean-Baptiste Rivoire, fondateur du site Off Investigation, a annoncé jeudi 28 février que le tribunal prudhommal l’avait condamné à rembourser 151 000 euros à Canal+, propriété depuis 2015 du milliardaire Vincent Bolloré. Le journaliste a annoncé qu’il faisait appel de cette décision.

    Jean-Baptiste Rivoire est entré à Canal+ en 2000, où il est devenu rédacteur en chef adjoint de l’émission d’enquêtes « Spécial Investigation ». La chaîne de télévision a été achetée par le groupe Bolloré en 2015, et en 2016, l’émission a été supprimée. M. Rivoire a alors été laissé sans occupation véritable, situation intenable qui l’a conduit à quitter le groupe en 2021 lors d’un plan social. Mais la direction de la chaîne a assorti ce départ d’une clause transactionnelle, à raison de 140 000 euros d’indemnités, lui interdisant à vie toute remarque sur M. Bolloré. En septembre 2021, il a été interviewé par Reporters sans frontières dans le cadre d’un documentaire, « Le système B. L’information selon Vincent Bolloré », disant du milliardaire : « C’est quelqu’un qui gère par la terreur. » Canal+ l’a alors conduit au conseil des prudhommes, qui vient donc de le condamner.

    Le groupe de M. Bolloré est coutumier de ces clauses « de silence », qu’il aurait fait signer à de nombreux journalistes chassés des médias qu’il a rachetés (LCI, Canal+, Le Journal du dimanche). Tous les journalistes qui ont quitté Le Journal du dimanche lors du rachat par M. Bolloré ont ainsi dû signer une telle clause en septembre 2023, dit l’un d’entre eux à Reporterre. Peut-on condamner un salarié au silence à vie ? C’est ce que le tribunal d’appel aura à juger, d’ici à un à deux ans.

    Jean-Baptiste Rivoire a lancé en 2021 un site d’enquêtes vidéo, Off Investigation, qui a mené de fortes enquêtes sur les conflits d’intérêts de M. Macron et de son entourage. Il a coproduit avec Reporterre deux documentaires : « Mégabassines. Histoire secrète d’un mensonge d’État », en ligne, et « Sainte-Soline. Autopsie d’un carnage », que les deux médias diffuseront en accès libre le 21 mars prochain

  • Face au manque de neige, les habitants font revivre les stations délaissées

    Alors que la neige manque et que les stations de ski ne sont plus rentables, des habitants du massif de la Chartreuse tentent de faire revivre, sous forme associative, celles de leur village.

    « C’est une saison noire… ou plutôt une saison verte ! » La situation n’est pas réjouissante, mais Pascual Lacroix garde son sens de l’humour. En pleines vacances de février, l’herbe est détrempée sur les pentes de la station de ski de Saint-Hilaire-du-Touvet, dans le massif de la Chartreuse (Isère), parsemée ça et là de petits monticules de neige. Les flocons tant espérés ne sont jamais vraiment tombés, et les températures, bien trop douces, ont vite entamé les quelques centimètres de poudreuse.

    Pourtant, tout était prêt. Depuis des mois, Pascual Lacroix et les autres bénévoles de l’association Ag’Hil, Agir pour la station de Saint-Hil’, ne comptaient pas leurs heures, en dehors de leurs horaires de travail pour certains, les soirs, les week-ends, pour tout installer : dameuses remises d’aplomb, téléskis en place, abords des pistes débroussaillés, planning des postes programmé. L’association s’est constituée au printemps 2023, bien déterminée à rouvrir la station de ski pour la saison 2023-2024.

    Fin 2021, la station de ski (11 pistes et 5 téléskis) était mise à l’arrêt après de gros éboulements ayant détruit en grande partie le funiculaire de Saint-Hilaire-du-Touvet. Première infrastructure touristique de la commune du Plateau-des-Petites-Roches, le funiculaire permettait de financer le fonctionnement de la station de ski, « structurellement déficitaire », explique la maire de la commune, Dominique Clouzeau, les deux infrastructures étant sous régie municipale. « Après les éboulements, on a dû se résoudre à licencier les trois salariés de la régie, et à tout mettre en pause. »

    « Il fallait être un peu fous »

    Quand la question de rouvrir ou non la station de ski s’est posée, avec un funiculaire toujours à l’arrêt, le constat de la commune fut sans appel : impossible de mobiliser les 150 000 euros que coûterait l’ouverture de la station sur la saison hivernale, alors que l’enneigement est de plus en plus incertain. Une habitante du village, Perrine Broust, a malgré tout écrit une lettre ouverte à la municipalité, qui a réuni « 200 signatures en vingt-quatre heures », se souvient la quarantenaire.

