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  • Demandeurs d’asile : « Derrière les “défaillances systémiques” du dispositif d’accueil français, il y a un refus d’adopter des solutions pragmatiques »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/05/31/demandeurs-d-asile-derriere-les-defaillances-systemiques-du-dispositif-d-acc

    Demandeurs d’asile : « Derrière les “défaillances systémiques” du dispositif d’accueil français, il y a un refus d’adopter des solutions pragmatiques »
    Tribune Guillaume Rossignol, directeur du Jesuit Refugiee Service
    En mars 2024, un arrêt du Conseil du contentieux des étrangers belge a empêché le transfert d’un demandeur d’asile vers la France au vu de « défaillances systémiques » du dispositif d’accueil de l’Etat français. Selon cet arrêt, ce demandeur d’asile risquait d’être traité de manière incompatible avec ses droits fondamentaux. « Certaines nuits, je reste assis sur une chaise près des agents de sécurité d’un hôpital, par crainte d’être de nouveau agressé durant mon sommeil », témoigne, par exemple, M. N., demandeur d’asile, accompagné par le Service jésuite des réfugiés (JRS France).
    Les défaillances dans l’accueil des demandeurs d’asile ne sont pas nouvelles. La France a ainsi été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme en 2021 pour les traitements inhumains et dégradants dont avaient été victimes des personnes en demande d’asile. Mais le plus inquiétant est l’ampleur de ces défaillances.
    Au 31 mars 2024, selon les chiffres issus d’Eurostat et de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), un organisme chargé de délivrer les « conditions matérielles d’accueil », c’est-à-dire une domiciliation, un hébergement et une allocation minimale assurant aux demandeurs un niveau de vie digne qui garantisse leur subsistance et protège leur santé physique et mentale, plus de 46 000 personnes en demande d’asile en étaient privées.
    Or, plus qu’une crise du système d’accueil contre laquelle « on ne pourrait rien » – elle résulterait, par exemple, de l’impossibilité de traiter de trop nombreuses demandes –, certains cas manifestent une volonté délibérée de laisser perdurer ces situations et de justifier l’injustifiable, en s’abritant derrière le paravent du « droit ».
    Ainsi en est-il de la politique française envers les demandeurs d’asile dits « dublinés », par référence au règlement européen de Dublin, organisant les procédures d’asile au sein de l’Union européenne (UE) et dont les principes ont été globalement repris par le pacte européen sur l’asile et la migration adopté le 14 mai 2024.
    Ces personnes, qui ont demandé la protection internationale de la France et y séjournent, sont entrées sur le territoire de l’UE par un autre pays. En application des textes précités, la France peut, pendant une durée de dix-huit mois, demander leur transfert dans le pays par lequel elles sont entrées dans l’UE (procédure Dublin) afin que ce pays assume et instruise lui-même la demande d’asile. Mais, une fois passé ce délai, la France devient responsable de leur demande d’asile. Or, nos autorités refusent à ces personnes tout moyen de subsistance, prétendant ne pas y être tenues en application du droit en vigueur.
    Quelle que soit l’interprétation que l’on donne du droit français ou européen applicable, les priver d’une allocation et d’un hébergement en plus d’un accès au travail, c’est laisser les demandeurs d’asile dans une situation inhumaine et dégradante qui ne peut être conforme à aucun droit. Une première en la matière, le Service jésuite des réfugiés (JRS France) vient d’introduire devant le Conseil d’Etat une requête « en reconnaissance de droits » − un dispositif original introduit par une loi de 2016 sur la modernisation de la justice du XXIe siècle − pour faire reconnaître les droits individuels de l’ensemble de ces personnes au bénéfice des « conditions matérielles d’accueil ».
    Nous ne devons pas laisser justifier l’injustifiable, mais garder le souci de la justice. Derrière ces « défaillances systémiques » du dispositif d’accueil français, il y a aussi un refus d’adopter des solutions pragmatiques, en laissant l’idéologie prendre le dessus. Selon l’économiste El Mouhoub Mouhoud, président de l’université Paris-Dauphine-PSL, nous assistons à un « recul inquiétant de l’argumentation rationnelle » sur les questions d’immigration.
    Ainsi, une grande pluralité d’acteurs, y compris le Medef et les syndicats de salariés, se sont prononcés en faveur d’une solution simple : l’accès au travail des demandeurs d’asile. Cela réduirait, en effet, les coûts de leur accueil tout en leur permettant de se sentir utiles et en faisant rentrer des ressources dans le budget de l’Etat, à l’heure où les finances sont au rouge, le tout dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, puisque les trois quarts des PME françaises déclaraient, fin 2023, rechercher en vain du personnel.
    Renoncer aux discours réducteurs
    D’après un rapport de JRS France, fondé sur les données d’enquêtes publiques de la Commission européenne, la France est le seul pays de l’Union européenne, avec la Hongrie, à ne pas accorder aux demandeurs d’asile un accès effectif au marché du travail.
    Si tous les autres pays européens le font, ce n’est pas uniquement parce que c’est un droit établi par la directive européenne accueil mais aussi, et peut-être d’abord, parce que cela sert leurs intérêts économiques et sociaux sans que soit constaté pour autant un quelconque « appel d’air ». Il nous faut garder le souci de la réalité ; la réalité, c’est bâtir des solutions viables qui ne renoncent pas à l’humain.
    Si les situations indignes se propagent, c’est que nous n’y résistons pas avec assez de force, parce que nous perdons la perception de l’unicité et du caractère irremplaçable de chacun. C’est là le danger qui nous menace et menace l’Europe. Dans son poème Restons éveillés, dédié aux travailleurs immigrés, Missak Manouchian nous l’intimait déjà : il nous faut renoncer aux discours réducteurs pour garder claire vision et hauteur de vue.
    Guillaume Rossignol est directeur de JRS France (Service jésuite des réfugiés), une organisation catholique internationale qui agit aux côtés des demandeurs d’asile et des réfugiés.

    #Covid-19#migrant#migration#france#UE#asile#droit#sante#refugie#accueil

  • Condamnation d’Anasse Kazib : 2 ans après, le procès d’un ouvrier arabe candidat à la présidentielle
    Paul Morao | 31 mai | RP

    https://www.revolutionpermanente.fr/Condamnation-d-Anasse-Kazib-2-ans-apres-le-proces-d-un-ouvrier-

    En novembre 2021, Aymeric Lompret imaginait dans une chronique sur France Inter les candidats de gauche à la présidentielle en pleine bagarre. « Après, la police arrive, ils embarquent personne sauf Anasse Kazib » blaguait alors l’humoriste. Quelques mois plus tard, Anasse Kazib était convoqué en pleine campagne au commissariat pour « organisation d’une manifestation non déclarée » suite à des prises de parole devant la Sorbonne, où des soutiens avaient convergé en réponse aux menaces de l’extrême-droite contre la conférence qui devait se tenir dans l’université.

    Deux ans après les faits, l’État a finalement décidé de poursuivre l’ancien candidat à la présidentielle pour cette démonstration de solidarité. Le procès s’est tenu ce jeudi à Paris dans le cadre d’un acharnement délirant. Si la condamnation du cheminot à 1500€ d’amende a choqué et suscité un large soutien, l’audience a cependant été peut-être plus violente encore que la décision, dont le porte-parole de RP a fait appel.

    Ce jeudi, la procureure et la juge se sont en effet livrées à un déni total de l’offensive de l’extrême-droite subie par l’ancien candidat à la présidentielle, tout en affichant clairement leur mépris. Tout le long, l’audience aura ainsi visé à nier l’existence de la campagne des « Natifs », groupe issu de Génération Identitaire, qui avait recouvert le quartier latin d’affiches « 0% français, 100% islamiste » avec le portrait d’Anasse Kazib et appelé à empêcher la tenue de la conférence, menaçant de l’attaquer. (...)

  • Nouvelle évidence :
    – si un parti politique, ou un pays, condamne le massacre à Gaza, il faut immédiatement dénoncer « une instrumentalisation politicienne de la question palestinienne » ;
    – en revanche si un parti politique, ou un pays, s’aligne sur la politique raciste et génocidaire du gouvernement israélien, ça n’est jamais par calcul politicien. C’est une question de valeurs.

