person:ernesto laclau

  • La France Insoumise face à son destin | Lenny Benbara
    http://lvsl.fr/la-france-insoumise-face-a-son-destin

    Après un peu plus d’un an d’existence et une histoire déjà riche, La France Insoumise, forte du score de son candidat Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle et de la visibilité de son groupe parlementaire, va devoir préciser sa stratégie dans la guerre de position à venir. Les défis auxquels le mouvement va se confronter sont nombreux.

    Nous venons de sortir d’un long cycle électoral et, outre La République En Marche, le mouvement La France Insoumise (LFI) s’est imposé comme une nouvelle force incontournable de l’échiquier politique. Alors que quelques mois auparavant il semblait probable que ce soit le FN qui se dote d’une forte présence à l’Assemblée Nationale, la visibilité du groupe de LFI a permis au mouvement de s’installer comme le principal opposant à la politique d’Emmanuel Macron dans l’esprit des Français. Ce résultat est en grande partie le fruit d’une stratégie populiste, telle qu’elle a été théorisée par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, et mise en pratique par Podemos, mais aussi de l’explosion du PS. Ce progrès est considérable puisqu’il permet à l’antilibéralisme progressiste de sortir de la culture de la défaite. Les insoumis ont mené une vraie guerre de mouvement, ont donné tout son sens à la fonction tribunicienne via Jean-luc Mélenchon, et ne sont pas passés loin d’arriver au second tour de l’élection présidentielle. Après une séquence parlementaire agitée qui a duré un mois, il est nécessaire d’effectuer un petit bilan de ce qui s’est passé, et d’esquisser les défis auxquels le mouvement va devoir se confronter, alors que nous entrons dans une nouvelle phase qui appelle une stratégie de guerre de position.[1]

    [1] La distinction entre guerre de mouvement et guerre de position nous vient de Gramsci. Pour faire simple, la guerre de mouvement renvoie aux périodes politiques chaudes, où les rapports de forces peuvent basculer spectaculairement et dans de grandes largeurs. La seconde renvoie aux périodes plus froides, où l’enjeu est de conquérir des bastions dans la société civile et la société politique, de développer une vision du monde, et de construire une hégémonie culturelle à même de permettre la naissance d’un nouveau bloc historique du changement .

    https://www.youtube.com/watch?v=Vq8Bp2rOD4Y

  • Le peuple selon Ernesto Laclau
    http://www.laviedesidees.fr/Le-peuple-selon-Ernesto-Laclau.html

    Du philosophe argentin récemment disparu, le lectorat français connaît la théorie du #populisme de #gauche, source d’inspiration pour les partis Podemos et Syriza. Mais cette théorie n’est qu’un rouage d’une réflexion plus générale sur le conflit démocratique, ouvrant de nombreuses pistes pour les sciences sociales.

    Essais & débats

    / populisme, gauche, #démocratie

    #Essais_&_débats

  • D’abrutis à médiacrates : du calme !
    http://melenchon.fr/2017/09/04/dabrutis-a-mediacrates-calme

    La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges. Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi. L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape. Encore une fois, l’essentiel est de décrédibiliser le système du point de vue des valeurs qu’il prétend mettre en œuvre. Comme la dit le sociologue du « populisme de gauche », l’argentin Ernesto Laclau, « le seul parti effectif contre nous est le système médiatique ». Ni la droite, ni les « sociaux-démocrates » ne sont en état de faire leur travail tant la marchandise qu’ils ont à vendre est recrachée par tous. L’épisode d’auto-disqualification doit donc être replacé dans son contexte global en France. Il exprime quelque chose d’essentiel à propos de la crise du système de domination des puissants sur la société.

    • @marielle, tu t’imposes de ces lectures !

      La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges.

      Cette phrase ne veut rien dire, sauf à penser que ce sont l’argent et les privilèges qui lient (au pluriel)

      Dans la phrase suivante :

      Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi.

      Qui est sujet de « rivaliser » les bassines de fiel ou la totalité des participants ?

      Et la phrase suivante...

      L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape.

      ...n ’est pas exactement un hypallage, mais j’ai du la relire trois fois avant de comprendre.

      Un peu moins de fiel, fut-ce en bassines, ne nuirait pas à la bonne compréhension d’un propos auquel on pourrait par ailleurs parfaitement adhérer

    • Effectivement la forme est discutable @philippe_de_jonckheere mais le fond est tout à fait justifié, il faut avoir vu cette détestable émission pour ce rendre compte que tout est vrai, les médiacrates sur ce plateau ont déversé tout leur fiel sur Jean Luc Mélenchon, Ruffin, Raquel Garrido également. J’ai vraiment ressenti toute la haine de cette caste. C’était effarant ! Certes, je n’aurais jamais du m’infliger de telles images.
      Sincèrement désolée d’avoir heurté notre cher poète journalier...

    • @marielle C’est bien ça mon problème, ce n’est pas que je ne sois pas d’accord avec ce qui est dit (ce dont on se moque bine d’ailleurs), je ne regarde jamais la télévision, sauf dans la salle d’attente des urgences, mais j’imagine que cela devait être quelque chose, mais il me semble que cette expression d’une colère mal contenue au point de contaminer la langue nuit à la clarté de ce dont je ne doute pas par ailleurs. Et d’une certaine manière cela contribue à la disqualification a priori de la parole de FI dans les médias

      Ca va, tu n’as pas trop heurté le poète de plus de 120 kilos !

    • Les journalistes sont des saints. Pas une feuille d’impôt incomplète, pas une affaire de mœurs, pas une violence, pas un pot de vin, pas une conférence subventionnée, pas un emploi familial, pas un placard doré.
      D’abrutis à médiacrates : du calme !

      Eh beh monsieur Brunet ! Je suis tout espanté ! Abrutis ? Abrutis ? Carrément Brunet, là ! Allez, monsieur Brunet, c’est pas de votre faute ! C’est tous les autres qui vous ont fait boire tout ce fiel ! Et maintenant vous vous sentez tout bête, hein ! Allez monsieur Brunet, on vous comprend. On a bien vu. On le sait, monsieur Brunet : (presque ) toute la scène médiatique est en proie à un stupéfiant délire contre les Insoumis. On a vu aussi l’ambiance à « C’est dans l’Air » ! Les vaches sacrées de la scène politique sont devenues des vaches folles.
      Du calme s’il vous plaît !
      Cette fois-ci c’est la fin d’un Monde . On peut le penser en lisant leur prose en cette rentrée. Le Monde lui-même, parangon de toutes les vertus, consacre un éditorial à la menace que les insoumis font peser sur la démocratie et la liberté de la presse. Une fois encore, l’atelier aux Amfis d’été « Faut-il “dégager” les médias ? » sert de point de départ pour une indignation corporative en grand drapé et trémolos. Mais les lecteurs ne sauront pas davantage que dans toutes les autres critiques ce qui a pu se dire dans cette réunion animée par Sophia Chikirou avec la participation d’Aude Lancelin, Olivier Berruyer et Thomas Guénolé. Que ce soit trois gens de métier ne fait pas réfléchir. D’ailleurs rien ne fait réfléchir ces gens-là. Seul le titre de l’atelier compte. Ce pauvre Jean-Michel Aphatie s’est fait prendre la main dans le sac sur ce point : non il « n’a pas regardé la vidéo ». Il parle sans savoir. C’est cette pratique là que défend Le Monde  : le journalisme non comme pratique mais comme magistère. D’ailleurs Aphatie a immédiatement reçu l’appui de plusieurs confrères : « pas besoin de lire ! Avec les insoumis ce n’est pas la peine ! »


      Le Monde est plus raisonnable. Il ne s’abaisse pas à un tel fanatisme même s’il ne le condamne pas . Pour lui il y a plus grave. En effet nous pourrions profiter de l’opportunité que représente la nomination d’un éminent éditorialiste de leur confrère comme porte-parole du gouvernement. Bien sûr qu’on va le faire ! Car cet évènement met à nu à quel point les médiacrates sont une composante à part entière de la caste au pouvoir dans la Vème République. Le Monde défend donc avec ferveur l’honneur de 350 000 gens du métier qui ne lui ont pourtant rien demandé et que personne ne vise. C’est la technique FNSEA : les gros se cachent derrière les petits. Et ainsi de suite. D’un média à l’autre, c’est le même odieux « pilonnage du bourrin Mélenchon » et de ses amis, comme y a appelé le député « la République en Marche ».
      Tout cela n’est-il pas tout à fait excessif ? Pourquoi toute cette violence contre nous ? Et si les éditocrates retrouvaient leur sang-froid ? N’est-on pas en droit de l’attendre de ceux qui exercent un métier qu’ils prétendent assumer comme un magistère moral dans la société ? Les grandes consciences et autres ne devraient-elles pas se joindre à nous pour protester contre de tels débordements de langage ? Car avez-vous bien vu où nous en sommes rendus ? Mesdames, messieurs, il faut vous calmer ! Ce débordement dangereux de la hargne ordinaire du parti médiatique me conduit à le demander fermement. Non seulement pour notre sécurité, à nous insoumis, mais aussi pour l’honneur de la presse, perdu dans une telle vindicte.

      Ça va trop loin !
      « Abrutis » ? Vraiment ? Je connais, certes de loin, monsieur Brunet, éditorialiste que je croise dans les murs de BFM chaque fois que je m’y trouve et avec qui je bavarde le plus souvent avec plaisir. C’est certes un homme accorte mais un libéral obsessionnel. C’est bien son droit. Il nous régale à longueur d’antenne de ses certitudes en béton armé. C’est le choix de son employeur. Il nous tape sans relâche et avec méthode. Nous en sommes heureux car il nous fournit d’un bloc la liste des mots clefs que ses collègues vont ensuite répéter en boucle avec souvent moins de talent. Mais pourquoi traiter les sept millions d’électeurs de « La France insoumise » d’« abrutis ». Et pourquoi aggraver le tout en s’excusant « auprès de ceux que cela aurait pu blesser ». Comment ne pas être blessé quand on est traité d’« abruti » ?
      On attend encore les cris indignés des habituels gourous qui surplombent la profession dès qu’un mot leur paraît de trop à l’encontre d’un de leurs collègues du troupeau des vaches sacrées ! Muets, ces chroniqueurs venimeux qui nous demandaient si nos propos n’étaient pas responsables de la violence contre tel ou telle député alors pourtant que nous la dénoncions avec force ?
      En fait, monsieur Brunet s’est laissé entraîner. Il a perdu son sang-froid. C’est un effet de foule. Dans une horde médiatique glapissante écumante de haine, il a été emporté ! Je suis prêt à comprendre et même à pardonner puisqu’on ne doit pas excuser de tels comportements. Mais je mets en garde solennellement : la hargne contre les insoumis et leurs porte-paroles pourrait un jour mal tourner et inspirer des violents. Je suppose que les plus orduriers diront alors que nous l’aurons bien cherché. Mais je crois connaître assez bien nombre de ceux qui nous attaquent, et en ont bien le droit, pour savoir que ce n’est pas ce que tous veulent. Alors je leur dis : pas comme ça, pas avec ces mots, pas avec cette violence.
      Ça va trop loin ! Depuis la quinzaine qui a précédé le premier tour de l’élection présidentielle, tous les coups sont permis contre « La France Insoumise » dans les médias. Non seulement il n’y aura pas eu un jour de pause mais, dorénavant, non seulement la violence mais les provocations ont monté d’un cran.