    Petit à petit, l’idée d’une structure associative pour reprendre la gestion des remontées mécaniques, « utopique au début », fait son chemin. Même si les défis, notamment administratifs et financiers, sont énormes : « Il fallait être un peu fous pour faire ça », rient Perrine et Pascual. « Mais nous, on a skié ici, on a appris à nos enfants à skier ici. La station, c’est un lieu de convivialité essentiel, on ne voulait pas perdre ça. »

    En quelques mois, l’association en devenir a réuni plus de 200 adhérents, habitants de Chartreuse et d’ailleurs. Chacun a apporté ses compétences, son savoir-faire ou tout simplement son énergie : l’ancien garagiste du village s’est porté volontaire pour réparer la dameuse, les anciens salariés de la station sont venus donner des conseils, de nombreux bénévoles se sont formés aux remontées mécaniques. « Cela a rassuré le SRMTG [le Service technique des remontées mécaniques et des transports guidés, qui donne les autorisations d’exploiter le matériel] et les assurances de voir que l’on avait tout ce qu’il fallait pour que tout fonctionne bien », souligne Pascual.
    Un modèle associatif qui essaime

    Face à un enneigement toujours plus aléatoire — la plupart des stations de ski sont situées à un peu plus de 1 000 mètres, et la plus haute à 1 300 mètres d’altitude — et des équations financières impossibles à tenir pour les communes lorsque les gestionnaires privés ont déserté, le modèle associatif s’impose progressivement dans le massif de la Chartreuse. La flexibilité financière et organisationnelle que permet le modèle associatif a déjà séduit la moitié des huit stations de Chartreuse. « On ne s’appelle pas Ag’hil pour rien », souligne Perrine, malicieuse. « Si demain il neige, on envoie un mail aux bénévoles et on est prêt à ouvrir ! »

    La station voisine du Planolet, située à 1 100 mètres d’altitude au cœur du massif, a pu ouvrir quelques jours début janvier. Là aussi, Nouvelles traces en Chartreuse, la toute nouvelle association qui s’occupe depuis cette année des remontées mécaniques, a fédéré habitants et sympathisants de la station, après une saison 2022-2023 gérée de manière spontanée par un collectif d’habitants. Loueur à la retraite, restaurateur de la station, ancien pisteur… « Toutes des personnes qui ont envie de sauver la station », résume Yann Daniel, directeur de l’école de ski de Saint-Pierre-de-Chartreuse et membre de l’association.

    Tout au nord du massif de la Chartreuse, l’association Les skieurs du Granier, qui regroupe 115 bénévoles, gère depuis 2019 le domaine de ski du même nom, après avoir bénéficié d’une délégation de service public de la Communauté de communes Cœur de Chartreuse. « La station n’était pas viable économiquement, c’est pour ça qu’on a créé une association », raconte Violaine Rey, bénévole depuis les débuts. « On s’est aussi rendu compte que c’était un argument auprès des gens qui viennent dans la station, ils apprécient la convivialité qui découle du modèle associatif : tout le monde se connnait et la station est à taille humaine. »
    Penser « l’après-ski »

    Cette année, l’enneigement catastrophique contrarie quelque peu ces élans tout neufs. « C’est la première année “blanche” depuis qu’on a repris la station avec l’association », se désole Violaine Rey. « On savait que ça n’allait pas durer cinquante ans, mais ça fait bizarre de voir que ça y est, c’est sûrement la fin d’une ère », regrette la jeune femme qui a appris à skier dans la station et y a même été saisonnière. La suite ? « Elle est assez floue, on réfléchira à tête froide », concède Violaine Rey. « Il y aura évidemment des questions à se poser à l’issue de cette non-saison. »

    « C’est un peu la gueule de bois », reconnaissent de leur côté Perrine et Pascual. « On a tellement travaillé, tellement de choses ont été mises en place… On retente l’aventure l’année prochaine ! » Au-delà du ski, les bénévoles sont lucides : comme beaucoup de stations de ski de moyenne montagne, il faudra penser « l’après-ski »... et diversifier le modèle économique. « On réfléchit aux “quatre saisons”, avec la randonnée, les raquettes, le VTT », abonde la maire du #Plateau-des-Petites-Roches Dominique Clouzeau, pour qui l’horizon est clair : « On ne veut pas devenir un village-dortoir. »

    https://reporterre.net/Face-au-manque-de-neige-les-habitants-font-revivre-les-stations-delaisse