  • Hanegbi : Israël ne mettra pas fin à la guerre pour conclure un accord sur les otages - média - The Times of Israël
    https://fr.timesofisrael.com/hanebi-israel-ne-mettra-pas-fin-a-la-guerre-pour-conclure-un-accor

    Le conseiller à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, aurait déclaré jeudi que le gouvernement ne mettrait pas fin à la guerre contre le Hamas en échange de la libération des otages encore aux mains du groupe terroriste.

    C’est probablement la première fois qu’un haut responsable israélien se livre à un tel aveu, particulièrement lors d’une réunion houleuse au cours de laquelle Hanegbi aurait eu des mots durs et même insulté les proches de certains otages. Il est revenu sur l’impasse des négociations sur les otages, le Hamas exigeant un cessez-le-feu permanent là où Israël n’est prêt qu’à un arrêt des combats provisoire.

    Selon la transcription de cette rencontre à laquelle la Douzième chaine a eu accès, Hanegbi a indiqué que le gouvernement serait sans doute en mesure de conclure ce qui constitue la première phase de l’accord examiné en ce moment, à savoir la libération des femmes, des personnes âgées et des blessés, qui représentent vraisemblablement 33 otages sur les 121 encore à Gaza.

    Dans les deuxième et troisième phases de l’accord, le Hamas libèrerait les derniers otages – c’est-à-dire les hommes et les soldats – puis les corps des otages tués en captivité, dont l’armée israélienne estime le nombre à 37. Selon les médiateurs, ces deux dernières phases devraient s’accompagner de l’accord d’Israël pour envisager la fin définitive des combats – ce qu’Israël ne fera pas, sauf à avoir obtenu la défaite du Hamas.

    Les propos tenus par Hanegbi laissent penser que le gouvernement israélien estime que le Hamas refusera de libérer la totalité des otages sans cessez-le-feu définitif.

    L’organisation terroriste a durci ses prétentions, jeudi, en annonçant avoir informé les médiateurs qu’il ne reprendrait les négociations sur les otages que si Israël cessait toute opération dans la bande de Gaza. Elle a d’ailleurs déclaré par voie de communiqué être prête à conclure « un accord complet » avec Israël, assorti de la libération de tous les otages en échange de prisonniers palestiniens de sécurité, sous réserve qu’Israël « arrête sa guerre et son agression envers le peuple de Gaza ».

    Lors de cette rencontre avec les proches d’otages, Hanegbi a affirmé qu’Israël assurerait la mise en œuvre de la première phase de cet accord dans les prochains mois. « Cela ne prendra pas des mois et des années », aurait-il dit, selon la transcription à laquelle a eu accès la Douzième chaîne.

    Toutefois, aurait-il ajouté, « je ne crois pas que ce gouvernement réussira à conclure l’accord dans son ensemble. Ce gouvernement ne prendra pas la décision de stopper la guerre en échange de la libération des otages ».

    « Il nous faut continuer à nous battre pour qu’il n’y ait pas un autre 7 octobre en octobre 2027 », aurait dit Hanegbi.

    « Si les otages ne sont pas libérés dans les semaines ou les mois à peine, nous n’avons pas d’autre plan », a-t-il admis. « Nous continuerons à nous battre à Gaza et dans le nord, puis nous réexaminerons la situation. »

    L’un des participants aurait réagi en disant : « Eh bien, alors nous sommes perdus. » Ce à quoi Hanegbi aurait répondu : « En effet. »

    Une autre participante aurait évoqué de récentes informations faisant état de fonds publics alloués à la rénovation de la piscine de la résidence privée de Netanyahu, disant que de telles dépenses étaient inappropriées en temps de guerre.

    Hanegbi aurait vivement réagi à cette remarque. « Il peut se faire construire 10 piscines avec son argent si ça lui chante. C’est odieux de dire une chose pareille », aurait-il rétorqué, ajoutant que ce n’était pas le bon endroit pour parler de cela et accusant la femme en question d’être pleine de haine.

    Elle aurait alors répondu : « J’ai parfaitement le droit de ressentir de la douleur et de la haine parce que je suis restée dans la pièce sécurisée [de ma maison] pendant 15 heures [pendant l’attaque du Hamas]. J’ai réussi à échapper aux terroristes en marchant sur des cadavres. Pas vous. »

    Ce à quoi Hanegbi aurait répondu : « D’accord, faites. Maudissez-moi. »

    Selon la Douzième chaîne, la femme aurait alors quitté les lieux, en larmes. Une autre participante l’aurait suivie, ce que Hanegbi a commenté en disant : « Toi aussi, tu vas faire une scène et claquer la porte ? »

    La Douzième chaîne a précisé avoir recoupé le contenu de la transcription avec des membres de cinq familles, ajoutant que Hanegbi n’avait pas nié les propos qui lui sont attribués.

    Hanegbi a déclaré à la Douzième chaîne avoir « rencontré les familles de tous les otages qui le souhaitaient depuis le début de la guerre. Sans enregistrer les conversations ni en diffuser le contenu. C’est ainsi que l’on maintient le dialogue entre l’échelon politique et les familles qui souffrent. »

  • La France annule la participation des entreprises israéliennes au salon Eurosatory de défense
    Agence France-Presse | 31 mai 2024 à 13h53 | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/310524/la-france-annule-la-participation-des-entreprises-israeliennes-au-salon-eu

    La présence des industriels israéliens de la défense au salon Eurosatory, un salon international de défense et de sécurité terrestre qui ouvre ses portes le 17 juin près de Paris, a été annulée sur décision de la France, a annoncé vendredi l’organisateur.

    « Par décision des autorités gouvernementales, il n’y aura aucun stand de l’industrie de défense israélienne sur le salon Eurosatory 2024 », a affirmé à l’AFP l’organisateur de la manifestation, Coges Events.

    Ni le Coges ni le ministère des Armées, sous l’égide duquel le salon est organisé, n’ont précisé dans l’immédiat les raisons de cette décision. Celle-ci intervient quelques jours après qu’un bombardement meurtrier d’un camp de déplacés à Rafah par l’armée israélienne a soulevé l’indignation internationale et suscité de nombreuses manifestations en France contre les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza.

    Un peu plus de 2.000 exposants sont inscrits pour Eurosatory pour y présenter leurs matériels.

    Parmi eux, 74 entreprises israéliennes, dont les principaux industriels de défense de l’Etat hébreu et « dont une dizaine présentent des armements », étaient attendus, avait auparavant indiqué le président de Coges Events, Charles Beaudouin.

    Plus de 36.224 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, ont selon le ministère de la Santé du Hamas été tués depuis le début des bombardements menés par l’armée israélienne sur la bande de Gaza, en réponse à une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre.

    Cette attaque a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 121 sont toujours détenues dans la bande de Gaza, dont 37 sont considérées comme mortes par l’armée israélienne.

    Agence France-Presse

    #BDS

  • La mort sans importance d’un enfant palestinien - Sylvain Cypel
    https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/la-mort-sans-importance-d-un-enfant-palestinien,7369

    Comment un simple accident de bus se termine en catastrophe pour la famille Salama et la mort du fils, brûlé vif ? Journaliste américain, Nathan Thrall raconte le drame et ses conséquences pour les parents et les habitants de leur village, mêlant l’histoire singulière de ce jeune garçon, et la grande histoire du peuple palestinien. Un récit époustouflant de l’apartheid au quotidien. Passé sous silence par les médias français.

  • A Lacq, l’injection d’eaux usées industrielles identifiée comme principale responsable des séismes | CNRS
    https://www.cnrs.fr/fr/presse/lacq-linjection-deaux-usees-industrielles-identifiee-comme-principale-responsab

    Chaque année de nombreux séismes sont détectés dans la région de Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques, sans que la cause exacte soit clairement identifiée. Une étude internationale menée par Jean Letort, enseignant-chercheur à l’université Toulouse III – Paul Sabatier au sein de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP/OMP – CNES/CNRS/UT3), vient confirmer une hypothèse récente. Les injections d’eaux usées industrielles sont à l’origine de la sismicité de la région. Les résultats ont été publiés le 23 mai dans Geophysical Journal International.