      Des militants politiques honteux
      Il faut être tout le temps sur ses gardes, se méfier de tous, se protéger. Le caractère obsessionnel de la haine médiatique qui nous entoure est suffocant. Voyez ces centaines de tweets et retweets, parfois orduriers, qu’un Jean-Michel Aphatie déverse sur nous, par exemple ! Et il n’est pas le seul dans ce cas. Est-ce là du journalisme ? Ou bien juste du militantisme politique ? Et parmi les moins bons du genre. Seuls les trolls du FN font pire. Mais leur chef de rédaction ne les rappelle jamais à la mesure. Aucun droit de réponse n’est possible à l’antenne ni où que ce soit. Dans cette guerre qui nous est déclarée et menée sans trêve, le journalisme est seulement un prétexte pour mieux mener la charge. Tous ces gens-là sont des Bruno Roger-Petit, qui a souvent plus de talent qu’eux, raison pour laquelle il leur a été préféré. Mais eux sont des chiens de garde en version hypocrite et masquée.
      Il est d’ailleurs troublant de savoir que nos adversaires sont souvent d’anciens militants politiques qui ont renié leur engagement initial. On devine en les entendant toute la dose de mauvaise conscience que cela implique. Patrick Cohen militait au PCF de la Sorbonne, Aphatie, d’abord journaliste à Politis, était un ardent militant de l’indépendantisme basque, Guetta à la Ligue communiste révolutionnaire, combien d’autres au PS et ainsi de suite. La même chose à droite et chez les libéraux assumés. Et puisqu’il est tant question de Venezuela et d’Amérique latine ces jours-ci, et comme Le Monde se risque à donner des conseils de déontologie professionnelle, comment ne pas rappeler qui est Paolo Paranagua, grand reporter et star de la rubrique internationale du journal Le Monde qui accable de ses mensonges le commentaire de tous ses papiers sur l’Amérique latine progressiste ? Connu sous le nom de commandant « Samuel », il dirigeait dans les années 70 la « fraction rouge » de ERP (armée révolutionnaire du peuple) en Argentine. Il se vantait alors de nombreuses attaques de banques, séquestrations, tirs sur des policiers et ainsi de suite. Arrêté mais opportunément préservé, l’homme, dont tous les compagnons sont morts sous la torture, sort pourtant de prison en pleine dictature après un « arrangement ». Le journal Le Monde prétend que ce fut à la suite d’un non-lieu. Naturellement c’est impossible. Et c’est faux. Le journal n’a rien vérifié d’ailleurs. Car, par principe !
      Ni ce journal, ni aucun autre, n’admet la moindre mise en cause, quel qu’en soit le motif, de l’un quelconque de ses membres. Il est vrai qu’il s’agit d’une profession peuplée de saints. Au cours des trente dernières années (pour limiter le délai et rester raisonnable), pas une feuille d’impôt incomplète, pas une affaire de mœurs, pas une violence, pas un coup donné, pas un pot de vin, pas une conférence subventionnée, pas un emploi familial, pas un placard doré. Naturellement, là encore, c’est impossible. Et les cas éventuels ne nous apprendraient d’ailleurs rien d’autres sur la profession que ce que nous savons déjà : les journalistes sont des êtres humains. Ils partagent avec le reste de notre espèce la même proportion de défauts et de qualités. Mais en tant que vaches sacrées, il est interdit à toute personne non membre de la corporation de mettre en cause leur honnêteté intellectuelle, ni à titre individuel, ni à titre collectif, ni pour la qualité de leur travail, ni pour leur engagement politique, ni pour leurs activités annexes même cloisonnées, ni pour leurs liens familiaux, ni d’aucune façon, ni à aucun titre, même au prix de la vérité. Et c’est ce qui se passe.

      Les convictions ? Un abrutissement !
      Toutes ces caractéristiques mises bout à bout décrivent assez précisément ce qu’est une cléricature. Elle s’est même targuée au temps où le trio Colombani, Minc, Plenel dirigeait Le Monde de dire qui composait le « cercle de la raison » en politique. Tout ce qui n’entrait pas dans le champ de « la seule politique possible » était immédiatement expédié chez les malades mentaux. Rien n’a changé, tout s’est aggravé. Il est frappant de voir que c’est une nouvelle fois dans ce registre que monsieur Brunet s’exprime : « Tout le Monde sait ce qu’il faut faire pour la France sauf les “abrutis” de La France insoumise ». Tout le Monde sait, donc ceux qui ne savent pas sont des abrutis. Nous ne pouvons pas voir la vérité parce que nous sommes abrutis. D’alcool, de stupéfiants. Je veux croire que non. Nous sommes abrutis parce que nous avons des idées différentes et ces idées limitent notre entendement. CQFD.
      D’ailleurs, serions-nous capables de vérité ? Certainement pas puisque nous sommes des personnes engagées. La suspicion sur ce point est méthodiquement entretenue. Et jusque-là où on ne l’attendrait pas. Rappelant le piteux engagement du journaliste Bruno Roger-Petit, désormais porte-parole du gouvernement, aux côtés de Cahuzac ministre du fisc et voleur du fisc, Edwy Plenel, dans son édito du 2 septembre, tape dur. Mais il touche si juste dans sa dénonciation de « ces plumes mercenaires qui depuis que le journalisme existe, en illustrent la part de servilité ou d’aveuglement au service de puissances politiques étatiques ou économiques. N’ayant aucune information originale obtenue par le reportage ou l’enquête à son actif, il ne s’est vraiment fait connaitre que sur le seul registre de l’opinion, de l’éditorial ou du commentaire. Le qualificatif vieilli de “publiciste” lui convient bien désignant un journaliste qui ne fait commerce que de ses partis pris et des intérêts qu’ils servent de même que des publicitaires servent des annonceurs et leurs réclames ».
      Mais après cela, pourquoi se sentir obligé de faire un tacle qui pourrait pourtant bien le concerner aussi. En effet, sollicitant Nietzsche, Plenel assène : « les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereux que les mensonges ». Ici le journalisme « sans conviction », qui « n’a pas d’autre carte que la carte de presse », remplit la fonction de l’avant-garde éclairée en vogue dans les groupuscule révolutionnaires d’hier. Ce n’est évidemment pas du tout la seule idée que l’on puisse se faire du métier de journaliste. On peut se sentir plus proche d’Albert Camus, philosophe et journaliste engagé à Combat : « L’engagement n’exclut pas le gout de la vérité », disait-il.
      Dirait-on du journal L’Humanité qu’il est plus dangereux qu’un mensonge parce qu’il affiche ses opinions favorables aux travailleurs ? Et de même pour Politis, Le Monde diplomatique, Reporterre et combien d’autres ? Pour moi, Le Figaro ne ment pas, ni Les Echos. Non seulement un certain nombre de leurs rubriques sont les meilleures du genre mais ils ne cherchent à tromper personne. Certes, leurs commentaires au sujet des insoumis et de leurs porte-paroles sont d’une juvénile mauvaise foi mensongère. Mais tout le monde sait de quel balcon parlent ces deux journaux. Personne n’est pris en traitre. Le pire n’est pas la presse ou les journalistes engagés. Le pire c’est celle qui fait semblant de ne pas l’être. Pour ne rien dire de ceux qui prétendent être engagés d’un côté et servent ligne après ligne l’idéologie adverse.

      La provocation comme méthode médiatique
      À présent, pire que l’engagement politique masqué vient le média de provocation. Quelle misère ! Exemple. Je venais d’achever mon discours sur la place du refuge à Marseille et je regagnais la petite loge où je comptais m’éponger le front et changer de chemise. Un micro se tend « vous vous méfiez des journalistes, n’est-ce pas ? ». Voilà tout ce qu’il y avait à me demander après une heure de discours ? Telle est la profondeur du nombrilisme qui défigure désormais ce métier. Voici quelle a été ma réponse : « les ouvriers de l’industrie d’armement ne sont pas responsables des bombardements ». Elle ne sera pas diffusée. Évidemment. La question n’était pas posée pour avoir une réponse mais pour déclencher un incident. C’était le but de quelques-uns d’obtenir un « incident », « une parole inadmissible », etc. pour y ramener toute l’actualité de notre rassemblement marseillais. Il va de soi que nous nous nous sommes organisés pour faire face et déjouer ces plans.
      Déjà la veille, pendant la déambulation, le micro de « C dans l’air » s’est tendu au moment où j’entrais dans le cortège : « vous verrouillez votre communication, pourquoi ? ». Les médias parlent des médias dans les médias à propos des médias. L’expérience montre que si je répondais, cette réponse deviendrait le sujet du compte rendu. Autrement dit, en un instant, l’agenda du micro tendu se serait substitué à celui du discours. Nous avons tiré la conclusion de cette situation en refusant dorénavant tout contact improvisé.
      Naturellement, je ne mets pas tout le monde dans le même sac ni tous les médias dans la même fournée. Je sais observer les différences de traitement. Mais une tendance lourde est à l’œuvre. Nous savons tous que dorénavant, les médias ont tendance à vouloir créer des évènements davantage que de rendre compte de ceux qu’il leur est proposé d’observer. Tout le mois de juillet a été employé à ce genre de méthodes contre les Insoumis pour tenter d’affaiblir (en vain) notre campagne parlementaire dans la session extraordinaire. Nous avons eu droit à la fabrication de l’incident à propos du « matheux », puis « vive la France » contre Danièle Obono, puis, puis, puis, chaque semaine, une ou deux trouvailles avant de finir par les lazzis sur ma défense du droit aux vacances.
      Méthodiquement, sans honte, il s’agissait de tout plutôt que du contenu de notre bataille. De ce que nous disions, du contenu de nos amendements. Et concernant nos propositions et nos votes, et ceux de nos contradicteurs : rien. Absolument rien. Tout pour la forme, l’apparence. Rien pour le fond. Ce n’est pas que les gens de métier soient tous ignorants ou qu’ils obéissent tous à une logique politique. La vérité est sociale : leurs conditions de recrutement, de travail et de rémunération condamnent chaque individu à un strict conformisme de moutons de Panurge. Il est donc absolument vain d’en attendre autre chose. Le combat contre le système médiatique doit donc faire évoluer ses formes.
      Dans l’immédiat évidemment, nous avons pris nos dispositions pour diminuer la prise sur nous, tout en essayant d’améliorer la portée des coups que nous voulons porter au système médiatique actuel. Je précise « actuel » parce qu’on aurait tort de croire que ce que l’on a sous les yeux est la seule manière possible de faire fonctionner un ensemble de moyens de communication et d’information. Le système dominant actuel est au service des dominants du moment. Il recourt aux formes d’expression et préoccupations qui sont celles des dominants. L’objectif pour nous reste de libérer aussi la société de cette prise en tenaille mentale. Car l’éducation et l’école sont les deux premiers outils qui rendent possible une citoyenneté véritable.