    #Saint-Hilaire-du-Touvet #neige #Chartreuse #ski #enneigement #stations_de_ski #montagne #association #Ag’Hil #Planolet #remontées_mécaniques #Les_skieurs_du_Granier #bénévolat #convivialité #moyenne_montagne

  • Des nazis aux astrocapitalistes : l’histoire anti-écologique de la conquête spatiale
    https://reporterre.net/Des-nazis-aux-astrocapitalistes-l-histoire-anti-ecologique-de-la-conquet

    Dans « Une histoire de la conquête de l’espace », Irénée Régnauld et Arnaud Saint-Martin décortiquent les assauts spatiaux de l’humanité. Et montrent les biais idéologiques mortifères qui motivent les États et les milliardaires.
    [...]
    La contribution décisive du régime nazi à l’émergence de l’histoire spatiale est connue. Les ingénieurs du IIIᵉ Reich ont conçu les premières « bombes volantes » puis les premiers missiles balistiques, les V2, qui ont notamment frappé Paris et Londres à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

    Dès 1945, les Alliés s’arrachèrent ces spécialistes allemands de la balistique. L’enjeu était avant tout militaire, puisqu’il s’agissait de maîtriser au plus vite cette nouvelle technologie que constituaient les missiles. Mais ceux-ci ont rapidement été convertis en fusées, permettant d’envisager le développement des vols spatiaux. L’URSS, la France, le Royaume-Uni et bien sûr les États-Unis exfiltrèrent massivement des ingénieurs allemands, dont l’iconique Wernher von Braun, principal concepteur des V2, qui deviendra étasunien et développera les fusées Saturn V du programme Apollo.
    [...]
    La mission de coloniser l’espace est une obsession qui transcende elle aussi les époques. Elle est teintée d’une forme de religiosité qui a précédé le régime nazi. Dès le XIXᵉ siècle, la science-fiction émergente qui imaginait la conquête de l’espace est bourrée de renvois à la religion, à l’instar du précurseur De la Terre à la Lune et de toute une partie de l’œuvre du « très chrétien Jules Verne », notent les auteurs.
    [...]
    Les mêmes désirs de « dissémination céleste » de l’humanité pour la sauver de l’extinction se retrouvent en Russie, sous la plume notamment de Constantin Tsiolkovski. Adepte du « cosmisme » russe, il est l’un des pères de la cosmonautique et auteur de la célèbre maxime expansionniste, devenu poncif pour start-uper en mal d’inspiration : « La Terre est le berceau de l’humanité, mais qui a envie de passer sa vie dans son berceau ? »
    [...]
    Le fil directeur de décennies de conquête spatiale tient au concept « d’astrodéterminisme ». L’idée que « celui qui contrôle l’espace, contrôle la Terre » hante la course à l’espace et la course à la Lune entre les deux blocs. La crainte très actuelle d’une arsenalisation de l’espace, faiblement freinée par le droit, et l’utilisation massive de satellites espions, sont les catalyseurs du développement d’un « État sécuritaire global hypertrophié », « ivre de son hubris technophile », insistent les auteurs en citant Kristie Macrakis, l’une des historiennes des sciences convoquées dans leur démonstration.
    [...]
    Au-delà du danger sécuritaire et militaire immédiat, le projet du « complexe militaro-industriel-spatial » est aussi mortifère d’un point de vue purement ontologique, au travers de son discours mystique. Car il sous-tend une relativisation de l’importance de préserver la planète. Vu par le fantasme prométhéen de colonisation du cosmos, le « vaisseau spatial Terre » n’est plus si irremplaçable. Cela s’incarne notamment dans l’engouement pour le long-termisme, en vogue dans la Silicon Valley et dans le monde anglo-saxon.

    Ce courant philosophique prétend défendre les intérêts du long terme de l’humanité par un calcul utilitariste : la vie de dix humains vaut plus que la vie d’un seul. Donc si 99 % des humains sont encore à naître — si l’on fait en sorte que l’espèce survive encore de nombreux millénaires —, ce plus grand nombre confère à leur bien-être plus de valeur qu’à celui des humains d’aujourd’hui. D’où une relativisation de la crise écologique : même si la catastrophe est immense, l’humanité devrait y survivre. Mieux vaut donc placer les efforts dans la lutte contre les menaces vraiment existentielles, en investissant dans les artefacts technologiques afin de rendre notre espèce multiplanétaire et donc immortelle.