  • ’Les personnes qui mettent les autres en #prison sont complices de la violence qui se reproduit’ selon Edouard Louis - RTBF Actus
    https://www.rtbf.be/article/les-personnes-qui-mettent-les-autres-en-prison-sont-complices-de-la-violence-qu

    Edouard Louis est persuadé que la violence est une responsabilité sociétale, et qu’il est nécessaire d’analyser son fonctionnement pour l’éradiquer à la source : "Le fait de mettre des gens en prison n’a jamais arrêté la violence. Au contraire, les personnes qui appliquent ça sont complices de la violence qui se reproduit. Et il faut aller la chercher de manière plus profonde, car si on n’essaye pas de comprendre cette violence, alors on la laissera se reproduire. Je crois que la violence elle est produite par des structures de masculinité, de classe sociale, de famille, de vie conjugale, d’expériences personnelles. Je ne crois pas en la responsabilité individuelle. Une fois qu’on arrête un individu qui a commis une violence, qui est grave, qui est insupportable, on n’a pas arrêté les causes qui la (...)

    #société

  • Chromium Blog : Manifest V2 phase-out begins
    https://blog.chromium.org/2024/05/manifest-v2-phase-out-begins.html

    In November 2023, we shared a timeline for the phasing out of Manifest V2 extensions in Chrome. Based on the progress and feedback we’ve seen from the community, we’re now ready to roll out these changes as scheduled.

    We’ve always been clear that the goal of Manifest V3 is to protect existing functionality while improving the security, privacy, performance and trustworthiness of the extension ecosystem as a whole. We appreciate the collaboration and feedback from the community that has allowed us - and continues to allow us - to constantly improve the extensions platform.

    Est-ce que les utilisateurs vont passer à Firefox ? Suspens.

  • Israeli soldiers set fire Aqsa University [@AqsaUniversity]’s library in Gaza City and took pictures of themselves in front of the flames.


    date : 23.5.2024 source : https://x.com/ytirawi
    On ne sait jamais d’où parvient une image, mais celle-ci a de fortes chances d’être authentique. C’est une scène symbolique parce qu’elle rappelle une mise en scène allemande qui est entrée dans l’histoire.

    https://de.wikipedia.org/wiki/B%C3%BCcherverbrennung_1933_in_Deutschland


    Ce fut un prélude à la #shoa.

    #barbarie #Allemagne #Israël

  • « À peu près 50-52°C en ressenti » : les images de la canicule historique qui étouffe l’Inde | TF1 INFO
    https://www.tf1info.fr/international/video-tf1-l-inde-continue-d-etouffer-sous-une-vague-de-chaleur-canicule-2301

    Ces chaleurs extrêmes mènent parfois à des états d’hyperthermie sévère. Face à ces cas, un hôpital de New Delhi a inauguré le tout premier service dédié aux victimes de canicule. Les lits sont remplacés par des baignoires « remplies de glace. Et en moins de 45 minutes, la température du corps redescend. Ça va sauver des vies. Dans le futur, ces unités seront dans tous les hôpitaux », explique le Dr Seema Wasini, cheffe du département des urgences de l’établissement de santé.

  • Comme mes arguments politiques ne semblent pas porter face à des BFMIStes sous hallucinations xénophobes. Je demande quel est le poids de ton vote, que vaut ton morceau de papier dans l’urne, crois-tu que cela change quoique ce soit.
    La réponse est non à 90% mais il faut bien voter.
    Oui, mais alors, quitte à n’avoir aucun pouvoir face aux maitres du monde, puisque tu sais que nous allons vers le pire, pourquoi ne pas choisir le rêve et la générosité.
    Ce qui porte l’humain à la joie, au partage ?

    Mais là, je n’ai plus de réponse.

  • Alonso Gurmendi sur X : https://x.com/Alonso_GD/status/1796299207336132958

    US Presidents have set up torture sites, staged coups, ordered human experiments, invaded entire countries, ethnically cleansed indigenous peoples, enabled genocides. That the first Presidential conviction ever is over hush money to cover a sex scandal is… very telling I guess

    […]

    (And just to be clear: it’s good that corrupt fascist coup mongers go to jail. Just spare me the “historic conviction no one is above the law in the greatest country on earth” part pls)

    #showtime #états-unis

  • En une décennie, Internet a perdu plus d’un tiers de son contenu | Le Grand Continent
    https://legrandcontinent.eu/fr/2024/05/31/en-une-decennie-internet-a-perdu-plus-dun-tiers-de-son-contenu

    Selon une étude réalisée par le Pew Research Center, 38 % des pages internet qui existaient en 2013 sont désormais inaccessibles — ce qui représenterait plus de 250 millions de sites. Les sites gouvernementaux, privés, les réseaux sociaux sont tous concernés par la « dégradation numérique ».

  • The climate crisis reveals that our civilization has never really been organized around science, contrary to the usual Enlightenment narrative. It is organized around capital. Science is embraced when it serves the interests of capital, and is often ignored when it does not.

    https://twitter.com/jasonhickel/status/1479127795330686984

  • Aymeric Caron sur X :
    https://x.com/CaronAymericoff/status/1796062236353421320

    Hier seuls 17 députés et députées sur 576 se sont déplacés pour regarder le documentaire « Gaza depuis le 7 octobre », que nous avons projeté à l’Assemblée pour montrer le quotidien des Gazaouis sous les bombes et les balles de l’armée israélienne.

    Ce film a été délibérément boycotté par une assemblée indigne, engluée dans son soutien au gouvernement fasciste et génocidaire de Netanyahou.

    Pour rappel, lors de la diffusion du film sur les atrocités du Hamas le 7 octobre, et alors que seuls les députés du groupe d’amitié France Israël avaient été conviés, la salle était pleine.

    Le film sera bientôt mis en ligne pour que les Françaises et les Français puissent le voir. Ils et elles ont plus de cœur que leurs élus nationaux.

    • Et il se prend pas une sanction d’exclusion de 15 jours et 2 mois à demi-salaire, lui ? C’est une insulte caractérisée à l’Assemblée ! Que diantre - et que fait la police !!

      #nos_valeurs

  • Koinè : après la catastrophe, après la révolution, comment refermer les blessures ?
    https://www.revolutionpermanente.fr/Koine-apres-la-catastrophe-apres-la-revolution-comment-refermer

    Paru aux éditions La Volte, ce petit roman évoque l’ambiance mélancolique d’un monde post-apocalyptique où la révolution socialiste a mis fin au capitalisme. Un combo rarement vu et réussi.

    La révolution a eu lieu, et le capitalisme a été renversé. Voilà quinze ans que, suite à une catastrophe climatique, les pauvres ont mis fin à l’exploitation et à la propriété privée. Alors que les océans ont monté de plusieurs centaines de mètres, pendant que les riches tentaient à tout prix de sauver leurs biens et leurs monuments, ces derniers furent simplement expropriés. Quinze ans après, Koinè , le nouveau roman de Mélanie Fievet, présente quatre personnages, tous réunis dans la Ville, un des vestiges les plus poussiéreux de l’ancienne société, en marge des plateaux où la nouvelle société s’est construite. On y trouve, Elpy, une travailleuse solitaire et traumatisée, Aliocha, geek qui ne trouve aucune place pour lui dans ce nouveau monde, Soran, ancien dirigeant révolutionnaire qui a perdu prise et Bob Blaine, le réceptionniste mutique d’une pension où échouent ces âmes en peine. Autour d’eux, le Chœur, qui est à la fois la voix de la collectivité, son chant, sa démocratie, ses débats et son histoire.

    De la catastrophe naît le communisme

    La première surprise du roman se trouve dès l’exposé de cette nouvelle société. Même si le roman n’en a pas l’air, nous sommes bien dans un univers post-apocalyptique : les océans sont montés si haut que l’humanité survit sur les plateaux des grandes chaînes de montagnes, sans savoir s’il reste d’autre survivants. Les saisons se sont totalement déréglées et la catastrophe n’a pu que tuer des centaines de millions voir des milliards d’êtres humains et autant d’espèces animales et végétales. Mais là où le roman prend le contre-pied des univers post-apocalyptiques, c’est que de cette catastrophe, une société nouvelle, souhaitable et égalitaire est née. Les grandes œuvres de science fiction post-apo nous ont pourtant habitués à voir la catastrophe comme la fin de toute civilisation : des hordes de motards dégénérés de Mad Max aux zombies de Je suis une Légende, en passant par le monde confiné dans un train de Snowpiercer, dans l’imaginaire collectif, la catastrophe mondiale, fusse-t-elle nucléaire, sanitaire, ou écologique, ne peut déboucher que sur un recul extraordinaire de la civilisation. Un tel recul qu’y renaît les famines, l’esclavage et les seigneurs de guerre.