      Libérer les médias
      Nous connaissons les clefs du déverrouillage. La première concerne la propriété des médias. Car l’ordre médiatique part du sommet sur lequel s’alignent tous les compartiments. Que 90% des médias soient possédés par 9 milliardaires est une situation malsaine et dangereuse. La seconde concerne le statut social des gens qui y travaillent. La précarité de la masse des personnels, leur surexploitation et les cadences infernales sont des encouragements matériels très forts à la servilité politique et à la « pensée en boucle ». Moins d’écart de salaires, moins de précarité, moins de libre circulation du public vers le privé, ce serait déjà une respiration tellement oxygénante ! La troisième concerne l’organisation du travail. Il faut partout des comités de rédaction et quand il y en a, ils ne peuvent être de pures chambres d’enregistrement de caprices des chefferies. Les professionnels doivent avoir droit à des congés formations et de l’assistance tout au long de leur carrière et au fil de leur travail.
      Autrement dit, nous analysons le système médiatique à partir de ses formes de fonctionnement réelles. C’est-à-dire à partir des rapports de production qui le constituent et des rapports sociaux internes à l’aide desquels il obtient à la fois sa rentabilité économique et sa police de la pensée. Par exemple, il y a un rapport très direct entre la précarité de la plupart des gens des médias, leur surcharge de travail, et la violence de l’autocensure qu’ils s’imposent pour améliorer leurs situations personnelles.
      De bien des façons, le système médiatique est l’adversaire central de la bataille pour la révolution citoyenne. On a pu le voir pendant la campagne électorale de l’élection présidentielle. Ce n’est ni la droite, ni le PS qui nous ont affrontées sérieusement. Seul le fonctionnement en boucle et en écho de quelques éditorialistes a produit et reproduit sans cesse des thèmes de campagne permanente contre nous. Le lepénisme médiatique a plus fait pour renforcer les suffrages d’extrême droite que n’importe quelle campagne de la famille Le Pen. Encore aujourd’hui, une « experte », directrice de la Fondation Jean Jaurès, liée au PS, s’inquiète des risques que ferait peser « La France insoumise » dans un blog du Huffington Post sur la liberté de la presse et regrette que certains aient choisi de nous donner la parole plutôt qu’au Front national.
      De la même manière, les efforts acharnés pour me diaboliser, m’attribuer des positions politiques qui ne sont pas les miennes, ont été les seules vraies difficultés auxquelles nous nous sommes heurtés. Et ces difficultés ne venaient pas du contenu des attaques mais de leur incessante répétition. Il en va de même en cette rentrée où pour toute réponse à toute question ou toute initiative que nous prenons, le système médiatique nous renvoie à une réplique unique : « Venezuela » ! Le défi n’est donc pas tant de contre-attaquer. Parfois, cela revient à valider la charge de l’agresseur médiatique. Le défi est d’enlever son dentier au tigre de papier avant même qu’il ne morde. Il faut donc agir avec méthode, sans aucune naïveté ni illusion sur la nature de ce que nous affrontons.

      Décrédibiliser la cléricature
      Au demeurant, le problème posé n’est pas nouveau. Sous l’ancien régime monarchique aussi, l’hégémonie idéologique était la condition fondamentale de survie du système. Il en est ainsi à toutes les époques. Le consentement à l’autorité et l’évidence de celle-ci, reposent toujours sur des constructions idéologiques globales qui fondent leur légitimité. L’appareil qui produit et reproduit cette idéologie et l’injecte dans le sang du corps social doit donc être la première cible du combat contre l’ordre établi. C’est lui qui forme l’épiderme à franchir pour pouvoir atteindre les organes du pouvoir en place. C’est lui qui sécrète les anticorps destinés à détruire tout corps étranger à la logique du système dominant. Définir la meilleure forme d’action pour démanteler ce pouvoir d’auto-défense est la première tâche pour commencer la révolution des consciences. Les formes peuvent et doivent être aussi diverses que les époques et les cultures de références. Mais pour l’essentiel, elles imposent toujours une figure commune : vider l’émetteur de l’idéologie dominante de sa légitimité. Emetteurs : l’église à l’époque, les médias aujourd’hui, l’appareil ecclésiastique hier, les cléricatures médiatiques aujourd’hui.
      La bonne méthode dans ce domaine est la méthode efficace. Bien sûr, celle-ci peut varier avec le temps et les circonstances. Mais l’expérience montre que la méthode qui a toujours le mieux réussi joue un tableau central. Il faut ruiner la crédibilité de l’émetteur. Pour cela il faut frapper sans relâche sa prétention à être « sans parti pris », indépendant et soucieux d’éthique. Pour cela il faut souligner continuellement la différence entre les valeurs dont il se réclame et la pratique qui est la sienne. Ainsi a fonctionné la dénonciation de la pratique des ecclésiastiques d’ancien régime en contradiction avec la charité, la justice et la fraternité dont se réclamait la doctrine chrétienne. Choquante d’abord, cette critique devenue systématique a permis à des générations de libres-penseurs de construire une nouvelle conscience politique populaire. Nouvelle parce que débarrassée des auto-limitations que lui suggérait auparavant l’idéologie dominante fondée sur l’autorité du religieux.
      Il en va de même avec le système médiatique. Ses mensonges, ses abus, sa servilité une fois mis en lumière, exaspèrent définitivement ceux qu’il tente d’abasourdir. Une fois le seuil d’exaspération franchi, le retour en arrière devient impossible. Au contraire, l’esprit mis en alerte et en état de suspicion permanente à l’égard des médias s’enrage davantage à chaque occasion. Alors le mode opératoire est simple : railleries, humour, superposition, impertinence doivent être convoqués pour miner à la racine l’autorité religieuse que voudrait être le système médiatique et la cléricature arrogante qui le compose.
      La tâche est facilitée aujourd’hui. Comptons sur l’effet produit par le rabâchage des idées et des mots de la pensée dominante, en toutes circonstances et à tout propos ! Ce rabâchage est perçu en tant que tel par le public auquel il est infligé. Encouragées par leur hégémonie et le sentiment d’impunité, les récitants sont désormais profondément engagés dans la voie du jargon et de la psalmodie. Ils ne peuvent s’en rendre compte. Ils sont donc aussi vulnérables du fait de l’étrangeté qui s’en dégage que l’étaient les « vobiscum » de la messe en latin.

      Dénoncer ne suffit pas
      Naturellement, nous ne devons jamais cacher que nous combattons ce système. Mais la « dénonciation », si nécessaire qu’elle soit, ne saurait suffire. La stratégie de combat doit être à la mesure de ce que nous affrontons : totale et globale. Pendant la campagne présidentielle, nous avons montré comment les réseaux sociaux permettaient de contourner le système de l’officialité médiatique. Nous avons ainsi créé la première chaîne YouTube politique de masse. L’attention des commentateurs s’est concentrée sur le bénéficiaire de cette construction. J’invite plutôt à considérer les abonnés. Leur nombre et leur fidélité montre quelle disponibilité existe pour participer à une activité de contournement comme celle-ci. Il exprime donc une prise de conscience populaire massive. Nous allons tirer toute les leçons de ce fait et de la stratégie que nous avons menée. Il n’est pas besoin d’en dire davantage à cette heure. Pour le reste, il va de soi que la rentrée des médias nous a servi d’une façon inattendue mais incroyablement favorable.

      Bonne nouvelle : Raquel Garrido
      L’arrivée de Raquel Garrido sur C8 a polarisé la hargne de la caste. Ceux-là n’avaient bien-sûr rien à dire quand Cohn-Bendit nous agonisait de postillons sur Europe 1, ou que Roselyne Bachelot officiait ici et là. Leurs critiques restent d’ailleurs très évasives en ce qui concerne les autres militants politiques dorénavant installés à l’antenne : Raffarin, Guaino, Dray et compagnie.
      Raquel Garrido concentre leur haine de caste. D’abord parce que c’est une femme, donc les messieurs se lâchent plus facilement. Ensuite parce qu’elle a du talent. Ce qui risque de faire s’étioler quelques pots de fleurs des deux genres. De plus elle est cultivée. Elle parle aussi quatre langues, ce qui lui permet de boire d’autres potages informatifs que la seule soupe nationale. En outre, elle a une longue expérience de l’engagement intellectuel. Elle sait ordonner et exprimer un point de vue sans jargonner ou être pédante. Enfin elle est libre. En effet j’ai lu qu’on faisait des parallèles entre la situation de Bruno Roger-Petit et celle de Raquel Garrido. C’est tout à fait inapproprié. Lui est le porte-parole du gouvernement. Sa parole est soumise. Raquel Garrido est insoumise. Elle exprime son propre point de vue, comme elle l’entend. Elle n’est pas mandatée. Ni par moi ni par personne. Contrairement à ceux qui comme Le Canard enchaîné en font l’improbable « numéro 2 » du mouvement, elle n’y a aucun mandat. En fait personne n’en a ou presque dans le mouvement. Garrido est une figure de notre mouvance qu’elle a contribué à fonder. Elle est une proche compagne de mes combats depuis 30 ans et je suis flatté qu’on la dise mon porte-parole quand j’observe la qualité de ses interventions. C’est une personnalité au bon sens du terme. C’est toute la force de sa position : elle exprime une culture, un parti-pris intellectuel. Pas un une mission de parti. Et comme c’est une personne qui prend au sérieux le travail qui lui est demandé, elle sera une chroniqueuse brillante et percutante. C’est ce qu’a déjà montré sa question au Premier ministre en conférence de presse.
      Évidemment, j’ai noté la critique selon laquelle « elle travaille pour Bolloré ». Jaloux et sectaires aboient en cadence. Ce serait « un comble » aussi pour certains éditocrates de la bien-pensance. Ah ! Ah ! Il reste à tous ces pédants à aller voir tous ceux qui travaillent pour un capitaliste pour leur demander de renoncer à leur poste ! Quelle grossière manœuvre que cet argument. Toute personne qui va au travail fait un grand compromis avec le capital puisqu’elle lui cède gratuitement une part de la plus-value qu’elle crée. Un peu de marxisme aiderait certains à penser plus finement.
      Cependant, il faut ajouter autre chose. Ce qui vient de se passer en général, de l’affaire Bruno Roger-Petit à la nomination de tous ces chroniqueurs politiques, nous sert beaucoup dans notre combat contre le système médiatique. Que l’étau se soit desserré grâce à l’embauche d’une ou deux personnes proches de nous ne nous fait pas perdre de vue le tableau d’ensemble. La « confusion des genres » entre journalistes et militants politiques éclaire la situation générale. Car il n’y a pas de confusion. Tous les journalistes politiques sans exception ont un point de vue politique et c’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont recrutés plutôt que d’autres.
      La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges. Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi. L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape. Encore une fois, l’essentiel est de décrédibiliser le système du point de vue des valeurs qu’il prétend mettre en œuvre. Comme la dit le sociologue du « populisme de gauche », l’argentin Ernesto Laclau, « le seul parti effectif contre nous est le système médiatique ». Ni la droite, ni les « sociaux-démocrates » ne sont en état de faire leur travail tant la marchandise qu’ils ont à vendre est recrachée par tous. L’épisode d’auto-disqualification doit donc être replacé dans son contexte global en France. Il exprime quelque chose d’essentiel à propos de la crise du système de domination des puissants sur la société.
      Jean-Luc MELENCHON