    L’argumentaire colle parfaitement au récit des acteurs capitalistes du New Space. Les auteurs rappellent à ce titre que ces entreprises, à l’instar de l’emblématique SpaceX d’Elon Musk, sont largement subventionnées par les États, notamment par la Nasa aux États-Unis, et sont les héritières d’une longue histoire industrielle, loin du storytelling de l’acteur génialement disruptif surgi de terre ex nihilo.

    Ces acteurs du New Space prolongent le projet presque centenaire du complexe militaro-industriel-spatial, tout en incarnant l’ultime étape du capitalisme : sur un monde aux ressources finies et qui s’épuisent, l’espace fait figure de dernière échappatoire pour garantir la poursuite de l’accumulation du capital. Tant du point de vue du discours (les promesses très incertaines d’exploiter des ressources minières de la Lune et des astéroïdes) que par l’ouverture plus concrète de nouveaux marchés, dans les télécommunications surtout, via les projets de mégaconstellations de satellites.
    [...]

  • Bunkers et fermes bio : comment les ultrariches préparent l’avenir
    https://reporterre.net/Bunkers-et-fermes-bio-comment-les-riches-preparent-l-avenir

    Face à la crise climatique, le survivalisme est devenu l’ultime lubie des milliardaires qui planifient leur exode et tentent d’échapper au monde commun.

    Les ultrariches se préparent à la catastrophe qu’ils ont eux-mêmes contribué à provoquer. Alors que le monde plonge peu à peu dans le chaos climatique, ils se bâtissent des bunkers, s’achètent des îles privées et s’aménagent des existences qu’ils rêvent à l’abri des violences, pour continuer à vivre dans le luxe, le calme et la volupté.

    Voilà déjà quelques années que les médias ont révélé le phénomène. La pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont tout accéléré. Avec leurs jets privés, leurs yachts et leurs « gated communities » (quartiers résidentiels privés), les milliardaires ont décidé de faire sécession.

    La Nouvelle-Zélande et la Patagonie sont devenues leurs repaires. Ils investissent aussi dans des contrées isolées comme l’Alaska, la Scandinavie ou le Kamtchatka en Russie. Steve Huffman, le cofondateur du réseau social Reddit, le dit lui-même : une bonne moitié de ses collègues milliardaires de la Silicon Valley ont acheté des « biens immobiliers apocalyptiques » dans le monde. Les médias anglo-saxons évoquent même « un rush ».

    #riches #climat

  • Data centers : leur consommation d’eau va exploser
    https://reporterre.net/Data-centers-leur-consommation-d-eau-va-exploser

    L’équation est pourtant assez simple. Les data centers, toujours plus nombreux et plus grands, concentrent des machines qui produisent de la chaleur et qu’il faut refroidir. Différentes techniques existent et se font concurrence. La climatisation classique, mais aussi l’utilisation de circuits d’eau — ouverts, avec rejet d’eaux usées, ou fermés — pour refroidir l’air à l’intérieur des installations, ou bien des systèmes dits « adiabatiques » par pulvérisation d’eau.

    « Ce qui est assez paradoxal, c’est qu’au moment où l’on met en place des indicateurs pour mesurer l’efficacité énergétique des data centers, comme le PUE [Power Usage Effectivness, rapport entre l’énergie totale consommée par un centre de données et l’énergie consommée par ses seuls équipements informatiques] une solution pour avoir un bon PUE et se présenter comme plus “vert”, c’est d’utiliser plus d’eau et moins d’électricité », explique Clément Marquet, coordinateur du groupe de travail Politiques environnementales du numérique au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

    « On est conscients que la consommation d’eau est un sujet énorme, dit l’urbaniste Cécile Diguet, coautrice d’une étude sur le développement des data centers en Île-de-France et de l’ouvrage Sous le feu numérique (avec Fanny Lopez). On sait que les opérateurs de data centers font des forages dans les nappes, plus ou moins déclarés. On voit que, en Île-de-France, il y a des nappes de plus en plus fragilisées, notamment dans l’Essonne. Mais personne n’a encore creusé la question à ma connaissance. »

    Si cette problématique vient s’ajouter à celle de l’artificialisation des sols et de la consommation vertigineuse d’énergie des data centers, elle pourrait devenir une préoccupation majeure avec le déploiement de l’intelligence artificielle. « C’est le gros sujet derrière tout ça, affirme le sociologue Clément Marquet. Avec l’IA, on utilise des ordinateurs qui consomment 5 à 10 fois plus d’électricité et cette électricité est dissipée en chaleur par les ordinateurs. Pour l’heure, on ne connaît pas de solution aussi bon marché que l’eau. » Déjà aujourd’hui, les conflits d’usage autour des data centers se multiplient aux États-Unis, en Uruguay, aux Pays-Bas, en Irlande ou bien encore Espagne, avec le mouvement « Tu nube seca mi rio » (« Ton nuage assèche ma rivière »).