    Mélanie Fievet propose une autre approche du post-apo : aux tréfonds de la catastrophe, ce sont ceux qui l’ont causé qui sont renversés. « Les journées s’agitaient. Averses, tempêtes, canicules et gelées, parfois d’un bord à l’autre e la même rue, ou dans la même heure. Les mangroves se noyèrent les premières, les pinèdes, les palmeraies. Puis on vit éclore des palétuviers, des roses et des sambacs sur les hauteurs du Cause, sur les remparts de leur coffre-fort. Plus tard, on appela ce moment la floraison des possibles. Le temps était venu pour nous de faire éclore sa plus fabuleuse fleur : la révolution. » Comme quoi, même quand l’humanité est au bord gouffre, There is an alternative.

    Cette approche, loin d’être saugrenue, est, dans un sens, réaliste. Depuis les premiers débuts du capitalisme, nombre de révolutions qui ont tenté de l’abolir sont nées dans ces moments de crise aiguës, à commencer par la Commune et la Révolution Russe, filles des guerre franco-prussiennes et de la Première guerre mondiale et de leurs atrocités. Tout comme les grandes crises économiques peuvent créer des situations où les antagonismes de classes explosent en révoltes et révolutions, la crise climatique créera sûrement, à court ou moyen terme, de telles situations. Et alors que riches sauveront ce qu’ils pourront et tenteront de s’exiler sur les dernières terres viables, le seul avenir possible ne sera pas la résignation. Cette leçon est riche, tant aujourd’hui il semble plus simple d’imaginer la fin de l’humanité, par une guerre mondiale ou une crise climatique, que la fin du capitalisme qui les cause et les entretient.

    Après la libération des chaînes, la libération des âmes

    Quinze années après la révolution, les choses ont changé à une vitesse inimaginable : « Liberté, dignité, justice, l’aisance pour tous », telle est la promesse de Koinè [traduire : la Commune], cette nouvelle société libérée de l’exploitation. Chacun y travaille quatre heures par jour, puis peut se consacrer à ce qu’il veut : « aux sciences, à l’art, à l’exploration, au langage, aux exercices du corps, au jeu, à l’infinie constellation du génie humain ». Chacun peut s’exprimer et apporter au Chœur, chant collectif aux infinies variations, ses notes, ses tons, ses rythmes et ses mélodies. La langue s’est transformée, comme les relations sociales. Mais malgré la libération matérielle subsiste les blessures et les blessés. « Pourquoi, dans un monde utopique, est-ce qu’on choisit quand même de se suicider ? » se demande Elpy, qui n’a pas su se remettre du départ de sa sœur.

    « Bien sûr que nous sommes traversés par les lignes du doute, du désaccord, du désespoir parfois. L’utopie que nous avons bâtie n’a pas aboli pour toujours le chagrin, la violence et le vertige. Elle n’a pas garanti le bonheur universel et sans faille.

    Il y a de l’or et de la lumière, pourtant, à fondre dans ses fêlures », y répond le Chœur.

    Là encore, Mélanie Fievet sort des caricatures et propose un autre monde. Oui, la révolution devra écraser ceux qui lancent des armées contre elle et cherchent à la détruire, à la ruiner. Mais que faire des insatisfaits ? Que faire des nostalgiques de l’ancien monde, de ceux qui n’arrivent pas à s’épanouir dans le collectif mais qui ne s’arment pas pour le détruire ? Que faire de ceux, trop traumatisés par le capitalisme et ses horreurs, que même une société tournée vers leur rémission est insuffisante ? Ce sont ces personnages que l’on suit dans le roman.

    Mais quel or fondre dans ces blessures ? Tout d’abord, à défaut de soigner, accepter. Aider, psychologiquement. Admettre que certains ne pourront pas travailler, même ses quatre heures quotidiennes, même pour des tâches adaptées : à chacun selon ses besoins. Proposer un endroit où vivre, malgré tout. Laisser les gens errer quand ils en ont besoin et les recueillir quand ils y sont prêts. Telle est la réalité de Koinè : non pas le bonheur automatique, mais une société à construire où certains traumatismes et angoisses survivront à la mise en place d’une économie où personne ne manquera de rien. Une société qui nous met en garde : si la révolution libérera des milliards de personnes de leurs chaînes et de leur misère, il restera des plaies béantes qu’il faudra panser.

    Sous les pavés le spleen

    Malgré ce monde post-apocalyptique et les âmes en peine que suit le roman, celui-ci est tout sauf un drame. Le style particulier de Mélanie Fievet et cette langue nouvelle que chante le Chœur et qu’écrit le Texte, une sorte de réseau social où s’écrit une littérature collective, où chacun complète d’une phrase une symphonie entamée par d’autres écrivains, ne nous emmène ni dans la tristesse ni dans l’angoisse que peuvent vivre Elpy, Soran ou Aliocha. Et c’est peut-être la plus grande réussite de Koinè : nous emmener cahin-caha suivre ces esprits brisés où chacun pourra surement se reconnaître à un moment donné. Au fil de la lecture, une forme de nostalgie duveteuse entoure le lecteur. Malgré les évènements, on aimerait se reposer, pour un jour, une semaine, dans la pension où se trouvent les personnages, pour se couper du monde. Dans ce sens, Koinè ressemble beaucoup à l’anime Cowboy Bebop, qui suivait des chasseurs de prime en errance, échouant à cicatriser les blessures de leur passé, mais sans jamais s’effondrer. La bande-son jazz de l’anime peut presque résonner dans les rues de la Ville de Mélanie Fievet, pour ceux qui voudraient l’entendre.

    Koinè , Mélanie Fievet, 120 pages, Editions la Volte, 9€

  • Surveillance et ingérence : la guerre secrète d’Israël contre la CPI révélée au grand jour
    +972 le 28 mai 2024 ; traduction rédaction A l’Encontre
    http://alencontre.org/laune/surveillance-et-ingerence-la-guerre-secrete-disrael-contre-la-cpi-revele
    Par Yuval Abraham et Meron Rapoport
    https://www.972mag.com/icc-israel-surveillance-investigation
    Harry Davies et Bethan McKernan du Guardian ont contribué à cette enquête.

    Pendant près d’une décennie, Israël a surveillé de hauts responsables de la Cour pénale internationale (CPI) et des défenseurs palestiniens des droits de l’homme dans le cadre d’une opération secrète visant à contrecarrer l’enquête de la CPI sur des crimes de guerre présumés, révèle une enquête conjointe menée par +972 Magazine, Local Call et le Guardian.

    L’opération multi-agences, qui remonte à 2015, a vu la communauté du renseignement israélien surveiller régulièrement l’actuel procureur en chef de la Cour, Karim Khan, sa prédécesseure Fatou Bensouda [en fonction de juin 2012 à juin 2021], et des dizaines d’autres fonctionnaires de la CPI et de l’ONU. Les services de renseignement israéliens ont également surveillé les documents que l’Autorité palestinienne a soumis au bureau du procureur, ainsi que les employés de quatre organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme dont les documents sont au cœur de l’enquête.

    Selon certaines sources, l’opération secrète a mobilisé les plus hautes instances du gouvernement israélien, la communauté du renseignement et les appareils juridiques civil et militaire afin de faire dérailler l’enquête.

    Les renseignements obtenus par la surveillance ont été transmis à une équipe secrète de juristes et de diplomates israéliens de haut niveau, qui se sont rendus à La Haye pour des réunions confidentielles avec des fonctionnaires de la CPI dans le but de « fournir [au procureur général] des informations qui lui feraient douter du bien-fondé de son droit à s’occuper de cette question ». Les renseignements ont également été utilisés par l’armée israélienne pour ouvrir rétroactivement des enquêtes sur des incidents qui intéressaient la CPI, afin d’essayer de prouver que le système juridique israélien est capable de faire rendre des comptes à ses propres citoyens.