    • Décidément, Macron n’aime pas les français !

      Maintenant c’est clair : le président Emmanuel Macron n’aime pas les Français. Il ne les aime vraiment pas. Attention, je ne parle pas ici de son mépris de caste lorsqu’il se moque des travailleuses illettrées, des nordistes tabagistes et alcoolisés ou de ceux qui vont en T-shirt au lieu de travailler pour se payer un costume ! Je ne parle pas non plus « du Comorien » que livrent les kwassas-kwassas ! Non, il s’agit des Français en général. Le chef de l’État a en effet pris l’habitude d’en dire du mal. Et de le faire devant des étrangers et depuis l’étranger ! Double impudence, double offense !

      Ce 8 septembre à Athènes, en Grèce, comme on l’interrogeait sur les mobilisations que les manants de son pays comptent organiser contre son coup d’État social, il a aussitôt craché tout son mépris pour le peuple qui lui tient tête : « Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes » ! Petit coup de menton injurieux qui sonne comme un défi. Nous qui sommes déjà des « abrutis », nous assistons les yeux grands ouverts à la mutation de l’état d’esprit de la caste des « très importants » face au peuple du commun. Emmanuel Macron fait sauter les digues. Il montre le mauvais exemple. Sa façon de parler lâche la bride qui obligeait toute la caste à faire preuve de retenue. On peut dire qu’Emmanuel Macron aura consciencieusement travaillé à créer ce style du management par le mépris public et la cravache.

      Les petites phrases depuis l’étranger se succèdent et se répètent dans ce même registre. Le 21 février à Londres, devant les expatriés français : « En France, on stigmatise l’échec et on n’aime pas le succès ». Le 24 août en Roumanie : « La France n’est pas un pays réformable, les Françaises et les Français détestent les réformes. Dès qu’on peut éviter les réformes, on ne les fait pas. C’est un peuple qui déteste cela. » À ces considérations méprisantes pour le peuple dont il est le président, Emmanuel Macron n’oublie jamais de rajouter des critiques contre le système de son pays. Ainsi à Londres : le système fiscal français « empêche les gens de réussir trop bien ». Et le 23 août en Autriche : « La réalité, c’est que la France est la seule grande économie européenne qui n’a pas gagné face au chômage de masse, c’est ça la réalité ». En l’occurrence cette « réalité » est un mensonge.

      Les Français ont d’ailleurs bien compris que le président de la République ne les aimait pas. C’est bien pourquoi de leur côté ils l’aiment de moins en moins. Le 23 septembre « les abrutis », « les fainéants », « les cyniques » mettront donc un point d’honneur à manifester ensemble contre le monarque présidentiel qui les cravache depuis l’étranger. Qui sait ? On se souvient de cet échange entre Louis XVI et le duc de la Rochefoucauld à propos des évènements du 14 juillet « Une révolte ? » « Non, sire, c’est une Révolution ».

      JLM

  • Quand l’émission « C dans l’air » se vautre dans un Mélenchon-bashing sans nuance
    https://www.marianne.net/medias/quand-l-emission-c-dans-l-air-se-vautre-dans-un-melenchon-bashing-sans-nua
    https://www.marianne.net/sites/default/files/styles/mrn_article_large/public/capture_decran_2017-09-03_a_14.54.19.png?itok=lS8NJ5G7

    Il est vrai que sans le vouloir, les chroniqueurs invités par France 5 ont semblé donner raison aux Insoumis dénonçant le manque de diversité politique dans les médias et le « Mélenchon-bashing ». De quoi leur donner encore plus envie de « dégager les médias »...

    Debout Avec Ruffin !
    – Si tu finis pas ton assiette, tu files regarder C dans l’air !
    – Noooonnnn, je t’en supplie, tout mais pas ça.#punition

    • D’abrutis à médiacrates : du calme !
      http://melenchon.fr/2017/09/04/dabrutis-a-mediacrates-calme

      La situation actuelle jette aux orties un secret de polichinelle. La caste politique, les médiacrates et l’oligarchie forment un seul bloc social que lie l’argent et les privilèges. Le plateau de « C dans l’air » l’autre soir, où l’on vit rivaliser de grossières et lourdasses bassines de fiel la totalité des participants, est un si bel exemple de cet entre-soi. L’énorme couche de discrédit supplémentaire que les nominations de chroniqueurs et les réactions de haine des médiacrates qu’elles entrainent font bien avancer dans la conscience collective notre travail de sape. Encore une fois, l’essentiel est de décrédibiliser le système du point de vue des valeurs qu’il prétend mettre en œuvre. Comme la dit le sociologue du « populisme de gauche », l’argentin Ernesto Laclau, « le seul parti effectif contre nous est le système médiatique ». Ni la droite, ni les « sociaux-démocrates » ne sont en état de faire leur travail tant la marchandise qu’ils ont à vendre est recrachée par tous. L’épisode d’auto-disqualification doit donc être replacé dans son contexte global en France. Il exprime quelque chose d’essentiel à propos de la crise du système de domination des puissants sur la société.

    • « Je vais être très clair »… Probablement ignorant des logiques élémentaires du symptôme, Emmanuel Macron semble ne pas voir combien cette manière répétitive de commencer chacune de ses réponses trahit le désir profond de recouvrement qui anime toute sa campagne. « Entre le flou et le rien, continuez de baigner », voilà ce qu’il faut entendre en fait à chacune de ses promesses de clarté. À sa décharge, on admettra que déférer à l’obligation de parler quand on a surtout l’intention de ne rien dire est l’un de ces fléaux de la « démocratie » contre lequel on n’a pas encore trouvé d’antidote satisfaisant. On objectera que la plupart des candidats finissent par s’accommoder de ce long et mauvais moment à passer, et que le mensonge de campagne est un genre bien établi qui ne devrait plus rien avoir pour surprendre quiconque. Le problème pour Emmanuel Macron prend cependant des proportions inédites car il ne s’agit plus simplement de faire passer en douce une ou deux énormités, fussent-elles du calibre de « la finance, mon ennemie » : c’est sa campagne dans son intégralité, et jusqu’à sa personne même comme candidat, qui constituent une entreprise essentiellement frauduleuse...

    • http://lvsl.fr/emmanuel-macron-anatomie-dune-strategie-politique
      Emmanuel Macron et le populisme

      Le 19 mars dernier, l’ancien ministre de l’Economie déclarait au JDD : « Appelez-moi populiste si vous voulez. Mais ne m’appelez pas démagogue, car je ne flatte pas le peuple ». Le concept de « populisme », trop souvent vidé de son contenu analytique et désormais transformé en catégorie-repoussoir du débat politique, est régulièrement appliqué à Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Pour le candidat d’En Marche, la question est loin d’être évidente.

      Le néolibéralisme, qui constitue la clé de voûte du projet d’Emmanuel Macron, se caractérise habituellement par la recherche du dépassement des « vieux » clivages au profit d’un traitement technique, supposément « désidéologisé », des grandes questions économiques et sociales. Le candidat d’En Marche n’échappe pas à la règle, lorsqu’il relativise la pertinence de l’affrontement gauche/droite et privilégie le registre de l’expertise et de la compétence. A cet égard, il semble excessif de voir dans le macronisme le « stade suprême du populisme », comme le suggère Guillaume Bigot dans un article du Figaro. Le populisme est en effet une méthode de construction des identités politiques qui repose sur la réintroduction du conflit, par la « dichotomisation de l’espace social en deux camps antagonistes », selon Ernesto Laclau, l’un de ses principaux théoriciens. Là où le populisme cherche à réinjecter du politique, envisagé comme conflictuel par nature, l’ « esprit » du néolibéralisme tend à l’inverse à dépolitiser.

      Néanmoins, la stratégie discursive d’Emmanuel Macron que nous nous sommes attachés à présenter – nouvelle dichotomie de l’espace politique entre progressistes et conservateurs, rhétorique anti-élites et positionnement en dehors des cadres institutionnels, valorisation du renouveau – relève effectivement en partie de la construction populiste. Là où la droite républicaine présente l’austérité et les réformes structurelles comme un horizon indépassable, sur un registre fataliste en résonance avec le fameux « There is no alternative » de Margaret Thatcher, Emmanuel Macron tente de susciter un élan positif d’adhésion collective à son projet.