    Si les industriels s’en remettent à leur credo technosolutionniste, à savoir améliorer l’efficacité de leurs systèmes de refroidissement, le seul horizon soutenable reste celui de la frugalité, selon le chercheur en sciences de l’information Olivier Ertzscheid.

    Il établit un parallèle entre fermes de l’agriculture intensive et fermes de serveurs, deux modèles qui partagent selon lui un même ADN extractiviste : « L’affrontement central dans les conflits d’usage à venir [autour de l’accès à l’eau] se fera autour de deux lignes de front : d’un côté le lobby technologique, ses data centers et ses fermes de serveurs, et de l’autre le lobby de l’agriculture industrielle [...]. Le point de convergence des deux modèles est qu’ils concourent à un appauvrissement et à un épuisement des sols autant qu’au stress hydrique des populations avoisinantes. Et que, pour l’essentiel, ils s’en moquent. »

    #Data_centers #Ecologie #Numérique #Eau

  • Stocker l’#eau en #sous-sol, mieux que les #mégabassines

    Les #eaux_souterraines s’épuisent partout dans le monde. Une catastrophe qui ne cesse de s’accélérer d’après une étude publiée dans la revue Nature, qui déconseille la création de #réserves_d’eau en surface telles que les mégabassines. Des chercheurs de l’université de Santa Barbara (Californie) y présentent la plus grande évaluation de niveaux des eaux souterraines dans le monde, s’étendant sur près de 1 700 #aquifères, ces sols ou roches #réservoirs contenant des #nappes_d’eau_souterraine.

    L’étude tire la sonnette d’alarme quant à l’épuisement des ressources en eau : le niveau diminue dans 71 % des réserves mesurées. Surtout, le #déclin perçu dans les années 1980 puis 1990 s’est largement accéléré depuis les années 2000. Scott Jasechko, co-auteur de l’étude et professeur agrégé à la Bren School of Environmental Science & Management, présente toutefois des motifs d’espoir par l’action humaine. Le chercheur prend l’exemple de la ville de #Tucson, en Arizona, où l’eau provenant du fleuve Colorado est utilisée pour reconstituer l’aquifère dans la vallée voisine d’#Avra.

    « Moins cher, moins perturbateur et moins dangereux »

    D’après lui, les #stockages_souterrains réalisés dans ces réserves déjà existantes sont bien plus efficaces et moins onéreux que les stockages d’eau en surface. « Le remplissage intentionnel des aquifères nous permet de stocker ces réserves jusqu’au moment où nous en avons besoin, indique Scott Jasechko. On peut dépenser beaucoup d’argent pour construire des infrastructures pour retenir l’eau à la surface. Mais si on a la bonne géologie, stocker de grandes quantités d’eau sous terre est moins cher, moins perturbateur et moins dangereux. »

    Ce type d’intervention a toutefois participé à diminuer le débit du #Colorado. Épuisé par les activités humaines, le fleuve n’a la plupart du temps plus assez d’eau pour atteindre son embouchure dans le golfe de Californie. D’après l’étude, la seule autre solution pour contenir l’épuisement des réserves d’eau souterraines est une réglementation institutionnelle (délivrance de permis, frais d’utilisation) pour en restreindre l’accès.

    https://reporterre.net/Stocker-l-eau-en-sous-sol-mieux-que-les-megabassines

    • Rapid groundwater decline and some cases of recovery in aquifers globally

      Groundwater resources are vital to ecosystems and livelihoods. Excessive groundwater withdrawals can cause groundwater levels to decline1,2,3,4,5,6,7,8,9,10, resulting in seawater intrusion11, land subsidence12,13, streamflow depletion14,15,16 and wells running dry17. However, the global pace and prevalence of local groundwater declines are poorly constrained, because in situ groundwater levels have not been synthesized at the global scale. Here we analyse in situ groundwater-level trends for 170,000 monitoring wells and 1,693 aquifer systems in countries that encompass approximately 75% of global groundwater withdrawals18. We show that rapid groundwater-level declines (>0.5 m year−1) are widespread in the twenty-first century, especially in dry regions with extensive croplands. Critically, we also show that groundwater-level declines have accelerated over the past four decades in 30% of the world’s regional aquifers. This widespread acceleration in groundwater-level deepening highlights an urgent need for more effective measures to address groundwater depletion. Our analysis also reveals specific cases in which depletion trends have reversed following policy changes, managed aquifer recharge and surface-water diversions, demonstrating the potential for depleted aquifer systems to recover.