    En outre, comme le Guardian(1) l’a rapporté plus tôt dans la journée, le Mossad, l’agence israélienne de renseignement extérieur, a mené sa propre opération parallèle en cherchant à obtenir des informations compromettantes sur Fatou Bensouda et les membres de sa famille proche, dans une tentative apparente de saboter l’enquête de la CPI. L’ancien chef de l’agence, Yossi Cohen, a personnellement tenté d’« enrôler » Bensouda et de la manipuler pour qu’elle se conforme aux souhaits d’Israël, selon des sources bien informées sur ces activités, ce qui a amené la procureure de l’époque à craindre pour sa sécurité personnelle. (...)

    (1) https://seenthis.net/messages/1055502
    #Israel_maître-chanteur #état_mafieux

  • Pourquoi l’« Europe sociale » n’a jamais vu le jour
    https://www.contretemps.eu/europe-sociale-gauche-socialisme-mitterrand

    Alors qu’approchent les élections européennes, les 8 et 9 juin prochain, la plupart des dirigeant·es européen·nes nous jouent une fois encore la sérénade de l’ « Europe sociale ». En France, on a vu aussi bien Raphaël Glucksmann (tête de liste du PS), Valérie Hayer (Renaissance) ou Marine Le Pen (FN/RN) nous faire la promesse, main sur le coeur, que s’ils·elles étaient élu·es, cette vieille promesse deviendrait enfin réalité.

    Cette « Europe sociale » est pourtant à l’exact opposé de l’Europe capitaliste, bien réelle, que les classes dirigeantes du Vieux continent ont imposée aux peuples et aux travailleurs·ses depuis des décennies. Elles l’ont fait y compris en s’asseyant sur le vote des populations (référendums sur le Traité constitutionnel européen en France et aux Pays-Bas en 2005) ou en imposant à des gouvernements des politiques contraires à celles pour lesquelles ils avaient été élus (cas de la Grèce en 2015).

    Dans cet article, l’historienne Aurélie Dianara revient sur le projet d’ « Europe sociale », développé en particulier par les social-démocraties européennes dans les années 1970, sur des bases nettement plus à gauche que ce qu’avancent tous les défenseurs actuels de l’ « Europe sociale ». Elle examine en outre les raisons pour lesquelles la Communauté Économique Européenne (devenue plus tard Union européenne) s’est bâtie sur l’abandon de ce projet

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    L’année dernière, en vue des prochaines élections européennes, un groupe d’éminent.e.s intellectuel.les français.es de gauche, dont Thomas Piketty et Julia Cagé, ont publié un manifeste affirmant qu’une nouvelle dynamique politique avait émergé en faveur d’une transformation sociale et écologique progressive de l’« Europe ». Les crises sanitaire, climatique et géopolitiques ont – selon les auteur.ices – forcé l’Union européenne (UE) à ouvrir des brèches dans ce que l’on appelle le « consensus de Maastricht ».

    Par exemple, le « pacte de stabilité et de croissance » (qui oblige les États membres à se conformer aux « critères de Maastricht », en particulier en termes de déficit et d’endettement publics) a alors été suspendu, un mécanisme de solidarité sans précédent a été créé sous la forme du paquet « Next Generation EU » de 750 milliards d’euros, soutenu par la création d’obligations de dette mutuelle, et un embryon de politique d’assurance sociale (SURE) a été mis en place.

    Ces mesures démontreraient que le fondement de la politique européenne depuis les années 1990 – à savoir que le carcan fiscal imposé par les institutions européennes n’est pas négociable – n’est pas aussi solide que les décideurs.euses politiques nous l’ont fait croire. Il serait donc essentiel, toujours selon les auteur.ices de ce manifeste, que les partis politiques et la société civile tirent parti de cette dynamique.

    Un tel argument semble à bien des égards contre-intuitif. Après tout, il y a seulement neuf ans, la tentative de Syriza d’initier une telle transformation a été étranglée par les institutions européennes. Les partis de gauche européens n’ont globalement fait que stagner, voire reculer depuis lors aux quatre coins du continent, tandis que l’année dernière a vu des divisions majeures au sein des gauches, non seulement en Grèce, mais aussi en France, en Allemagne et en Espagne, ce qui aura très probablement un impact négatif sur la fortune de la gauche lors des élections européennes de juin prochain.

    À l’approche des élections du 9 juin, cependant, on entend à nouveau les représentant.es des partis de gauche modérée nous parler de la construction d’une « Europe sociale ». Pourtant, contourner partiellement les règles en période d’exception est une chose, transformer fondamentalement l’UE en est une autre. Après tout, l’UE que nous connaissons aujourd’hui n’est apparue qu’après la défaite de l’ « Europe sociale » – un projet global, partagé par les partis socialistes et sociaux-démocrates, d’une union d’économies fortement réglementées, planifiées, démocratisées et soutenues par des États-sociaux forts.

    Cinquante ans plus tard, un retour sur ce chapitre oublié de l’histoire du socialisme européen peut nous aider à informer – ou peut-être à tempérer – nos propres ambitions politiques quant à la construction d’une « Europe sociale ».
    Quand l’Europe sociale était possible

    L’« Europe sociale » a été un slogan et une promesse du centre-gauche européen à l’occasion de chaque élection européenne depuis 1979, à tel point que depuis quelques années, l’idée ressemble davantage à une plaisanterie, souvent moquée comme un rêve qui ne se matérialisera jamais, ou plus durement attaquée comme un « alibi » utilisé pour masquer les réalités d’une UE totalement néolibérale. Certains, comme le politologue français François Denord, vont jusqu’à qualifier l’« Europe sociale » d’oxymore, les plans d’intégration européenne ayant été conçus dès le départ comme un projet économique libéral et capitaliste, piloté par les États-Unis.[1]

    En effet, dès les premières décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, sous l’impulsion des forces conservatrices, l’intégration européenne a été fortement axée sur la coopération économique et orientée vers le libéralisme économique, au détriment des aspects sociaux. Les partis de gauche et les syndicats n’y ont joué qu’un rôle marginal.[2]

    Mais il fut un temps, il y a un demi-siècle, où une « autre Europe » semblait possible. Le point culminant de l’« Europe sociale » en tant que projet politique a été atteint dans ce que l’on pourrait appeler les « longues années 1970 », qui s’étendent grosso modo de la fin des années 1960 au milieu des années 1980. Au cours de ces années, une partie des gauches – qui avaient auparavant été divisées et souvent hostiles aux plans d’unification de l’Europe occidentale – a tenté d’imaginer et de promouvoir un projet alternatif d’unité européenne. Ce projet visait à faire de l’« Europe » un instrument au service du progrès social et des intérêts de la classe ouvrière, en commençant par les Communautés européennes (CE), le précurseur de l’UE.[3]

    Imaginée principalement par les socialistes et les sociaux-démocrates européens, cette Europe sociale aspirait à utiliser les institutions européennes pour réglementer, planifier et démocratiser l’économie, harmoniser les régimes sociaux et fiscaux, relever le niveau de vie et améliorer les conditions de travail, réduire le temps de travail, et, d’une manière générale, modifier l’équilibre des forces dans la société en faveur des travailleurs.euses. Elle intégrait également des préoccupations environnementales, des propositions de démocratisation des institutions européennes et des aspirations à rééquilibrer l’ordre économique international en faveur du « tiers- monde ».

    Le social-démocrate néerlandais Sicco Mansholt, par exemple, longtemps commissaire européen à l’agriculture puis président de la Commission européenne en 1972, était un fervent partisan du projet. À l’époque, il n’a de cesse de répéter qu’il faut un « second Marx », un « nouveau socialisme, moderne », organisé au niveau européen, qui ne se contenterait pas de corriger les excès du capitalisme, mais le dépasserait. L’« Europe sociale » était, en bref, une proposition pour une UE assez différente de celle que nous habitons aujourd’hui.

    À l’époque, les gauches européennes avaient le vent en poupe. Les longues années 1970 ont été une période d’intenses conflits sociaux en Europe, à commencer par les révoltes de 1968, qui ont alors renforcé les partis de la gauche radicale à travers le continent, mais ont également assuré la fortune électorale des forces plus modérées. Ces années ont constitué un âge d’or de la social-démocratie en Europe occidentale après 1945 (certains diraient son été indien), au cours duquel les sociaux-démocrates dirigeaient des gouvernements dans toute l’Europe et des leaders comme Olof Palme, Willy Brandt et Harold Wilson étaient des figures de proue sur la scène politique internationale.