      Les analyses gramsciennes, développées notamment par le politiste Gaël Brustier, ou par Antoine Cargoët dans LVSL, prennent ici tout leur sens. Dans le sillage du penseur italien Antonio Gramsci, on peut considérer qu’un acteur politique détient l’hégémonie lorsqu’il réussit à donner une portée universelle à son projet, en installant la conviction que les intérêts qu’il défend sont ceux de l’ensemble de la communauté politique. Or, le néolibéralisme, en panne de récit de légitimation et incapable d’intégrer les secteurs subalternes, souffre aujourd’hui d’une profonde crise organique : son hégémonie est menacée de toute part. L’émergence du « phénomène » Macron peut dès lors être perçue comme une tentative de reprise en main des élites, à travers la formulation d’un « nouveau récit d’adhésion au libéralisme », d’après les termes de Gaël Brustier : désencombré du conservatisme des droites et des complexes des socialistes, débarrassé des appareils partisans disqualifiés, incarné par un nouveau visage plus dynamique et plus moderne, le néolibéralisme « en marche » est susceptible d’obtenir une plus large adhésion. C’est la « révolution passive ».

      Emmanuel Macron reprend donc à son compte certaines caractéristiques clés d’une stratégie populiste, saisissant la nécessité d’adapter son discours à l’état de délabrement du champ politique français, et rapprochant le libéralisme du sens commun par son association au progressisme et au renouvellement démocratique. Seulement, le « populisme » du leader d’En Marche entre en tension avec l’essence d’un projet qui réaffirme clairement le primat des décisions techniques sur la souveraineté populaire.

    • http://www.humanite.fr/nicolas-framont-se-pencher-sur-la-position-sociale-des-anti-systeme-est-ess

      Justement Macron, auteur de Révolution, avance l’idée qu’En marche ! est le fer de lance d’une vague citoyenne. Sauf que vous démontrez, dans votre ouvrage les Candidats du système , qu’il s’est lancé sur la base du système oligarchique...

      Nicolas Framont Le candidat n’a pas joué le jeu des partis politiques parce qu’il était suffisamment riche et bien entouré pour pouvoir s’en passer. Il a cette capacité de court-circuiter tout un tas de logiques qui auraient aidé à l’enfermer dans le costume de « l’héritier de Hollande ». Seulement, En marche ! est l’inverse d’une démarche citoyenne. C’est encore moins citoyen qu’un parti politique, avec une organisation encore plus verticale, à l’américaine, où les citoyens n’ont aucun rôle à jouer et où les militants sont de simples supporters. Alors que les partis politiques avaient cette capacité d’ascenseur social, En marche ! est seulement l’écurie d’un homme. Ses initiales sont révélatrices de cela (« EM » pour Emmanuel Macron et En marche ! – NDLR ). Les proches d’Emmanuel Macron, membres influents de grands ministères de la finance, ont réalisé que le bipartisme ne fonctionnait plus, que les taux d’abstention explosaient et qu’il pouvait être leur nouvelle tentative. Il a été mis en piste depuis longtemps par Attali, la banque Rothschild, puis des capitalistes influents. Le côté « renouveau », qui n’est que de la communication, s’appuie sur des moyens considérables. Et cela paie visiblement auprès des journalistes.

  • Judith Butler : « Un populisme de gauche doit conduire à une démocratie radicale »

    La philosophe américaine connue pour ses travaux sur les questions de genre estime que le nouveau président, Donald Trump, n’est en aucun cas légitime à représenter le peuple. Elle appelle les individus à se rassembler pour défendre le droit à une vie « vivable » pour chacun.

    Ce qui semblait encore irréel pour nombre d’intellectuels de gauche américains est advenu : depuis vendredi, Donald Trump est le 45e président des Etats-Unis. Hasard éditorial, le dernier livre traduit en français de la philosophe américaine Judith Butler est sorti au moment même où Trump remportait l’élection. Comme une adresse à un candidat qui a fait campagne sur la division et l’exclusion, le titre du livre de l’une des plus grandes théoriciennes du genre , professeure à Berkeley, est une forme de résistance. Rassemblement décrit un monde où la force des corps rassemblés sur une place en Egypte, en France ou aux Etats-Unis, sort de l’invisibilité tous ceux dont les droits fondamentaux (nourriture, toit, liberté de mouvement, protection contre la violence) ne sont pas respectés. Garantir une « vie vivable » doit être un des buts de toute démocratie, affirme Judith Butler qui appelle à la fondation d’un « nouveau socialisme » version américaine.

    Comment l’Amérique en est-elle arrivée là ?

    L’élection de Trump est le fait de causes multiples. Et, d’une manière générale, il ne faut jamais se contenter d’une seule explication. Si nous disons que ce sont des hommes blancs économiquement défavorisés qui ont voté pour Trump, et que nous nous focalisons sur la cause de leur marginalisation économique, nous oublions que le racisme existe depuis longtemps aux Etats-Unis, et que ce que nous pourrions qualifier de « colère économique » s’est conjugué à la haine raciale pour aboutir à une telle situation. La misogynie n’est pas en reste non plus, ainsi que la destinée symbolique de la masculinité. La peur du « terrorisme » et le désir de « sécurité » sont également présents aux Etats-Unis, comme dans la plupart des pays d’Europe, et ils font le lit du fascisme : dans le délire utopiste qui l’a porté au pouvoir, Trump créera des emplois, rétablira la sécurité, réhabilitera la masculinité, subordonnera les femmes et rendra sa blancheur à l’Amérique. Mais n’oublions pas qu’il n’a recueilli que 23 % du suffrage populaire. Il n’est donc en aucun cas légitime pour représenter le peuple. Une minorité haineuse a accédé au pouvoir et provoque aujourd’hui une crise démocratique.

    Des intellectuels américains, notamment dans les universités, ont organisé une résistance à Trump ? En faites-vous partie ?

    Nous essayons de bâtir un « mouvement sanctuaire » dans les universités et nous demandons instamment aux autorités locales et des Etats fédérés de refuser d’obtempérer si des ordres d’expulsion de sans-papiers sont donnés. Nous devons immédiatement mobiliser le soutien de ces millions de sans-papiers qui vivent aux Etats-Unis et qui risquent d’être expulsés. Nous aurons fort à faire pendant longtemps, vu l’ampleur de la tâche. On peut aussi se demander s’il n’est pas temps qu’apparaisse un troisième parti aux Etats-Unis, un parti qui rassemblerait largement par-delà les origines ethniques et les classes, et qui incarne les idéaux d’une social-démocratie qui n’est pas régie par des valeurs néolibérales. Cela pourrait bien être un nouveau socialisme. Au fond, si nous avons un nouveau fascisme aux Etats-Unis, peut-être pouvons-nous aussi voir émerger, après la campagne de Sanders, un nouveau socialisme fondé sur un principe de démocratie radicale.

    Les populismes sont souvent expliqués sous l’angle identitaire et culturel : la peur de ne plus être soi, la peur de l’autre. Une question culturelle ou sociale ?

    Lorsque nous réfléchissons au trumpisme, le problème n’est pas celui de l’identité, mais de l’économie, de l’héritage persistant du racisme, du déchaînement contre les élites culturelles, du fossé béant entre ceux qui ont fait des études et les autres. Trump a libéré des rancœurs et des haines qui couvaient depuis longtemps. Si c’est un populisme de droite, c’est un populisme qui semble aujourd’hui conduire au fascisme. A mon avis, un populisme de gauche doit conduire à une démocratie radicale. En fait, le terme « populisme » revêt une signification très différente en France et qui n’est pas partagée par tous. Je comprends que, pour la majorité des gens, c’est un terme méprisable. Il est perçu comme l’expression politique d’une vague de sentiments irrationnels. Je ne pense pas qu’il soit considéré ainsi en Argentine, par exemple, où il incarne une manière d’exprimer la volonté du peuple.

    La plupart des théoriciens de la démocratie conviennent que la « volonté populaire » est une question complexe, mais les descriptions les plus intelligentes du populisme, telle que celle proposée par Ernesto Laclau, cherchent à comprendre comment des factions, des identités et des intérêts particuliers divers peuvent se lier les uns aux autres sans perdre leur spécificité.

    Pour Laclau, cet effort d’« articulation », d’une série de connexions entre diverses identités est l’objectif du populisme. Il ne s’agit pas d’une convergence fasciste vers une « volonté unique », ni de l’émergence d’un leader charismatique qui semble unifier le peuple. Bien sûr, il existe un populisme de droite et un populisme de gauche, et le populisme en lui-même ne constitue pas une posture politique complète. Les solidarités auxquelles il est possible de parvenir par le biais de divers modes de communication et de mobilisation doivent produire une majorité de gauche susceptible d’élire un gouvernement qui cherche à asseoir la démocratie tant dans sa forme que dans son contenu.

    Justement ces liens deviennent visibles lors de rassemblements de type Occupy ou de Nuit debout en France. Pourquoi est-ce si important politiquement que les corps se rassemblent ?

    La liberté de rassemblement suppose que les individus puissent se déplacer, se réunir et revendiquer ensemble quelque chose dans un espace public qui autorise mouvement, audibilité et visibilité. Nombre de ceux qui manifestent contre l’austérité apparaissent publiquement comme les corps touchés par cette politique économique catastrophique. Lorsque des gens se rassemblent pour s’opposer à des expulsions, ou lorsqu’ils réclament des soins de santé abordables ou le droit de passer d’un pays à un autre, ils attirent l’attention du public sur des besoins aussi essentiels qu’un toit, l’accès à la santé ou la liberté de mouvement.

    Les corps se rassemblent pour agir ensemble - jamais comme une unité parfaite, bien entendu - mais surtout pour dénoncer clairement l’organisation actuelle de la société qui prive les gens d’un logement, de nourriture et de soins, bref, de la possibilité même de mener une vie vivable. C’est pourquoi les mesures prises par l’Etat pour restreindre les manifestations et les rassemblements sont très dangereuses. Tout pays qui se veut démocratique doit préserver la liberté de réunion. Par exemple, la France ne doit pas normaliser l’état d’urgence. Si la suspension des libertés fondamentales est normalisée en tant que « nécessité », alors l’essence même de la démocratie disparaît.

    Dans un contexte de néolibéralisme, mais aussi de renforcement de l’obsession sécuritaire et de montée de la xénophobie, les droits fondamentaux - nourriture, toit, liberté de mouvement, protection contre la violence - ne seront plus assurés pour un nombre toujours plus grand de personnes, qu’elles soient en situation régulière ou non. Les mouvements sociaux de gauche qui reposent sur des rassemblements ont très souvent, mais pas toujours, des aspirations démocratiques : liberté d’expression, d’association et de réunion, mais aussi droit de vivre sans crainte, de bénéficier de conditions sociales essentielles et d’un cadre démocratique pour vivre.