      https://www.nature.com/articles/s41586-023-06879-8

      via @freakonometrics

  • En ville, les SUV débordent des places de parking
    https://reporterre.net/En-ville-les-SUV-debordent-des-places-de-parking

    Des voitures toujours plus grosses colonisent les rues de nos villes. « Les gros SUV et les pick-up à l’américaine ne tiennent pas dans les emplacements prévus et empiètent sur les trottoirs ou sur la route », dénonce Nicolas Raffin, porte-parole de Transport & Environnement (T&E) France, dans un communiqué publié le 22 janvier 2024.
    [...]
    Enfin, T&E France relève une incongruité réglementaire : les voitures neuves vendues dans l’Union européenne sont soumises à la même largeur maximale — 255 cm — que les autobus et les camions. « Si la limite de largeur n’est pas revue par l’UE et si les villes n’augmentent pas leurs tarifs de stationnement, les grands SUV et les pick-up continueront à grossir jusqu’à atteindre la limite prévue pour les camions », alerte l’association.

    • #Voirie : un rapport alerte sur les risques liés à l’élargissement des voitures
      https://www.banquedesterritoires.fr/voirie-un-rapport-alerte-sur-les-risques-lies-lelargissement-de

      L’élargissement est particulièrement marqué pour ce type de SUV, détaille T&E : « en seulement six ans, le Land Rover Defender a grandi de 20,6 cm et le Mercedes X5 de 6 cm. En 2023, Volvo a élargi son EX90 de 4,1 cm ». Plus grave, « les constructeurs automobiles profitent de la croissance des plus grands #SUV pour augmenter également la largeur des véhicules des segments intermédiaires et compacts », souligne l’association.

      […] Plusieurs villes européennes ont déjà introduit des règles de stationnement plus restrictives pour les SUV, note T&E qui encourage les autorités municipales à fixer des frais de stationnement en fonction de la taille et du poids du véhicule, « de sorte que les grands SUV de luxe et les pick-up paient plus cher ». L’association cite l’exemple de la ville de Lyon(Lien sortant, nouvelle fenêtre) qui a récemment déjà introduit des frais de stationnement plus élevés pour les véhicules plus lourds - les SUV doivent payer 45 euros par mois, contre 15 euros pour les petits véhicules et les familles modestes. En Allemagne, la ville de Tübingen(Lien sortant, nouvelle fenêtre), située au sud de Stuttgart, applique depuis 2022 une majoration de 50% des frais de stationnement résidentiel. Mais la plus grande ville européenne à vouloir s’attaquer aux désagréments des grosses voitures est Paris. Le 4 février prochain, la municipalité organisera un référendum au cours duquel les résidents seront invités à voter pour ou contre un tarif de stationnement spécifique pour les voitures lourdes. Les nouvelles règles tripleraient le prix du stationnement (18 euros par heure dans les quartiers centraux et 12 euros dans les autres quartiers), mais ne s’appliqueraient pas au stationnement des résidents parisiens (à proximité de leur domicile).

      Outre la hausse des frais de #stationnement, T&E avance d’autres solutions pour freiner le phénomène d’élargissement des voitures. Elle appelle à réviser la largeur maximale des nouvelles voitures, lors de la mise à jour de la #législation_européenne prévue dans les mois à venir.

  • T’imagines les #ultra_riches traire leurs #vaches ?

    Ah oui, mon gars, c’est plus dur que traire les salariés... :-D :-D :-D

    #politique #monde #société #opportuniste #profiteur #vampires #charognards #libéralisme #seenthis #vangauguin

    « Face à la #crise_climatique, le #survivalisme est devenu l’ultime lubie des #milliardaires qui planifient leur #exode et tentent d’échapper au monde commun. (...) »

    Bunkers et fermes bio : comment les #ultrariches préparent l’avenir

    https://reporterre.net/Bunkers-et-fermes-bio-comment-les-riches-preparent-l-avenir