    Dans le même temps, de nouvelles perspectives semblaient s’ouvrir aux partis communistes d’Europe occidentale ; leurs succès électoraux, particulièrement remarquables en France et en Italie, les poussaient à réfléchir sérieusement à la manière d’exercer le pouvoir dans une démocratie parlementaire. Les syndicats européens connaissaient également leur apogée depuis la guerre en termes de nombre et de combativité, et étaient désireux de traduire ces gains en réformes à long terme.
    Imaginer une Europe des travailleurs·ses

    Au milieu des années 1970, les institutions européennes étaient donc dominées par les représentants des partis de gauche et de centre-gauche, et une large alliance en faveur d’une Europe sociale était – au moins en théorie – concevable. Les partis socialistes, les principaux syndicats et, dans une moindre mesure, les partis communistes commençaient à renforcer considérablement leur coopération transnationale afin de mieux influencer la politique européenne.[4]

    Des étapes importantes de cette européanisation ont été la création de la Confédération des partis socialistes de la Communauté européenne en 1974, précurseur de l’actuel Parti socialiste européen, ainsi que de la Confédération européenne des syndicats (CES) en 1973, qui réunissait des syndicats de tradition sociale-démocrate, chrétienne-sociale et communiste et représentait environ 40 millions de travailleurs.euses.

    Le Chancelier allemand Willy Brandt prônait alors une « union sociale européenne », tandis que le nouveau Parti socialiste français dirigé par François Mitterrand, en alliance avec les communistes depuis 1972, poussait à une réforme radicale de « l’Europe du capital ». Les partis socialistes des CE ont adopté leur premier programme « Pour une Europe sociale » en avril 1973 à Bonn.

    Dans les années qui suivirent, ils ont élaboré un premier programme électoral européen, assez radical. Les syndicats européens ont également formulé à la même époque un programme détaillé et combatif pour l’« Europe des travailleurs », qui proposait une alternative européenne aux solutions néolibérales, notamment un contrôle accru du capital, une planification économique démocratique et un contrôle des entreprises par les travailleurs.euses.

    Plusieurs propositions d’« Europe sociale » ont été inscrites à l’ordre du jour des décideurs.ses européen.nes au cours de ces années. Les efforts des gauches européennes ont été déterminants pour le premier Programme d’action sociale (PAS) adopté par les CE en 1974, qui a débouché sur l’adoption d’un certain nombre de directives et de mesures européennes.

    Celles-ci comprenaient le renforcement du Fonds social européen et la création d’agences européennes pour la formation professionnelle et pour les conditions de vie et de travail. Mais les progrès les plus marqués concernaient l’égalité entre les hommes et les femmes et la santé et la sécurité au travail, grâce à l’adoption d’une série de directives par le Conseil au cours de la seconde moitié des années 1970.

    Bien que cela soit aujourd’hui largement oublié, la fin des années 1970 et le début des années 1980 ont par ailleurs connu une mobilisation exceptionnelle des syndicats européens. Deux campagnes ont été particulièrement marquantes. Tout d’abord, la bataille pour une stratégie économique alternative, orientée vers l’emploi, dans laquelle la gauche européenne avait alors décidé de mettre en avant une revendication en particulier : la réduction du temps de travail sans perte de salaire.

    D’autre part, la bataille pour la démocratisation du travail et de l’économie, qui aboutit en 1980 à la proposition d’une directive européenne pour les droits des travailleurs.euses à l’information et à la consultation dans les entreprises multinationales (la « directive Vredeling »).

    Cette proposition, qui portait le nom du commissaire aux affaires sociales Henk Vredeling, un social- démocrate néerlandais, contenait des propositions qui auraient obligé les entreprises multinationales à informer et à consulter les représentants des travailleurs.euses sur toutes les questions « susceptibles d’affecter substantiellement les intérêts des travailleurs ». Elle aurait légalement obligé toutes les entreprises employant plus de 99 salariés dans la CE, y compris les entreprises non européennes, à rendre des comptes aux travailleurs.euses de leurs filiales européennes.

    La directive touchait au cœur de l’immunité juridique de facto des multinationales, menaçait directement les prérogatives du capital transnational et provoqua une réaction féroce de la part des organisations patronales, des milieux d’affaires internationaux et des forces conservatrices et libérales.
    La défaite

    Au début des années 1980, la vision de la gauche européenne pour l’Europe commence à perdre du terrain face au centre-droit et au formules néolibérales. Entre 1979 et 1982, les partis conservateurs reviennent au pouvoir au Royaume-Uni, aux États-Unis et en Allemagne de l’Ouest lorsque Margaret Thatcher, Ronald Reagan et Helmut Kohl sont élus. Il s’agissait en partie d’une réponse électorale au virage des partis sociaux-démocrates vers des politiques d’austérité à la suite de la crise économique qui a suivi le choc pétrolier de 1973.

    La mise en œuvre du programme du Marché unique et de l’Union économique et monétaire dans la seconde moitié des années 1980 marque alors une libéralisation économique et la mise en place de contraintes budgétaires croissantes, qui mettent les États-sociaux nationaux sous pression. L’« Europe sociale » – ou, du moins, ce projet précis d’Europe sociale soutenue par les gauches européennes pendant près de deux décennies – avait été mise en échec.

    Les raisons pour lesquelles la voie vers l’« Europe sociale » n’a pas été empruntée sont complexes. Certaines d’entre elles étaient « exogènes » à la gauche elle-même. Comme la popularité croissante des solutions « néolibérales » parmi les milieux d’affaires européens (par exemple l’Union des industriels des pays de la Communauté européenne (UNICE), précurseur de l’actuelle « Business Europe ») et les partis conservateurs.

    Des facteurs structurels et institutionnels ont également favorisé une Europe orientée vers le marché. La plupart des questions de politique sociale et fiscale, telles que l’impôt sur le revenu, étaient (et restent encore) exclues des compétences des CE – ou, si elles ne le sont pas, font l’objet d’un vote unanime au sein du Conseil, ce qui rend les progrès dans ce domaine presque impossibles.

    Le processus institutionnel particulier de prise de décision de la CE/UE a également rendu l’« intégration négative » – c’est-à-dire la déréglementation et la libéralisation économiques à l’échelle de l’UE – plus facile que l’ « intégration positive ». En outre, les différences en matière de politique sociale entre les États membres de l’UE ont également joué un rôle : avec les élargissements successifs de l’Europe, la variété de plus en plus complexe des modèles sociaux (système universel dans les pays scandinaves, modèle « chrétien-démocrate » dans les pays continentaux comme la France et l’Allemagne, modèle libéral anglo-saxon relativement autarcique et modèle méditerranéen avec des dépenses plus faibles) a rendu l’harmonisation de plus en plus difficile.[5]

    Néanmoins, des faits « endogènes » à la gauche européenne allaient finalement s’avérer décisifs dans sa défaite. Les divisions internes au sein du camp social-démocrate sur la politique européenne et les stratégies d’opposition au néolibéralisme étaient profondes et ont eu des conséquences très concrètes sur l’(in)capacité de la gauche à présenter un front uni. Des divergences majeures sont apparues entre certains socialistes du « Sud », comme le Parti socialiste français – qui prônait à l’époque l’autogestion, les nationalisations et la planification économique du niveau local au niveau européen – et certains sociaux-démocrates du « Nord », comme le SPD allemand, qui privilégiait son modèle de codétermination des entreprises et était plus réticent à l’idée de parler de planification économique.

    Mais il existait également de nombreuses divisions internes au sein des partis sociaux-démocrates, notamment entre les nouveaux courants de gauche du socialisme européen, soutenus par de jeunes militants de base, qui promouvaient des stratégies économiques alternatives visant à limiter l’entreprise privée, à étendre le secteur public et les nationalisations et à accroître le contrôle du capital, et le courant mainstream de la social-démocratie européenne qui préférait une forme renforcée de capitalisme social keynésien, sans parler des courants plus à droite, auxquels appartenaient à la fois Helmut Schmidt, à la tête du SPD depuis 1974 et James Callaghan, le leader du parti travailliste depuis 1976.