    Garantir une « vie vivable » à chacun serait un des fondamentaux de la démocratie…

    Nombre d’entre nous vivons déjà une vie « discréditée », et l’on trouve une indignation légitime et encourageante chez tous les « discrédités ». Il s’agit de traduire l’indignation, dans la sphère politique, en un large appel à une démocratie inclusive et égalitaire. Lorsqu’il n’y a pas de vision démocratique pour les discrédités, la violence et la vengeance apparaissent comme la solution. A mon avis, nous ne pouvons pas vivre une vie vivable si nous ne commençons pas par établir les conditions communes de vivabilité. Pour moi, un engagement démocratique élémentaire doit viser cet objectif.

    L’être humain ne tient pas debout tout seul, dites-vous…

    Dans mon quartier, il y a beaucoup de sans-abri. Ils sont tributaires des services publics, et ces services ne cessent de voir leurs financements diminuer. Ils sont tributaires des institutions, comme nous tous. Lorsque nous perdons les conditions infrastructurelles élémentaires dont nous avons besoin pour survivre et subsister, notre vie est en danger, nous sombrons. Si une société est organisée de sorte qu’elle laisse les gens mourir plutôt que de leur fournir des services sociaux élémentaires, nous pouvons affirmer que quelque chose va terriblement mal dans cette société. Cela ne se résume pas seulement au fait que le sans-abri est vulnérable, et moi pas. On peut invoquer, en la détournant, l’expression populaire « passer à travers les mailles du filet » pour illustrer cela. En un certain sens, cette dépendance est universelle : les corps en général ont des besoins qui doivent être satisfaits pour qu’ils puissent continuer à vivre. Mais c’est aussi politique : lorsque les sociétés ne s’engagent pas à fournir les conditions de vivabilité, elles acceptent implicitement que certains ne vivront pas ou, s’ils parviennent tout de même à survivre, ce sera dans des conditions qui ne sont pas supportables, et ne devraient pas être acceptées.

    Par Cécile Daumas — 20 janvier 2017

    http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.liberation.fr%2Fdebats%2F2017%2F01%2F20%2Fjud

  • Il faut bousculer l’ordre établi
    http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=2215

    La première condition pour réduire les inégalités économiques et sociales réside dans la transformation de la classe politique puisque ce sont les députés et les sénateurs qui écrivent les lois. Or, les assemblées parlementaires « brillent » aujourd’hui par l’absence quasi totale des ouvriers et des employés qui constituent 52 % de la population active. Interdire le cumul des mandats et la professionnalisation en politique, créer un statut d’élu, permettraient à la politique de redevenir le bien commun de l’ensemble des citoyens. Rendre le vote obligatoire et comptabiliser les votes blancs dans les suffrages exprimés encourageraient les populations isolées à manifester explicitement leurs choix dans les urnes et, du même coup, relèveraient l’exigence des candidats à lutter concrètement en faveur de plus d’égalité.

    • Et à l’autre bout du spectre :

      DE LA MEDECINE GENERALE, seulement de la médecine générale : Un enfant médicalisé. Histoire de consultation 197.
      http://docteurdu16.blogspot.fr/2017/03/un-enfant-medicalise-histoire-de.html

      La maman : « Pourquoi avez-vous levé les yeux au ciel quand j’ai parlé de l’orthophoniste et du neurologue ? »
      Elle a raison : mon non verbal est dramatique.
      Moi : « Parce que je trouve qu’il est petit et qu’il faut prendre son temps. »
      La maman : « Il est intenable en classe. - Que fait-il ? - La maîtresse dit qu’il ne participe pas. Je vais vous donner un exemple, quand elle lit une histoire devant la classe il se lève, se promène et cela dérange tout le monde. »
      Hum.
      Moi : « Et à la maison ? Il écoute quand vous lui lisez une histoire ? - Oui. Le soir, et il s’endort après. Mais il est dur. Il nous épuise. - Est-ce qu’il était comme cela à la crèche ? - Non, il était sage, il ne bougeait pas (3). - Vous expliquez cela comment ? »
      La maman me regarde comme si j’étais un idiot absolu. Elle continue : « A la crèche les enfants jouent alors qu’à l’école on leur fait faire des exercices... Eh bien, B perturbe les exercices et surtout il ne les fait pas... »
      Je pense en moi-même : faire des exercices en petite section de maternelle n’est pas choquant mais cette formulation me choque quand même.
      Je pose une question sotte : « Il y a combien d’élèves dans la classe ? - Ils sont 32. » Cette fois je lève les yeux au ciel.
      (Je rappelle que cet enfant est scolarisé au Val Fourré, l’ex plus grande ZUP d’Europe (je ne sais qui l’a détrônée), en ZEP, et que 32 élèves de trois ans dans une petite section, c’est intenable. Ici, environ un tiers des enfants proviennent de familles où le français n’est pas la langue maternelle des parents et où le français ne leur a même pas été appris à la maison !). (4)

    • « Rendre le vote obligatoire » ! ? Donc, sous prétexte d’égalité, on casse la liberté individuelle ?
      Ce que j’aime dans toutes ces « nouvelles » propositions c’est qu’on a toujours le bâton, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, jamais il n’y a la possibilité de laisser les choses se faire, comme dans le logiciel libre, ou Nuit Debout.
      Les théoriciens sont toujours du même côté, seuls changent leurs carottes et leurs bâtons.
      Il faut lutter contre ça aussi, donc.
      Ca s’appelle du populisme, rien de plus.

    • Perline il faut voir le bon côté des choses : rendre le vote « obligatoire » généralisera la désobéissance civile :p

    • Abolir les privilèges

      Le savoir étant le véritable pilier du pouvoir, son accès doit être démocratisé dans une lutte acharnée contre l’échec scolaire. La connaissance de la société, notamment dans cette phase du système capitaliste particulièrement violente, est indispensable.

      L’école peut et doit donner à comprendre les processus sociaux qui conduisent aux inégalités d’autant plus que les membres de la classe dominante cherchent à tout prix à masquer les racines de leurs privilèges et de leurs rémunérations exorbitantes. Compte tenu du rôle essentiel des grandes écoles dans la reproduction des élites, leur suppression serait un acte symbolique de la plus haute importance car elle casserait un peu de leur entre-soi. Car l’impunité, et donc la récidive, dans la prédation des richesses et des pouvoirs à leur seul profit se construisent dans les cercles fermés de l’aristocratie de l’argent.

      Des mesures efficaces contre la ségrégation urbaine mettraient à mal un autre entre-soi, celui des beaux quartiers. La représentation systématique des salariés dans les conseils d’administration des grandes entreprises industrielles et bancaires malmènerait les petits arrangements entre camarades de classe. Pour tricher heureux, il faut en effet tricher cachés. L’abolition des secrets dont s’entourent les puissants, les secrets bancaire, fiscal ou des affaires est la condition pour maîtriser l’évasion fiscale qui prive l’État de près de 80 milliards d’euros chaque année, soit l’équivalent du déficit public de la France.

      Les inégalités creusent non seulement un fossé entre les membres de la classe dominante et ceux des classes populaires mais elles constituent, en plus, une arme pour l’asservissement de ces dernières. Le refus des plus riches de payer des impôts à la hauteur de leur fortune construit une dette que les salariés sont sommés de rembourser. C’est donc bien par des mesures concrètes prises simultanément dans les différents secteurs de l’activité économique et sociale qu’une classe politique profondément réformée pourra diminuer les inégalités en prenant en compte les relations qu’elles entretiennent les unes avec les autres. Des réformes à potentialité révolutionnaire.

      Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

    • @marielle Le populisme n’est ni de gauche ni de droite ! C’est une manière de faire, Evita Perron c’est OK ? Pepe grillo OK ? Le CID Unati, pas OK ?
      C’est comme si tu préférais le fascisme de gauche, en fustigeant le fascisme de droite, ou que tu soutenais les dictateurs de gauche, en fustigeant les dictateurs de droite.
      Ah ? Oups....

    • Alors que la campagne présidentielle entre dans la dernière ligne droite mais toujours sur fond d’affaires, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, appelle à se saisir du vote Mélenchon pour exiger un changement radical. Selon lui, rien n’est joué pour ce premier tour et il invite les électeurs à ne pas se laisser voler leur vote et à ne pas tomber dans le « piège » Macron face au réel danger FN.

      Pour des millions de Français, la peur de Le Pen fait du vote Macron un vote utile. Que leur dire ?

      Pierre Laurent. Cela fait un an que l’on construit un piège politique pour empêcher les Français de choisir une véritable politique de gauche. Le choix se réduirait à Mme Le Pen ou une version ou une autre des mêmes politiques libérales – soit la version ultraréactionnaire de Fillon, soit une version prétendument modernisée avec Macron. Mais nous avons déjà vu Macron à l’œuvre. Il a été l’inspirateur de la politique économique de François Hollande. Et aujourd’hui il veut poursuivre avec 60 milliards de dépenses publiques et 120 000 fonctionnaires en moins… Sa première visite internationale a été pour Angela Merkel pour l’assurer que la France, avec lui, poursuivrait dans la même voie. L’idée qu’on sera en meilleure position pour battre Mme Le Pen si le vote Macron est très élevé, quitte à faire descendre les votes de gauche, est une idée extrêmement dangereuse. Ne nous trompons pas d’adversaire. Pour porter le plus haut possible le vote Mélenchon, le danger, c’est le vote Macron, pas le vote pour Benoît Hamon, qui est d’ailleurs combattu par les tenants de la ligne sociale-libérale. Nous aurons demain à reconstruire avec tous les électeurs de gauche.

      Alors, comment contrer le danger FN ?

      Pierre Laurent. D’abord en combattant ses idées. J’ai publié un livre pour démonter l’imposture de son programme car j’en ai assez de la complaisance qui entoure le discours du FN. J’ai conscience que, pour combattre cette banalisation, il faut le faire avec des arguments précis, en démontant un discours qui s’emploie à maquiller ses véritables intentions. Prenons l’idée centrale du FN : il prétend qu’il créera un bouclier protecteur pour les travailleurs en constitutionnalisant la préférence nationale. Si cela arrivait, ce serait en vérité la fin du principe central d’égalité dans notre République, et son remplacement par un principe officiel de discrimination. Ce ne serait donc pas une protection mais une attaque contre tous les principes fondamentaux d’égalité. C’est l’ensemble des droits des travailleurs qui serait fragilisé. En créant des catégories de salariés sans droits, sans accès à la protection sociale, le FN institutionnaliserait sur le sol national le dumping social entre salariés aux droits différents. En vérité, Mme Le Pen passe son temps à diviser les Français en exonérant de toutes responsabilités la concentration des richesses financières dans les mains de quelques-uns.