    Ces tensions sont restées constantes malgré les efforts déployés pour accroître la coopération entre les syndicats et les partis au niveau européen. Bien qu’il y ait eu une large unité sur des thèmes généraux (tels que l’harmonisation sociale vers le haut et la réduction du temps de travail), des désaccords majeurs persistaient sur des questions institutionnelles importantes telles que les pouvoirs à octroyer au Parlement européen (PE) ou la participation des travailleurs.euses à la gestion des entreprises.

    En outre, les structures chargées d’assurer la coordination internationale et européenne des partis étaient relativement faibles, manquant de ressources et restant essentiellement non contraignantes dans leurs décisions. D’ailleurs, après plusieurs années de discussions laborieuses dans la seconde moitié des années 1970, les partis socialistes des CE ont fini par renoncer à l’adoption d’un programme électoral commun contraignant pour les premières élections européennes.

    L’ambivalence du parti travailliste britannique à l’égard des CE a également fait obstacle à l’avènement d’une « Europe sociale ». La perspective de l’adhésion du Royaume-Uni avait représenté l’un des principaux espoirs des socialistes européens de pousser les CE vers la gauche au début des années 1970.

    Cependant, bien que des dirigeants de parti comme Harold Wilson soient devenus de plus en plus favorables au marché commun dès le milieu des années 1960, la décision du parti de « boycotter » les institutions européennes jusqu’au référendum de 1975, puis de s’abstenir de participer aux travaux sur le programme socialiste européen commun au cours des années suivantes, a affaibli le front socialiste.[6]

    Il en va de même pour le boycott des institutions européennes par le Trades Union Congress (TUC), la principale confédération syndicale britannique, bien que la ligne dure du mouvement syndical britannique à l’égard du marché commun ait poussé la CES à adopter une position plus radicale et combative à l’égard des institutions européennes au cours de la seconde moitié des années 1970. Le TUC et le parti travailliste, dont les flancs gauches étaient particulièrement hostiles aux CE, craignaient que la contribution financière du Royaume-Uni à la CE ne génère un déficit budgétaire et ne donne au gouvernement un prétexte pour appliquer des politiques d’austérité.

    Ils craignaient également que le marché commun ne sape les relations commerciales avec les pays du Commonwealth et n’entrave le développement des pays du Tiers-monde. Ils étaient tous deux opposés à la politique agricole commune (qu’ils considéraient comme une charge insupportable pour un pays qui dépendait principalement des importations agricoles du Commonwealth), à la future union économique et monétaire et à la politique de concurrence de la CE, qui, selon eux, limitait la capacité des États à intervenir dans l’économie et la société.

    Outre les divisions internes, une autre cause clé de l’échec de l’ « Europe sociale » a été l’incapacité des gauches à construire une coalition efficace au niveau européen. Même si tous s’accordaient à dire qu’une large alliance était nécessaire pour construire une « autre Europe », les positions des différents partis de la famille socialiste divergeaient sur la forme que celle-ci devrait prendre. Certains, comme les socialistes français, étaient favorables à une « Union de la gauche » au niveau européen avec les partis communistes – dont beaucoup adoptaient à l’époque des stratégies dites « eurocommunistes » et une attitude réformiste envers les CE, à commencer par le Parti communiste italien.

    D’autres sociaux-démocrates préféraient se tourner vers la droite, vers les forces « démocratiques et progressistes » au sein des familles de partis démocrates-chrétiens et libéraux. La direction du SPD, par exemple, s’opposait fermement à toute collaboration avec les partis communistes. Ces tensions ont perduré tout au long de la décennie et se sont révélées être une faiblesse majeure lorsque l’offensive de la droite a véritablement pris de l’ampleur.[7]
    L’offensive patronale et la faiblesse du mouvement social européen

    Même si les divisions au sein de la gauche européenne avaient été moindres, les promoteurs de l’ « Europe sociale » n’avaient pas les capacités de lobbying nécessaires pour imposer leur programme au sein des institutions européennes. Le lobby de la classe patronale en pleine effervescence, en revanche, s’est avéré d’une efficacité dévastatrice.[8]

    Les débats sur la directive Vredeling au Parlement européen ont été accompagnés de la campagne de lobbying la plus coûteuse et la plus intensive de l’histoire du Parlement européen jusqu’alors. Les syndicats européens et les partis sociaux-démocrates, quant à eux, se sont révélés incapables de contrer l’offensive du capital européen, peu habitués qu’ils étaient à naviguer dans les couloirs du pouvoir transnational « multiniveau ».

    En effet, à l’exception du gouvernement Brandt au début des années 1970, les gouvernements socialistes européens n’ont pas réussi à faire avancer les propositions d’« Europe sociale » au sein du Conseil. Au cours de la seconde moitié des années 1970, par exemple, les États membres des CE (y compris les gouvernements dirigés par les sociaux-démocrates) ont abandonné leur engagement antérieur de rédiger un deuxième PAS.

    Lorsque les socialistes sont arrivés au pouvoir en France en 1981 et ont remis l’ « Europe sociale » à l’ordre du jour, la gauche avait perdu sa majorité au Conseil ; les idées de Mitterrand ont été poliment ignorées, y compris par Schmidt, qui n’avait jamais adhéré à l’ « union sociale » de son prédécesseur Brandt. La nécessité d’obtenir l’unanimité au sein du Conseil a certainement entravé les progrès vers une Europe de l’économie planifié et régulée, et de la redistribution. Mais si les gouvernements allemand, britannique et français avaient défendu avec détermination un agenda « social » à la fin des années 1970 et au début des années 1980, les choses auraient pu prendre une autre direction.

    Mais en dernière analyse, l’une des principales raisons de la défaite de l’« Europe sociale » a été l’incapacité de la gauche européenne à susciter une mobilisation transnationale « d’en bas » en faveur d’un changement radical au niveau européen. Une telle mobilisation aurait été nécessaire pour renverser le rapport de force en faveur des travailleur.euses. Hormis un rassemblement symbolique sous la Tour Eiffel quelques jours avant les premières élections au PE, les partis socialistes européens n’ont jamais envisagé de mobiliser leurs militants et sympathisants en faveur de leur vision de l’avenir du continent.

    Tout au long des longues années 1970, la politique européenne est restée l’affaire des chefs de parti et n’a constitué qu’une préoccupation marginale pour les membres des échelons moyens et inférieurs des partis socialistes. Les partis de gauche n’ont pas non plus réussi à intégrer les nouveaux mouvements sociaux, tels que le mouvement antinucléaire en Allemagne ou les campagnes de désarmement en plein essor, au moment où ceux-ci semblaient représenter l’avant-garde de la mobilisation progressiste sur le continent. Combinées au déclin progressif de l’organisation de la classe ouvrière et à la fragmentation du vote ouvrier à partir des années 1980, les perspectives de mobilisation populaire en faveur d’une Europe alternative s’éloignaient de plus en plus, tandis que l’Europe néolibérale devenait rapidement une réalité.

    Les choses étaient un peu différentes sur le front syndical, où des tentatives de construire un mouvement transnational de travailleurs.euses en faveur d’une « Europe sociale » ont bel et bien existé à la fin des années 1970 et au début des années 1980. La « Journée d’action européenne » et la « Semaine d’action européenne » organisées par la CES en 1978 et 1979, qui ont vu des millions de travailleurs.euses participer à des initiatives diverses, à des manifestations et à des grèves, ont marqué une phase d’activisme particulièrement incisive dans l’histoire du syndicalisme européen.

    Cependant, une proposition des syndicats français et belges d’organiser une grève coordonnée à l’échelle européenne à l’époque a été rejetée par une majorité du comité exécutif de la CES, et la plus grande confédération syndicale des CE n’a pas su établir de liens organiques avec les syndicats nationaux pour ces campagnes, ou à mobiliser les travailleurs.euses en faveur de ses principaux objectifs politiques.[9]
    Pour une Europe socialiste

    L’échec des gauches européennes à construire une Europe « sociale » – ou plutôt socialiste – au cours des longues années 1970 est riche d’enseignements pour la période actuelle. D’une part, il suggère la nécessité d’un certain degré de pessimisme quant à la possibilité de transformer un jour l’UE en un instrument de progrès social, démocratique et écologique. Il convient de souligner qu’au cours des longues années 1970, le rapport de force était beaucoup plus favorable à la gauche et au mouvement ouvrier que ce n’est le cas aujourd’hui, et que le cadre de la gouvernance socio-économique européenne était bien plus malléable.

    Avec vingt-sept États membres siégeant au Conseil, un néolibéralisme plus profondément ancré dans les traités et les politiques européennes que jamais, et un nombre croissant de gouvernements qui basculent à droite et à l’extrême droite, les tentatives de réimaginer une « Europe sociale » pour le XXIe siècle ressemblent de plus en plus à une chimère. Si les crises récentes semblaient avoir ouvert de petites brèches dans le consensus de Maastricht, elles sont loin d’être suffisantes pour inverser la tendance.

    Pendant ce temps, les forces conservatrices et néolibérales sont déjà occupées à réaffirmer l’austérité. Un exemple suffit à l’affirmer : la nouvelle version du « pacte de stabilité » adoptée par le Parlement européen le 17 janvier 2024, qui, derrière l’écran de fumée d’une « plus grande flexibilité », renforcera les possibles sanctions contre les pays dont la dette publique dépasse 60% du PIB, renforcera la super-austérité permanente et fera obstacle à tout investissement significatif de bifurcation écologique par l’État (sans parler de la récente proposition du Conseil européen d’imposer 100 milliards de coupes dans les années à venir).[10]Ces décisions n’ont pas tardé à se faire ressentir en France, avec la récente annonce de 10+10 milliards d’« économies » – c’est-à-dire de coupes budgétaires – par Bruno Le Maire.

    En même temps, l’histoire de la défaite de l’ « Europe sociale » devrait enjoindre celles et ceux qui, à gauche, croient encore que l’UE peut être changée – ou peut-être supplantée par un autre type de coopération européenne – à travailler sans relâche pour surmonter leurs divisions internes et leurs faiblesses stratégiques.

    On peut admettre – bien que cela soit plutôt discutable – que certain.es pensent qu’il y a des raisons d’être optimiste aujourd’hui, car les partis sociaux-démocrates, les verts et la gauche radicale, les syndicats et la société civile sont relativement mieux organisés au niveau européen qu’ils ne l’étaient autrefois, les citoyen.nes sont plus attentifs à la politique européenne et, à la faveur de la crise climatique, les citoyen.nes sont poussées à réfléchir et à se mobiliser au plan transnational.

    Cependant, pour faire évoluer le projet européen dans une direction radicalement différente, les gauches devraient construire une alliance véritablement transnationale clairement opposée aux versions néolibérales et conservatrices de l’ « Europe », se mettre d’accord sur un programme commun pour une Europe sociale, écologiste, démocratique et transféministe orientée vers les intérêts des travailleurs.ses et des classes populaires, et lancer une offensive politique et sociale basée sur une mobilisation populaire de masse.

    Toute autre stratégie, comme l’ont appris à leurs dépens les gauches des années 1970, est de l’ordre du wishfull thinking et restera vouée à l’échec.

    *

    Aurélie Dianara est chercheuse post-doctorale en histoire sociale et politique européenne basée à Paris, militante de Potere al Popolo en Italie et membre de l’équipe éditoriale de Contretemps. Elle est l’autrice de Social Europe, The Road Not Taken. The Left and European integration in the Long 1970s (Oxford University Press, 2022), dont nous avons publié un compte-rendu.

    NB : Une version légèrement différente de cet article est parue dans la version papier de Jacobin Germany en mars 2024.

    • En plus concis, j’écoute LSD sur Mendela et un de ses compagnons de route raconte que Mendela arrive au pouvoir avec un gros programme social et économique fondé sur la nationalisation des ressources et la redistribution des richesses, va faire un tour à Davos comme tous les chefs d’État et revient en disant que son programme ne va pas être possible et se met à faire la même politique que tout le monde.

  • Analyse : « Les médias israéliens dissimulent les données et les images insoutenables de la guerre de Gaza »
    Par Amira Hass | Haaretz le 28 mai 2024| traduction rédaction A l’Encontre
    http://alencontre.org/moyenorient/palestine/analyse-les-medias-israeliens-dissimulent-les-donnees-et-les-images-inso

    Morgue de Rafah : lundi 27 mai 2024, des Palestiniens pleurent leurs proches tués lors de la frappe du 26 mai sur le campement de tentes à l’ouest de Rafah.

    Il a été rapporté lundi après-midi 27 mai [dans les médias israéliens] que les Forces de défense israéliennes (FDI) ne s’attendaient pas ou n’estimaient pas que que des civils soient touchés lors de la frappe sur Rafah. Une déclaration aussi fallacieuse ne peut être faite qu’aux consommateurs des mêmes médias qui, depuis sept mois, cachent les chiffres insupportablement élevés et les photos terrifiantes de bambins tués ou blessés lors de chaque frappe israélienne sur la bande de Gaza. Une telle déclaration [des FDI] ne peut que persuader les Israéliens que, cette fois encore, les cibles des frappes et le type de munitions choisies ont été scrupuleusement sélectionnés par le Shin Bet (service du renseignement intérieur), les services de renseignement militaire et les FDI.

    Il est très possible que les Israéliens qui ne soutiennent pas le Premier ministre Benyamin Netanyahou veuillent également croire que, cette fois-ci, il était totalement sincère lorsqu’il a déclaré qu’il s’agissait d’une « erreur tragique ». Il est également très possible qu’ils ne soupçonnent pas qu’il utilisa cette formule parce que la Cour internationale de justice de La Haye a récemment ordonné d’arrêter les opérations militaires à Rafah et que cette décision plane au-dessus de sa tête et de celle des décideurs israéliens.

    Selon l’Unité du porte-parole des FDI, cette frappe visait deux cibles : Yassin Abu Rabia et Khaled Al-Najjar. Abu Rabia serait le commandant de l’état-major du Hamas en Cisjordanie et Al-Najjar serait un officier supérieur de l’état-major du Hamas. Les deux hommes auraient perpétré des attentats au début des années 2000 et transféré des fonds pour le terrorisme. Les attaques d’Abu Rabia auraient tué des soldats et celles d’Al-Najjar auraient assassiné des civils israéliens et blessé des soldats. D’ailleurs, c’est l’Unité du porte-parole des FDI qui a fait la distinction entre « tuer des soldats » et « assassiner des civils ».

    Le communiqué n’a pas indiqué que les deux hommes avaient été libérés en échange de la libération du soldat kidnappé Gilad Shalit en 2011 et qu’ils étaient tous deux des résidents de Cisjordanie – Abu Rabia du village de Mazra’a al-Qibliya, à l’ouest de Ramallah, et Al-Najjar du village de Silwad, à l’est de Ramallah – qui avaient été déportés à Gaza. L’annonce n’a pas non plus précisé qu’un autre homme libéré dans le cadre du même accord et déporté à Gaza, Khuwaylid Ramadan, du village de Tel, au sud de Naplouse, avait été tué, comme l’ont rapporté les médias palestiniens. Etait-il également désigné comme une cible, ou se trouvait-il simplement dans le même campement de tentes à l’ouest de Rafah ? Nous n’en savons rien. (...)

    #Rafah

  • Native American children endured years of sexual abuse at boarding schools - ‘In the name of God’
    https://www.washingtonpost.com/investigations/interactive/2024/sexual-abuse-native-american-boarding-schools/?itid=hp-top-table-main_p001_f001

    These firsthand accounts and other evidence documented by The Washington Post reveal the brutality and sexual abuse inflicted upon children who were taken from their families under a systematic effort by the federal government to destroy Native American culture, assimilate children into White society and seize tribal lands.

    From 1819 to 1969, tens of thousands of children were sent to more than 500 boarding schools across the country, the majority run or funded by the U.S. government. Children were stripped of their names, their long hair was cut, and they were beaten for speaking their languages, leaving deep emotional scars on Native American families and communities. By 1900, 1 out of 5 Native American school-age children attended a boarding school. At least 80 of the schools were operated by the Catholic Church or its religious affiliates.

    The Post investigation reveals a portrait of pervasive sexual abuse endured by Native American children at Catholic-run schools in remote regions of the Midwest and Pacific Northwest, including Alaska.

    At least 122 priests, sisters and brothers assigned to 22 boarding schools since the 1890s were later accused of sexually abusing Native American children under their care, The Post found. Most of the documented abuse occurred in the 1950s and 1960s and involved more than 1,000 children.