      Humanité Dimanche Vendredi, 31 Mars, 2017

    • Mais bien sûr que oui qu’il existe un populisme de gauche et c’est celui que construit Jean-luc Mélenchon pour pouvoir faire face à l’ultra libéralisme, à l’imposteur Macron et au nationalisme de Lepen. @perline
      Je fais partie de ce peuple et j’en suis fière et j’appelle au dégagisme de la classe politique corrompue, à la création d’une constituante et de la VIème république.

      « Par et pour le peuple c’est ça la révolution citoyenne »

      Pour finir, je propose un tableau qui résume la situation. On peut dire que trois pôles se disputent l’hégémonie idéologique sur notre société. Le premier : « ma tribu d’abord, périssent les autres ! » C’est la règle brune. C’est l’extrême droite de Madame Le Pen qui domine ce bloc où l’on trouve aussi Dupont-Aignan et Asselineau. Le second c’est : « chacun pour soi, le marché pour tous ». C’est la règle d’or. Ici domine à cette heure la candidature d’Emmanuel Macron. Le troisième c’est le « tous ensemble ». C’est ce que fédère en majeure partie ma candidature. Entre ces blocs, d’inégale importance, les candidatures qui essaient de se positionner entre deux de ces pôles entrent dans une tension ingérable. Ainsi quand Fillon tâchait d’unir le tribalisme réactionnaire et le libéralisme économique ou bien quand le PS a voulu établir un pont entre le « chacun pour soi » libéral et le « tous ensemble ». On ne sait pas de quoi demain sera fait, mais on sait à cette heure ce qui se produit : une profonde et ample redistribution des adhésions entre ces trois groupes. Elle devient l’enjeu de l’élection. Elle fournit la base de trois programmes bien distincts. Et chaque jour qui passe, en dépit des remuements de l’écume des choses, le grand nombre se positionne progressivement à l’un ou l’autre de ces trois pôles.

      Jean-luc Mélenchon

      « La perception de la nature profondément antidémocratique des institutions françaises et européennes gagne les esprits. Mais la traduction en termes électoraux de cette conscience nouvelle risque d’être dévoyée par le piège d’un « vote utile » qui choisirait comme opposant à l’extrême droite un adorateur de la mondialisation. »

      Serge Halimi

    • Pour diminuer les inégalités et bousculer l’ordre établi : la sécurité sociale à 100% et la fusion avec les complémentaires santé

      L’idée n’est pas totalement nouvelle. En 2012, M. André Grimaldi, chef du service de diabétologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, Frédéric Pierru, sociologue et politiste à Sciences Po, et M. Laurent Sédel, chirurgien hospitalier, expliquaient dans Le Monde diplomatique : « On peut, à terme, envisager la suppression complète des assurances-maladie complémentaires, avec un taux de prise en charge publique de 100 % . » Depuis, les difficultés se sont tellement accumulées que tous reconnaissent l’urgence de changer de braquet. Deux candidats préconisent cette solution : M. Jean-Luc Mélenchon, de la France insoumise — avec des nuances dans la mise en œuvre —, et M. Philippe Poutou, du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)

      Martine Bulard

      https://www.monde-diplomatique.fr/2017/04/BULARD/57417

    • Bien sûr qu’il existe un populisme de gauche ! Et il est aussi pourri que le populisme de droite.
      Je croyais que tu avais compris mais il semble que non.
      D’ailleurs, quel que soit l’adjonction qu’on lui fasse, un xxx isme est toujours un xxxisme, et droite ou gauche n’y change rien.
      Et d’ailleurs, je ne comprends pas du tout ce que vient faire là le texte que tu ajoutes.
      Je pense que tu es en grande confusion d’argument. Et que tu sautes sur tout ce que tu penses argumenter de ta croyance.
      On peut faire aussi bien pareil avec n’importe quel argument du FN, si on veut défendre le FN, sortir un texte sympathique, qui dit que le FN fait la proposition et hop le tour est joué !
      On comprend mieux pourquoi il n’y a aucune logique politique sensée dans la majorité de la population.

    • « Les tensions de notre société naissent dans le refus de voir la situation de domination des catégories aisées »
      http://www.slate.fr/story/141983/declassement-diplomes-inegalites

      Les diplômés ont-ils pris en otage le discours sur les inégalités au détriment des classes populaires ? C’est ce qu’explique Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités.

      « Le diplôme est devenu une des protections majeures, qui sépare le monde des “stables” et celui des “flexibles”. »

      « Le discours sur la soi-disant précarisation en masse et les “intellos précaires”, est un discours de réassurance des diplômés. C’est une manière de s’approprier la crise, de se placer parmi ses victimes et d’occulter la valeur du diplôme. »

      « Les femmes touchent 10% de moins que les hommes à poste équivalent, tout le monde connaît ce chiffre. Mais les femmes ouvrières gagnent trois fois moins que les femmes cadres, cela ne pose aucun problème »

      Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des Inégalités

    • Bien sûr qu’il existe un populisme de gauche ! Et il est aussi pourri que le populisme de droite.

      @perline

      Mais pas du tout, le peuple de Mélenchon est différent de celui de Lepen nationaliste et xénophobe.

      « Un populisme de gauche doit conduire à une démocratie radicale »

      Est ce que vous considérez que nous vivons dans une véritable démocratie. Moi je ne le pense pas et je n’ai aucun mépris pour le suffixe isme de populisme de gauche car je vous ferai remarquer qu’il existe aussi un souverainisme de gauche et pour cela je vous renvoie aux articles de Frédérique Lordon référencés sur Seenthis.

      Mais vous êtes libre de mépriser les gens du peuple [comme la majorité des personnes qui lisent et citent le Figaro ; ah ! oups !] dont je fais partie et de faire l’éloge de Macron l’homme du capital défenseur de l’individualisme et adorateur de la mondialisation.

      On comprend mieux pourquoi il n’y a aucune logique politique sensée dans la majorité de la population.

      Mais détrompez vous la majorité de la population a très bien compris les enjeux de la politique actuelle de la mondialisation heureuse et du capitalisme financier qui nous conduisent à un déni de démocratie et à la misère des peuples.

    • Judith Butler : « Un populisme de gauche doit conduire à une démocratie radicale »

      Lorsque nous réfléchissons au trumpisme, le problème n’est pas celui de l’identité, mais de l’économie, de l’héritage persistant du racisme, du déchaînement contre les élites culturelles, du fossé béant entre ceux qui ont fait des études et les autres. Trump a libéré des rancœurs et des haines qui couvaient depuis longtemps. Si c’est un populisme de droite, c’est un populisme qui semble aujourd’hui conduire au fascisme. A mon avis, un populisme de gauche doit conduire à une démocratie radicale. En fait, le terme « populisme » revêt une signification très différente en France et qui n’est pas partagée par tous. Je comprends que, pour la majorité des gens, c’est un terme méprisable. Il est perçu comme l’expression politique d’une vague de sentiments irrationnels. Je ne pense pas qu’il soit considéré ainsi en Argentine, par exemple, où il incarne une manière d’exprimer la volonté du peuple.

      La plupart des théoriciens de la démocratie conviennent que la « volonté populaire » est une question complexe, mais les descriptions les plus intelligentes du populisme, telle que celle proposée par Ernesto Laclau, cherchent à comprendre comment des factions, des identités et des intérêts particuliers divers peuvent se lier les uns aux autres sans perdre leur spécificité.

      Pour Laclau, cet effort d’« articulation », d’une série de connexions entre diverses identités est l’objectif du populisme. Il ne s’agit pas d’une convergence fasciste vers une « volonté unique », ni de l’émergence d’un leader charismatique qui semble unifier le peuple. Bien sûr, il existe un populisme de droite et un populisme de gauche, et le populisme en lui-même ne constitue pas une posture politique complète. Les solidarités auxquelles il est possible de parvenir par le biais de divers modes de communication et de mobilisation doivent produire une majorité de gauche susceptible d’élire un gouvernement qui cherche à asseoir la démocratie tant dans sa forme que dans son contenu.

      http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.liberation.fr%2Fdebats%2F2017%2F01%2F20%2Fjud

      L’appel à manifester de Judith Butler
      http://www.regards.fr/web/article/l-appel-a-manifester-de-judith-butler

      Rassemblement et volonté populaire

      Tout ceci nous oblige donc à reconsidérer ce que nous voulons dire par « peuple », ce à quoi nous pensons lorsque nous parlons de souveraineté populaire, de vote populaire, de mobilisations populaires. S’il est vrai qu’il existe une tension entre la forme politique de la démocratie et le principe de souveraineté populaire comme le montrent ces manifestations, il faut donc s’interroger sur la manière dont des expressions de la volonté populaire peuvent, et même doivent contester la forme existante, officielle de la démocratie – non pas, justement, au nom d’une forme réduite de la démocratie, mais pour, au contraire, la radicaliser, l’élargir.

      Le dernier livre de Judith Butler est ainsi pleinement politique. Son propos s’inscrit d’ailleurs d’emblée dans la perspective d’Ernesto Laclau et Chantal Mouffe. Il prend en effet en compte ce que Chantal Mouffe a appelé le « moment populiste ». Et donc, aussi, l’idée d’un populisme de gauche, ou progressiste, qui voit dans les manifestations populaires une possibilité de radicaliser la démocratie en la réinscrivant dans le sens d’une demande d’égalité et de justice sociale. C’est d’ailleurs à cette dimension de l’expression de la volonté populaire que s’attache en fait le livre de Judith Butler. Que se passe-t-il quand des corps s’assemblent, se rassemblent ? Qu’expriment-ils, que manifestent-t-ils ?

      #résistance #démocratie #La_force_du_peuple

    • @marielle Je ne réponds pas à ce genre de procès d’intention par quelqu’un qui se la pète, et qui se permet de décider d’où vient l’autre, ce qu’il pense et ce qu’il vote.
      Quelqu’un de méprisant et d’inculte, sans aucun respect pour l’autre.
      Minable.
      Très Mélenchon, très macho, très coq, très prétentieux.
      BYE

    • Je me demande, du coup, ce que ça leur fait, à la droite néo-réac et à l’extrême-droite xénophobe qui n’a pas de mots assez doux pour ce « peuple populiste », ce peuple qui dirait toujours la vérité contre les élites, ce peuple qui élit Trump, ce peuple qui brexite, ce peuple qui aimerait Le Pen, qui se vautrerait dans la panique identitaire, de se prendre un Poutou comme on se prend un missile tactique ?
      Un Poutou populiste, pour le coup, comme eux, mais un populiste cauchemardesque, un populiste avec une conscience de classe, une vraie conscience de classe velue et blindée, un Poutou qui capte le discours du tous pourris avec une légitimité en béton, un Poutou qui rappelle qu’il est le seul à être ouvrier et qui renvoie Fillon et Le Pen à ce qu’ils n’ont jamais cessé d’être : des aventuriers moyennement honnêtes, des bourgeois qui n’arrivent plus trop, tout à coup, à amuser le tapis avec le totalitarisme islamique ou ces salauds de bobos (même si les seconds sont les victimes du premier) et se retrouvent bien obligés de faire profil bas contre ce partageux qui met sous leurs yeux d’une part la contradiction entre leurs vertus publiques et leurs vices privés et d’autre part la vraie vie de ceux qui sont du mauvais côté des inégalités.
      Quand on joue avec les allumettes, un mauvais retour de vent, et c’est vous qui brûlez. C’est ce qui est arrivé à Fillon et Le Pen hier soir.
      Ils peuvent toujours appeler au secours Bouvet ou Zemmour, ou d’autres chiens de garde qui aiment les pauvres tant que les pauvres s’en prennent à l’Arabe, au pédé, aux avortées, (et surtout pas aux patrons), ils peuvent continuer de mal lire Orwell ou Pasolini. C’est pourtant eux, à la fin, qui se sont retrouvés tout seuls dans le noir et personne ne les a entendus crier.
      On ne votera probablement pas pour Poutou mais on lui doit, dans cette campagne, un pur moment de rock’and roll dialectique. Qu’il en soit remercié. Au nom du peuple, justement.

      http://feusurlequartiergeneral.blogspot.fr/2017/04/un-pur-moment-de-rock-and-roll.html
      https://seenthis.net/messages/586269 via davidzentao

    • Poutou (c’est mignon comme patronyme) s’est comporté comme le « fou du roi » à qui on autorise quelques libertés de paroles parce qu’il est « fou » donc « excusable ». Ça ne change rien au fond du problème. La cour a pu s’offusquer de son irrévérence. Sa candidature n’aura que l’effet de conforter le pouvoir dans son attitude de mépris de ses plus humbles sujets auxquels on aura fait remarquer en passant qu’ils ont bien de la chance de vivre « en démocratie » et de se divertir grâce aux spectacles qui leur sont offerts par les médias.

  • Portrait de Chantal Mouffe, la philosophe qui inspire Hamon et Mélenchon
    http://www.lesinrocks.com/2017/01/24/actualite/politique/chantal-mouffe-philosophe-reveille-gauche-11904741

    A 73 ans, Chantal Mouffe, celle qui a théorisé avec son époux Ernesto Laclau le “populisme de gauche”, n’a jamais été aussi influente. De Podemos à Jean-Luc Mélenchon en passant par Benoît Hamon, tous s’en réclament.

    “Gauche cherche intellectuels désespérément.” C’est le titre d’une enquête s’étalant en pleine page du Figaro le 28 décembre dernier et concluant à leur disparition. Une femme contredit ce constat. De Jean-Luc Mélenchon à Benoît Hamon en passant par Nuit debout, son nom revient avec insistance comme une référence théorique à gauche. C’est celui d’une Belge de
    73 ans, dont les thèses – défense d’un populisme de gauche, nécessité de la conflictualité en politique, appel à “radicaliser la démocratie” – ont mis du temps à germer dans le débat public. Autrefois marginales, ces idées constituent désormais le socle idéologique du mouvement La France insoumise (qui l’invite à débattre à Sciences-Po le 27 janvier) ou encore de Podemos en Espagne. Mais qui est cette professeure de théorie politique à l’université de Westminster qui réarme intellectuellement une gauche que l’on croyait définitivement convertie au social-libéralisme ?

    “Mon propre pays m’a découverte”

    Début janvier, elle nous accueille chez elle dans le quartier cossu de Cricklewood au nord-ouest de Londres. Dans sa maison en briques rouges, ses étagères surchargées de vieux livres et de bibelots témoignent d’une vie de voyages et d’études à travers le monde. Sous le regard éberlué de plus de trois cents figurines de chouettes, qu’elle collectionne, elle savoure le retour de hype dont elle est l’objet depuis la publication en France de L’Illusion du consensus, en mars 2016 : “Je l’ai publié en anglais il y a maintenant onze ans, mais tout le monde m’en reparle, s’amuse-t-elle. Il faut croire que le constat que je tirais est très actuel. Mon propre pays m’a découverte à la faveur de cette traduction !” Dans cet ouvrage paru chez Albin Michel, celle qui fut l’épouse du philosophe Ernesto Laclau (décédé en 2014) analyse la montée de l’abstention et le succès des partis populistes de droite en Europe comme “la conséquence directe de l’absence d’un vrai débat démocratique”, et plaide pour la “production d’une représentation conflictuelle du monde, avec des camps opposés auxquels les gens puissent s’identifier”...

    • Il faut dire que la philosophie politique de Ch. Mouffe n’a pas non plus de quoi effrayer le bourgeois de la Ve République. Du haut de sa chaire de sciences politiques, Ch. Mouffe annonce tous azimuts, comme on l’a vu, la bonne nouvelle : la lutte des classes, c’est fini ! Mais voilà de quoi ravir également une petite bourgeoisie intellectuelle progressiste, « radicalisée » ou non, qui, à la différence de l’intelligentsia révolutionnaire des siècles antérieurs, a rejeté dans l’impensable toute éventualité de dépassement du capitalisme. Jean-Paul Sartre était convaincu, lorsqu’il jouait les compagnons de route du PCF, que le marxisme était l’« horizon indépassable de notre temps ». Pour Chantal Mouffe, c’est le capitalisme dûment démocratisé qui demeure cet horizon, y compris, même, pour les temps à venir.

      http://www.librairie-tropiques.fr/2016/10/chantal-mouffe-championne-de-l-esbroufe.html

  • Rebattre les cartes de la politique française
    http://www.revue-ballast.fr/rebattre-les-cartes

    Pourquoi François Hollande est-il devenu le meilleur allié de Marine Le Pen ? C’est la question que pose l’auteur, espagnol et membre de Podemos, lorsqu’il analyse la situation française et la montée du parti nationaliste. Fortes du concept de populisme porté par le théoricien argentin Ernesto Laclau, ces lignes appellent à la formation d’un mouvement progressiste capable de rompre avec le bipartisme libéral. ☰ Par Pablo Castaño Tierno

    « Nous ne pourrons commencer à comprendre le fascisme que si nous le voyons comme une des possibilités internes propres à nos sociétés et non comme quelque chose qui est au dehors de toute explication rationnelle », écrit le théoricien argentin Ernesto Laclau. Le vertigineux progrès du Front national s’est de nouveau manifesté lors de sa victoire aux élections régionales de décembre 2015. Bien que le parti d’extrême droite n’ait obtenu aucun gouvernement régional à cause du système d’élection à deux tours, une peur de plus en plus intense s’est emparée d’une partie croissante de la société française. Celle-ci observe, stupéfaite, une force politique xénophobe – et considérée comme marginale il n’y a pas si longtemps – s’approcher du pouvoir. Le mouvement contre la loi Travail et Nuit Debout ont bousculé l’inertie de la scène politique française, mais l’hégémonie de Marine Le Pen est loin de disparaître(...)

  • Que pense Podemos ?

    Les radicaux de gauche qui analysent le discours des leaders de #Podemos, nomment déjà le parti Habrias podido ("Nous aurions pu").

    http://www.revue-ballast.fr/que-pense-podemos-14

    Les commentateurs officiels peinent encore à définir Podemos, que l’on dit pourtant aux portes du pouvoir. Cet objet politique non identifié bouscule les petites cases de la clique médiatique : populistes, eurosceptiques, alter-mondialistes ? Et chacun d’y aller de son étiquette ou d’agiter le traditionnel chiffon rouge : communistes, marxistes-léninistes, chavistes, bolivariens, castristes, etc. Que pensent, au fond, ses fondateurs ? Quels sont leurs stratégies, leurs références, leurs leviers théoriques ? Qui est à la barre de ce mouvement qui ne cesse d’appeler à couper la société en deux : non plus entre la gauche et la droite, mais entre le peuple et les puissants. Nous les avons lus, et écoutés, en langue espagnole. Itinéraire d’un mouvement qui perturbe échiquiers et agendas politiques.

    Et aussi un article du Diplo en #paywall :

    Pourquoi y parviennent-ils et pas nous ? Depuis l’émergence de Podemos en Espagne, la question hante la gauche radicale européenne. Interrogés à ce sujet, les dirigeants de la jeune formation espagnole expliquent volontiers leur succès par le choix d’un populisme assumé, nourri des travaux de l’intellectuel argentin Ernesto Laclau (1935-2014), professeur de théorie politique à l’Université britannique de l’Essex de 1973 à 1997. Cette pensée leur a offert une singulière martingale : la capacité d’épouser la nature protéiforme des revendications liées au mouvement du 15-M (pour « 
    15 mai », c’est-à-dire l’immense mouvement de mobilisation populaire qui a débuté au mois de mai 2011) tout en réhabilitant la notion d’intérêt général. Elle n’en suscite pas moins quelques interrogations.

    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/09/KEUCHEYAN/53712

    #Espagne #15M #Podemos #élections #discours_politique #ovni #stratégie_politique #radicalité #lutte_des_classes

  • Hégémonie, populisme, émancipation. Perspectives sur la philosophie d’Ernesto Laclau (1935-2014) | Fondation Maison des sciences de l’homme | FMSH
    http://www.fmsh.fr/fr/c/7278

    Ernesto Laclau a écrit des ouvrages vite devenus des références sur le plan international des débats concernant l’hégémonie, le populisme et l’émancipation, trois concepts-clés de sa réflexion. Pourtant, il n’a reçu qu’un accueil très faible de la part de la philosophie institutionnelle française et est resté méconnu du grand public. Ses thèses, originales et souvent provocatrices, justifient l’intérêt suscité par son oeuvre et rendent compréhensible le fait que quelques-uns des noms évoqués soient devenus des interlocuteurs réguliers de Laclau (on citera aussi Critchley et Žižek). Il convient d’y ajouter aussi l’implication citoyenne de Laclau dans les débats en cours, notamment en Argentine, son pays natal qu’il a quitté au début des années 1970 pour poursuivre ses études avec E. Hobsbawm, à Oxford. L’activité qu’il a développée sur place, et de façon plus large dans toute l’Amérique du Sud, l’ont rendu un intellectuel familier du public de langue espagnole, reconnu pour ses contributions théoriques, notamment au cours des dix dernières années. L’influence de sa philosophie fut grande sur les études postcoloniales, decoloniales et subalternistes de différentes origines, ainsi que comme inspiration dans les nouveaux mouvements populistes de gauche d’Europe du sud en ce moment même.

    #Laclau #Podemos #populisme